PIPOL NEWS 5
Le 30 juin 2010
PIPOL 5
Does Mental Health exist?
La Santé mentale existe-t-elle ?
¿La Salud Mental existe ?
Esiste la salute mentale?
Au Square Brussels Meeting Centre, Bruxelles
Les 2 et 3 juillet 2011
Dans ce numéro : Éditorial L’EuroFédération de Psychanalyse (EFP) Phillippe De Georges, Nice, Estérel-Côte d’Azur La Santé mentale et la crise Kristina Leotsakou, Athènes La Santé mentale en Grèce Thomas Svolos, Omaha, Nebraska, (USA) Depression Screening as the Latest Avatar of Moralism in American Public Mental Health Carlo Vigano, Milan, Lombardie La Mente e i paradossi della politica
Los textos de PIPOL NEWS están escritos en una de las siguientes lenguas : inglés, francés, italiano, español. Si desea hacer una traducción rápida, utilice el sitio : http://translate.google.fr The textes of PIPOL NEWS are written in one of the following languages: English, French, Italian, Spanish. To get a fast translation, go to : http://translate.google.fr I testi di PIPOL NEWS sono scritti in una di queste lingue: Inglese, Francese, Italiano, Spagnolo Per avere une traduzione rapida, potete utilizzare il sito : http://translate.google.fr Les textes de PIPOL NEWS sont écrits dans une des langues suivantes : Anglais, Français, Italien, Espagnol. Pour une traduction rapide, utilisez le site : http://translate.google.fr
« Vive la crise ! »
(PDG)
Éditorial
L’EuroFédération de Psychanalyse (EFP)
Elle a été l’EEP (École Européenne de Psychanalyse), elle est devenue la FEEP (Fédération Européenne des Écoles de Psychanalyse), elle est maintenant, depuis samedi dernier, l’EuroFédération de Psychanalyse (EFP). Elle fédère les quatre Écoles de l’AMP en Europe (ECF, ELP, SLP, NLS). Elle se propose comme le signifiant de tous ceux qui adhèrent à ces quatre Écoles.
Elle a hérité d’une pierre offerte par Judith Miller. Cette pierre change de mains d’un Président à l’autre à chaque permutation. Judith Miller nous dit qu’elle a quelque deux millions d’années, que sa densité est particulière et que son design est hypermoderne. Sa « pierreté » inguérissable résonne pour nous avec l’impossibilité de réduire nos « dingueries » à une santé mentale.
Nous ne sommes qu’au début du déchiffrage de l’EFP. Que veut-elle ? Posons d’emblée qu’elle veut que la psychanalyse d’orientation lacanienne ait le poids qu’elle mérite en Europe. Et en effet, PIPOL 5 sera le congrès de fondation de la communauté de travail qui s’est construite dans le Champ freudien autour de ces quatre Écoles européennes. Posons également que lors de ce congrès, elle compte promouvoir d’une part un débat épistémique et politique sur le thème de la santé mentale, et d’autre part des « dingueries » bien articulées qui résistent aux normes de celle-ci. Tenir ces deux fils à la fois, c’est sa politique.
Comment faire parler les dingueries ? Récemment, lors d’une réunion d’un collège de la passe à Barcelone, Éric Laurent faisait remarquer que la pratique du témoignage était adaptée aux mœurs de notre temps. Dans un monde transparent, l’étude de la psychanalyse prend son appui dans le témoignage beaucoup plus facilement que dans l’histoire de la psychanalyse, les théories de pères fondateurs et les diverses controverses. Le témoignage semble mieux converger avec d’autres pratiques qui appartiennent à l’ère de « nos marchés communs ».
