Le Bulletin
Scuola Lacaniana di Psicoanalisi
Momenti cruciali dell’esperienza psicoanalitica Seminario dell’AMP-EFP (EuroFederazione di Psicoanalisi) a Milano 1st Russian Lacanian Workshop (Moscow) L’expérience d’une psychanalyse Présidé et animé par Jacques-Alain Miller
« Quand il s’agit de ma santé, rien n’est trop cher pour moi » (Un schnorrer dans une histoire juive citée par Freud) La « santé mentale » Agnès Aflalo (Extrait du livre : L’assassinat manqué de la psychanalyse1) Un indécidable logique Comment définir scientifiquement la santé mentale ? Disons le d’emblée : c’est impossible. C’est pourquoi, depuis toujours, c’est par un abus de langage que la psychiatrie parle de « maladie mentale ». La maladie implique l’idée de la guérison comme le retour de la santé. Si la guérison est le retour à un état premier, normal, comment définir l’état premier du mental auquel la guérison ferait retour ? Qui en jugera ? Et comment ? La médecine peut juger objectivement de la santé parce que le réel de l’organisme, chiffrable et mesurable, obéit aux lois de la science. Et, par exemple, la tension artérielle ou le taux de glycémie sont des constantes du réel de l’organisme qui ne peuvent varier sans déclencher une maladie cardiovasculaire, un diabète, etc. Mais quelles seraient les constantes qui définiraient la santé mentale ? Elles n’existent pas. Prétendre le contraire à coup de questionnaires est une supercherie. Car le réel du psychisme, du mental, c’est la jouissance de l’être parlant. Or, la jouissance est sans loi mais pas sans cause. C’est dire qu’elle n’obéit pas aux lois de la science mais, pour chacun, à une causalité singulière et n’est ni chiffrable ni quantifiable. Peut-on croire que la coche d’un questionnaire TCC fera encore longtemps illusion ? Pour Lacan, qui posait cette question avec sérieux, le problème de la définition de la santé mentale relève d’un indécidable logique. La morale de secours Si la santé mentale échappe à la science, c’est d’abord parce que le mental n’est pas de son ressort. Comment définir le mental ? Si l’on se fie au dictionnaire, le mental relève de l’esprit et de ses fonctions intellectuelles. C’est l’ensemble des habitudes et des croyances qui commandent la pensée. C’est aussi l’état d’esprit, les dispositions psychologiques ou morales. Le jugement, la croyance et la morale sont des facultés intellectuelles qui relèvent de la liberté de penser. Cette liberté est incompatible avec le déterminisme strict de la science. Et dès lors qu’il est question de croyance, nous sortons du cadre de la science. On peut toujours définir le mental, mais cette définition ne peut être scientifique. Il en va de même pour la norme mentale. On peut la définir, mais cette norme ne sera pas non plus scientifique, elle sera morale. La santé « mentale » n’est donc que la somme des préjugés moralistes qui président à l’établissement des questionnaires. Ainsi conçue, elle exclut, pour l’être humain, toute liberté de penser, de juger et de décider. La licorne et le centaure Comment les experts TCC ont-ils procédé face à cette impasse ? Ils ont camouflé cet impossible en faisant de la santé mentale un concept statistique. Ainsi, la réalité statistique doit-elle rendre compte de la santé « mentale ». Autrement dit, nos empiristes ont substitué les calculs aux faits à observer. Ils ont remplacé la réalité des faits par celle de la statistique comme si des calculs suffisaient à faire exister la réalité de ce qui est calculé. Les statistiques portant sur les licornes les font-elles exister pour autant ? S’accorder sur le nombre des membres du centaure est possible, mais il n’est pas sûr que ce consensus le fasse exister. Calculer des préjugés ne changera rien à leur nature de préjugés. L’homme moyen n’existe pas, sinon comme une fiction statistique que l’on doit à Quételet2 et que Lacan a dénoncée3. Canguilhem a, quant à lui, récusé le concept de réalité statistique. Il n’hésitait pas à critiquer cette dérive y compris quand il s’agissait de définir la norme biologique. Car il jugeait que c’est la vie elle-même qui est un concept de valeur et non le jugement médical4. La clef de voûte de l’édifice TCC repose sur l’efficace de la croyance à l’existence d’une « santé mentale ». Sans elle, pas de calcul ni les glissements qu’ils emportent. Les glissements : de la morale à la préfecture En substituant le mental