La fin de l’analyse met en évidence, par l’un de ces bords, le trou dans le savoir sur lequel l’analysant passé à l’analyste prendra appui dans sa pratique. Nouveau rapport à la pratique, c’est aussi un nouveau rapport à l’ épistème qui se découvre dans la relation aux textes, au savoir que requiert l’exercice de la psychanalyse, à celui qu’il suscite, et bien sûr au contrôle dans la mesure où le savoir y est encore en jeu sous les espèces d’une élaboration produite en vue de ce contrôle.
Dans la perspective du contrôlé, un certain type de lien au contrôleur est ainsi de mise qui change sans doute de nature à la fin de l’analyse. S’il peut arriver que le contrôlé attende du contrôleur le savoir qui lui manquerait, il me semble que ce nouveau lien se tisse à l’envers de cette attente. Tout érudit et expérimenté qu’il puisse être, le contrôleur est alors investi d’une autorité se fondant plus fondamentalement sur le rapport vivant à ce trou dans le savoir que le contrôlé repère chez lui, autrement dit sur une éthique décidée et incarnée dans un style qui lui permet d’arracher des bouts de savoir au réel de la clinique – et d’abord pour ses analysants, un par un. C’est sur fond de ce constat qui participe à renouveler son lien à son contrôleur que l’analysant passé à l’analyste lui livre aussi ses cas, constructions, points d’élaboration. Si cette dimension n’est évidemment pas absente de la relation analytique, si l’analyste n’attend pas que l’analysant s’en rende compte pour opérer depuis ce trou dans le savoir, la croyance de l’analysant en un ultime effet de vérité qui viendrait à bout du réel de la jouissance fait longtemps écran à cette considération.
Alors même que l’analyse est finie, être en contrôle «s’impose » toujours pour moi. Extraire un savoir de ma pratique et l’exposer à un « super-auditeur » auquel mon lien s’est renouvelé depuis le terme logique de l’analyse, y participe en effet à maintenir vivant le rapport au réel de la clinique auquel je m’affronte comme analyste.