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JOURNAL DES JOURNÉES N° 21 le jeudi 24 septembre 2009, édition de 12h 49 *****
AGNES AFLALO : Sens d’une stratégie vivante L’actualité de l’École me donne une nouvelle fois envie de présenter ma candidature au Conseil. J’ai en effet présenté ma candidature en 2007, et il a manqué quelques voix pour que ma candidature soit retenue. Depuis l’amendement Accoyer, l’accélération du temps historique que nous vivons est saisissante. Pour la première fois de son histoire en France, la psychanalyse a du repousser une attaque décidée. Faire face à l’événement s’imposait si nous voulions continuer notre travail, c’est-à-dire faire exister la psychanalyse et la transmettre à d’autres. Je me suis alors engagée dans la préparation des « Forums des psys » et la publication du journal Le Nouvel âne, qui ont contribué à infléchir l’exigence initiale du législateur. Lorsque Bernard-Henri Lévy a ouvert sa revue La Règle du jeu à l’école, j’ai accepté la responsabilité éditoriale du dossier spécial qu’il consacrait à la psychanalyse. J’ai pu contribuer à la reconnaissance de l’utilité publique de l’école quand la question s’est posée au niveau du ministère de la Santé, dont l’accord était indispensable : j’ai pu plaider sans relâche pour l’École, et je me suis alors appuyée sur mon travail, tant au CMP et au Centre de proximité de Bagnolet qu’aux « Forums des psys » et au Nouvel âne, pour que l’avis positif soit donné. J’ai ensuite œuvré avec discrétion, mais efficacité pour que l’École obtienne le statut d’ONG. Il y a une cohérence dans ce que nous avons connu ces sept dernières années. Avant le début de cette période troublée, en 2002, Jacques-Alain Miller avait déjà proposé au Conseil que l’École cherche à obtenir la reconnaissance d’utilité publique, et le statut d’ONG l’année passée. En 2003, c’était la bataille contre l’amendement Accoyer. L’ouverture du CPCT de la rue de Chabrol est de 2004. L’école a obtenu l’utilité publique en 2006. L’analyse de la crise du CPCT en 2008, puis l’obtention du statut d’ONG pour l’École de 2009. C’est une même stratégie. Qui peut nier que cette stratégie a été bénéfique ? L’École en sort renforcée sur tous les plans, social, politique, clinique, éthique, et aussi dans ses moyens de formation. L’audience du discours analytique s’est élargie, et ses « fondamentaux », comme on dit aujourd’hui, ont pu être approfondis. Alors que l’évaluation est une machine à produire le malheur, l’utilité publique de la psychanalyse se démontre chaque jour davantage. Son statut d’ONG assure sa relance pour quelques années encore. Le souffle du désir vivifie l’École. Mais, à l’École aussi, l’inconscient, c’est la politique. Nous pouvons donc être sûr de l’efficacité du discours du maître avec le refoulement et le retour du refoulé qu’il induit. Autant dire que les crises se reproduisent chaque fois que l’identification produisant ses effets de massification, l’emporte sur le désir. Dans une École de Lacan, pas d’autre moyen qu’un désir en acte pour l’interpréter, et repasser de la maîtrise à son envers qu’est le discours analytique. Il laisse peu de place à la belle âme qui ne savait pas quand la logique véhicule le réel qui ne cesse jamais de se faire méconnaître. Je voudrais que l’École poursuive cette stratégie vivante, et continue sur la même lancée, qu’elle ne soit pas freinée, ou déviée, ou incomprise. C’est le sens de ma candidature au Conseil.
Messages personnels Où en est Anne Ganivet dans la préparation de la fête ? Anne m’a répondu : “Dans un lieu branché très parisien, une mystérieuse soirée cabaret-jazz se prépare : cocktail, falbalas, magie, musique, danse…” Je n’en sais pas davantage.
Armelle a-t-elle accepté la mission que vous lui avez proposée publiquement (je n’aurais pas aimé ça) ? Armelle, ça lui a plu. Son mail : “J’ai bien ri en lisant ce matin dans le « Journal des Journées » comment, concernant le café qui y sera servi, vous m’avez prise au mot, saisissant au vol ce qui m’était venu “comme ça”. D’accord, j’assume, et accepte bien volontiers de… corser un peu les Journées !”
