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Editorial, par Jacques-Alain Miller
« Va pas suffire d’un baiser sur le front pour que je sois content si vous prenez pas mon texte ». « Vous écrivez d’une position de force, nous, on est dans l’attente, on se demande ce qui va arriver à notre travail, vous, vous vous amusez, ça, c’est typique d’un maître. » Etc. Bien. On soupçonne mon « signe d’amour » d’être un attrape-nigaud, ma jouissance d’être celle du maître, et pire. Quoi qu’il en soit, le suspens va durer encore un petit peu, car la tâche d’achever l’impression des travaux sur papier ne m’a pas laissé ce matin le loisir de composer les lignes que je méditais, et les réunions commencent dans une demi-heure. Ce sera donc pour demain ou lundi. Ce numéro commence par les professions de foi de deux candidates au Conseil de l’ECF, celle de Carole La Sagna, parvenue jeudi, et celle de Susanne Hommel, arrivée hier soir, in extremis. On trouve ensuite Abel, pseudonyme. Un excellent collègue me confiait les sentiments mitigés que lui inspirait mon action ; je lui demandai de m’écrire ça pour le Journal : « Elles vont me descendre, m’objecta-t-il — Qu’à cela ne tienne, je vous nomme « Abel », donnez-vous en à cœur joie. » Abel ne hait pas les femmes, pas du tout, tout au contraire, il les envie : pour lui, le manque est du côté de l’homme, elles ont tout. Suit un texte que m’a fait parvenir Stréliski, et qui fait penser : « Mouvement ou Ecole, Mouvement à la place d’Ecole ? Non, certainement pas. Mais Ecole plus Mouvement… ? » Très suggestif…
PS : Ana Lucia me précise qu’elle est AE en fonction jusqu’en septembre 2010, et me promet son travail en français pour lundi. Yasmine, Grasser du nom, retire précisément ce nom de l’élection aux Cartels de la passe, et le rajoute sur la liste des travaux, avec le n°228, Yves Vanderveken passant au n° 229. Ana Lucia, non listée, est l’informelle 230.
ELECTIONS A L’ECF Textes parus : Agnès Aflalo, Francesca Biagi-Chai, Philippe De Georges, Dominique Holvoet, Jean-Daniel Matet, Nathalie Georges, Anne Ganivet-Poumellec, Jean-Pierre Deffieux, Pierre Naveau, Paolo Siqueira Eric Laurent, Jacques-Alain Miller, Philippe Benichou, Daniel Roy, et Yves-Claude Stavy. Ci-dessous, textes de Carole La Sagna et de Susanne Hommel, candidates au Conseil. La rubrique disparaît du Journal. L’ensemble des textes parus sera repris dans un numéro spécial.
Carole La Sagna : Un avant et un après Je me porte candidate à l’élection du Conseil de l’Ecole. Je le fais pour la première fois, et, puis-je ajouter, c’est la première fonction éligible que je sollicite dans l’Ecole. J’ai fait de nombreuses choses dans le Champ freudien, et depuis longtemps, comme mes collègues le savent, mais sans solliciter d’élection. Etait-ce par indifférence ? Sûrement pas. Par discrétion ? Sans doute. Mais peut-être aussi étais-je dissuadée de me porter candidate par le souci de ne pas ébranler dans ma ville et dans ma région, Bordeaux, l’Aquitaine, l’unité d’un groupe dont la vitalité locale a contribué au succès du discours analytique. J’ai été membre du bureau de l’Ecole européenne de 95 à 98, puis du bureau de l’AMP de 98 à 2002. J’ai organisé les Journées de l’Ecole de la Cause en 97. C’est ensuite le combat des Forums des psys, aux côtés de Jacques-Alain Miller, qui m’a occupée : 10 Forums entre novembre 2003 et novembre 2007 !. C’était un combat pour que la psychanalyse soit reconnue comme essentielle dans le monde où nous vivons, et pour que chacun puisse, de son rapport à son inconscient, faire le fil de sa vie, s’il le souhaite. Depuis des années déjà, je construisais UFORCA avec des collègues rassemblés par Jacques-Alain Miller : la question de la formation, de l’enseignement, de l’avenir, a fait partie de mes préoccupations constantes. L’organisation des Journées annelles UFORCA a requis aussi tous mes soins. A Bordeaux, j’ai créé avec Jean-Pierre Deffieux la Section clinique de Bordeaux. Alors, l’Ecole ? Eh bien, je pensais que des collègues s’en occupaient, qu’ils y consacraient beaucoup d’énergie, et que, peut-être, j’étais plus utile ailleurs. Depuis, l’Ecole est devenue grande, elle a acquis l’utilité publique, et aujourd’hui, elle renouvelle son lien à l’inconscient, comme le montre l’extraordinaire élan de nos 38e Journées. Ces Journées vont résonner dans l’Ecole pendant longtemps. Il y aura un avant et un après. Nous ne parlerons plus de la même façon après. C’est à cela qu’il faut s’efforcer. Ceux qui veulent que souffle le vent des Journées, et qu’il porte l’Ecole dans le 21e siècle, se doivent de monter maintenant au créneau. Voilà pourquoi je me présente. Je serais ravie de travailler, encore une fois avec mes camarades, pour des choses importantes, cette fois dans les instances de l’Ecole. Au sein du Conseil de l’ECF, j’apporterai tout mon soutien à Jean-Daniel Matet s’il est porté à la présidence par l’Assemblée, et à son bureau.
