Les confessions d’un renégat
JACQUES-ALAIN MILLER
Chapitre I
Confiteor
Confiteor
Moscou, le 27 février 193…
J’avoue. I confess. Ani mitvade. Je suis là pour ça : avouer. Avouer soulage. Nier angoisse. Nier agresse le Parti. Pourquoi mourir stressé ? La fin, le happy end est écrit. Merci, camarade Badyou ! Ce sera la balle dans la nuque. Et pourtant, le Parti sait que je ne méritais pas une mort clean et sans bavure. Ah ! l’abjecte jouissance que me procure de baver frénétiquement sur la cause du peuple ! La cause, je l’ai trahie, je la trahis tous les jours, je la trahirai demain, si le Parti, sous la direction du camarade Badyou, ne me supprime pas. Car la bête féroce que je suis ne pourra jamais s’empêcher de trahir.