n° 38
les ateliers du ri3
Et oui, c’est reparti ! Il y a du pain sur la planche, comme vous le lirez avec les Conclusions des Journées, ci-dessous. Alors, pourquoi arrêter de tourner les pages du Feuilleton ? Continuons donc les Ateliers du RI3… Vos contributions sont attendues : 3500 signes, c’est bien. Mêmes adresses : [email protected] ; [email protected] Modérateur : Jean-Robert Rabanel Conclusions des IXes Journées Jean-Robert Rabanel – Président du RI3 Conclure, c’est tenter de dire un mot sur le travail de ces IXes Journées. Je le fais avec l’idée que le propre de la conclusion d’un événement comme celui-ci n’est pas de fermer, mais plutôt d’ouvrir des pistes nouvelles. Tout d’abord, je veux dire combien les textes préparatoires à ces Journées ont pleinement tenu leur rôle. Sélectionnés parmi les contributions parvenues à Daniel Roy, ces textes ont introduit au thème de ces Journées de la meilleure manière, nominaliste, au sens où ce sont les exemples qui sont des thèses, plutôt que l’inverse, ainsi qu’Éric Laurent aime à définir le RI3. C’est cette même attitude nominaliste que nous avons retrouvée tout au long des Journées, puisque ce qui est attendu du RI3 dans le Champ freudien, ce n’est pas des théories préalables, mais des pratiques, des expériences. Ce qui a retenu mon intérêt durant ces Journées, c’est la rigueur des constructions, le goût de la surprise, l’investissement dans le travail, l’aimantation pour les inventions du sujet, l’accent sur le versant de création plutôt que sur le déficit, l’objectif de faire passer d’une position d’objet déchet du langage à une position de sujet. Là encore, sans faire d’historique, je voudrais dégager quelques lignes de force caractéristiques de la démarche du RI3 depuis sa création en mars 1992 : – Un certain pragmatisme, une certaine modestie qui lui a permis de tracer son chemin à son rythme, dans le fil des avancées des travaux dans le Champ freudien, des Sections cliniques. – Une orientation, proposée par Jacques-Alain Miller, avec la pratique à plusieurs, qui consiste à se faire partenaire-symptôme du sujet, d’un parlêtre qui n’en passe pas par l’Autre pour traiter la jouissance, mais qui part de l’Un-corps, S1 sans Autre, S1 tout seul. L’éthique de l’analyse, le un par un, le soin de la singularité porté à l’extrême. – L’importance de la dimension de l’échange de la parole hors sens dans la pratique avec les sujets reçus dans les institutions qui s’orientent de Freud et Lacan. Le S1 tout seul est le point de départ commun à cette pratique hors sens de la parole, mais aussi à une culture festive, aux productions artistiques. C’est l’offre que font les praticiens, dans les institutions du RI3, pour le traitement de la souffrance des sujets qu’ils reçoivent. Je disais : faire moins bien qu’eux revient à leur enlever quelque chose de la jouissance, provoque une perte de jouissance qui entraîne un gain de semblant, un pousse au semblant. C’est un point important à souligner dans l’œuvre civilisatrice qui est la nôtre Aujourd’hui, à Bordeaux, l’urgence a permis de faire venir au premier plan la considération de la jouissance, de l’Autre vers l’Un. Il fallait ce thème, proposé par J.-A. Miller, de l’urgence à satisfaire pour que se dégage ce qui fait l’orientation de notre clinique par le réel. L’analyste n’a pas à répondre à la demande du névrosé, mais à l’urgence d’un malaise qui n’est pas encore un symptôme, ou qui ne le sera jamais, pour le sujet qui n’en passe pas par le langage, par l’Autre du langage ou par le Nom du Père. Il faut trouver à satisfaire l’urgence. Nous nous faisons le partenaire symptôme d’un parlêtre pour que quelque chose de son sinthome se fasse entendre et trouve par là satisfaction. Les urgences ne sont pas à ramener seulement aux crises ou au passage à l’acte qui en sont la phénoménologie. Elles sont d’abord la cristalisation d’un parlêtre, pas seulement un qui a fait le choix de ne pas passer par le Nom du Père et par le langage pour traiter le réel. Elles sont la douleur même d’exister, comme statut natif du sujet, comme nous le reprenions à propos de l’autiste lors des dernières Journées du RI3, à la suite de J.