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JOURNAL DES JOURNÉES N° 59 le mercredi 18 novembre 2009, édition de 4h 49
LE JOURNAL SE RAMIFIE par Jacques-Alain Miller
Le Journal des Journées ne publiera plus de textes dépassant 4 500 signes. Il ne publiera plus de textes dont la communication au public demande des corrections orthographiques et grammaticales étendues. Il ne publiera plus de textes comportant des notes en bas de page. Il ne publiera plus de réactions d’humeur. Il publiera exclusivement des textes réfléchis, des textes soigneusement dactylographiés, des textes qui lui auront été transmis en document attaché. D’autre part, le Journal mettra en orbite un certain nombre de blogs satellites, à des fins spécifiques. C’est ainsi que les textes et messages concernant les Journées de Rennes paraîtront sur le nouveau blog Rennes 2010, dont les clefs ont été remises lundi à Michel Grollier. D’autres blogs se préparent, dont le public sera informé en temps utile. ***** Les collègues dont les exposés n’ont pas été retenus pour Novembre, et qui souhaitent l’aide d’un mentor en vue des Journées de Juillet à Rennes, voudront bien me le faire savoir par mail à mon adresse [email protected]. Objet en majuscules : MENTOR. Copie à Pierre Naveau, [email protected]. Cette offre est valable pendant dix jours, soit jusqu’au 27 novembre. ***** Dans ses prochaines livraisons, le Journal se consacrera par priorité aux missions suivantes : 1 – l’Ecole de la Cause freudienne : accompagner et stimuler sa rénovation, et d’abord, celle de la passe ; 2 – le Congrès de l’AMP : le promouvoir, le repenser à partir de l’Evénement de Paris ; 3 – le Forum des psys : le penser, le promouvoir. Cette triple priorité n’empêchera pas le Journal d’assurer un commentaire lacanien continu de l’actualité, et de s’intéresser à tout, conformément au dit de Térence sur le « rien d’humain… » Le Journal des Journées®, c’est en effet le Journal du Parlêtre®. VOUS AVEZ DIT : « UNIVERSITÉ POPULAIRE » ? par Fabian Fajnwaks
« Voire la sortie du discours capitaliste : Ce qui ne constituera un progrès si s c’est seulement pour certains… » Jacques Lacan. Télévision
Lorsque vous avez proposé le signifiant « Université Populaire Jacques-Lacan » dimanche dernier, et à l’écoute du témoignage, saisissant de Mitra Kadivar, on ne pouvait que penser à l’expérience des Universités Populaires lancé par Michel Onfray en 2002 à Caen et Strasbourg, d’abord, et qui s’est étendue à d’autres villes en France et dans le monde (le Canada, Boston, aux USA, [voir leur site, ainsi que l’article Wikipédia]). Une recherche rapide nous apprend que les Universités populaires ont existé en France à partir de l’Affaire Dreyfus, bien que dans les pays scandinaves (la Suède et le Danemark) elles aient existé depuis 1840. Le contexte de réglementation (« l’affaire Accoyer », toute distance gardée…) de la psychothérapie de recherche de normativation d’une expérience qui depuis Jacques Lacan, justement, doit rester « sans standards , mais non pas sans principes », tel que l’AMP l’a défini à Comandatuba et à Rome, et les dernières attaques de la psychanalyse, le lancer d’une expérience inspirée par les « universités populaires » ne peut être que plus opportune. Ces universités n’ont que le semblant des universités classiques, car y sont donnés de cours étendus dans le temps, où le tout venant peut assister sans inscription préalable, ni règlement, et où l’ouverture que représente le côté « populaire » ne sacrifie rien ni à la rigueur, ni à l’analyse, ni à la recherche. Je cite le projet de l’Université populaire de Caen1. « LE PRINCIPE ». L’Université Populaire retient de l’Université traditionnelle la qualité des informations transmises, le principe du cycle qui permet d’envisager une progression personnelle, la nécessité d’un contenu transmis en amont de tout débat. Elle garde du café philosophique l’ouverture à tous les publics, l’usage critique des savoirs, l’interactivité et la pratique du dialogue comme moyen d’accéder au contenu. « LE FONCTIONNEMENT ». La gratuité est le principe de base : pas d’âge requis, ni de titres ou de niveaux demandés, pas d’inscriptions ni de contrôle des connaissances, pas d’examens, ni de diplômes délivrés. Le cours est dispensé une fois par semaine sur une séance de deux heures : la première est un exposé argumenté, la seconde une discussion de celui-ci. « LES PERSPECTIVES ». L’Université Populaire est une idée collective et non personnelle. La création de la première à Caen vaut comme invite à l’essaimage. Par ailleurs, l’augmentation d’une année sur l’autre des unités d’enseignements et la cooptation des enseignants se fait en relation avec l’initiateur du projet local ».