Il ne s’agit pas, bien sûr, d’abandonner l’étude des textes fondateurs. Mais plutôt d’accorder une place au témoignage en tant qu’il fait limite au striptease généralisé. Le témoignage dans le champ de la psychanalyse n’a rien de commun avec la pratique des reality show. Là où cette dernière fascine par la mise en scène de fantasmes partagés, le témoignage psychanalytique vise à extraire ce qu’il y a de singulier dans le symptôme de chacun. Encore faut-il distinguer un témoignage de passe de celui d’un moment de cure et plus encore d’une direction de cure d’un autre sujet. Pas tout est pareil. Il nous reste à définir comment cette dimension de témoignage pourra trouver sa place au Congrès PIPOL 5.
Pour conclure, vous trouverez en attaché la première version de l’Annuaire des Régions de l’EuroFédération de Psychanalyse. Cet annuaire participe de l’intention de l’EFP de donner corps à la communauté psychanalytique d’orientation lacanienne en Europe. Il sera suivi, dans les mois qui viennent, par l’Annuaire des adhérents de l’EuroFédération de Psychanalyse.
Gil Caroz
La santé mentale et la crise
Philippe De Georges, ECF
Dans tout ce qui se publie et qui traite de la psychanalyse avec un regard « extérieur », qu’il s’agisse de travaux d’anthropologie ou d’épistémologie, revient la question de la situation particulière de celle-ci dans le cadre de ce qu’on appelle « la santé mentale ».
Cette notion est floue, mais elle est le lieu où convergent un certain nombre d’acteurs a priori bien différents : chercheurs en sciences sociales, donc, mais aussi pouvoirs publics, administrations, bailleurs de fonds et donneurs d’ordre, système de santé publique et instances étatiques voire supranationales, acteurs de terrain, enfin, comme tous ces travailleurs qui oeuvrent aux confins de l’éducation et du soin, et comme tous ceux qu’englobe la nébuleuse « psy »… La santé mentale apparaît donc tantôt comme un objet d’étude que certains tentent de construire, ou tantôt comme le champ où d’autres opèrent, champ traversé de tensions, de conflits, de mouvements et de déplacements, des lignes de force, des intérêts ou des idées dominantes. C’est ainsi qu’on a vu Le livre noir de la psychanalyse servir de première salve pour tous ceux qui aspirent, sous influence anglo-saxonne, à briser l’autorité de la psychanalyse et à dissoudre l’aura freudienne. Mais on a découvert aussi les tentatives de règlements professionnels émanant des pouvoirs publics. La logique de ces manœuvres est à la fois celle du consumérisme et celle du néolibéralisme qui ne se connaît plus de limite.
Pour éclairer ce qui est à l’œuvre ici et les effets de ces changements de contexte sur la psychanalyse, on pourra lire avec profit un livre qui vient de paraître et qui apparaît aussitôt comme un travail atypique sur un objet qui ne l’est pas moins : « L’autorité des psychanalystes[1] », de Samuel Lézé, se présente comme une étude anthropologique résultant de dix années d’enquête menée à Paris, tant auprès de psychanalystes que de psychanalysants. L’auteur de ce travail exerce à l’École des hautes études en sciences sociales, boulevard Raspail, dont il rappelle à l’occasion qu’elle est proche, géographiquement, de la rue Huysmans où loge l’ECF, comme l’ENS, à la Rue d’Ulm, est proche de la SPP de la rue Saint-Jacques. Mais ces voisinages urbains n’effacent pas ce qui rend hors du commun le terrain de son exploration, soit le divan comme fait social, au coeur du champ contemporain et dans le paysage de la « santé mentale ». Le caractère paradoxal et insolite de la praxis analytique pour celui qui se propose de l’étudier sous l’angle de l’anthropologie tient à tout ce qui semble la rendre socialement insituable, à partir de son goût permanent pour le paradoxe et l’équivoque. Ainsi en est-il de l’extraterritorialité longtemps revendiquée par les disciples de Freud, exigence sans comparaison avec aucune autre discipline. L’auteur y voit un effet de la singularité radicale des analystes et de leur propension à l’autoréférentialité, leur recherche d’un statut d’exception et d’immunité sociale sans pareil. Tous ces traits constituent un « Objet socialement non identifié », inclassable dans les catégories usuelles de la science, de la religion ou des professions reconnues. Voilà ce qui rend cet objet d’étude exotique et le fait échapper à l’objectivation sociologique quand on ne lui prête pas un penchant multitransgressif… L’auteur note ainsi en passant le rôle de « l’improbable figure » de Lacan, ce qui permet à l’occasion de souligner qu’on ne fera jamais assez l’éloge de l’improbable et qu’il y aurait beaucoup à écrire sur ce thème, jadis abordé par Yves Bonnefoy[2].
