Messager 279 – 2011/2012
VERS TEL AVIV 15 / TOWARDS TEL AVIV 15Xe Congrès NLS 16-17 juin 2012 / 10th NLS Congress 16-17 June 2012
23 decembre 2011
23 December 2011
VERS TEL AVIV 15 – Réflexions 6
Vers le Congrès de la NLS« Lire un symptôme »
« Réflexions »
Cette rubrique a pour but de recueillir différents commentaires de collègues, des réflexions, des questions qui pourraient surgir à partir de citations choisies, ou des extraits de textes de S. Freud et de J.Lacan. En recueillant des voix et des pensées différentes, « Réflexions » nous amènera aussi à « Lire un symptôme » et finalement à notre Rencontre à Tel Aviv. « Réflexions » vous invite à participer à ce projet.
Claudia Iddan
TOWARDS TEL AVIV 15 – Reflections 6
Towards the NLS-Congress
‘Reading a Symptom’
« Reflections »
The aim of this rubric is to gather different commentaries, reflections or questions that emerge from chosen quotes, or from extracts of Freud’s or Lacan’s texts. By gathering different thoughts and voices, ‘Reflections’ will take us towards ‘Reading a Symptom’ and in the end to our meeting in Tel Aviv. ‘Reflections’ invites you to participate in this project.Claudia Iddan ________________________
6 « Ce qui est appelé un symptôme névrotique est simplement quelque chose qui leurpermet de vivre. Ils vivent une vie difficile et nous essayons d’alléger leur inconfort. Parfois nous leur donnons le sentiment qu’ils sont normaux. Dieu merci, nous ne les rendons pas assez normaux pour qu’ils finissent psychotiques »[i]. J.Lacan, Conférence à l’Université de Yale
Dossia Avdelidi* Le psychotique est l’homme normal, disait Lacan. Cette normalité est la conséquence, selon Jacques-Alain Miller, de l’extériorité du symptôme dans la psychose. En effet dans la psychose, le symptôme est attribué à l’Autre, il « est toujours celui de l’Autre »[ii], et le psychotique le sait. Ce dernier est donc normal puisque ce n’est pas lui qui a le symptôme mais l’Autre.Pour Miller, le symptôme analytique répond au mathème du discours de l’inconscient[iii]. Pour qu’un symptôme soit analysable, il faut qu’il soit signifié au sujet, que le sujet le reconnaisse comme lui appartenant. Autrement dit, unsymptôme ne devient analysable que si le sujet croit qu’il s’agit d’un phénomène à déchiffrer ; un phénomène qui a une causalité et un sens et où il est question d’y lire quelque chose[iv]. Cette condition est problématique dans la psychose puisque le signifié est celui de l’Autre. Ce que Miller écrit comme A(s)[v]et considère comme un court-circuit du symptôme[vi].Le psychotique ne croit pas à son symptôme. Sa certitude, inébranlable et absolue, ne lui permet aucune ouverture dialectique. Il ne croit pas à son symptôme mais il le croit. C’est ce qui fait, selon Lacan, la différence entre la névrose et la psychose. « Dans la psychose, les voix non seulement le sujet y croit, mais il les croit » [vii], dira-t-il en 1975.Si pour le névrosé le symptôme est son être, si le symptôme est son être-de-vérité[viii], pour le psychotique il s’agit d’un corps étranger à l’inconscient. Il lui est impossible de prendre en charge le « ça veut dire » du symptôme, et par conséquence aucune subjectivation ne peut s’effectuer. Son symptôme n’est pas installé dans le subjectif[ix] et n’est donc pas, de ce fait, un symptôme analytique.Mais il convient de distinguer une deuxième face du symptôme psychotique. La première est celle où le symptôme n’arrive pas à fonctionner comme barrière et où le sujet l’attribue à l’Autre tandis que lui-même est normal. Sur l’autre face, le symptôme psychotique fait plutôt fonction d’agrafe. Il s’agit d’une manière de nouer le réel, le symbolique et l’imaginaire. Par conséquent, notre objectif ne doit pas consister à éradiquer un symptôme qui se trouve à la place du sinthome et qui a une fonction d’alternative face aux phénomènes élémentaires[x] mais aussi qui est ce que le sujet a de plus précieux. Cette face montre que le symptôme n’est pas un dysfonctionnement par rapport à un idéal, mais une fonction, une suppléance, un appareil qui rétablit le fonctionnement et permet au sujet de rester branché au monde[xi].Le symptôme psychotique qui se trouve du côté du sinthome « comme Nom-du-Père », explique Miller, « c’est ce qui rend la jouissance comptable c’est-à-dire maîtrisable »[xii].
[i] J. Lacan, « Conférences et entretiens dans des universités nord-américaines » (1975), in Scilicet no 6/7, Paris, Le Seuil, 1976, p. 15.
[ii] J.-A. Miller, Du symptôme au fantasme et retour, cours de 1982-1983, séance du 20 avril 1983, inédit.
[iii] J.-A. Miller, Le partenaire-symptôme, cours de 1997-1998, séance du 3 novembre 1997, inédit.
[iv] J.-A. Miller, L’Autre qui n’existe pas et ses comités d’éthique, séminaire de 1996-1997, séance du 3 avril 1997, inédit.
[v] Pour le névrosé, c’est s(A).
[vi] J.-A. Miller, Du symptôme au fantasme et retour, op.cit., séance du 20 avril1983.
[vii] J. Lacan, Le Séminaire, Livre XXII, RSI, séance du 21 janvier 1975, inédit.
[viii] J. Lacan, « Problèmes cruciaux pour la psychanalyse », in Autres écrits, Paris, Le Seuil, 2001, p. 201.
[ix] J. Lacan, Le Séminaire, Livre XII, Problèmes cruciaux pour la psychanalyse, op.cit., séance du 6 janvier 1965, inédit.
[x] A. Zenoni, « Quelle réponse au monosymptôme », in Quarto no 80/81, 1/2004.
[xi] J.-A., Le partenaire-symptôme, op.cit., séance du 19 novembre 1997.
[xii] J.-A. Miller, L’Orientation lacanienne, « Ce qui fait insigne », séance du 6 mai 1987, inédit. *membre de la Société hellénique de la NLS
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