Dans le lancement de l’Université Populaire de Caen, Michel Onfray citait Diderot, : « Hâtons-nous de rendre la philosophie populaire », ainsi que Nietzsche : faire surgir des « nouvelles possibilités d’existence ». Les propos de Lacan dans Télévision concernant « la sortie du Discours du capitaliste « n’allaient pas dans ce sens ? « Créer des nouvelles possibilités d’existence » n’est-ce pas ce que l’Ecole fait depuis sa création, à travers le projet institutionnel de l’AMP, des ACF, des Sections cliniques, des CPCT ? Et l’appel à contribuer à l’éducation freudienne du peuple français (et universel) n’est-elle pas dans le même fil ? Comment s’inspirer de ces expériences pour faire quelque chose de différent dans l’UPJL ? Il existe déjà des universités en France (Paris VIII, Rennes) et dans le monde, où l’enseignement qui y est imparti s’inscrit plus dans le discours analytique, que dans un discours universitaire traditionnel : où le savoir se situe à la place de la vérité. Il existe aussi l’expérience, internationale, des Sections cliniques. Mais il me semble que cette nouvelle expérience pourrait être autre chose : un enseignement ouvert au tout venant, un lieu où la psychanalyse pourrait être rencontrée par celui qui s’y intéresse. Les « universités populaires » existantes en France ont lieu dans la ville et pas seulement à l’université : dans des théâtres, des associations, des lieux publics. « La psychanalyse descend dans la rue » : Est-ce seulement un rêve ? Lacan le faisait en acte, il amenait avec lui la psychanalyse là où il allait. Lacan, dont on aurait pu dire ce que Drieu La Rochelle avait dit de Jorge Luis Borges, lorsqu’il le rencontra dans les années ’30 à Buenos Aires : « Borges vit en état permanent de Littérature ». Et un autre, Oscar Masotta, de façon plus modeste, certes, n’intéressa-t-il pas toute une génération de jeunes, artistes, écrivains, architectes, et bien sûr aussi de psychanalystes, aux cours qu’il donnait à l’Instituto Di Tella, à la fin des années ’60 à Buenos Aires sur les rapports de l’enseignement de Lacan avec la philosophie phénoménologique ? Il s’agirait dans cette université populaire d’un lieu où les cours et les conversations seraient orientés, comme beaucoup des exposés des dernières journées de l’École, par la passe, « la passe dans la civilisation », la passe au-delà de la cure elle-même et de l’institution analytique, tel que J.-A. Miller l’avait exposé à l’ECF lors d’un Après-midi de la Passe (« La passe III ») ? Une ou deux expériences ponctuelles, pilotes, dans un premier temps pourraient nous servir. L’expérience des ACF et de L’Envers de Paris, lieu dans lequel beaucoup des gens ont pris contact, pour la première fois, avec la psychanalyse lacanienne, devrait nous inspirer, mais nous pourrions aussi nous instruire d’expériences plus ponctuelles comme les Conférences du samedi à l’Université de Saint-Denis ou les conférences à la Bibliothèque Nationale de Buenos- Aires destinées à un public plus vaste. Mais il s’agit d’y ajouter quelque chose de nouveau. Si les supports techniques pourraient nous aider, avec des conférences vidéos et audio (comme cela se fait sur les sites de l’École et l’AMP avec les conférences par Internet) c’est peut-être plutôt le rapport direct, in presentia comme dans la cure, qui serait à privilégier.
******* LES DITS FEMMES par Catherine Lacaze-Paule
Le texte de Yasmine Grasser est tout à fait intéressant, et appelle à des commentaires et questions jusque là tenues en réserve. Son titre, « Orgueil et pudeur des femmes », suppose une répartition qui questionne. Car il y a ce qu’elle décrit, mais ne peut-on voir aussi une autre vague qui se dessine ? En effet, il semble que l’on pourrait de nos jours trouver à renverser sa proposition, et considérer que les femmes musulmanes portent parfois le voile avec orgueil, et que « les femmes mettant en scène du monde leur prétention phallique » se retrouvent sans vie et sans brillance dans l’intimité, et n’échappent pas au désêtre. Dans les transports en commun, nous rencontrons tous des jeunes filles qui exhibent et « portent raide à faire peur » leur tenues voilées qui les distinguent et les font voir, plus que toutes, dans une foule. Souvenons-nous de la panique de principaux de collège qui, face à des jeunes filles de 13 ans on ne peut plus décidées, perdaient leur latin et leur autorité quand ces dernières contrevenaient au règlement de l’établissement, menaçant de ne plus retourner au collège, si elles ne pouvaient porter leur foulard. Ailleurs, dans certaines régions orientales, il semble aussi que le voile soit la garantie de la possibilité d’une vie publique, et le laissez-passer pour une vie de responsabilité politique ou d’entreprise engagée et moderne. Des images sur internet d’un colloque de femmes d’affaires arabo musulmanes nous donnait à penser qu’elles étaient non seulement orientales mais aussi tout à fait « occidentées ». L’effet de l’universalisation du discours de la science est en marche et la question qui se pose est de savoir jusqu’où est-il plus subversif qu’une révolution dite culturelle ? On peut prendre ici comme point de départ d’une problématique ce dont parle Louise Bourgeois en 1974 soit de « la destruction du père » dans son installation et sur sa photo la représentant tout sourire avec sa « fillette » sous le bras, en 1982, où elle met en scène la déréliction du phallus, ironie et comique qui touche aux femmes dans le monde. Je renvoie ici aux textes de Gérard Wacjman dans la Revue de l’école de la cause freudienne N° 69 : A quoi sert un corps ? et d’autres textes de lui encore. Mais j’invite le lecteur du journal des journées à visiter l’exposition de Beaubourg « Elles@contemporaine », avec comme sous titre : un appel à la différence. Ce qui frappe en visitant l’exposition, c’est la pluralité. Cette exposition présente des artistes femmes du monde entier. Leurs œuvres sont regroupées par thème. Je m’en tiendrais ici à citer quatre œuvres qui sont autant de questionnement et montrent cette subversion que je ne commenterai pas ici. La première est une réponse. Cette œuvre de Ghazel artiste femme d’Iran est une photo datée de 2000 qui montre une femme en tchador, rentrant ou sortant de l’eau, avec ce texte en anglais : « Every woman dreams of being a « Botticcelli venus » . La seconde, une photo