Éditorial, par Judith Miller Merci à ceux et celles qui font exister ce beau projet qu’est l’Institut de l’Enfant, qu’anime, avec son Comité d’initiative, Daniel Roy. Ce troisième numéro ne manque pas de démontrer quelle puissante arme peut être cet Institut et combien notre responsabilité est grande à l’endroit de la psychanalyse, des enfants et des jeunes, et de soi-même pour chacun d’entre nous. À nous de convaincre ce dont nous sommes convaincus, de le vérifier, de le transmettre : un enfant n’est pas un objet, il s’éduque lui-même et l’énonce, l’exprime – dans son corps , ses cris, ses silences, ses refus , ses consentements, ses joies, ses peurs, ses initiatives, contrariées ou pas. La tâche de l’Institut de l’Enfant est apparemment simple qui tient à rendre compte du savoir de chacun. Il suffit d’offrir à ces chacun l’occasion de dire ce que porte et comporte ce savoir, et de l’écouter sans y plaquer quelque Weltanschauung d’aucune sorte. Celle qui envahit le monde contemporain est anonyme sous prétexte d’efficacité et d’objectivité. Les analystes ne sont pas seuls à la limiter, du seul fait d’ouvrir un espace à l’énonciation et d’y contribuer de façon réaliste et déterminée. S’ils formulent ce qu’ils apprennent, ils décomplètent alors un totalitarisme insinuant dont les formes doucereuse ne voilent ni la violence ni la cruauté, extrêmes dans leurs illusions mêmes. |
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L’enfant et son éducation par Agnès Giraudel La rubrique L’enfant et son éducation contribue aux travaux de l’Institut psychanalytique de l’Enfant selon l’approche interdisciplinaire orientée par la psychanalyse, qui, depuis 1996, caractérise les travaux du Centre Interdisciplinaire sur l’ENfant (cien). Nombreux sont les adultes qui accompagnent l’enfant dans sa tâche de grandir. Outre ses parents, il y a ceux qui, de la crèche à l’université, le gardent, le surveillent, l’éveillent et l’enseignent sur les plans scolaires, sportifs, artistiques… Il y a également ceux qui, dans divers lieux – infirmerie, cabinet médical, hôpital, etc. – veillent sur son corps et le soignent, ou ceux qui lui font offre de parole pour traiter ses difficultés. Il faut y ajouter ceux qui l’orientent, le protègent, l’accueillent, le sanctionnent parfois, lorsqu’aux yeux de la loi se produit, pour lui ou son entourage, un dérapage. Cette rubrique s’adresse à ces adultes qui interviennent dans l’éducation d’un enfant. Sur le thème de travail de l’année – Sur l’éducation –, elle accueille leurs textes qui éclairent, interrogent les évolutions de leurs disciplines et font valoir comment la psychanalyse placée au cœur de différents discours parvient à ouvrir un espace où peut s’élaborer un savoir inédit, au plus près de ce qui surgit pour un enfant et ses partenaires. Ces textes (3000 signes espaces compris maximum pour la Newsletter / 8000 pour le site) sont à adresser à : [email protected]. L’éducation, Janus biface par Jean-Luc Mahé – en savoir + Savoir supposer un savoir à l’enfant par Michèle Elbaz – en savoir + |
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Rubrique Petite enfance par Angèle Terrier et Joëlle Hallet Selon l’orientation donnée par l’Institut de l’Enfant, la rubrique Petite enfance organise son travail selon les deux axes « combats » et « épistémique ». 1. Combats La rubrique s’intéresse aux savoirs contemporains sur les tout-petits. Elle se fera, notamment, l’écho des différents rapports et textes de loi dans ce domaine. Plusieurs pistes retiennent déjà notre attention critique. Un certain nombre de recherches actuelles, qui cherchent à se fonder sur le discours de la science, postulent que la causalité biologique et/ou environnementale ordonne les comportements. Quelques exemples : en France, l’enquête Elfe, qui a débuté en avril 2011, concerne une « cohorte » de 20.000 enfants et vise à déterminer l’environnement qui garantira le développement optimum de l’enfant ; en France encore, l’ONED, [Observatoire national de l’enfance en danger] prône le concept d’attachement et construit un enfant qui relève de la « cybernétique » comportementaliste ; en Belgique néerlandophone, JOnG ! [Jeune !], qui conduit depuis 2008 un vaste programme de recherche sur une cohorte de 10.000 enfants, promet de mener « une bataille puissante innovante, efficace et intégrée des politiques sur les questions de bien-être, de santé et de famille » : il offre d’ores et déjà une « image très claire de la nouvelle génération d’adolescents ». À partir des théories du développement, le tout-petit est « appréhendé » dans le discours commun comme un « être en devenir », d’où, entre autres, le déploiement des politiques de prévention appliquées au champ de la Petite enfance. Sous-tendues par une idéologie normative phobique de l’avenir, elles œuvrent pour le dépistage précoce des comportements déviants. Dans tous les cas, il s’agit de maîtriser au mieux les conditions de production de l’enfant qui se trouve ravalé au statut d’objet d’étude et de rééducation. Il s’agira donc pour nous d’éplucher, avec vous, ces travaux pour les critiquer dans le détail. 2. Epistémique Là où le discours commun anticipe le tout-petit comme un être en devenir, la psychanalyse accueille, au présent, l’enfant comme sujet à part entière. Il s’agit donc ici de faire valoir la clinique analytique telle qu’elle se déploie dans la rencontre avec un analyste, en cabinet ou dans les dispositifs institutionnels qui accueillent les tout-petits. En effet, « la jouissance dans sa particularité la plus abominable est là comme protestation contre l’idéal ; […] plus on voudra des idéaux, plus on fabriquera du mal ». Là où le tout-petit est sommé très tôt de s’adapter vite et bien, en particulier à la crèche, première institution sociale qu’il rencontre après sa famille comme institution princeps, il s’agira pour nous de faire valoir, à travers des vignettes cliniques, comment le jeune enfant invente avec la langue et trouve à y loger ses premières expériences. Le psychanalyste accueille en effet, dans leur dignité, les manifestations de vouloir dire et de vouloir jouir du sujet quel que soit son âge. La rubrique Petite enfance attend vos contributions. N’hésitez pas à proposer des arguments, ou des textes courts pour la newsletter (3000 signes espaces compris), ou des articles plus longs pour le site (8000 signes espaces compris) à [email protected]. Elfe ou démon ? par Hélène Rogier – en savoir + De l’enfant sauvage à l’enfant avatar : à propos du concept d’attachement … par Michèle Rivoire – en savoir + « Grandir à petits pas » Documentaire de Jean-Michel Carré, diffusé le mardi 13 septembre 2011 sur France 5 par Angèle Terrier – en savoir + |
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Chronique de l’action lacanienne 2 par Hélène Deltombe Partons de la proposition formulée par Yasmine Grasser dans la première chronique de notre rubrique : « Préparer l’Autre social à reconfigurer en son sein la place que doit occuper l’action de l’analyste qui donne un accueil respectueux au pouvoir particulier des mots de chacun sur sa propre existence. » Donner un attrait pour la parole par Franck Rollier L’adolescent, empêtré avec la parole – il ne sait pas quoi dire, n’a rien à dire – se débat avec la violence ou la déprime à laquelle il est rivé. Avec ses mots, il peut parvenir à nommer la jouissance qui l’encombre, s’en trouver apaisé. |
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Notre collègue Marina Lusa en valeur dans le travail qu’elle nous présente la pratique clinique de la grande psychanalyste d’enfant argentine, Arminda Aberastury, que nous connaissons mal dans les pays francophones et qui a découvert assez tôt que l’éducation comportementale des parents d’enfants en analyse était nocive et favorisait l’émergence d’une culpabilité chez les parents. | ||||||||