Que note en premier lieu celui qui, tel jadis Lévi-Strauss chez les Nambikwara, se risque dans l’archipel de la psychanalyse ? Qu’il y est beaucoup question de crise. Mais il lui faut peu de temps pour comprendre le statut bien spécial de ce mot, dès qu’il est question des moeurs de l’archipel et de ses habitants : la crise fait partie de leurs mythes fondateurs ! L’analyse est née dans la crise, elle a suscité la crise à chacune de ses avancées et chaque année de son siècle et quelques d’existence. L’analyste respire la crise, mange la crise et la sécrète. Elle lui est consubstantielle, vitale même, pour ne pas dire qu’elle fait son être au monde… Ce qui est indispensable à la vie de l’analyse, c’est en fait l’atmosphère de combat qui pousse à faire parade, à défendre les acquis, à produire des idées nouvelles et à toujours aller de l’avant. Si l’analyse cessait d’avoir des adversaires, elle les inventerait, pour entretenir sa propre ardeur.
Cela dit, le moment que nous traversons est marqué par de profondes mutations qui ne peuvent pas ne pas affecter l’analyse. Le changement majeur du contexte est noté dès la préface du livre par Richard Rechtman, psychiatre et anthropologue, directeur de L’Évolution Psychiatrique : c’est, dit-il « l’avènement de la santé mentale. Autrement dit le débordement de la psychiatrie par la question sociale et politique de la souffrance psychique ». Il y a là un changement de fond qui oblige ceux qui oeuvrent dans le champ de l’analyse à passer, qu’ils le veuillent ou non, de la sphère de l’intime à la chose publique.
Prenons au sérieux ce constat : la santé mentale est le nom d’un dispositif subtil par lequel États et pouvoirs publics entendent prendre barre sur ce qui au XX° siècle encore ne relevait que du domaine privé. Charcot souhaitait que l’on préserve les secrets d’alcôve. Freud en a fait la matière de la discipline qu’il fondait. Nos managers post-modernes veulent rafler la mise. Ce qui était voué d’abord à l’ombre infâme avait été élevé au rang de matériel clinique. Il était temps que le couple infernal du discours de la science et du discours capitaliste s’approprie une matière qui s’avérait si précieuse sur le divan. Pour ce faire, il suffisait de retourner « l’intime » comme un gant et de dévoiler le voilé à la face éblouie du monde : réality show et santé mentale ne sont que les deux « concepts » de l’extension du domaine du profit.
Voilà donc le décor campé, qui prive les habitants de l’archipel analytique et de leur royauté et de leur prétention à constituer un arrière-monde. Nous voici sommés de répondre. Ayons alors présent à l’esprit ce qu’indique l’étymologie du mot crise et qui en fait le moment de la nécessité de choisir. Nous pouvons dire alors : vive la crise !
La santé mentale en Grèce
Kristina Leotsakou*, Société Hellenique
En Grèce nous sommes au milieu d’une réforme psychiatrique longue, inachevée et déjà confrontée à des problèmes majeurs. Le Système national de Santé a été fondé en 1983 et le début des changements apportés au système public de soins date de la fin des années ‘90.
Le but premier était la diminution et la fermeture des grands hôpitaux psychiatriques. Le programme « Psychargos», dont la première révision vient d’être achevée, a mis initialement l’accent sur la « désasilisation » de tous les patients chroniques internés depuis des décennies. On les a installés dans des unités de rétablissement psychosocial (auberges, internats et appartements protégés) relevant d’hôpitaux publics et de structures privées. Il est apparu très vite que les besoins importants concernaient en priorité les internats abritant des patients âgés ayant effectué de longs séjours à l’hôpital. Il existe déjà des problèmes importants de financement, mais ce qui apparaît faire défaut principalement est la coordination du système.