aussi, date de 1972. Elle est signée Françoise Janicot, et a pour titre « l’encoconnage ». Elle représente un visage entièrement recouvert d’une ficelle comme une pelote, le commentaire indique « J’avançais dans la vie tout paraissait normal, mais, en réalité, je me sentais coincée, et il fallait que je sorte de là : c’est pourquoi j’ai entrepris cette action de me ficeler moi-même. ». Puis il y a « Vanitas : robe de chair pour albinos anorexique », de Jana Sterbak, artiste tchécoslovaque, de Prague, fait en 1987. Il s’agit d’un mannequin de couture sans tête, qui porte une robe confectionnée avec de la viande crue, à l’arrière figure une photo d’une femme avec une belle robe rouge. Enfin, l’installation d’une libanaise, de Beyrouth en 1994, Mona Hatoum « Corps étranger ». C’est un film visionné dans une structure cylindrique à deux ouvertures, les images sont projetées par terre, le spectateur se tient à l’encoignure de l’ouverture, ou rentre dans l’installation. Je cite Mona Hatoum, voici des passages de son commentaire : « Il n’y a pratiquement qu’un seul plan qui balaie la surface du corps en très gros plan, d’une façon oppressante. Ensuite, nous suivons la caméra qui pénètre le corps par plusieurs orifices dans l’estomac, l’intestin, le vagin… je voulais faire ressentir l’impression que le corps devient vulnérable face au regard scientifique qui le sonde, qui envahit ses frontières, qui le transforme en objet…Vous avez par endroits, l’impression d’être au bord d’un abîme qui peut vous avaler…Je me suis dit que l’introduction de la caméra , qui est un corps étranger, à l’intérieur du corps constituerait un viol absolu de l’être humain, en ne laissant pas le moindre recoin inexploré. » Cette exposition interroge. Le classement de l’être ou avoir a-t-il toujours la même portée ? Où est l’intime, où est le publique ? Où est le caché et le montré ? Le refoulé ou le ciel ouvert ? Le pas-tout semble être le régime général et le phallique tantôt détrôné, ironisé tantôt absent. A voir donc autant d’œuvres d’artistes qui précèdent le psychanalyste, autant d’occasions de méditer plus, pour miditer mieux.
******* 2010 7 février : Forum des psys du 26 au 30 avril : Congrès de l’AMP – members only !? 26 et 27 juin : Journées de la NLS 10 et 11 juillet : Journées de l’Ecole à Rennes 9 et 10 octobre : Journées de l’Ecole à Paris
VERS RENNES 2010
L’adresse mail de Sophie Marret, directrice des prochaines Journées de Rennes, a changé. Pour tout contact concernant les Journées, veuillez utiliser l’une des deux adresses suivantes : [email protected] ou [email protected] Si vous voulez adresser une contribution pour cette rubrique, merci d’envoyer votre texte à Jacques-Alain Miller à l’adresse : [email protected], avec copie à Sophie Marret et à Caroline Pauthe-Leduc à l’adresse : [email protected] Un blog ouvert au public a été créé par Jacques-Alain Miller pour préparer ces Journées. Vous y accédez à l’adresse : http://rennes2010.wordpress.com/ Vous y trouverez tous les textes publiés dans cette rubrique, ainsi que d’autres contributions, et des informations pratiques.
Jean Luc Monnier : Une volonté trouee par un désir Dans « La troisième », conférence dont on trouve le texte dans les Autres Écrits, il y a un passage que j’aime bien car il me semble éclairer ce que l’on peut attendre d’un analyste aujourd’hui : Lacan y donne une indication précise : « Un psychanalyste est responsable d’un discours qui soude l’analysant […] au couple analysant-analyste. » Le psychanalyste est celui qui soude l’analysant par le moyen d’un discours – de l’analyste – à un couple, analysant-analyste – l’analyste, en tant qu’il se fait semblant d’objet a. L’analyste soude, il tient serré, en un discours où lui-même s’inclut comme semblant, les pièces hétérogènes du signifiant et de l’objet jusqu’à ce qu’elles fusionnent, dans un « je suis ça ». Cette proposition, comme réponse, anticipe la spécificité de notre monde, hypermoderne, où comme le rappelait Jacques-Alain Miller à Comandatuba, « les différents éléments de discours sont épars [et] il n’y a que dans la psychanalyse, dans la psychanalyse pure, que ces éléments s’ordonnent en discours. » La formule de Lacan fait le départ entre volonté et désir. On peut vouloir être analyste comme on peut vouloir être soudeur, mais se faire semblant d’objet est une opération qui échappe à la pensée, où l’analyste perd sa qualité de sujet pour se faire l’opérateur d’un désir rendu nécessaire par la spécificité du lien qu’il soutient. À quel point un sujet décide-t-il d’occuper la position d’analyste ? La passe est certes l’épure du moment où un sujet « se fait à l’être », où, au-delà de la traversée du fantasme, il s’éprouve solidaire et avisé du vivant de la pulsion ; c’est l’horizon de toute analyse et la visée de tout analysant dans notre champ. Des moments de seuil où l’on s’autorise à soutenir cette position pour un autre sont aussi repérables dans une cure. Si la volonté est intéressée dans cette décision, c’est sans doute soutenue par un désir authentique et par une énonciation vraie. C’est un rêve qui décida après huit ans d’analyse, de mon « installation ». Je rêvais début juin, arrêtais mon analyse fin juin, et m’installais en septembre. Dans ce rêve, mon analyste (à cette époque) apparaît affublé d’un nez tordu et, dans un jardin idyllique, un insigne de mon père dérobe au regard un enfant que je sais mort. Ce rêve me délestait du poids suffocant de l’amour d’une mère dont j’étais le fils unique. Ma mère avait une passion pour les fleurs et m’emmenait avec elle pour de longues promenades à la campagne lors des absences de mon père : des moments de bonheur absolu ! Ce rêve fut le premier coup sérieux porté à la bulle du fantasme, par l’irruption de la castration dans l’Eden de l’Autre maternel où le sot que j’étais se prélassait encore. J’apercevais plus clairement ma place. La figure de l’analyste avec son nez tordu, l’enfant né tordu dissimulé au regard de l’Autre par l’insigne paternel, introduisit assez de désir pour animer une volonté que j’avais depuis plusieurs années : celle de m’installer comme analyste. Etre né tordu était un bon début pour tenir la place de l’analyste. L’histoire n’était pourtant dite et la mort habitera longtemps un désir marqué de l’impossible : il faudra une autre analyse pour en éclairer les butées.
