EN SORTIR ?
Alors que se succèdent les publications, toutes plus érudites et argumentées les unes que les autres et selon diverses perspectives, sur l’inoxydable système capitaliste, force est de constater que, dans cet empilement, le schéma du discours du capitaliste de Jacques Lacan reste, avec 4 lettres, trois barres, 2 chiffres et 4 flèches, insubmersible, ceci pour les lignes de force qu’il dégage. Pourquoi ? Parce que dans le contexte qui est le nôtre il loupe sur l’essentiel : l’extensibilité de la pulsion de mort.
Au regard des 4 autres types de discours qu’il avait auparavant formulés : celui du maître, celui de l’hystérique, celui du psychanalyste, celui de l’université, qui se présentent comme de petits transformateurs avec des points de départ, des points arrivée, des circulations déterminées entre eux de la libido et de sa variante « intensive »la pulsion de mort, avec des impossibilités et des nécessités donc, celui-ci se singularise par la circulation unidirectionnelle entre ses 4 termes : barré, S1, S2, a On y circule sans rupture, comme sur dans un circuit moebien. On peut en inférer qu’ils se contaminent mutuellement et continûment. De fait, la pulsion de mort auparavant discontinue, localisée, atomisée, intermittente, s’injecte maintenant constamment et infiniment tout du long du circuit, altérant ses composants. N’est pas là des informations que nous recevons chaque jour des médias ?
Que sont ces quatre termes ? le sujet désorienté ( S barré) , le « bric à brac » symbolique qui remplace la fonction de l’Idéal d’autrefois ( S1), le savoir scientifique ( S2) dont on se sert surtout pour mutiser la masse. Enfin l’objet a que sont ces objets factices démultipliés, auxquels le sujet soutire une jouissance, autant que l’objet que le sujet lui-même devient, déchu qu’il est au rang d’instrument de production, déchéance qu’il expérimente, c’est selon, avec ou sans l’aide du fantasme.
Mais cette déchéance ne reste plus dans une virtualité qui pouvait aisément s’imaginer comme éternisée, derrière les idéaux. Elle s’actualise aujourd’hui plus souvent qu’à son tour. Si le discours capitaliste a la puissance agrégative d’une foule, néanmoins il désactive toute vertu collectivisante, qui elle ressortit du lien social. Ainsi, pour chacun, semble-il exclu de pouvoir en sortir par le haut, c’est-à-dire par l’Idéal collectivisant.
Reste les symptômes et les traumatismes nouveaux que favorise ce système qui en éjectent plus d’un, au un par un ou en masse. Le symptôme et la croyance qu’il peut emporter, n’est ce pas là la chance à saisir et qui peut faire pièce au passage à l’acte désespéré, lui sans plus aucune croyance ? D’où l’actualité, pas sous ce seul angle bien sûr, du titre des prochaines journées de l’Ecole de la Cause Freudienne : Bonnes et mauvaises rencontres avec le Réel- Les traumatismes dans la cure analytique. RENE FIORI |
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