au calcul statistique, les manipulateurs TCC ont remplacé l’objet de l’étude par son outil, le mental par la statistique, qui est le moyen de son étude. Une fois cette substitution accomplie, le réel du mental a disparu, car il n’est plus de qualité, mais de quantité. Dans cette opération de réduction du symptôme psy, il se produit au moins trois glissements. Le premier va du normal au normatif. Nous venons de voir que la norme psy, inaccessible à la science, est toujours fondée sur un jugement de valeur, c’est-à-dire qu’elle relève de la morale. Le deuxième glissement passe du mental à l’organique. L’usage des statistiques permet de plaquer sur le mental les outils conceptuels applicables à l’organisme. Cette opération procède des théories matérialistes et réductionnistes qui dominent aujourd’hui chez les Anglo-Saxons. Faute de pouvoir voir l’organe mental dont les dysfonctions vaudraient pour tous, la norme du mental est fabriquée avec des statistiques qui se font passer pour une vérité universelle. Enfin, l’artifice du calcul statistique force le passage du pathologique au normal, de la maladie « mentale » à la santé « mentale ». Ici, l’usage du calcul statistique permet un glissement sémantique décisif par lequel la moyenne statistique devient la norme statistique, puis la norme, et enfin la normalité mentale. Après avoir admis l’idée qu’il existe une norme mentale et une normalité psychique, les adeptes des TCC peuvent affirmer de tous ceux qui s’en écartent, non pas qu’ils dévient de la moyenne statistique, mais qu’ils sont déviants, entendez porteurs de pathologies mentales à rééduquer. La catégorie baroque de « l’hyperactivité de l’enfant » est fabriquée avec ces méthodes-là. Mais au nom du « principe scientifique » selon lequel la vérité ne saurait sortir de la bouche des enfants, ce qu’ils disent n’est plus pris en compte dans les évaluations qui les concernent. L’évaluation de l’entourage social de l’enfant et des experts TCC suffira à en décréter l’anormalité. Ici, l’abjection de la « norme » comporte d’obtenir des mères qu’elles consentent aux conséquences de l’« anormalité » de leur l’enfant : leur faire subir des rééducations TCC et leur faire prescrire des médicaments. Faudra-il attendre encore longtemps les conséquences de ces abus pour que le législateur s’en avise et qu’il prenne des mesures pour y mettre fin, comme c’est déjà le cas aux États-Unis ? Le DSM ne cache pas que ses diagnostics sont construits sur des calculs statistiques. Les universitaires adeptes des TCC ont d’ailleurs réussi à imposer les mêmes procédés à l’OMS. En effet, depuis 1978, l’OMS a remplacé la notion embarrassante de « maladie mentale » par celle tout aussi problématique de « santé mentale » qu’elle définit comme « état complet de bien-être physique, mental et social ». Notre condition d’être sexué et mortel est au principe de bien des souffrances psy. Serait-elle guérie par l’idée de bien-être ? Et qui en jugera sinon le sujet lui-même ? Convenons-en, ce type de solution consiste à déplacer le problème selon l’adage bien connu qu’il n’est aucun problème qu’une absence de solution ne puisse résoudre. Le regard louche effleurant les êtres comme de simples choses, glissant insidieusement du réel au fictif, de la médecine à la morale et des doctrines subversives aux affaires, les adeptes TCC et leurs complices sont partis à l’assaut des politiques en espérant les convaincre de légaliser leurs doctrines. Notes : 1. AFLALO A., L’assassinat manqué de la psychanalyse, Nantes, Cécile Defaut, 2009, pp. 84-87. 2. Quetelet A., Sur l’homme et le développement de ses facultés ; Essai d’une physique sociale (1835), Paris, Fayard, 1991. 3. Lacan J., in Magazine Littéraire, n°428, Paris, février 2004, pp 24-29. 