Grâce au fonctionnement de leurs nombreux départements d’hospitalisation de courte durée, les grands hôpitaux psychiatriques continuent de couvrir les plus grands besoins d’hospitalisation pour les cas aigus. En raison de l’insuffisance des systèmes de soins extrahospitaliers, les hospitalisations sont à hauteur de 60% des hospitalisations d’office. La procédure en vigueur, via mandat du ministère public et sous escorte policière, même s’il est très fortement contesté, ne semble guère susceptible de changer dans l’immédiat. Les patients, en général psychotiques, tombent sous le coup de cette procédure qui n’associe aucun spécialiste de la santé mentale jusqu’au moment où ils sont présentés à la garde des hôpitaux pour examen et hospitalisation.
Ces vingt dernières années, les secteurs psychiatriques des hôpitaux généraux se sont développés. Appelés à remplacer progressivement les hôpitaux psychiatriques, ils sont confrontés aujourd’hui à des problèmes graves en raison du grand nombre de patients hospitalisés et du manque de personnel spécialisé.
À mon avis, le point où se focalisent les insuffisances de notre système est le développement défectueux des centres de santé mentale, c’est-à-dire des structures communautaires. Les services sociaux de santé mentale sont loin de couvrir les besoins existants. La tendance à s’obnubiler sur les conditions d’hospitalisation, indéniablement et gravement problématiques, distrait notre attention du fait que très peu est fait en direction de la diminution du pourcentage des hospitalisations, c’est-à-dire dans le traitement du patient au sein de sa communauté. Le suivi des soins est rarement assuré et le déficit concerne les services du premier degré de la santé et la prévention. À Athènes, dans la clinique des cas aigus du plus grand hôpital psychiatrique, fonctionne un programme pilote interconnecté à un Centre de santé mentale et qui a sous sa responsabilité une population géographiquement circonscrite. Les résultats bénéfiques sont déjà là. Pour l’essentiel, est démontrée la nécessité immédiate de l’application de la sectorisation institutionnellement en vigueur depuis de nombreuses années dans la plupart des pays européens, mais qui n’est pas appliquée ici.
Aux consultations relevant des Caisses de sécurité sociale, bien que le service rendu à une grande partie de la population soit important, les psychiatres sont souvent cantonnés — pour différentes raisons — à la simple prescription de médicaments. Il existe malgré tout des exceptions remarquables où, à l’initiative de certains médecins, un travail important est effectué sur le fond. Mais tout dépend toujours du facteur personnel.
Enfin, le secteur privé de soins en Grèce est particulièrement développé. Mais les visites au psychologue ou au psychiatre en libéral ne sont prises en charge par la sécurité sociale que pour un faible pourcentage de patients parmi ceux qui disposent d’une très bonne couverture de sécurité sociale. C’est pourquoi, d’ailleurs, ne se pose pas la question de l’évaluation des psychothérapies qui seraient habilitées à être couvertes par les caisses d’assurance sociale puisque le taux de couverture qu’elles financent reste insignifiant.
Au titre de psychothérapies, la thérapie cognitivo-comportementale, la psychothérapie familiale et la psychothérapie psychanalytique sont administrées dans le cadre du cursus de formation de certaines cliniques universitaires qui reçoivent un très petit nombre de patients. Dans le reste du secteur public, la psychothérapie est chaque fois affaire de spécialisation et d’option personnelle des psychologues et des psychiatres. Des efforts ont été entrepris dans les deux grands hôpitaux psychiatriques d’Athènes moyennant l’organisation de centres spéciaux. Mais pour l’essentiel la « psychothérapie » reste l’affaire du secteur privé.