Susanne Hommel : Freud-Lacan- Berlin-Paris und Zurück Je suis membre de l’Ecole de la Cause Freudienne depuis le début, et même avant, puisque j’étais membre de l’Ecole Freudienne de Paris. Jusqu’à maintenant je suis restée à l’écart des tâches administratives et politiques de l’Ecole. Le moment est venu de m’impliquer politiquement dans les actions qui visent à faire vivre la psychanalyse. Comment faire pour tenir une place juste, mesurée, pour rester dans notre singularité sans nous croire supérieurs ? Le moment est venu aussi, pour moi, de tenir compte du fait que j’ai appris à parler dans la langue de Freud, la langue dans laquelle la psychanalyse a été inventée, écrite, formulée. Je vais essayer de mettre cette spécificité au service de la psychanalyse en France. Il se trouve que, le 19 octobre 2009 une Freie Universität für Psychoanalyse va ouvrir à Berlin, la Sigmund Freud Privat-Universität. Le groupe Cologne-Paris, dont je fais partie depuis des années, a pris contact avec les dirigeants de cette Université. Quelques membres de notre groupe ont l’intention de s’y rendre en novembre pour y rencontrer le Directeur. Nous pourrons peut-être créer un nouveau pont entre la France et ce pays où on parle la langue de Freud. La langue de Freud m’accompagne depuis des décennies. J’ai traduit l’Esquisse, écrit par Freud en 1895, « Le fétichisme », écrit en 1927, de nombreux textes plus courts, la longue correspondance entre Freud et Ferenczi, et beaucoup d’autres. Depuis de nombreuses années, des cartels sur les langues ont vu le jour, le thème « Le sujet entre les langues » a interpellé plusieurs cartels et groupes de travail. En passant par l’Allemagne, l’Ecole pourrait prendre appui sur les Instances européennes pour contrer la vague contre la psychanalyse qui déferle actuellement sur l’Europe. Ce sont mes raisons de penser pouvoir participer utilement aux travaux actuels de l’Ecole.