4. Canguilhem G., Le normal et le pathologique, Paris, PUF, 1966. « La mouche a une parfaite santé mentale »1 Quelle mouche les pique? Armelle Guivarch Psychanalyste, je travaille aussi comme psychiatre dans un établissement public de santé mentale (E.P.S.M). J’aime encore y travailler, menée par de puissants déterminants personnels et par le goût d’une clinique et d’une pratique à plusieurs. Quelle est la différence entre la psychiatrie et la santé mentale? La santé mentale est définie par l’O.M.S comme « un état de complet bien être physique, mental et social ». Elle englobe la promotion du bien être, la prévention des troubles mentaux, le traitement et la réadaptation des personnes atteintes de ces troubles. La psychiatrie hospitalière avait déjà ces missions de diagnostic, prévention, de traitements y compris au long cours des pathologies mentales mais en quoi consiste la promotion du bien être? En Juillet 2009 a été promulguée en France, la loi « Hôpital, patients, santé, territoire ». Elle établit en particulier, une organisation régionale de santé sous l’égide des agences régionales de santé ou A.R.S dépendant du ministère de la santé, la tarification à l’acte, une gouvernance renforcée des directeurs d’hôpitaux aux pouvoirs désormais étendus, le regroupement des hôpitaux, une rémunération supplémentaire des praticiens hospitaliers en fonction de leur activité. Les praticiens des hôpitaux n’auront plus qu’un pouvoir consultatif et non décisionnaire. Cette loi ne cache pas ses objectifs d’abord économiques et l’on parle d’ « Hôpital-entreprise ». Les E.P.S.M sont concernés. Cette orientation politique aura et a déjà une influence sur la clinique et la pratique de ces lieux de traitements de la folie. Je propose d’examiner deux points. 1.L’obligation faite aux infirmiers de remplir dans le dossier des patients un nombre grandissant de questionnaires. En voici quatre. Le questionnaire A.V.Q : ou activités de la vie quotidienne. Chaque patient est côté selon six items : Habillage, déplacement, alimentation, continence, comportement, relations. Le questionnaire R.I.M.P socio demo qui renseigne sur le mode de vie du patient, ses situations scolaire et professionnelle, les prestations dont il bénéficie, minimum social, couverture maladie universelle ou C.M.U, sa responsabilité légale. Le questionnaire Douleur qui côte la douleur dont se plaint éventuellement le patient mais qui est à rechercher activement; (aucune différence n’est faite entre douleur d’origine organique et d’éventuelles hallucinations cénesthésiques). Le questionnaire P.A.N.S.S sur lequel je vais m’arrêter un peu. C’est le « Positive and negative syndrome scale » qui mesure la sévérité des symptômes positifs et négatifs des patients atteints de psychoses cliniques. Il comprend trente items cotés de 1 à 7 : sept items pour les symptômes positifs : idées délirantes, désorganisation conceptuelle, activité hallucinatoire, excitation, idées de grandeur, méfiance ou persécution, hostilité ; Sept items pour les symptômes négatifs : émoussement de l’expérience des émotions, retrait affectif, mauvais contact, repli social, difficultés d’abstraction, absence de spontanéité, pensée stéréotypée, et pour la psychopathologie générale, seize items : préoccupations somatiques, anxiété, sentiments de culpabilité, tension, maniérisme, dépression, ralentissement psychomoteur, manque de coopération, contenu inhabituel de la pensée, désorientation, manque d’attention, manque de jugement, trouble de la volition, mauvais contrôle pulsionnel, préoccupation excessive de soi, évitement social actif. Il s’agit de déterminer un profil, d’établir des éléments pronostiques d’évolution et d’ évaluer l’efficacité des stratégies thérapeutiques adoptées. On voit bien que la fureur évaluatrice est maximale. D’une part la troisième phase réussie de certification est à ce prix. Ces données recueillies sont par ailleurs transmises de façon anonyme aux tutelles. Elles vont servir à mettre en place la tarification à l’activité. Une « clinique ? » se met en place coupée des réunions cliniques et de synthèse de façon insidieuse. Son but, est, je l’ai dit une évaluation des symptômes du patient et de son traitement. On va voir que la logique de tout cela est dans le point suivant. 2. L’éducation thérapeutique du patient. Depuis trois ans est arrivé en France un nouveau concept devenu envahissant : l’éducation thérapeutique des patients, dite E.T.P mise en place dans certains services par des praticiens zélés avec parfois l’aide…des laboratoires pharmaceutiques. Le document produit sur le sujet par la haute autorité de santé (H.A.S) est consultable sur son site. Selon l’O.M.S toujours, qui vise le bien être, l’E.T.P « vise à aider le patient à conquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux sa vie avec une maladie chronique (dont la schizophrénie et …. la dépression) ». « Elle fait partie intégrante de la prise en charge du patient. L’objectif est ainsi de rendre le patient conscient et informé de sa