Les Études freudiennes : Freud, Lacan, Les femmes
Jeudi 24 Mai, 21H15
1 rue Huysmans 75006 Paris
Invités
Elisabeth Marion : « Sabina selon Cronenberg »
Nombre de films du cinéaste canadien, David Cronenberg, mettent en scène la rencontre d’un homme avec une femme, figure de l’illimité féminin, dont la jouissance excessive la déborde voire la marque. Cet homme s’emploie à observer, saisir, traiter ce qui l’agite et le réalisateur en déplie les conséquences.
Dans A dangerous method, Cronenberg explore encore cette question, cette fois insérée dans un récit historique précisément documenté. Les personnages de Freud, Jung et Sabina Spielrein sont très convaincants. Ici, Jung, brillant médecin, voit son existence bouleversée par la rencontre de cette femme qui le fascine, Sabina, aussi douée que souffrante. En homme de science, il veut traiter ses débordements dans une démarche quasi-expérimentale, mais se laisse emporter par ses passions. Avec beaucoup de subtilité, le cinéaste construit cette rencontre du « continent noir » de la féminité et ses conséquences tant subjectives que dans l’histoire du mouvement psychanalytique.
Yohan Trichet : « Les Demoiselles d’Avignon »[1]. De l’acte créateur et de son lien à la jouissance féminine.
En portant atteinte à la représentation picturale de la figure humaine appréhendée au début du XXème siècle comme créature de Dieu, Picasso introduit avec Les Demoiselles d’Avignon une rupture anthropologique qui participe à sa reconnaissance comme œuvre majeure de l’histoire de l’art moderne contemporain[2], et même à son statut d’œuvre d’exception. Ainsi que l’attestent les nombreux croquis, dessins et peintures préparatoires, Les Demoiselles d’Avignon est une œuvre issue d’un long processus de recherche et d’élaboration plastique. Elle ne peut être séparée du cheminement subjectif de Picasso lui-même, comme Robert et Rosine Lefort en firent l’hypothèse dans un article témoignant de leur rencontre avec les Demoiselles[3]. Ces figures que Picasso déforme et torture sont celles de femmes, de prostituées constituant le motif pictural essentiel de ce tableau. Pourquoi ce choix ? Pourquoi Picasso a-t-il choisi d’attenter à la représentation de la femme ? Que personnifient ces femmes pour lui, que vise-t-il chez elles, que cherche-t-il à tracer sur la toile, à traiter ? Leur jouissance ? Sa jouissance ?
Affiche jointe.
Notes
1 Pablo Picasso. Les Demoiselles d’Avignon, 1907. Huile sur toile, 243,9 x 233,7 cm. New-York, The Museum of Modern Art.
2 Il est vrai tardive et d’abord états-uniennne.
3 Lefort Rosine et Robert. « Les Demoiselles d’Avignon ou la passe de Picasso », Ornicar ? Revue du Champ freudien, n° 46, juillet-septembre 1988, p. 81-92.