Monique Amirault : Dire oui à ce qu’on désire Concernant le titre des Journées de Rennes, vous proposez que nous nous éclairions de « cette sorte de vérité, qu’avec l’invention de l’analyse, Freud amenait à jour » (Écrits, p. 682). « Le sujet est appelé à renaître pour savoir s’il veut ce qu’il désire. » « Devenir analyste, entre désir et volonté » ? Devenir analyste ne me paraît pas se situer à équidistance du désir et de la volonté. Leurs places ne seraient-elles pas plutôt en opposition ? Devenir analyste, ça se produit, que vous le vouliez ou non – lors de mon entrée en analyse, j’avais annoncé que je ne venais pas rencontrer un analyste pour être analyste ! – Devenir analyste, ça vous tombe dessus. Oui, on peut dire qu’on « tombe » analyste, selon la belle trouvaille de notre collègue, mais à l’inverse du coup de foudre, du tomber amoureux, l’image de l’autre n’y a pas de place. On tombe analyste comme objet, comme « séparé », comme syntone à un désir qui se dégage et qui porte sa dimension de réel. Ce n’est que dans un second temps logique, une fois que l’analyste est produit, qu’intervient le vouloir – que j’entends différent de la volonté – dans la mesure où un consentement doit être donné : dire oui à ce qui s’ouvre avec ses conséquences. Ce temps fut sensible pour moi, un temps d’angoisse où se détermine le choix (forçé ?) de dire oui à ce qu’on désire.
Benoît Delarue : Garder allumé le feu des bougies Nous avons écouté à Paris des textes poignants, sans pareil. Leurs auteurs nous ont fait traverser des barrières, ils nous ont transportés et émus. Un grand merci à eux et à vous pour avoir allumé ces bougies dont le feu vif nous éclairent. Dans le JJ 55, vous nous invitez pour les Journées de Rennes à tout repenser à nouveaux frais, et à faire évoluer le titre lui-même. Lacan, dans le passage auquel vous faites référence, situe le point « entre désir et volonté » au-delà de l’idéal qui amène, appelle, le sujet à renaître : « Pour accéder à ce point au-delà de la réduction des idéaux de la personne, c’est comme objet a du désir , comme ce qu’il a été pour l’Autre dans son érection de vivant, comme le wanted ou l’unwanted de sa venue au monde, que le sujet est appelé à renaître pour savoir s’il veut ce qu’il désire… ». Esthela Solano-Suarez met à l’étude le lien entre désir et volonté dans son article « Vouloir ce que l’on désire » (La Cause freudienne n° 49). Le névrosé entre en analyse avec une embrouille entre désir et volonté car ce qu’il désire n’est pas en accord avec sa volonté. C’est en passant par l’analyse que le désir et la volonté peuvent être mis en question et que la « volonté peut se trouver débarrassée de la défense, pour s’accomplir comme désir décidé », celui-ci étant un désir qui « une fois débarrassée de l’embrouille “passe à l’acte” comme “désir qui devient volonté” ». Si cette embrouille peut se mettre en question dans l’analyse, c’est pas sans l’analyste qui occupe cette place de la « cause du désir pour l’analysant ». L’analysant peut décider au cours de sa cure ou à son terme d’occuper cette place du désir décidé de l’analyste pour d’autres, à partir d’un « hiatus », d’une « discontinuité », comme vous le soulignez. Il y a là deux pôles d’après ce que je comprends, celui de la « naissance de l’analyste », du « tomber analyste », et celui du passage à l’analyste – au désir de l’analyste. C’est la différence entre l’installation comme analyste et le passage à l’analyste. Comment procède dès lors le « tomber analyste » ? Quels hiatus ? Quelles discontinuités ? Est-ce une interprétation produite par l’analyste ? Une rencontre contingente ? Un rêve décisif ?… Pour le titre des Journées, je trouve que « Devenir analyste, entre désir et volonté » pourrait inclure toutes ces questions. Ces deux pôles, naissance de l’analyste et passage à l’analyste, ont été mis au travail à Paris. Nous pourrions peut-être y mettre l’accent aux Journées de Rennes en permettant aux intervenants qui ont présenté l’un de ces deux pôles à Paris d’accompagner, comme présidents de séance par exemple ou d’une autre manière, ceux qui présenteront à Rennes. Nous avons eu des anges qui nous guidaient à Paris, ils pourraient y avoir à Rennes des « saints », au sens où Lacan l’entend dans Télévision.
LETTRES ET MESSAGES
Bruno Tournade : Le psychanalyste et l’Autre méchant Nous n’en sommes qu’au début des suites de ces journées. Comment chacun va recevoir l’acte de Jacques-Alain Miller et ce désir toujours renouvelé qu’il insuffle à l’école? Ce qui m’a frappé lors de ces journées, et qui trouve sa conclusion dans la création par Jam de l’université populaire de psychanalyse Jacques Lacan, c’est le devenir de l’Autre méchant dans une cure. L’Autre méchant, syntagme proposé par JAM pour dépasser la différence névrose/psychose dans la relation du sujet à son Autre, a pourtant été traitée dans un premier temps dans une référence préférentielle à la psychose. Or à l’époque même où Lacan fait le partage clair des structures, il rappelle que “la condition du sujet S (névrose ou psychose) dépend de ce qui se déroule en l’Autre A.” (“D’une question préliminaire…”, Ecrits, p.549). Le névrosé, l’analysant n’est pas quitte d’avoir affaire à l’Autre méchant. Dans les exposés, au moins ceux auxquels j’ai assisté, l’Autre méchant n’était pas absent et l’on entendait le nom qu’il avait pris pour chacun: Paroles entendues, Interdictions, Mère ravageante, Partenaire, Psychanalyste… avec cette particularité d’un consentement du sujet à cet Autre, dont le symbole introjecté (Surmoi, castration, défense, symptôme, névrose de transfert….) trouvait son efficace, notamment dans les divers embarras du désir. L’on a entendu que le passage à l’analyste devenait possible lorsque le désir pouvait s’articuler à Autre chose qu’à ce consentement, une fois sa cause élucidée.