MAIS LACAN, C’ETAIT QUAND MËME AUTRE CHOSE ! par Abel Cher Jam, Je suis de ceux – nombreux ? – que votre JJ agace, et mettrait même en colère. Ses débuts avaient pourtant été prometteurs : la samba, la fête, l’absence de langue de bois, et la guérison miraculeuse du psittacisme lacanien. Quelques dizaines de numéros plus tard, quelle déception ! L’unanimisme a remplacé l’ironie. Comme d’habitude, direz-vous ! Oui, mais cette fois il y a du neuf, à entendre comme du pire. C’est un unanimisme féminin et fade. Vous en avez rendu un certain nombre (pas toutes, bien sûr) aussi folles qu’ennuyeuses. Aaah ! Elles sont contentes, le répètent plusieurs fois par jour en utilisant les mêmes mots. Les signatures sont différentes, mais c’est un semblant, puisque les textes sont identiques: « J’aime, j’aime, j’aime, j’aime…jam ! ». Ce ne sont plus des femmes, mais des soldats en jupon ! Quand je pense qu’il va falloir les entendre chanter pendant deux jours la chanson du pastout. Quelle blague! En fait elles s’enchantent de vous, et font de vous l’Un-tout-seul qui doit absolument le rester. Bref, c’est toujours la même chanson. J’ai une proposition à vous faire (c’est à la mode) pour résoudre l’épineux problème que vous avez inventé: 108 places pour 228 textes. Ne prenez que les femmes, et si c’est encore trop, seulement celles n’appartenant pas à l’Ecole. Faites des « Journées de femmes », et invitez Isabelle Adjani, qui tient la vedette dans le film La Journée de la jupe. Vos invités ? Prost et Carla. Très bien, chic, propret, paddock et Monaco pour le premier. J’ aurais préféré du plus couillu, un Cantona dont je vous recommande le Looking for Eric, de Ken Loach. Quant à la belle Carla, je vous la passe, mais j’aurais choisi Catherine Millet. Pardonnez-moi d’invoquer les vieilles gloires,, mais Lacan, c’était quand même autre chose ! Il ne s’échauffait pas que pour des créatures en mal d’amour, mais savait aussi déloger l’obsessionnel de sa cage. Où sont-ils dans vos listes? Quelques épars désassortis, c’est le cas de le dire ! Vous aviez naguère le chic de faire le jeune Turc, le chef de l’opposition, répétant à l’envi que vous ne nagez qu’à contre-courant. Après de belles batailles (Accoyer restera dans nos mémoires), vous voilà transformé en pasteur d’hystériques se pâmant au simple mot de passe ! On croit rêver. Ressaisissez-vous ! Vous avez pu être un saint – celui de Gracian et de Télévision – mettant le feu à la plaine en décharitant. Ne devenez pas archevêque ! Bien à vous. MOUVEMENT versus ECOLE par Edith Juigner
Une correspondante m’a envoyé ces réflexions, que je vous transmets, avec son accord, pour le JJ. – Pierre Stréliski
Une question me vient en voyant tout ce mouvement émerger au travers des JJ : l’Ecole veut-elle se transformer en mouvement ? Etait-elle trop figée pour avoir besoin à ce point d’un tel vent rafraîchissant ? Un mouvement, donc pas une école ? C’est là que j’adhère à ce que dit Deleuze. Je reprends en gros : « Ni école, ni disciple. Une école, ce sont des règlements, une gestion, des rivalités. Lacan, un chef d’école. L’école, c’est le contraire du mouvement. Le surréalisme est une école, Dada un mouvement. L’Idéal n’est pas d’avoir des notions garanties et signées, mais d’apprendre qu’on doit être heureux de sa solitude. C’est le seul rôle de professeur valable. Second aspect:: énoncer des notions qui deviennent des idées courantes, maniables de plusieurs façons. Pas d’école, mais des réseaux de résistance, de création ». Je trouve que ce qu’écrit Jacques-Alain Miller s’apparente plus au mouvement qu’à une école, et c’est pour cette raison que ça me parle. C’est que ça interroge réellement ma propre expérience, et que je peux y glaner ce que je comprends avec mon expérience, sans avoir forcément besoin de tout comprendre. Comme chez Deleuze, quand il parle de ce qui est figé dans la psychanalyse, quand il la compare à une Eglise qui ne lâche pas son dieu, ni ses murs, et ne peut miser que sur la tristesse et la culpabilité. Or, s’il y a un changement rafraîchissant, comme en témoignent les lecteurs, n’est-ce pas parce qu’il y en avait besoin ? ou n’est-ce qu’une vitrine, pour attirer plus d’adeptes à la cause ? S’il y a un style que j’aime parce qu’il résonne, si ça me donne envie de lâcher mon os, j’espère aussi qu’il ne sera pas finalement récupéré et figé dans le formol d’un bocal qui sera entreposé dans les étagères de l’École, qui n’aurait en fait simulé ce mouvement que pour avoir l’air de ne pas mourir, alors qu’il s’accroche en fait, lui aussi, bec et ongles, à ses murs, à sa croix. Mais on ne triche pas avec le style. Il parle. Et quand on lit la manière dont Deleuze parle du style, c’est aussi ce mouvement qui me frappe chez Jacques Alain Miller. Une lectrice parle de jazz. « Le style est la propriété de ceux qui n’ont pas de style », dit Deleuze. Encore faut-il l’admettre, et ne pas en tirer une fierté déplacée, qui la figerait comme une école. « Quand on écrit, la langue est en perpétuel déséquilibre, on fait subir à la langue un certain traitement qui mobilise tout : volonté, désirs, besoins. Un styliste crée dans sa langue une langue étrangère. Par là même, on pousse tout le langage, ce qui l’amène à une limite. Creuser une langue étrangère, et porter tout le langage à une limite musicale. La preuve d’un style : la variabilité, on va au plus sobre. La composition est aussi un élément du style fondamental. L’élégance aussi. Percevoir l’élégance en fait aussi partie : les émissions de signes. La mondanité et les animaux comme émissions de signes vains. » Pas de style dans une école, donc, mais dans un mouvement, oui.