maladie, de comprendre sa maladie et son traitement, de collaborer ensemble et de maintenir et d’améliorer la qualité de la vie. » Les finalités sont donc clairement exprimée : Acquisition et maintien par le patient de compétences d’autosoins (sic) ; Mobilisation et acquisition de compétences d’adaptation. Outre les compétences d’autosoins que l’on comprend assez bien, les compétences d’adaptation sont, je cite : « se connaître soi-même, avoir confiance en soi ; savoir gérer ses émotions et maîtriser son stress ; développer un raisonnement créatif et une réflexion critique ; développer des compétences en matière de communication et de relations interpersonnelles ; prendre des décisions et résoudre un problème ; se fixer des buts à atteindre et faire des choix ; s’observer, s’évaluer, et se renforcer » !!!!!! Rien que ça! On reconnaît donc là le jargon des T.C.C. L’E.T.P devra donc s’intégrer à la stratégie thérapeutique . La procédure est clairement définie : Elle suppose la coordination de tous les acteurs impliqués dans la prise en charge, donc des échanges multiprofessionnels et des synthèses régulières d’évaluation individuelle ; l’élaboration d’un diagnostic éducatif, la définition d’un programme personnalisé, avec priorités d’apprentissages, la planification et la mise en place des séances d’E.T.P individuelles et collectives, enfin l’évaluation permanente des compétences acquises. Il sera proposé au patient une E.T.P. de suivi régulier ou de renforcement ou de suivi approfondi ou de reprise. Qui peut prétendre à exercer cette E.T.P ? Tout professionnel de santé impliqué dans la prise en charge des patients. A ces fins ont été créés en France de nouveaux masters d’E.T.P. et de nouvelles formations continues œuvrant dans ce sens, pour les infirmiers. Dans les E.P.S.M commencent à être recrutés des infirmiers répondant à certains profils de poste incluant la compétence en E.T.P. Il s’agit donc maintenant d’éduquer ou de rééduquer le patient considéré comme un imbécile, avec son aval bien sûr. Sous couvert de faire le bien et de viser le bien être, ces méthodes ne cachent plus leur autoritarisme, leur mépris, leur aspect totalitaire. Quelle marge de manœuvre restera t’il au praticien en E.P.S.M orienté par la psychanalyse, lui qui vise plutôt le savoir faire avec le symptôme et l’invention particulière des patients? Qu’adviendra t’il des patients rebelles et de ceux qui sont décidément hors système? Quelle mouche les pique? La mouche du scientisme, et de la gestion optimale, la mouche du coche et du coché. Dans le film de Cronenberg, « La mouche » le scientifique Jeff Goldblum, crée une machine de téléportation et s’introduit dans la machine avec une mouche clandestine: jusqu’au bout alors qu’il se transforme peu à peu en diptère il rêve en bon savant fou à ce que cette transformation va apporter à l’humanité. Il finit très mal. Notes : 1. J.A.Miller, « Santé mentale et ordre public », Mental, N° 3 1997,P 25. Six milliards d’hypocondriaques ? Pascale Simonet Le numéro hors-série du Courrier International d’octobre-novembre-décembre 2008, intitulé » À votre santé! Merveilles et dérives de la médecine au XXIe siècle » rassemble les pratiques les plus actuelles de la médecine d’aujourd’hui et éclaire son ambition de parfaire l’humain. Il témoigne de son glissement vertigineux vers une cosmétique de l’homme au sens large et du vaste délire de perfection généralisée qui l’accompagne. Dans la recherche du corps parfait et du cerveau sans peur et sans reproche, tout fait farine à ce drôle de moulin : prothèses de mémoire, médicaments effaçant les souvenirs douloureux, course effrénée à la greffe, y compris celle du cerveau. Et cela, quel qu’en soit le coût social, économique, environnemental ou humain. Cette nouvelle conquête n’avance pas sans réticences, mais les effets de fascination sont puissants et l’emprise des firmes pharmaceutiques sur le discours est telle que rien ne semble freiner cet emballement frénétique. Ce numéro du CI n’échappe pas à la règle comme sa construction le laisse entrevoir. S’il débute par des articles pointant les dérives existantes et prévisibles, il se fait plus conciliant au fil des pages avec les nouvelles orientations démiurges de la médecine : la plupart de ceux qui s’interrogent se voient taxés de façon de plus en plus incisive d’obscurantisme et de frilosité, malgré la persistance