Mais l’Autre méchant n’en continue pas moins d’exister: TCC, Science, Modernité. A se demander si la Société, par structure, n’est pas forcément une SAMCDA? Et dans l’annonce en 2008 par JAM des journées 2009, la relation de l’analyste à la société a été mis en balance avec la relation de l’analyste à l’Ecole (“S’il – le transfert- se détourne de l’Ecole, il se porte par exemple vers ce qu’on appelle la société”, Lettre mensuelle 279, p. 3). Depuis les journées, pas-tout le monde, mais beaucoup, s’accordent à dire que le fonctionnement de l’Ecole aurait à sa manière enkysté le désir de l’analyste, témoignant d’un retour dans l’Ecole de la structure des Sociétés (en 1953, elle s’appelait SPP):structure d’assistance mutuelle contre le désir analytique. La passe produit-elle des Reconnus ou des Analystes de l’Ecole, qui ont aussi à charge d’analyser l’Ecole. Comment se fait-il par exemple que les AE n’aient rien dit au moment d’une certaine dérive de l’usage des CPCT (se dire analyste parce qu’on y travaille) question qui avait été posée en son temps par un AE himself? (JAM-session, 18/10/2008, Bordeaux). Si nous rendons grâce à JAM de s’autoriser lui à analyser l’Ecole, et nous en recueillons les fruits encore une fois cette année, n’est-ce pas les pas-encore analystes, les presque-pareils que ceux qui inquiétaient en 1967 les nouveaux Institués de l’EFP naissante (“pourquoi pas l’analyse par des non-analystes”, Analytica 7, p.43) qui peuvent contribuer à assouplir le “costume en béton” (JAM, 08/11/09, Paris) de ceux qui auraient gagné un statut, une statue, à s’être débarrassé de l’Autre méchant. L’inertie et la séduction questionnent: s’en débarrasse-t-on vraiment? On entend déjà la peur que les journées de Rennes soient moins bien: que se passerait-il si l’on faisait place à leur voix à ces “non-passés par là”? Peut-on faire entendre un Réel sans pour autant que cela passe par une reconnaissance? Le public se déplacera-t-il si les pointures (on n’en a pas fini avec le chausse-pied de Leonardo Gorostiza) n’interviennent pas? Au-delà de ces craintes, la “génération journées” est une première réponse au renouveau du désir dans l’Ecole du XXIème siècle. Quel traitement l’Ecole lui réservera? L’Université populaire de Psychanalyse Jacques Lacan est une autre réponse à la Société méchante – parce qu’inconsistante?: il reste à en écrire le mathème, le Discours, notamment pour orienter son écart dans le brouhaha de l’essaim des savoirs universitaires, où tout savoir psy en vaut un autre.
Dominique Pasco Merci encore à vous pour ces journées fabuleuses, la dynamique insufflée ne me quitte plus, la gaieté non plus, pas même le désir qui m’empêche désormais de dormir (dormir n’a cependant jamais été mon sport favori !). Elles furent « journées qui reveillent », mais aussi « journées de rencontres inédites » avec Alain Prost, le funambule, Leonardo Gorostiza, Mirta Kadivar, les analysants de notre champ et ceux du film de Gérard Miller (quelle ne fut d’ailleurs ma surprise d’entendre témoigner un collègue éducateur d’une institution dans laquelle je travaille!), sans oublier nos maîtres : Freud et Lacan analysants. Et puis, elles furent des « Journées pleines de promesses » (vraiment et merci) avec votre annonce de la création de l’Université Populaire de Psychanalyse Jacques Lacan ». Cet acte puissant pour l’avenir, à l’envers des choix des politiques publiques actuelles, restera à mon goût la cerise sur le gâteau de ces journées ! Désormais je serai également très attentive aux conséquences politiques de ces journées sur la passe ?
Françoise Frank Ces journées m’ont plu, originales, authentiques, émouvantes, drôles et la série peut continuer. J’en suis partie légère et enthousiaste avec une question et une remarque. Ma question concernait les journées de Rennes. Qu’allons-nous faire à présent et comment ? Nous ne pouvons pas faire pareil mais nous devons susciter autant d’enthousiasme et préserver cette authenticité. Y-a-t-il une suite logique et si oui laquelle ? Ma remarque fait suite à l’entretien entre Dominique Miller, Jacques-Alain Miller et Alain Prost. J’ai écrit à Jacques-Alain Miller pour les journées : « Je ne sais pas comment je suis devenue analyste et j’ai toujours le sentiment que quelque chose me tombe sur la tête. » C’est que je suis tombée amoureuse, il y a longtemps de la psychanalyse. Le mot était sur le bout de ma langue et Jacques-Alain Miller l’a prononcé pour moi. Ce moment demeure très précis dans ma mémoire et a déterminé…la suite. Je me suis mise au travail dans l’analyse et dans l’Ecole. Ma boussole a été alors la passe. M’autoriser à recevoir en cabinet est venu « de surcroît ». Comment articuler « ce tomber analyste de Laura », le désir de l’analyste, la volonté et l’élucidation comme le propose Sophie. Elucidation fait apparaître le temps et à l’horizon la question des « fins » d’analyse. Le titre proposé par Sophie me convient, j’avoue ne pas en avoir pour le moment un autre à offrir.