Je voudrais appeler l’attention de façon toute particulière sur le déficit existant en matière de formation. Bien que la formation à la psychothérapie ait été institutionnalisée dans le cursus de spécialisation en psychiatrie, elle n’est mise en application que dans un nombre très restreint d’hôpitaux. En raison même du tournant observé vers ladite « psychiatrie biologique » les psychiatres en spécialisation ne s’intéressent pas sérieusement à ce type de formation. Il va de soi que la psychanalyse ne saurait être « obligatoire » dans le cadre d’un cursus de formation. Il n’empêche que le contact avec elle des médecins et des psychologues en formation est important. D’autant plus que la plupart de ces derniers travailleront en privé, sans perspective de formation continue par la suite. Le travail effectué par la Société hellénique de la NLS et par l’Antenne clinique d’Athènes au sein des deux grands hôpitaux psychiatriques d’Athènes ainsi qu’à Thessalonique, moyennant ses présentations de malades et ses séminaires qui ont lieu maintenant depuis plusieurs années, nous donne une idée de comment susciter l’intérêt dans des lieux où tout a été livré à la simplification et réduit à la pharmacothérapie.
Depuis le temps où la psychiatrie grecque s’était signalée à l’attention des mass media internationaux en raison de l’existence de l’hôpital psychiatrique de Leros, beaucoup a été fait. Mais le chemin à parcourir reste long. Bien que le progrès accompli dans le secteur de la santé mentale soit indiscutable, la seule perspective « de l’abattement des murs des hôpitaux » ne saurait constituer, à l’évidence, une réponse suffisante aux problèmes existants. La suppression définitive des hôpitaux psychiatriques programmée pour 2015, mais qui ne cesse d’être prorogée se heurtera, à n’en pas douter, aux grands problèmes sociaux qui vont en s’aggravant : pourcentages élevés de patients non assurés, immigrés clandestins, changements progressifs au sein de la structure familiale, notamment.
(Texte traduit du grec par Dosia Avdelidi).
* Praticien Hospitalier à l’hôpital psychiatrique Dromokaïteio, Correspondante à l’hôpital de l’Antenne clinique d’Athènes et de la Société Hellénique de la NLS.
Depression Screening as the Latest Avatar of Moralism in American Public Mental Health
Thomas Svolos, NLS
When we think of the world as ‘globalized,’ it can be a shock to realize the significant differences between two equally ‘advanced Western capitalist’ countries such as France and the United States on a matter such as depression screening. While depression screening was recently under debate in France, the shock is that depression screening in the United States is something of a fait accompli. There is no debate in the United States on this topic, it has been decided—it is a good practice for the psy field.
Depression screening in the United States can be traced back to 1991, the first National Depression Screening Day. This day was established by Screening for Mental Health, Inc., with the financial backing of major pharmaceutical corporations. The corporation responsible for guiding the NDSD is currently led by a Board of Directors, largely comprised of academic psychiatrists. This practice of depression screening was initially promoted to clinicians, but screening has now been extended to schools and workplaces.
Interestingly, while many academics and administrators wish to resolve debates in mental health practice on the grounds of evidence, there is no evidence to support this practice of depression screening. One of the major resources in the ‘analysis’ of scientific evidence is the Cochrane Library, which provides an online database reviewing the medical literature. In a comprehensive meta-analysis of all the published studies on depression screening, they concluded that there is little evidence in support of this practice. The Summary is unambiguous: “The use of depression screening or case finding instruments has little or no impact on the recognition, management or outcome of depression in primary care or the general hospital.”
That said, the practice remains in place, well established. There is little debate on this within the psychiatric literature. In the popular literature, the only critical discussion of this topic can by found in the Scientology literature in some comments suggesting that this whole endeavor is supported by the pharmaceutical industry as a way of promoting the diagnosis of depression and subsequent prescription of antidepressants.
Certainly, this latter relationship is important. The Medical-Industrial Complex (of corporations and the physicians who work for them, consult for them, and receive funding from them for their research) has come under increasing scrutiny in the United States. We might certainly look upon the pharmaceutical connection to depression screening as just another effort to market their drugs to the public under the rubric of a public health effort.