-A. Miller, avec S1 tout seul, pour dire l’exil de l’Autre de chaque parlêtre. C’est ce qui fait de chacun de nous un cas d’urgence. C’est dire qu’à côté de l’Autre que nous devons être comme partenaire-symptôme du sujet, sachons être présents pour reprendre et prolonger les inventions du sujet, ses sorties de crises, ses ajournements du traitement mortifère dans le réel à défaut du meurtre symbolique de la chose par le mot. C’est dire combien ces Journées s’inscrivent dans la suite de celles sur l’autisme, mais aussi de toutes les autres qui les ont précédées depuis 1993, puisque les institutions pour psychotiques de l’époque du discours analytique, se référant à l’enseignement de Lacan, sont des institutions où la prise en compte de la jouissance, tant au niveau clinique que thérapeutique, répond à la psychiatrie aujourd’hui. Elles se donnent comme but d’instaurer partout la particularité contre l’idéal. Mais, à côté du traitement de l’urgence, il y a le traitement par l’urgence, celle de l’acte, lui aussi sans Autre, tout seul, via le signifiant, comme l’interprétation coupure, bref, de l’Un qu’il y a, et rien d’Autre. Aujourd’hui, le mode de satisfaction ne se fonde plus sur l’interdit, mais sur le don d’une satisfaction, tout en introduisant une perte. Cela est paradigmatique de la clinique contemporaine. Il y a, avec le tout dernier enseignement de Lacan, un traitement de la jouissance autre que le père, un traitement par l’objet, par le maniement de la lettre, par les dialogues différents. C’est ce que montrent les expériences particulières des institutions composant le RI3 : viser une limitation de la jouissance par le biais du don d’une satisfaction écornée. Satisfaire l’urgence prend des formes multiples. Nous en avons entendu une grande variété avec une soixantaine d’interventions durant ces Journées, mais chacune pouvait bien résonner avec de nombreuses autres. C’est certainement la raison pour laquelle nous étions, une fois encore, si nombreux pour ces Journées du RI3. Aussi, c’est pour le vaste ensemble que constitue le RI3, avec les institutions qui trouvent dans l’enseignement de Sigmund Freud et de Jacques Lacan l’orientation propre à leur action, mais également avec les praticiens isolés dans des institutions qui ne se réfèrent pas à la psychanalyse, que nous souhaitons prendre le vent qui souffle dans la psychanalyse aujourd’hui. Et, pour cela, je vous donne maintenant lecture du retour de la réunion du Bureau élargi du RI3 qui s’est tenue hier soir. Face à l’envahisseur qui occupe le champ médico-social, et au-delà même, le RI3 occupe une position de base pour la reconquête. Hier, comme je l’avais annoncé, le Bureau élargi du RI3 s’est réuni avec le Conseil du RI3. Après avoir pris acte de la remarquable tenue de ces IXes Journées, nous avons voulu prendre une série de mesures au regard de la situation présente. La nouvelle importante est la suivante : le RI3 estime devoir poursuivre et, mieux, intensifier son action. Pas question de lâcher là-dessus. Voici pour les mesures immédiates : – Renforcer ce qui existe déjà : la liste de diffusion, le site Internet, les publications. – Intensifier l’offre : les Journées, oui, mais pas tous les deux ans ; c’est trop long. – Proposer, comme nos collègues de Belgique l’ont fait avec la réunion du RI3 Nord, des Ateliers du RI3, des réunions inter-institutions du RI3. Ces Ateliers du RI3 seront le prolongement des Ateliers que vous avez tous apprécié ce matin. – Réaliser de petites publications, facilement utilisables dans le travail en institution, comme Le feuilleton de Daniel Roy pour la préparation des Journées. Les mesures à plus long terme viendront, dans le détail, au fur et à mesure de la concertation entre les membres des instances du RI3, son Conseil, son Bureau, sous la forme des propositions que nous ferons parvenir à Jacques-Alain Miller, comme lui feront parvenir les leurs nos collègues du cien et du cereda. Mais, dès aujourd’hui, le principe a été admis de réinvestir les forces du RI3 dans l’Université Populaire de Psychanalyse Jacques Lacan.
Toutes les informations concernant le RI3 sont sur le site www.ri3.be
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