Etudes freudiennes
Lire Freud, avec Lacan « Le moi et le ça »
soirée animée par Sophie Marret-Maleval
Mardi 8 janvier à 21h15, 1 rue Huysmans 75006 Paris
Le ça
Intervenants: Armand Zaloszyc, Victoria Woollard
Discutants: Claire Zebrowski, Danièle Olive
Loin d’assurer l’unité de l’appareil psychique, rappelait Alexandre Stevens lors de la première soirée, le moi s’avère pour Freud, d’une profonde hétérogénéité, constitué à partir de la relation narcissique et non constituant, comme l’indique Jacques-Alain Miller dans « les réponses du réel ». Alexandre Stevens et Caroline Doucet nous ont conduit à explorer cette hétérogénéité du moi entre « moi-corps » et corps comme ça, réservoir des pulsions et dont le moi est une partie « qui a subi une différenciation particulière ». Nous poursuivrons notre trajectoire avec le Ca. « Un Individu […] est […] un ça psychique, inconnu et inconscient, à la surface duquel est posé le moi », indique Freud dans « Le moi et le ça », (p.236). Lieu du combat entre éros et pulsion de mort, le ça a pour contenu les passions. Le privilège de cette instance au regard du moi est une conséquence de l’invention de la pulsion de mort dans « l’Au-delà du principe de plaisir », nous nous attacherons à comprendre sa construction et sa portée actuelle pour la psychanalyse.
Armand Zaloszyc :
« Tout de même, quel livre étrange que « Le moi et le ça » ! Et comment aborder, avec ça, sa difficile lecture ? »
Victoria Woollard :
La Chose freudienne « parle », dit Lacan en 1955, « ça parle où ça souffre ». Puisque l’inconscient est structuré comme un langage, nous pouvons apprendre la langue du symptôme et le déchiffrer pour dévoiler le désir inconscient qui l’anime.
« Jusqu’à là je n’avais jamais parlé !» dit une patiente, très surprise quand « ça parle » lors de sa première séance. Dans son pays d’origine, cette jeune femme se mettait en grand danger en refusant de souffrir en silence derrière le voile que son Autre lui imposait. Ayant fui ce pays, elle a pu se dévoiler. Elle rencontre une liberté qu’elle n’a jamais connue, mais sa souffrance continue à la poursuivre et même s’aggrave. Dès la première consultation, les effets de la parole sont frappants. Très vite, à la place de « on m’oblige à provoquer » advient un « je veux…» qui l’apaise et une nouvelle vie se dessine…
Cependant quelque chose lié à un événement de corps insiste mais ne se dévoile pas. « Ça » ne parle pas, et elle ne peut pas s’empêcher de provoquer l’Autre qui veut sa mort ou de fuir dans les jeux vidéos et dans la consommation d’alcool et de drogue.
Comment lire ce cas avec les avancées de Lacan et Jacques-Alain Miller sur le texte freudien « Le Moi et le ça »?