PIPOL NEWS FLASH 24
En marge du congrès
Fabienne Verdier – Hommage aux Maîtres flammands1
Thérèse Petitpierre
Le 9 juin dernier, Fabienne Verdier donnait une conférence au Musée Groeninge de Bruges. J’ai eu la chance de saisir l’information donnée par le site du musée dès l’ouverture de l’exposition et de pouvoir m’organiser pour le voyage de Paris à Bruges à cette date.
Ma rencontre avec Fabienne Verdier se fit par le biais de mon analyse, par son témoignage écrit, puis par ses tableaux et par ce temps de conférence à Bruges, je l’ai vue et entendue.
Cette conférence était articulée à la projection de pages du catalogue de l’exposition. Fabienne Verdier a témoigné du work in progress de ses tableaux créés en hommage aux Maîtres flammands. Elle a parlé pendant environ 1h15 et cela a été pour moi la confirmation, s’il en était besoin, qu’elle était devenue une grande artiste, inscrivant son travail non seulement dans le sillage de la calligraphie chinoise mais dans toute l’histoire de l’art. J’ai pu alors, pour moi-même, associer ce travail et son immense culture, à ceux d’autres peintres comme Gérard Garouste, Per Kirkeby et Claude-Luca Georges dont j’avais pu voir la belle exposition « Les Taurides » en France, à Saintes, une semaine auparavant. Fabienne Verdier a fait également référence à Giorgio Morandi dont on peut voir actuellement une exposition de ses œuvres à Bruxelles, au Bozart, à deux pas du Square où se déploie PIPOL 6.
Je n’en dirai pas plus : Fabienne Verdier et les responsables du Musée Groeninge nous font le cadeau d’une œuvre de transmission : nous pouvons voir et entendre cette conférence sur http://www.youtube.com/watch?v=hJq3Wh1meiA.
Regardez, écoutez, c’est admirablement réalisé, « comme si on y était », et prenez le train jusque Bruges, avant ou après les deux jours de Pipol 6 ou quand vous voulez, mais avant le 25 août !
Et, si vous le n’avez pas vue en direct, vous pourrez voir, pour quelques euros seulement, le numéro que la série télévisée d’Arte, Empreintes, a consacrée à Fabienne Verdier. Vous serez saisis de la manière dont elle fait corps avec son énorme pinceau auquel elle a adapté le guidon de son vélo, ce qui lui a permis, disait-elle à Bruges, d’être plus « véloce » et de rendre compte sur la toile de sa vision intérieure.
Lisez aussi l’entretien qu’elle a donné à Charles Juliet, dans lesquels elle évoque l’ascèse à laquelle elle se livre en alternance avec les moments de création. Extrait :
« Charles Juliet :
– Sur la toile, le geste doit être fulgurant…
Fabienne Verdier :
– Non. Je vous interromps, le geste ne doit surtout pas être « fulgurant ». Le mouvement du flux ne naît pas dans la précipitation d’une érection facile. C’est très étrange. La trop grande rapidité d’exécution ne peut produire la matière interne nécessaire à la concrétisation du mouvement. Seule une sorte d’instantanéité « retenue » de la pulsion transmet de l’énergie vitale. On est dans une totale pauvreté physique, matérielle et intellectuelle. Un abandon d’apparence. Comme un génie subtil, l’esprit mobile nous habite et vient animer le souffle. Le rythme prend alors naturellement corps dans l’espace.
J’essaie d’amener le contemplatif de l’œuvre à se questionner sur la forme comme elle va… »2
[1] Jusqu’au 25 août 2013 : Musée Groeninge, Musée Hans Memling (Bruges), Maison d’Erasme (Bruxelles).
[2] Charles Juliet, Entretien avec Fabienne Verdier, Albin Michel, 2007.