Vous écrivez : “les filles à marier et les dragueurs”. Ça date, c’est vieux macho des années 60. Aujourd’hui, ce serait plutôt : “les mecs mariés et les dragueuses” ! Touché ! Aïe ! Ouille ! AMP Leonardo Gorostiza a accepté de traiter le sujet des Journées comme les autres intervenants. Je lui ai rappelé qu’il devrait parler en français. Sa réponse, en français : “Oui, bien sûr. Comme je l’ai fait en février passé à París. Mieux, j’espère ! (je ne sais pas si c’est bien écrit… mais je doit m’exercer…).” Journées ECF 196 projets d’exposés. Tous ne seront peut-être pas menés à bien, mais il y aura aussi des textes qui arriveront sans projet préalable. Donc, je n’aurai que l’embarras du choix – et quel embarras… – pour composer le programme des multiples : 108 exposées, couplés deux par deux, soit 54 séquences. Il faudra convaincre le prochain Directoire de l’opportunité d’organiser une Journée extraordinaire pour les exposés qui, faute de place, ne pourront être présentés cette fois. Commençons tout de suite cette plaidoirie. “Ces projets, je les connais un par un, je me suis entretenu avec nombre de leurs auteurs, par mail ou de vive voix, chacun a quelque chose d’original, apporte quelque chose d’unique, de sans pareil, sa livre de chair, on ne peut pas me demander d’en liquider un sur deux par manque de place. Ce serait un crime contre l’humanité. J’ai droit à l’objection de conscience. Ce serait comme la pièce de Marlowe, montée jadis par Chéreau, The Massacre at Paris. Ce serait une Saint Barthélemy, un Katyn, ou encore un “massacre de la Saint Valentin”. Je suis né un 14 février, je ne suis pas Al Capone pour autant. La $aint Valentin, c’est aussi la fête des amoureux, il y a “calin” dans mon nom, et – bien que colérique, bien que Robespierre ait été mon Idéal du moi à 14 ans – je suis une âme sensible. Donc, je ne serai pas le bourreau de Novembre.” Il faudrait que le prochain président de l’Ecole ait un cœur de pierre, n’est-ce pas, pour rester insensible à ce discours…
On commence à voir se dessiner l’architecture de la plénière du dimanche. L’après-midi commence à 15h avec Alain Prost. L’entretien court jusqu’à 16h 30 maximum. Puis, projection sur grand écran de La première séance, le documentaire de Gérard Miller (52 minutes), qui dira sans doute quelques mots pour présenter cette œuvre qui fera date. Reste une demi-heure. Normalement, je devrais sortir le thème de l’an prochain, pour que « la prépar-ation » puisse commencer – mais justement, faut-il préparer si longtemps à l’avance ? Je préférerais qu’on laisse du temps aux effets d’après-coup des présentes Journées, pour se déployer, et développer leurs conséquences. Donc, je pourrais me dispenser de ce pensum, ce qui, par exemple, permettrait de donner le dernier mot à notre collègue Leonardo. Quant au thème 2010, je pourrai toujours l’indiquer via Internet. Et même tout de suite. Ce n’est pas compliqué : après la psychanalyse pure ce mois de novembre, retour du balancier vers l’appliquée. Donc, un titre à trouver dans le domaine de la thérapeutique en psychanalyse. Et une disposition très différente des Journées de cette année. Le matin, première séquence : allocution d’ouverture par le président de l’Ecole, F. Hugo Freda ; Freud analysant, par Serge Cottet ; Lacan analysant, par Eric Laurent. Restent 2 séquences. La dernière, 12h-13h, serait pour la conférence du mathématicien qui se déciderait à venir nous parler, et celle du milieu irait à 2 exposés choisis parmi ceux qui traitent le “comment on devient analyste”. Pas mal. Samedi, le travail. Dimanche, le show. Samedi, l’AG. Dimanche, la fête. Ça se tient. C’est défendable. Journées ELP Eric Laurent m’a adressé hier matin un courrier électronique dont j’extrais ces lignes : “Je reçois de Lucia D’Angelo un mail faisant état de la bonne atmosphère de travail dans le Conseil de l’ELP, de la mise en place du plan de fermeture des CPCT décidé en juillet, avec un hic de taille : seules 13 demandes d’exposé des membres ont été reçues par le comité scientifique, et 8 retenues. Donc, pour le moment, l’ELP ne s’est absolument pas emparée du titre des journées, La solitude du psychanalyste. La pratique analytique. Je lui ai proposé de s’inspirer de ce qui se passe à l’ECF pour relancer la machine.” J’ai aussitôt écrit à mon amie Lucia, Argentine de Barcelone, diplômée de Paris 8, pour lui demander un texte bref destiné à informer les lecteurs du Journal. Elle m’a envoyé vers minuit le texte qui suit, que j’ai traduit. C’est aussi pour moi l’occasion de sortir le texte en français que m’avait envoyé dès lundi la chère Carmen Cuñat, de Madrid, Espagnole parfaitement francophone.