Françoise Schreiber Ces deux Journées ont tenu les promesses que vos J.J. déjà annonçaient : un réveil, dans la gaieté, et pas sans le sérieux. J’ai repensé ainsi à votre invention -en 1977 je crois- pour le Colloque « Ornicar ? » : sur la table, devant les exposants, de vrais réveils qui sonnaient au bout de 20 mn, pour réduire les interventions (souvent trop longues). Cette fois, samedi, le désir était bien là, manifesté dans chaque exposé. Vous êtes donc toujours un éveilleur… et aussi, par cet enthousiasme du dimanche, où analystes et analysants se trouvaient réunis pour participer à cette lutte que vous menez pour la défense de la psychanalyse lacanienne… comme dans le « Cid », ou Rodrigue proclame : « Nous partîmes cinq cent, mais par un prompt renfort, nous nous vîmes trois mille en arrivant au port. Tant à nous voir marcher avec un tel visage, les plus épouvantés reprenaient du courage… » (Je cite de mémoire) Nous y sommes presque, avec votre invention généreuse -votre acte- de créer une Université Populaire de Psychanalyse, lacanienne. Merci donc à vous, pour cette performance que nous avons tous applaudie, à tout rompre… comme sur la scène d’un théâtre, les acteurs ! Un grand bravo encore, pour vous, mais aussi pour le Marketing. P.S. J’ai préparé un texte pour Rennes : « Une logique de l’inconscient » que je vous ferai parvenir, dès le feu vert…
Marie Bremond En 2004, je vous avais écrit une première fois, sous oedipe, dans un effet post-accoyer.Mon père, professionnel vétéran de l’évaluation de la santé » (souffrant depuis lors de PESD, »Post-evaluation stress disorder »), tenait à réagir à votre débat avec à Roland Gori sur le devenir des départements de psychologie. Je vous avait fait parvenir son message par mail, que vous aviez posté sur le site… je vous le donne en mille…oedipe.org!! Premier envol , première adresse à vous, premier transfert à l’école. Aujourd’hui, je voulais vous faire part d’un effet post-Alain Prost. Au cabinet, hier, un petit sujet de 9 ans , me dit, alors affairé à construire un circuit : « La formule 1, c’est crucial ! – -Crucial ? – Oui, en cas de grosse erreur…le pilote peut se trucider! » Pour la première fois,en l’évoquant à des proches, je m’autorisais à le nommer « analysant » et non plus patient ou enfant.Bien loin de m’autoriser, moi en revanche, encore aujourd’hui, à delibérer sur ma propre dénomination… Deuxième adresse à vous, toujours pour vous transmettre la parole d’un autre, et un peu plus. Véritable work in progress donc, eye-liné par ces journées! Je remercie tout particulièrement les analystes entendus dans les séquences « yes, you can », et « n’être personne »…
Marie Laurent : sur Clotilde Leguil Il y a parfois des chansonnettes qui vont attrapent. Vous vous retrouvez à fredonner leur air sans même vous en rendre compte. Elles vous trimballent, elles vous poursuivent de leurs assiduités, elles prennent la parole, elles vont malmènent mais elles vous aident sans doute à vivre. S’en séparer n’est pas facile : il en faudra du courage de dire pour s’affronter autrement au silence. Clotilde Leguil témoigne de la place qu’elle a prise, d’être la médiatrice dans la discorde du couple parental, celle qui tentait la conciliation là où soir après soir se déroulaient les scènes de l’incompréhension et de l’impossible rencontre. Elle connaissait la chanson. Elle a tenté d’y introduire des trémolos, histoire que le jeu se rapproche de celui de la mélodie du bonheur sans doute. Mais alors, ne jouait-elle pas une autre voix dans une partition déjà écrite ? De la musique automatonique en quelque sorte… Dans une analyse, parler dé-place. Il s’agit d’arracher à coup de sueur signifiante à la chaîne elle-même, la grâce de jouer autrement à une autre place. Clotilde Leguil en témoigne. Un rêve vient scander son trajet. Peu de temps après avoir été à la fenice avec son mari au cours d’un voyage à Venise, elle rêve qu’elle assiste à un drôle de spectacle, un spectacle qui a lieu derrière un mur. Elle entend mais elle ne voit pas. Elle est toute ouie car elle attend le grand air, celui de Carmen et il ne vient pas. C’est celui de l’amour, l’enfant de bohème qui n’a jamais connu de loi. C’est celui d’une passion dévorante qui conduit à la mort. Elle reconnaît de ci de là quelques morceaux de musique qu’elle apprécie d’ailleurs. Mais elle attend le grand air qui ne vient pas. Elle repartira angoissée de ne pas l’avoir entendu. Elle qui n’est pas angoissée dans la vie, nous dira-t-elle. Le grand air. Celui sensé venir de derrière le mur. Celui que l’on attend. L’opéra tragique qui donnerait de l’ampleur à l’opérette s’amusant lui de nos déboires amoureuses et notre condition de mortel. Ici, pas d’opéra, pas d’opulence, juste un spectacle qui se joue derrière un mur. Pas de grand air, que des morceaux. Rien à voir. L’Autre décidément n’envoie pas de message. L’angoisse vient logiquement de ce qu’il reste dans une certaine mesure à s’inventer. Rêve de franchissement avait prévenu Jacques Alain Miller qui l’avait placé en paire avec celui « au-delà du pire » de Dominique Laurent. Rêve de bondissement vers un ailleurs plus aéré, là où se tenir est un risque, là où notre jouissance est à notre charge, là où du nouveau peut advenir. Merci Clotilde Leguil de