L’EDITO AUDIO 180 MAI 2011 Certains peuvent s’imaginer que les livres érudits sont écrits pour rester dans les placards, et que ce serait même leur destin, un fois lus, ou sans qu’on les ait même lus. Une fois lus, ils deviendraient langue morte. Est ce bien ainsi ? la vivacité, ne serait ce pas plutôt nous, en qui la leur attribuons ou la leur ôtons ? La logique et son histoire, de Robert Blanché est l’un de ces livres là. Son titre et son allure de manuel scolaire, qu’il est par ailleurs, abrite des jaillissements de surprise. On nous dit dans cet ouvrage qui fait quelques 400 pages plutôt denses, que Bernard Bolzano, mathématicien et théologien de la fin du 18ème- début du 19ème siècle, a fait apercevoir l’équivocité du terme de démonstration. D’une part sa fonction logique et d’autre part sa fonction persuasive. Ce n’est pas pour rien que ce soit un mathématicien qui ait eu ce discernement, ce qui nous permet aussi à nous aussi d’en faire la distinction. Blanché écrit : » La présentation logique d’un système déductif comme est celui des théories mathématiques a pour objet essentiel, non pas de faire admettre les conséquences à qui admet les principes, mais de dégager une certaine organisation systématique des propositions qui est déjà là, préalablement à notre connaissance, et que nous nous contentons de faire apparaître. » Voilà une logique qui n’est pas étrangère à la psychanalyse, celle de Jacques Lacan qui avait commencé son enseignement en faisant valoir, pour un sujet donné, l’organisation systématique de signifiants qui lui étaient propres. Si on prend la persuasion, l’autre sens du terme de démonstration, on voit ici qu’il est appliquée aux conséquences, pour des polémistes qui déjà sont d’accord sur les principes. Mais la persuasion peut aussi porter sur les principes, pour lesquels l’accord entre les parties n’est pas encore là. C’est tout l’objectif de la communication, telle quelle s’est installée, non seulement à leur extérieur, dans le paysage médiatique publique, mais aussi à leur intérieur, par les grands groupes économiques. Là, nous ne sommes plus dans la polémique, mais nous nous rapprochons de l’injonction, de la sommation. Vous en doutez peut être? Ouvrez le récent Rapport sur la modernisation de la politique des ressources humaines dans les établissements publics de santé. Pas besoin d’aller au delà de la 1ére ligne du sommaire, que nous vous livrons ici in extenso : « Partie 1 : donner du sens ». Une phrase comme cellle-là, de nos jours, çà n’a pas de prix ! C’est comme au cinéma, un immense projecteur s’allume et l’écran s’illumine. Cette phrase est ce projecteur. Elle dit : on va vous mettre d’accord sur les principes, les principes c’est nous qui allons vous les donner. Le sens dont il s’agit, c’est le sens que nous allons donner à toute cette entreprise. Promesse tenue! Et ainsi se déroulent à la suite les 133 pages de ce rapport./RENE FIORI * Consultez les rubriques des Ecoles de l’AMP « ( Rubrique Ad Rem) * Ecoutez Jacques Alain Miller sur France Culture : » L’interprétation est une ponctuation ». * Signez le pétition stop DSM ! * Prenez connaissance avec la rubrique act-ualité/e-foro evaluacion ———————————- Radio-a existe sur Internet depuis Novembre 2009. Son originalité : c’est une webradio orientée par la psychanalyse, créée par des membres de l’Envers de Paris et de l’Association Cause Freudienne. Le tout venant est invité à venir parler à partir de thèmes qui intéresse les psychanalystes. C’est le « sens de l’extimité », formule de JA Miller dans le magazine Le point, qui est sollicité dans ces entretiens, c’est à dire le rapport de chacun à son authenticité. Dans le même temps, au travers de ses nombreuses rubriques, Radio-a diffuse les débats et les discussions, lorsque les psychanalystes choisissent d’aller à la rencontre de leur propre hors-champ. Voix, regard, et lettre composent le site de radio-a dont la ligne éditoriale est : » Au-delà des semblants, embrouille et savoir-y-faire ». ——————————————————- FAITES NOUS PARVENIR L ENREGISTREMENT DES EVENEMENTS AUXQUELS VOUS ASSISTEZ ET QUI INTERESSENT LE CHAMP DE LA PSYCHANALYSE ! Nous vous indiquerons comment nous les transmettre et les diffuserons s’ils convergent avec notre ligne éditoriale. |
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LE LIVRE DU MOIS LE REEL INSENSE Introduction à la pensée de Jacques Alain Miller de Nicolas FLEURY (Editions Germina-Octobre 2010) Ce livre, clair, rapide (130 pages), informé, à l’écriture aérée et aérienne plonge le lecteur au coeur de la pensée en action de Jacques Alain Miller. Il est introduit par trois passions : » L’amour de la langue »; « La passion de l’élucidation »; « Le pragmatisme politique »; Suivent quatre grands chapitres : » De la philosophieà la psychanalyse »; « Clinique psychanalytique »; « Politique lacanienne »; »Cap vers le Réel »; Ce livre prismatique va à l’essentiel en très peu de pages au regard du sujet choisi par Nicolas Fleury; biographique pour une part, c’est aussi une bonne introduction aux balises théoriques de l’expérience psychanalytique telle qu’elle se pratique aujourd’hui! » Finalement, conclut Nicolas Fleury, tout le paradoxe de la psychanalyse orientée vers le réel, et toute la difficulté qu’il y a à s’y retrouver dans la clinique, tient à ceci : le réel ne peut ni se dire, ni se concevoir. Dans le meilleur des cas, on ne peut que le pointer du doigt. Que faire d’autre avec un Réel insensé? |