« ÉVALUER TUE »
Forum du 7 février
Vive la contre-évaluation !
Yves Arnoux
Les journées du RI3 à Bordeaux ne sont-elles pas deux journées de contre-évaluation ? Cette méthode contre-évaluative, nous avons à la faire valoir. En effet, j’ai entendu pendant ces deux jours des développements qui articulent des concepts en s’appuyant sur des cas cliniques, sur sa propre expérience ou sur sa pratique.
Jacques-Alain Miller, dans son premier cours de janvier, indique en fait que ce qui s’articule sur le plan conceptuel n’est pas séparé pour autant de la jouissance de l’énonciateur. En rapportant l’anecdote plaisante d’un Lacan ne supportant pas les feux rouges et qui descend de voiture, traverse à pied la rue pour remonter de l’autre côté en voiture « c’est rendre Lacan vivant » et « c’est un mode de jouissance »1.
Marie Bonaparte envoie un chauffeur pour amener ses patients à leur séance d’analyse, qu’elle pratique dans son jardin, allongée sur une chaise longue, derrière le divan, en faisant du crochet2. On est loin de l’orthodoxie des manuels de bonne pratique… Freud n’était pas moins singulier quand il s’entretenait avec elle pendant des heures, allant jusqu’à l’épuisement3.
Ces anecdotes montrent l’aspect singulier de notre pratique qui ne s’oppose pas aux principes qui président à la psychanalyse. Dans les institutions sociales et médico-sociales, parfois dans d’autres secteurs, les rencontres hebdomadaires bien orientées sont des moments forts et féconds d’une contre-évaluation à plusieurs. Avec nos pratiques, nous contre-évaluons à chaque instant ce qui fait à la fois notre singularité et notre force en échappant à la routine qu’introduisent les évaluations de masse de la bonne pratique avec ses vade-mecum indigestes.
La pratique de l’évaluation, et dans le médico-social et dans mon expérience, consiste à produire un objet qui non seulement coûte cher et gaspille du temps mais dont le résultat n’est pas à la hauteur de l’investissement. Elle part d’une méthode quantitative dont la qualité est fondée sur l’éradication de toute erreur, de toute contradiction, en un mot de ce qu’est la condition humaine. La contre-évaluation clinique au cas par cas est en définitive bien plus rentable ! Elle met au travail chacun sur sa relation à l’autre. Dimension de traitement « qui ne consiste pas seulement […] dans l’application […] de techniques » mais « avant tout sur la façon dont nous nous positionnons dans l’application de ces techniques »4.
C’est la rencontre chaque fois singulière qui régit pour nous cette contre-évaluation qui se règle sur le désir et non sur les recommandations et le chiffrage, qui inscrivent ce désir et sa singularité aux abonnés absents.
Alors, vive la contre-évaluation que permet la psychanalyse !
Yves Arnoux est ancien directeur d’établissement médico-social. On lira son témoignage dans Le feuilleton n°26.
1. J.-A. Miller, Cours du 27 janvier 2010.
2. Célia Bertin, « La dernière Bonaparte », Perrin, 1982, p. 287.
3. Ibid, p. 284.
4. Alfredo Zenoni, « L’autre pratique clinique », Erès, 2009, p.246.
EVALUER TUE
Forum du 7 février
De 10h à 19h
Sous la présidence de BHL
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Grand Meeting à la Mutualité
24, rue Saint Victor Paris 5e
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Inscrivez-vous dès maintenant
Adresser un chèque de 20 €* à
Forums des Psys
15, place Charles Gruet
33000 Bordeaux
Les autres inscriptions se prendront sur place à partir de 9h.
Une librairie présentera les meilleurs ouvrages sur le thème.
*10 € pour les étudiants de moins de 26 ans
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