Lucia D’Angelo : Une communauté de solitudes L’affiche des Journées reproduit une toile de Malevich, qui a su si bien figurer la solitude où chacun s’enferme pour dissimuler son secret, et dont il cache la clef. Le thème ne cherche pas à dramatiser la solitude comme expérience existentielle, il souligne que l’analyste est aussi seul que l’analysant devant les surprises de l’inconscient. Néanmoins, on est bien forcé de constater qu’il n’a pas réussi à être cause de désir pour le “un par un” de notre Ecole. Cette contingence est à interpréter, de façon à ouvrir la voie à une réorientation politique, épistémique, et clinique, du travail de l’Ecole. Ce qu’il s’agit de ranimer parmi nous, c’est le désir de l’analyste, qui est notre seul recours légitime contre la solitude. Etant donné que l’analyste est toujours seul, quel est le ressort qui nous pousse à être avec les autres dans l’Ecole et dans les Journées ? Un temps préliminaire était sans doute nécessaire avant de le mettre en acte. VVV : c’est le sigle d’une énigme qui sera dévoilé vendredi.
Carmen Cuñat : Être la seule J’avais dit à l’analyste : “Bon, j’écrirai quelque chose pour le Journal si quelqu’un ou quelqu’une de mes collègues le fait aussi. Je ne voudrais pas être la seule”. Être la seule ! Le désir inconscient le mieux gardé ! Puissant, tortueux, torturant, délirant. Être la seule fille d’une mère dans une famille nombreuse, être la seule femme aimée d’un homme, et plus tard, être la seule patiente de l’analyste… pourquoi pas ? Voyons, est-ce que la solitude de l’analyste – thème des prochaines Journées de l’ ELP, à Valence – se reconnaît dans ce désir? Mais non. Devenir analyste, ce serait plutôt renoncer à ce vieux rêve. Être seul face à l’acte analytique, ce n’est pas être le seul qui s’y engage. Faut se le répéter parfois ! À vrai dire, et à constater l’explosion de témoignages proposés pour leurs Journées par nos collègues de l’ECF, l’analyste n’aime pas être seul, et bien moins être le seul. Et c’est de bon augure pour l’avenir de la psychanalyse. La solitude de l’analyste pourrait être prise comme un sinthome. J’ai peut-être voulu devenir analyste pour pouvoir regarder de près ce que c’est que cette solitude qui faisait, bien sûr, symptôme pour moi, dont le petit secret de jouissance – vous l’aurez déjà deviné – c’était de rester seule avec l’Autre. Bon travail à l’ECF !
CPCT Réunion hier soir concernant le CPCT de la rue de Chabrol, de 21h 30 à 23h 45. Fabien Grasser, directeur, avait fait distribuer à l’entrée un document présentant trois couches discursives superposées : son rapport, terminé le matin même à midi ; les commentaires apportés par JA. Miller à 13h30, ; ses réponses aux commentaires de JA. Miller, insérées à 17h. Devant l’évidence affichée d’un Autre divisé, troué, et à vrai dire inexistant, le débat s’est déroulé dans une atmosphère à la fois détendue et réfléchie : si l’Autre n’existe pas, c’est à nous de faire le travail (c’est aussi la morale de l’histoire bien connue, ”Armelle et le café”). De nombreux points ont été passés en revue, et certains ont fait l’objet d’un consensus : refonte des statuts (un projet sera préparé par F. Grasser, L. Mahjoub, JA. Miller) ; disparition de la RIM ; déflation des effectifs ; poursuite des cartels cliniques ; institution d’un séminaire théorique. Ce séminaire se réunirait 3 ou 4 fois l’an, avec 2 séquences d’1heure et demie. La première, étude de textes ; pour 2009-10, les textes analytiques sur les traitements brefs, Alexander, Balint, Sterba, et un quatrième à déterminer, présentés par : D. Laurent, Ph. La Sagna, JD. Matet, L. Sokolowski, avec perspective de publication dans la revue de l’Ecole (proposition à faire à la nouvelle directrice, Nathalie Georges). La seconde : cas paradigmatiques, à proposer par un plus-un de cartels, et devant être LSD par deux autres plus-un tirés au sort ; donc, la sélection sera une opération horizontale, sans instance verticale. Questions pendantes : notamment, la discipline de la consultation. CPCT 2 commence le 1er octobre, sans que tout soit au point. On perfectionnera tout en avançant, comme dans la phrase de Duhem sur la science que cite toujours Quine (je la retrouverai pour demain). La prochaine réunion est prévue en décembre. – Notations de JA. Miller ; ceci n’est pas un compte-rendu.
Questions sur l’envoi des travaux: Dominique, [email protected] Problèmes avec l’inscription aux Journées : Francesca, [email protected] Plaintes, protestations, concernant la préparation des Journées : Hugo, [email protected] Mise en vente à la Librairie des Journées : Anne, [email protected] Réception du Journal, liste de distribution : Philippe [email protected] Journal en pdf : Dominique, [email protected] Direction des Journées : JA, [email protected]
Les Journées 38 ont lieu les 7 et 8 novembre prochains à Paris, au Palais des Congrès ECF 1 rue Huysmans paris 6è Tél. + 33 (0) 1 45 49 02 68 S’inscrire sur www.causefreudienne.org Précédents numéros du Journal diffusé sur ecf-messager et sur forumpsy ************