votre témoignage. Yves Vanderveken Mettez deux minutes de côté tout ce que vous savez sur Céline. Branchez-vous uniquement sur l’écrivain. Son écriture. Relisez de toute urgence les Entretiens avec le Professeur Y. Rien de plus drôle. De féroce aussi. Ah, le dessin de Tardi en couverture de l’édition de poche ! Vous verrez de profil une touche de ce qui s’est produit autour de ces Journées 38. Le style, le style ! Retrouver l’émotion du parlé à travers l’écrit. Attentat contre le langage… analytique. Au diable, le « chromo » et ceux qui chromote. Ce fut l’émergence du « rendu émotif ». Le rendu. Fini, liquidé, balayé le « style émotif ». Impressionniste. « Rapidité fluide ». Une petite danse ! Une geste. Petit moment dans « l’inépuisable au-delà de tout effort » (Heidegger) Pauvres colonels ! Ils ne s’en remettront pas ! Tout mouillé. J’y fus j’y étais j’y est je m’y fus j’y serai j’irai (nf. f. ns. nc.) Non pas angoisse radicale, mais au contraire, calme quiétiste Voix fleur lumière écho des lumières cascade jetée dans le noir chanvre écorcé filet (Sollers, Paradis) P.S. : … n’oubliez pas que je suis ce qui s’en suit… [P.S de JAM : je suis moi aussi sensible au style de Céline dans ce texte ; mais « mettre de côté » ce que je sais de lui ? Vraiment ? Pour mettre de côté, encore faut-il savoir. Vous ne saviez pas, m’avez-vous dit, que Y abrègeait le mot, l’injure, « youpin », qui, en 1955, date de la parution de l’opuscule, ne pouvait y figurer en clair, comme au temps de l’occupation. Savoir ça nimbe cet écrit d’un halo sinistre, qui ajoute encore à son charme vénéneux. L’émotion ? Céline s’évertue à faire entrer à toute force l’objet petit a dans le signifiant, d’où les effets d’explosion qui s’ensuivent dans la chaîne signifiante. Mais son objet étant excrémentiel, à le lire on est tout de même couvert de m… Emotion, mon c… si je puis dire. Chacun son goût. Emotion pour émotion, je préfère encore les livres qui font b… à ceux qui vous ch… dessus. Ou Le Temple de Gnide, par exemple.]
Yvette Renault Que dire de plus : quel brio ces deux journées! Le mot amour a souvent été prononcé lors des différents exposés, et à chaque fois avec beaucoup de sincèrité. Mais pour reprendre une expression canadienne, « tomber en amour « au XXI è siècle, est-ce toujours à la mode? Pour ma part, si je rencontre un homme et qu’il me dit « t’as beaux yeux tu sais » et qu’en plus il ajoute « et un beau p’tit cul », je ne lui répondrai pas : « Lacan a dit : le rapport sexuel n’existe pas »; mais je dirai : notre rencontre est une belle contingence, poursuivons la conversation. Je pense que les séducteurs sont une espèce en voie de disparition… je souhaite me tromper!
Anna Aromí Aunque con un poco de retraso, le escibo para felicitarle por las recientes Jornadas de la ECF. Muchas gracias a usted y a todo el equipo, gente corajuda y genial, por preparar para todos una experiencia fabulosa. Será difícil olvidar el domingo del acróbata: me emocionó mucho cuando lo ví como un ejemplo de formación analítica: el practicante sobre la cuerda floja, dando los pasos siempre inestables de la clínica, con los colegas procurándole la tensión necesaria. Aunque también: el analizante aprendiendo torpemente a sostenerse despojándose de sus objetos. Y aún: el vértigo del pasante ayudado por dos pasadores elegidos al azar… Una belleza de luz. También me gustó mucho atravesar la experiencia del caos inicial que nos recibió en el Palacio de Congresos. Nada era como acostumbraba a ser: ni el étage era el mismo, ni se encontraba el clásico pasillo blanco con el guardarropía, el espacio del bar, del fumar y de la librería había desaparecido, a las toilettes se las había tragado la tierra. Cantidad de gente no conocida ya ocupaba las salas mientras grandes colas en la recepción obturaban el paso y unas flamantes Nespresso no daban abasto para servir un café riquísimo, como prometido, para variar. Después de un primer momento de desconcierto todo eso me encantó porque era una promesa de renovación. Nada nuevo sin un primer momento de incomodidad y desconcierto. Además, el caos (si no dura mucho) puede ser divertido. Todo eso era el envoltorio formal que acompañaba el núcleo duro de la cosa, el contenido de las ponencias. Ahí sorpresa mayúscula, anunciada por el Journal des Journees, pero en vivo y en directo resultaba impresionante. Todos y cada uno de los intervinientes hablando en nombre propio, cada uno desde su posición de funámbulo, cada uno desde su propia cuerda. ¿Podrán seguir siendo lo mismo las ponencias que prepararemos ahora?, lo dudo. Hemos aprendido una nueva forma de disfrutar y sería lógico que querramos hacerla durar. Solo un pequeño esfuerzo para abandonar las citas Lacandice, Millerdice y un poco de circo del bueno. A ver si conseguimos desplazarnos un poco de una buena vez y de pasada disfrutamos un poco con lo que hacemos. Un único problema: ya tengo redactada la ponencia para Valencia, ¡tengo que revisar que haya bastante de cuerda! Entre el circo y la iglesia lo tengo claro: viva el circo ¡ Postdata: creo que el momento español podría cambiar. Quizá sería momento de revisar el proyecto LNA y transformalo en un antidepresivo para uso generalizado, popular y eficaz. Lo estoy pensando. ¡Me gustaría remar para la UPP!