But there is yet another dimension of this that we must take into account, namely the support of employers for this screening. The 1990 WHO Global Burden of Disease Project identified depression as the number one cause of disability in the world and suggested that psychiatric diagnoses were significantly underestimated as a cause of disability. Large corporations have taken significant notice of this and have implemented depression screening into their workplaces to promote better productivity, enhance workplace safety, and reduce medical and disability expenses.
We cannot fail to notice yet another dimension to these practices, which I would identify as an extension of Taylorism into the mind. The innovations of Frederick Taylor to improve efficiency within the factory through scientific management, especially in the analysis of the activities of the workers within the factory, who should subsequently be trained precisely what to do, often led to increasing specialization of tasks within the factory and greater control by the corporation of their activity. Depression screening, as part of the wellness movement in general so prevalent today in the US, is nothing other than an extension of the Taylorist doctrine into the minds of the workers themselves—their mental activity is to be monitored, analyzed, and studied just as their physical activity was previously.
There is a historical backdrop to depression screening. One of the sponsoring groups for depression screening is Mental Health America, which has the mission “of promoting mental health, preventing mental disorders and achieving victory over mental illness through advocacy, education, research and service.” The organization sponsors mental health awareness programs and screenings. The group is one of the largest and oldest non-profit groups in the psy field, having been founded as the National Committee for Mental Hygiene in 1909 by Clifford Beers, a very educated man, hospitalized in 1900 for a number of years for paranoia. Later released, Beers wrote an autobiographical account of his life and the poor treatment by the staff in the hospitals where he was confined, A Mind that Found Itself . This text led to significant reform in mental health practices and the promotion of a notion of mental hygiene.
This mental hygiene movement can be squarely situated within the Progressive Era, of the last turn of the century. One aspect of the Progressive agenda that we find in Beers’ work and the mental hygiene movement is the notion of social justice and equality for all, with a special focus and reliance on organization and bureaucracy, with the support of science, to achieve these changes. The Progressive Era is often described as a response to the rapid changes occurring at that time in history, mostly associated with industrialization. Beers’ book took issue with the increasingly ‘factory-like’ nature of the American asylums where he was confined. The crucial logic for all of these reform efforts was a notion of what we might even term an Aristotelian Sovereign Good, that holds true for society—for everyone in society—and one which must be secured through the action of government, enlisting the help of science, in promotion of this Good for all.
There is yet a further historical antecedent for this in the first half of the 19th century in the US—the period known as the Second Great Awakening. The history of the United States has been marked by periods of heightened religious activity, referred to as Great Awakenings. The second one, though, from 1800-1835, is most notable, however, for in addition to the personal religious dimension present in the 18th century Great Awakening, this latter movement is notable for various reform causes: efforts to bring rights and equality to women and blacks and, important on the screening issue, the development of the temperance movement and movements against masturbation and sexuality as such, which brought religion into personal behavior in a universal way for all.
What strikes one immediately with a chronology such as this, however, from the Second Great Awakening to the Progressive Era to the depression screening of today, is how each of these moral reform efforts—within the mental health field: from temperance and movements against sexuality to mental hygiene to depression screening—each occur at a pivotal moment in American economic history: the transition to a market economy, the transition to monopoly capitalism and, now, the development of global capitalism. Each moment carries within it one more effort for greater morality for all, in a well-nigh Weberian logic, extending moral control from that of behaviors such as drunkenness into the psyche itself, with an increasing alliance with science to bolster these programs, even when science itself offers no support for practices such as depression screening.