Liliana Salazar-Redon nous propose ici une lecture du dernier ouvrage de Boris Cyrulnik, traitant du suicide chez l’enfant, qui reprend le rapport remis à la Secrétaire d’État à la Jeunesse, présenté ainsi sur le site officiel : « En France, le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes âgés de 15-24 ans après les accidents de la route, et représentait, en 2008, 3,8 % des causes de décès chez les 5-14 ans. Devant la complexité du sujet, et afin de nourrir la réflexion générale autour de la question du suicide, notamment chez les plus jeunes, Jeannette Bougrab a confié au Professeur Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et directeur d’enseignement à l’université de Toulon, une mission d’étude destinée à éclairer sur les mécanismes qui peuvent pousser un jeune et un enfant à se donner la mort, et à apporter des pistes d’action pour éviter de tels drames. La secrétaire d’État a présenté, jeudi 29 septembre 2011, le rapport remis par Boris Cyrulnick à l’issue de plusieurs mois de recherches à travers une approche pluridisciplinaire mêlant neurobiologie, biochimie, psychologie, sociologie et autres disciplines. « Il n’est pas normal qu’une société riche comme la nôtre ne sache pas voir le mal-être de ses enfants, a notamment affirmé Jeannette Bougrab. Un mal-être qui est malheureusement en pleine progression, notamment chez les pré « teens » (5-14 ans) et jusqu’ici personne n’avait osé l’aborder, certains allant même jusqu’à le nier. Je suis convaincue qu’il était vital d’agir et de proposer des solutions pour impulser un politique publique en faveur de la prévention des suicides. » (Extraits du site www.jeunes.gouv.fr) |
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Notre équipe a pour visée de voir les films qui sortent dans les salles, où on peut lire un savoir qui s’articule quant à la place de l’enfant dans notre civilisation. Il ne s’agit pas pour nous de « psychanalyser » l’auteur, ni même son œuvre, mais bien de nous intéresser aux personnages qui sont présentés. Nous considérons avec Lacan, qu’il y a un savoir dans l’œuvre, un savoir sur le réel, donc articulé à la question de la jouissance. Alors que Lacan disait en parlant de Duras : « Elle sait sans moi ce que j’enseigne », nous ne sommes pas, quant à nous, sans l’enseignement de Lacan. Nous nous en servons pour lire et déchiffrer les films qui sont produits aujourd’hui dans la culture contemporaine. Notre action est bien plus de parler de psychanalyse que de parler de cinéma. La structure du fantasme n’est-elle pas toujours au rendez-vous, chaque fois que le sujet « se fait un film » ? Daniel Pasqualin, Claire Piette, Marie Bremond, Maud Ferrauge |
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Un amour de Jeunesse, de Mia Hansen-Løve par Marie Bremond Faire un avec l’Un comme dans l’amour mystique d’Adewijch d’Anvers, c’est aussi le choix de Camille qui, à 15 ans, rencontre son premier amour, Sullivan dans le magnifique film de la toute jeune Mia Hansen-Løve, « Un amour de jeunesse ». |
Les géants, de Bouli Lanners par Daniel Pasqualin Bouli Lanners aime la route, le fleuve et tout ce qui transporte les corps. Il nous peint un tableau sur l’errance de trois enfants livrés à eux-mêmes. Une fable en somme. |
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A la recherche du premier souvenir perdu par Lise Roullet Il y a en lui une autre image de sa mère qu’il ne peut chasser, une image indélébile tout aussi insupportable : non pas la mère qui s’échappe, occupée ailleurs, mais la mère qui l’attend, patiemment dans la chaleur accablante, pendant que lui s’amuse. « Son abnégation, son amour aveugle, total pour lui […] le met mal à l’aise. Il voudrait qu’elle ne l’aime pas tant ». |
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L’Institut de l’Enfant est sur le site www.lacan-universite.fr Contact : [email protected] Les News : Rédacteur Daniel Roy, rédacteur-adjoint Hervé Damase |
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