Lacan n’a pas
toujours fait du corps un corps parlant.
Si l’on devait définir le corps imaginaire dans le premier enseignement de
Lacan, on pourrait dire qu’il s’agit d’une pure forme. Le corps perçu fascine
d’autant plus qu’il est une image silencieuse. Comme la lettre volée d’Edgard
Poe, on ne connaîtra jamais ce qu’il dit. C’est un corps mutique. Un corps qui
se tait.
toujours fait du corps un corps parlant.
Si l’on devait définir le corps imaginaire dans le premier enseignement de
Lacan, on pourrait dire qu’il s’agit d’une pure forme. Le corps perçu fascine
d’autant plus qu’il est une image silencieuse. Comme la lettre volée d’Edgard
Poe, on ne connaîtra jamais ce qu’il dit. C’est un corps mutique. Un corps qui
se tait.
Le corps lacanien en tant que corps
parlant résulte donc d’un renversement radical de l’approche lacanienne du
corps : là où le corps était le lieu du silence, il devient le lieu depuis
lequel on peut faire résonner ce qui restera à jamais énigmatique dans le
symptôme d’un parlêtre. C’est un
corps qui parle en somme de ce qui se tait.
parlant résulte donc d’un renversement radical de l’approche lacanienne du
corps : là où le corps était le lieu du silence, il devient le lieu depuis
lequel on peut faire résonner ce qui restera à jamais énigmatique dans le
symptôme d’un parlêtre. C’est un
corps qui parle en somme de ce qui se tait.
Ce numéro de Papers 5 permet de s’interroger sur les passions du corps au XXIe
siècle et sur la spécificité du corps lacanien. Un corps plus mystérieux que ce
corps exhibé sans limite ou caché aux yeux de tous, de notre civilisation
déchirée.
siècle et sur la spécificité du corps lacanien. Un corps plus mystérieux que ce
corps exhibé sans limite ou caché aux yeux de tous, de notre civilisation
déchirée.
Comme le montre Serge Cottet, le corps parlant n’est pas le corps de la
pornographie. Car dans le porno, rien n’est censuré certes, sauf la parole. Du
coup, « un bruitage tout terrain accompagne les exécutants, on baise comme
on passe le balai », écrit-il. Il ne suffit donc pas qu’il soit question
de corps sans dessus dessous, hétéro, homo ou trans, pour que l’on se soucie du
corps parlant. Claudia Iddan explore, elle, le sens de cette citation de Lacan
dans le Séminaire XX, selon laquelle « le baroque est la régulation de
l’âme par la scopie corporelle ». Bien qu’il soit question du corps
baroque et non pas du corps du XXIe siècle, il est peut-être davantage question
de corps parlant que dans le porno, aussi dégagée des normes hétéro le porno
soit-il.
pornographie. Car dans le porno, rien n’est censuré certes, sauf la parole. Du
coup, « un bruitage tout terrain accompagne les exécutants, on baise comme
on passe le balai », écrit-il. Il ne suffit donc pas qu’il soit question
de corps sans dessus dessous, hétéro, homo ou trans, pour que l’on se soucie du
corps parlant. Claudia Iddan explore, elle, le sens de cette citation de Lacan
dans le Séminaire XX, selon laquelle « le baroque est la régulation de
l’âme par la scopie corporelle ». Bien qu’il soit question du corps
baroque et non pas du corps du XXIe siècle, il est peut-être davantage question
de corps parlant que dans le porno, aussi dégagée des normes hétéro le porno
soit-il.
Ce corps lacanien est celui que Marcelo
Veras définit comme un corps qui cesse d’être une forme. Pour reprendre
l’expression que Jacques-Alain Miller employait à propos du Séminaire de
l’Angoisse disant qu’il s’agissait d’une plongée
en deçà du désir, je dirai que le corps lacanien est une plongée en deçà de la forme. Ce corps
peut s’explorer à partir des affects. Amanda Goya montre ainsi que le corps
parlant résulte d’une reprise par Lacan de l’affect spinoziste. Il peut aussi
s’explorer à partir des formules de la sexuation, comme le fait Aliana Santana,
ou du malentendu initial qui résonne toujours dans l’équivoque, comme le fait
Cecilia Gasbarro. Ce corps parlant est ainsi un corps marqué par la présence de
l’Autre. C’est ainsi que Carlo de Panfilis parle joliment d’une « clinique
des résonances sémantiques fragiles ».
Veras définit comme un corps qui cesse d’être une forme. Pour reprendre
l’expression que Jacques-Alain Miller employait à propos du Séminaire de
l’Angoisse disant qu’il s’agissait d’une plongée
en deçà du désir, je dirai que le corps lacanien est une plongée en deçà de la forme. Ce corps
peut s’explorer à partir des affects. Amanda Goya montre ainsi que le corps
parlant résulte d’une reprise par Lacan de l’affect spinoziste. Il peut aussi
s’explorer à partir des formules de la sexuation, comme le fait Aliana Santana,
ou du malentendu initial qui résonne toujours dans l’équivoque, comme le fait
Cecilia Gasbarro. Ce corps parlant est ainsi un corps marqué par la présence de
l’Autre. C’est ainsi que Carlo de Panfilis parle joliment d’une « clinique
des résonances sémantiques fragiles ».
Editorial
Clotilde Leguil
Pornographie : censure du langage
Serge Cottet
Une feuille de vigne
Claudia Iddan
O outro no Espelho
Marcelo Veras
Porque el cuerpo goza el pensamiento fracasa: Lacan con Spinoza
Amanda Goya
¿Cómo pensar las fórmulas de la sexuación cuando se analiza al parlêtre?
Aliana Santana
Nacer malentendido. Oportunidad de una interpretación
Cecilia Gasbarro
Il corpo della lettera
Carlo De Panfilis
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PAPERS nº 5
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