La mente e i paradossi della politica
Carlo Viganò, SLP
Alla fine del secolo scorso la società occidentale, in seguito alla contestazione, ha deciso che non si dovesse più parlare di malattia psichica, perché questo creava stigma sociale ed emarginazione del malato. Si allora creato un artefatto, la mente, e se ne è fatto il modello, non più della normalità, ma della globalità umana. Esso serve ad orientare i protocolli di intervento – sempre più di tipo preventivo – ed a calcolarne i costi finanziari. Il modello della mente è esplicitamente ciberneticoè un sistema esperto che raccoglie tutti i dati sulle facoltà psicologiche e sul loro substrato neurofisiologico, oltre a tutte le evidenze che vengono raccolte a partire dai sui “disturbi”. L’invenzione della mente permette di avere un target unificato che mette le politiche della salute e del welfare al riparo dall’imbarazzante isterismo della ricerca scientifica.
La mente sta quindi alla base della forma contemporanea con cui si pensa l’uomo, il suo pensiero e la sua memoria: un cittadino che ha un hard, il cervello ed un soft, la mente. E’ evidente che si tratta di un artefatto che ha un’utilità diretta, perlomeno questa è la credenza che lo sostiene e che chiameremo “scientismo”. Il filosofo potrà facilmente criticare l’infondatezza logica ed epistemica di questa costruzione, delle inferenze empiriche che la sostengono, dei salti logici del suo calcolo, eccetera. Tuttavia l’uomo ha bisogno di una forma, in particolare per quanto riguarda il suo corpo e la mente fornisce un’ottima forma per pensare la salute come “benessere bio-psico-sociale”. Sembra una forma al passo con quella della rivoluzione scientifica, si lega al mondo antico la forma della casistica e a quello contemporaneo quella della statistica e il gioco è fatto. Perlomeno lo sarebbe, se lo psicoanalista non fosse lì, pronto a rilevare la contraddizione – enorme e drammatica – a cui porta questo falso sembiante della mentalità.
Un individuo, la sua storia e i suoi comportamenti e tutto il sapere strumentale su di lui, viene inserito nel sistema esperto (il Manuale statistico) e ne esce un protocollo degli interventi che hanno dato buoni esiti per la salute della mente in casi analoghi. La mente è quindi il modello che serve a calcolare gli indici di salute. Il disastro economoco-finanziario è sotto gli occhi di tutti, d ogni governo che si succede si operano nuovi tagli alla spesa delle cure rivolte alla mente, che crescono in modo esponenziale. Lo psicoanalista è in grado di dimostrare che alla base di questi effetti disastrosi non sta nessuna potenza maligna, ma semplicemente l’uso politico del sapere prodotto dalla scienza in una direzione antiscientifica, contro l’etica della scienza che è ricerca della verità. Non si rispetta quello che Lacan aveva enunciato in modo aforismatico quando affermò: “la politica è l’inconscio”.
I paradossi nascono dal fatto che il calcolo statistico utilizza il sapere solo in quanto già saputo, sottraendolo così alla reale “rivoluzione copernicana” della scienza, che è quella della ricerca e della sperimentazione. Lo scientismo consiste in quest’uso feticistico del sapere che rifiuta le conseguenze della rivoluzione scientifica, cioè la fine del mondo chiuso del principio di ragion sufficiente. Alla logica causale, etiologica, la scienza ha aggiunta la potenza dello spazio sincronico e del calcolo al limite. La scoperta dell’inconscio, cioè di un sapere non saputo che opera nel soggetto, fa parte di questa rivoluzione ed è rigettata dall’uso del modello della mente.
Ci dobbiamo allora interrogare sul perché una rivoluzione come quella della scienza, che ha prodotto enormi effetti nel campo della natura, incontri sempre nuovi ostracismi, quando si tratta delle pratiche che riguardano il soggetto (curare, governare, educare). La civiltà sembra rifiutare quel sapere che agisce nel caso singolo e quindi di trattare il caso come il laboratorio di ricerca del soggetto della scienza. Una farisaica distinzione tra privato e pubblico di fatto impediscono alle cure di occuparsi della contingenza che ha prodotto lo scompenso, il sintomo o il conflitto.