d’un embarras éthique en toile de fond. Parmi les positions les plus engagées, Dana Ullman, auteur de plusieurs ouvrages parus en France, dénonce le caractère pseudoscientifique d’une médecine à la merci de l’argent du lobbying des entreprises pharmaceutiques. Repérant un scénario récurrent dans la promotion de nouveaux traitements (enthousiasme face aux études démontrant innocuité et efficacité d’une nouvelle molécule – légère inquiétude menant à de nouvelles recherches et essais cliniques – interrogations plus graves – apparition d’une nouvelle molécule qui relance le cycle), il met en cause les anxiolytiques comme le Xanax, qui peut se révéler efficace pendant un temps limité, mais provoquer dans l’après-coup des symptômes préoccupants, notamment des accès de panique pouvant augmenter de 300 à 400 % lors de l’arrêt du traitement. Il invite Marcia Angell à la défense de ses thèses. Professeure de médecine à Harvard et ancienne rédactrice en chef du célèbre New England Journal of Medecine, elle déplore l’éloignement de l’industrie pharmaceutique de sa vocation originelle. « Devenu avant tout une machine marketing vouée à la vente de médicaments aux bienfaits contestables, ce secteur se sert de sa richesse pour noyauter toute institution lui barrant la route, y compris le Congrès (des USA), la Food and Drugs Administration, les centres universitaires de médecine et le corps médical lui-même. », « Les placebos sont aussi efficaces à 80 %, continue-t-elle, il y a des dizaines de façons de truquer des essais et c’est une pratique plus que courante. » Un ancien vice-président de la recherche génétique chez GSK, Allan Roses témoigne lui aussi : « la grande majorité des médicaments, soit plus de 90%, ne fonctionnent que sur 30 % à 50 % des individus. » Toujours dans le Courrier International, un article du New York Times intitulé « Des psychiatres sous influence » fait savoir qu’en 2006, la FDA (Food and Drugs Adminsitration) a émis de « forts soupçons » vis-à-vis des neuroleptiques administrés aux enfants à la suite du décès de 29 d’entre eux et d’effets secondaires délétères ravageant plus de 165 autres enfants. Pour la première fois, la FDA a mis en cause les relations troubles entre psychiatres et industrie pharmaceutique. Le NYT estime la somme moyenne perçue par chaque psychiatre américain entre 1750 et 689 000 $. Ceux qui ont reçu en moyenne 5000 $ ont prescrit trois fois plus de neuroleptiques que les autres… En toute illégalité, il n’est pas rare que des praticiens soient payés pour donner des conférences au cours desquelles ils vantent les mérites de traitements non encore approuvés officiellement. Dans un ouvrage étayé très populaire outre-Rhin, Die Krankheitserfinder, traduit en Français sous le titre Les inventeurs de maladies1, le biologiste Jörg Blech dénonce, avec l’appui de nombreux médecins, les manœuvres et manipulations de l’industrie pharmaceutique visant à transformer leurs cabinets médicaux en lieux de vente qui ne portent pas leur nom. À travers des syndromes divers, il démontre comment des maladies sont inventées de toutes pièces, comment des processus normaux de l’existence sont travestis en problèmes médicaux par l’élaboration de stratégies commerciales sans précédent. Celles-ci tablent sur l’aspiration innée à être en bonne santé et sur une redéfinition permanente du concept même de santé. Le théâtre du Dr Knock est immortel et s’invite désormais partout. L’ampleur atteinte par le phénomène paraît grotesque : pas moins de trente mille syndromes, troubles et pathologies ont été répertoriées. À chaque maladie son comprimé, à chaque comprimé sa maladie. Les molécules sont d’ailleurs recyclables. Ainsi le Prozac, dont le brevet est arrivé à échéance est proposé sous le nom de Sarafem, censé lutter contre le grave syndrome prémenstruel. 