Judith Miller qui défend l’enseignement du Docteur Lacan, son père avec une détermination indéfectible a voulu que ces 41e Journées soient celles d’un LACAN PLUS VIVANT QUE JAMAIS…
Nous sommes aussi, nombreux à avoir découvert l’enseignement de Lacan, à différents moments de notre existence, à y puiser des ressources pour continuer à soutenir nos fonctions, les tâches diverses que nous menons dans le monde pour y vivre, pour travailler dans différents secteurs du champ social. Lacan par ses textes, aère les possibles, insuffle de l’espoir, de la joie dans les moments les plus durs. Il ouvre des horizons à une communauté élargie, diversifiée de tous âges, de travailleurs œuvrant dans les champs les plus divers pour que demeurent des perspectives subjectives, à un moment où cette étape de la civilisation augmente le malaise pour chacun. Celle-ci désorientée par des techno-sciences exponentielles, massifie les humains en les réduisant à des populations rendues malades par des protocolisations incessantes, obscènes qui asservissent en nous ravalant tous à des marionnettes sans paroles, esclaves des jeux de maîtres qui n’ont même plus de noms.
Pour éviter que Lacan soit embaumé, il y a lieu de dire, comment il a été le servant des subjectivités irréductibles, tâche à laquelle il s’est confronté jusqu’à sa mort, dans sa présence vivante avec celles et ceux qui franchissaient sa porte. Et aussi comment ses textes continuent à porter une praxis qui ne s’est jamais éteinte dans aucune certitude de connaissance, puisqu’encore aujourd’hui, ses mots, ses articulations énigmatiques, nous déplacent, nous poussent à y mettre du nôtre et à prolonger un chemin à la psychanalyse.
Pour ne pas nous laisser disparaître, pour ne pas laisser la psychanalyse s’engloutir dans les mots morts qui envahissent nos champs de travail : école, hôpitaux, centres éducatifs et sanitaires divers, entreprises ….. mais aussi champ médiatique et télévisuel, le moment est venu de donner nos mots, ceux que nous sortirons du plus intime et du plus extime sur ce qui nous a fait rencontrer Lacan et son enseignement et nous a servi d’appui, de point d’Archimède. Ne nous laissons pas mettre nous-mêmes le bâillon sur la bouche, par ceux qui savent enterrer le vivant, ne nous laissons pas enterrer, mais faisons surgir du vivant dans ce qui incessamment peut se mortifier, si nous n’y veillons pas chacun, avec d’autres. .
Certains ont connu Lacan, de son vivant, beaucoup l’ont connu par la lecture de ses textes, et par la lecture et l’écriture dont Jacques-Alain Miller, qui vient de passer trente ans de sa vie à établir les séminaires, les transcrit en nous orientant dans notre appropriation.
UNE RUPTURE VIENT DE SE PRODUIRE EN CETTE RENTREE 2011
Ce n’est justement pas la mise au tombeau de Lacan et de Miller réunis pour qu’on les oublie, mais la séparation dans une existence encore plus vivante de chacun d’eux. Jacques-Alain Miller en refusant l’annulation faite de son nom, s’engage dans le même élan pour la libération de Rafah Nached. Il nous indique l’entrée dans une ère où la psychanalyse devient « une force matérielle et une force politique », à condition « d’activer la puissance des lacunes, en donnant du jeu aux semblants, en y insinuant la liberté d’association, l’association libre ». Il nous invite au un par un, à dire comment nous allons habiter en notre nom, ce temps logique, en fondant un champ lacanien élargi.
Ce moment exceptionnel des « Journées Lacan » va scander ce temps de rupture, les membres de chaque ACF, mais aussi tout ceux qui travaillent dans le champ freudien, CEREDA, CIEN, RI3… et tous les amoureux de la parole sont invités à y participer par leurs présences, leurs interventions. Nous sommes donc attendus nombreux à ces Journées qui vont témoigner de la façon dont la praxis lacanienne oriente aussi la nôtre.
A très bientôt.
Françoise Labridy, le 21 septembre 2011