2010 7 février : Forum des psys 26-30 avril : Congrès de l’AMP (members only ?!) 26 et 27 juin : Journées de la NLS 10 et 11 juillet : Journées de l’Ecole à Rennes 9 et 10 octobre : Journées de l’Ecole à Paris L’UNIVERSITÉ POPULAIRE
Ana Ruth Najles Saludo con alegría la creación de la Universidad Popular Jacques Lacan como corolario del espíritu que guió a las Jornadas de la ECF. Esta creación hace resonar para mí el deseo de Lacan que se puede leer en una frase de su escrito “Televisión” (p. 520, Autres Écrits)y que transcribo textualmente: “Plus on est des saints, plus on rit, c’est mon principe, voire la sortie du discours capitaliste, -ce qui ne constituera pas un progrès, si c’est seulement pour certains”.
Severino Cabral e Mirta Zbrun Queira aceitar nossas congratulações pela fundação da UNIVERSIDADE POPULAR DE PSICANÁLISE JACQUES LACAN e também os nossos votos de que este acontecimento seja o inicio de uma era de generalização da psicanálise no mundo do século XXI.
Jorge Yunis Quiero hacerle llegar mi enhorabuena por la creación de la Universidad Popular de Psicoanálisis Jacques Lacan, es un paso enorme.
Carolina Koretzky Je vous écris pour vous faire part de ma joie d’avoir appris lors de ces très réussites journées, la création de l’« Université populaire de Psychanalyse Jacques-Lacan ». Votre initiative de réunir sous une même instance les différents lieux de formation sans, comme vous le remarquez, noyer leur autonomie, me semble une stratégie fondamental et nécessaire. Après un DEA fait en 2003 au Département de psychanalyse, je suis actuellement presque en fin de thèse toujours au Département. Cet été j’ai eu l’opportunité de rendre compte des avancées de ma recherche dans deux instances de l’Université Nationale de Cordoba, en Argentine (où je me suis diplômée de psychologue et exercée quelques années comme assistante dans la chaire de psychanalyse avant de m’installer en France). J’ai pu, dans l’une de ces occasions, exposer une partie de mon travail dans le CEA-Conicet (centre d’études avancées en sciences sociales de l’UNC) où plusieurs jeunes chercheurs, en formation analytique par ailleurs, m’ont fait part de leur grand intérêt de venir pour un temps se former ici. Mais dans les discussions que j’ai pu y avoir, j’ai remarqué chez eux un certain égarement, mélange et confusion concernant les différentes instances de formation. Ce qu’il y a certes, c’est une soif de formation et d’échange. Je salue alors fortement cet événement majeur, ce puissant pôle d’enseignement à Paris qui s’annonce. Je profite pour vous dire que je me sens concernée par ce mouvement, et que je réponds par un « oui ! » très enthousiaste à votre appel à collaborer.
Michel Normand Ce dimanche 8 novembre, j’ai lu avec attention le texte par lequel vous fondez l’Université Populaire de Psychanalyse Jacques-Lacan, texte que vous avez pris soin de faire distribuer à chacun des 23000 participants. Une université qui » prendrait à cœur l’ éducation freudienne du peuple français « , voire à celle de l’humanité toute entière, écrivez-vous. » Vaste programme « , comme aurait dit l’autre ; et paradoxe d’une éducation impossible (comme l’est la psychanalyse). Si vous voulez bien me passer l’expression (et je sais que vous me l’accorderez…), je me dis que c’est plutôt gonflé et un brin » casse-gueule « . Au fond le funambule de dimanche dernier, c’est vous, et c’est le psychanalyste lacanien. Sur le fil du réel, vous nous invitez, au un par un, à prendre le risque de vous rejoindre dans cette position d’inconfort ; ou plutôt de faire le pas, ce pas qui nous tient en équilibre, avec cependant le balancier de l’enseignement de Jacques Lacan que vous avez mis entre nos mains et celui que l’expérience analytique nous a transmis ; point hors ligne, point au-delà, propre à assurer quelque peu ce point d’équilibre fugace, précaire, comme l’est la pas du danseur, mais qui nous soutient en tant que sujet parlant, suspendu que nous sommes à notre acte, propre à faire bord à ce réel.
L’image de l’équilibriste et le côté spectacle peuvent apparaître bouffons au regard du sérieux attendu d’un colloque de psychanalyse. Il est vrai que lors de ces deux journées, on a ri, on a pleuré, on a applaudi, on en redemande. Encore ! La psychanalyse se montre, se donne en spectacle. Les psychanalystes affichent leurs boiteries, leurs inhibitions, leurs symptômes, leurs angoisses, leurs » troubles « , et ce ne sont pas des clowns tristes ! Il m’est revenu en mémoire que Lacan disait lui-même : » Je suis un clown « . J’ai retrouvé ce passage dans La troisième : » il n’y a pas un seul discours où le semblant ne mène le jeu.(…) Même comme bouffons, vous êtes justifié d’être Vous n’avez qu’à regarder ma télévision. je suis un clown. Prenez exemple là-dessus et ne m’imitez pas! Le sérieux qui m’anime, c’est la série que vous constituez. Vous ne pouvez à la fois en être et l’être. » Mais attention : côté public, les psychanalystes s’exposent ainsi à être déclarés en bien mauvaise santé mentale, selon les critères de l’OMS qui exigent un’ » état complet de bien être physique, mental et social « . Ils s’exposent à constituer par là une des populations-cibles, objets de la surveillance sanitaire, du dépistage voire de l’obligation de soin que promeut un certain rapport sur la santé mentale et la psychiatrie en France ! C’est dire que depuis que Freud a inscrit la psychopathologie dans la vie quotidienne et le malaise dans la civilisation, l’inconscient est politique : Kultur-Überich.