70 à 80 % des articles médicaux dans les médias sont le fait d’actions de relations publiques ciblées. Ces campagnes de sensibilisation, planifiées avec soin, sont destinées à amplifier l’angoisse des maux qu’ils décrivent. Les données et statistiques fournies sont presque toujours impossibles à vérifier. Les campagnes dites « d’information » interprètent très librement les critères diagnostics flottants et malléables par nature. Elles visent toujours des problèmes bénins susceptibles de concerner un grand nombre de personnes. En matière de santé mentale, elles ciblent le deuil, l’originalité, la timidité, le caractère grincheux, etc. Des symptômes anodins deviennent signes avant-coureurs de complications graves. Des symptômes rares sont transformés en épidémies. Plus les traitements pour les grandes maladies telles le cancer ou le sida stagnent, plus les médecins sont invités à se soucier des gens bien portants. « Si l’homme ne vient pas au test, le test doit venir à lui », tel est le credo de Pfizer. Une véritable chasse au patient s’organise. Les facteurs de risque sont calculés en considérant comme « déviants » les 5% extrêmes quelque soit l’état de santé des individus. La multiplication des analyses conduit à penser qu’un homme en bonne santé est un homme qui n’a pas été ou pas suffisamment examiné. Plus d’un père de famille sur cinq serait atteint du « syndrome du tigre en cage » même et surtout s’il est digne de confiance et patient. Seuls les psychotropes seraient en mesure d’équilibrer les messages chimiques dans le cerveau du bon papa. Même la situation idyllique est dangereuse : à Majorque, les retraites dorées sont menacées par la terrible « dépression du paradis » ! Certains médecins ne s’inquiètent nullement de voir la fréquence des troubles multipliée par mille. Un psychiatre admet que 58 % des individus souffrent à un moment de leur vie d’un trouble de la personnalité. Il est donc normal d’être mentalement malade… C’est sans compter sur le marché juteux de la psychiatrie cosmétique en plein essor qui nous propose gentiment de nous sentir mieux que bien ! Bientôt six milliards de malades ? Le meilleur des mondes près de chez vous ! Notes :
- J. BLECH, Les inventeurs de maladies, Manoeuvres et manipulations de l’industrie pharmaceutique, traduit de l’Allemand par I. Liber, Postface de Martin Winckler, Actes, Sud, Coll. Babel, 2005.
Scuola Lacaniana di Psicoanalisi
Momenti cruciali dell’esperienza psicoanalitica SEMINARIO DELL’AMP-EFP (EuroFederazione di Psicoanalisi) A MILANO coordinato da Gil Caroz e Pierre Gilles Guéguen Il Seminario, promosso dall’AMP-EFP, sarà aperto ai Membri e ai Partecipanti alle Attività della SLP, agli Allievi dell’Istituto Freudiano e ai “nuovi venuti”, presentati da un Membro. Ogni incontro prevede un intervento teorico e due esposizioni di casi clinici. Seguirà, ogni volta, un tempo dedicato alla discussione sulla Scuola. Il Seminario che si svolgerà in tre incontri e avrà luogo nelle date 23 ottobre, 11 dicembre 2010 e 12 febbraio 2011 orario: 13.00 – 18.00 si terrà a Milano, Casa della Cultura – Via Borgogna, 3 In preparazione agli incontri seminariali, preliminarmente a ogni giornata di lavoro verranno inviati, tramite posta elettronica, a tutti gli iscritti i testi che saranno presentati nel corso degli incontri. Il riferimento bibliografico principale sono tre testi estratti dagli Atti delle Journées dell’ECF del 1981: Dix-sept exposés sur les moments cruciaux dans la cure psychanalytique, Paris, 1982, volume III della serie Actes de l’Ecole de la Cause freudienne. -Jacques-Alain Miller, Symptome-Fantasme –Philippe La Sagna, Equivoque et transfert –Gerard Miller, La seconde entrée en analyse Tale bibliografia sarà a disposizione degli iscritti. Proposte di intervento: Le proposte di intervento dovranno essere inviate entro il 30 settembre a Paola Francesconi, Presidente della SLP, all’indirizzo [email protected] e a Gil Caroz, Presidente della ESP, all’indirizzo [email protected] I testi dovranno orientarsi sul tema generale del Seminario e potranno riguardare tanto la dimensione teorica quanto quella clinica. Quote di iscrizione: € 100,00 per i Membri della SLP € 70,00 per i Partecipanti alle Attività della SLP € 50,00 per gli Allievi dell’Istituto Freudiano e per i “nuovi venuti”. Modalità di iscrizione: Bonifico bancario sul conto corrente intestato a: Scuola Lacaniana di Psicoanalisi, Deutsche Bank – Ag. H 468 di Milano, Codice IBAN: IT76M0310401608000000821332. Importante: nella causale specificare nome e cognome di chi si iscrive al Seminario. Dopo il pagamento del bonifico potete compilare il modulo di iscrizione che trovate in allegato e che vi prego di inviare a: [email protected] E.C.M.: Il Ministero ha accordato a questo Seminario 6 punti. Chi è interessato può richiederli al costo di 20 euro. Restiamo in attesa delle vostre iscrizioni e con l’occasione vi auguro una buona ripresa. Isabella Ramaioli Segretario SLP