ORGANISATION DES SALLES MULTIPLES
Christophe Delcourt A) Excel, c’est bête comme chou, mais terriblement efficace. C’est une simple fonction de tri: je choisis la colonne du premier choix, que je classe par ordre. Je copie chaque groupe de numéro dans un fichier par salle, et le tour est joué. Dès qu’une salle est fermée, je prends la colonne du deuxième choix, et ainsi de suite, jusqu’à épuisement de la liste. On peut donc très facilement gérer 9,18,36 colonnes. Le facteur limitant est plutôt la multiplication des couleurs. Si vous trouvez 18 couleurs bien distinctes, ça va pour moi. Il me semble qu’il faut des couleurs différentes entre le matin et l’après-midi. Il faudra seulement établir très clairement le formulaire de choix afin que nos collègues s’y repèrent facilement. B) Je suis un peu dubitatif quand à la solution de Mariana Alba de Luna, car nous n’avons pas besoin de couleurs pour dimanche, puisque nous serons tous en plénière. Je trouve la formule couleur+ nom de salle plus lourde. Il faut que la couleur saute aux yeux des hôtesses pour fluidifier le trafic. Je suis d’accord avec Judith Miller : ne pas trop alourdir l’affaire, mais il faudra bien quand même trouver une place pour chacun. Dédoubler le samedi, c’est déjà choisir deux entre dix-huit. Je serais ravi de travailler avec Mariana, qui a un nom si doux et poétique. C) A la clôture des réservations, je vous transmettrai le nombre de places restantes dans chaque salle, afin de faire confectionner les étiquettes de couleur dépourvues de nom pour les inscriptions sur place. Je suppose qu’il y aura un texte et un logo à imprimer sur toutes les étiquettes. Il est probable qu’il y aura des inscrits retardataires que nous renverrons aux inscriptions sur place. D’où l’intérêt de réserver ses deux salles en temps voulu. D) Je persiste à penser qu’un seul ordinateur suffit pour les inscriptions sur place. Je veux bien m’y coller avec mon matériel. Le samedi matin, nous serons déjà en mesure de donner le nombre de places restantes dans toutes les salles. Avec un assistant, nous donnons en continu les salles disponibles à ceux qui s’inscrivent. Je suis à peu près persuadé qu’en quelques minutes, il ne restera plus de place que dans l’amphi Bordeaux. A partir de là, il ne reste plus qu’à distribuer des étiquettes bordeaux. E) Pour le tirage, on doit pouvoir faire ça directement à partir des numéros des choix de salle dans l’ordinateur. Je classerai les numéros par ordre, et je verrai s’il y a des doublons. F) Pour la santé, je suis un moine ! mes amis vous le diront…
Jacques-Alain Miller Je vous livre mes conclusions, encore provisoires. Pour le samedi, nous distinguons entre multiples du matin et multiples du soir (l’après-midi), 9+9.. Nous n’avons besoin que de 9 couleurs distinctes, si nous donnons aux badges du matin une forme rectangulaire, et aux badges du soir une forme circulaire. Pour une entrée fluide, et pour des raisons de sécurité, il faut deux ordinateurs, sinon trois : 1-le vôtre ; 2-un Mac Book Pro dont je dispose; 3-un troisième que je trouverai ; les ordinateurs 2 et 3 seront mis en réseau dès le mercredi 4 novembre. Je ferai consulter un spécialiste en informatique. On tirera au sort entre les numéros qui seront attribués à chaque carte d’entrée, de 1 000 à 2 800. Reste à déterminer quel sera le prix des gagnants de ce tirage au sort. Les Journées 38 ont lieu les 7 et 8 novembre prochains à Paris, au Palais des Congrès ECF 1 rue Huysmans paris 6è Tél. + 33 (0) 1 45 49 02 68 S’inscrire sur www.causefreudienne.org diffusé sur ecf-messager, forumpsy, et amp-uqbar