Nel campo della cosiddetta salute mentale dobbiamo ritrovare la forza dell’etica scientifica, che ha mosso Freud e che Lacan ha depurato dai residui positivistici, riconducendo la rimozione alla sua struttura originaria. La scienza non fuorclude il soggetto, del quale al contrario ci presenta la condizione contemporanea come soggetto dell’inconscio. Il soggetto è invece messo fuori dall’uso perverso del sapere, affermato a livello dei modelli terapeutici e rinnegato nel punto di forza del suo limite. Si afferma la mens, per poi rinnegarla quando essa parla e produce il mentiri, la finzione che fa emergere il reale – il mons – impensabile del rapporto sessuale. Certamente il limite dell’inconscio indebolisce il pensiero, la pretesa di una salute mentale, ma il modo di ritrovare la forza soggettiva non può essere il rattoppo cibernetico realizzato con la statistica. Solo la casistica può dare la forza del calcolo alla singolarità del soggetto.
La civiltà, per quanto secolarizzata e privatizzata, ha orrore dell’etica del caso singolare e, dopo il crollo del padrone, ha preferito metterlo nelle mani del mercato. La proposta di Lacan non fu neppure quella di dare il potere agli scienziati, l’isterizzazione del sapere infatti non fa che depositare nuovo sapere nelle università che sono diventate lo strumento del capitalismo. Egliha raccolto la pratica freudiana di trasformare l’interrogazione isterica in un discorso inedito, quello dello psicoanalista. Esso non ha di mira la salute, ma di trasformare la relazione del soggetto con l’ambiente e i suoi oggetti, fino a renderli oggetti epistemici, nemici di ogni totalizzazione del sapere. Lo psicoanalista nella sua pratica si oppone all’etica perversa dell’opinione, del sondaggio che conferma il sapere saputo.
Per brevità portiamo un solo esempio della contraddizione che si produce quando il politico non predispone le condizioni etiche per una presa in cura corretta del disagio. Esse sono quelle di mettere in parallelo, in una competizione di ricerca, l’inferenza empirica del modello, l’evidenza, con i segni dell’imprevedibile e del non saputo del caso singolo. Non si tratta di integrare saperi diversi, ma di favorire l’intersezione di principi differenti, il tutto del sapere saputo con il non tutto che rende eccezione il caso. Consideriamo la contraddizione sul versante sensibile della questione finanziaria. I Servizi (della cura, come dell’educazione) sono ridotti ad organismi dissanguati dalla pratica dei tagli di spesa, eppure nessun politico osa mettere in relazione l’emorragia con il metodo dell’accreditamento finanziario basato sulle “prestazioni” calcolate mediante il sistema esperto della mente. In Svizzera si è provato a bilanciare questo sistema con un accreditamento alternativo, basato sui progetti (unici, ad personam) e lo stato ha ridotto la spesa per la salute mentale di piu’ di un terzo. Per dirlo nei termini della logica indeterministica, cioè della citata rivoluzione scientifica, è stata creata una simmetria tra malato (progetto singolare) e malattia (prestazioni professionali) e questo ha prodotto una “buona pratica”.
E’ un esempio che va nella direzione dell’aforisma lacaniano “la politica è l’inconscio”. Vi possiamo leggere anche l’applicazione di quegli stili di calcolo che vanno sotto il nome di logica intuizionista: essa si basa su questo presupposto, di natura etica: chi ha l’intuizione ne deve dimostrare il potere di verità. Lo psicoanalista vive di questa logica della dimostrazione e per questo si oppone alla conferma che viene dall’opinione, che è sempre pubblica. E’ ciò che ci spinge oggi a chiedere al politico di avere il coraggio di pensare la politica come il campo dell’inconscio e quindi di mettere accanto al sistema esperto l’operatore dell’interpretazione, il sapere non saputo. Si tratta d’inventare una politica topologica, nella linea del bioniano gruppo senza leader. Il potere del caso non sta nella sua generalizzazione, ma solo nella forza che gli fa prendere valore di universale.
[1] Samuel Lézé : L’autorité des psychanalystes, Puf 2010.
[2] Y Bonnefoy : Eloge de l’improbable et autres essais