Fille, Mère, Femme au XXIe siècle
Argument du Congrès de la NLS à Genève
Le XXe siècle a été le siècle de l’émancipation des femmes et du féminisme.
Freud a déjà eu affaire à une certaine émancipation des femmes, comme il est patent dans le cas de Dora ou de la jeune homosexuelle. Les conquêtes sociales, les transformations des modes de jouissance qui ont été obtenues, n’ont pas pour autant résolu la façon dont les femmes ont à faire avec les semblants pour « devenir femme » selon le mot célèbre de Simone de Beauvoir. Lacan en 1973, avec son Séminaire Encore, prenait parti dans le débat de l’époque.
Quelle est aujourd’hui la place de l’amour entre les sexes? Comment les couples se forment-ils et aussi se défont-ils? Comment les femmes vivent-elles leur jouissance et le mode de solitude qu’elle inclut dans notre civilisation individualiste? Comment peuvent-elles répondre aux sollicitations de la technique médicale concernant par exemple la procréation et l’offre de chirurgie esthétique? Beaucoup de ces questions ont pris dans les dix dernières années un poids plus lourd dans nos sociétés en parallèle avec le déclin de la fonction paternelle et la montée au zénith de l’objet.
L’égalité affirmée dans le travail, la professionnalisation massive des femmes (dont Lacan traitait déjà dans ses « Propos directifs pour un Congrès sur la sexualité féminine »), la dictature des formes modernes standardisées de la mascarade, le choix désormais possible du moment de la maternité et le prolongement de la période de fécondité ont aussi leur revers. Le libéralisme des mœurs qui exalte à la fois une supposée symétrie des jouissances et l’incommensurable de la jouissance féminine pousse bien des sujets féminins vers une exaltation de l’amour ou encore vers le ravage. Ce sont ces sujets, épuisés dans la guerre des sexes, égarés dans leur jouissance, souffrant d’une solitude qu’accroît le désordre amoureux, qui s’adressent à la psychanalyse afin d’y trouver une réponse à leurs questions sur la position féminine.
Il nous reviendra lors de notre congrès d’en examiner les formes symptomatiques une par une.
Comme l’indique Dominique Laurent dans l’article « Femme » du volume Scilicet, préparatoire au congrès de l’AMP : « Du manque anatomique freudien au manque de signifiant de La femme se déploie le rapport des femmes au semblant et à « l’apparole », pour y parer. Les femmes savent ainsi que leur revient la charge de faire exister de façon singulière, une par une, cet être qui n’a pas d’essence signifiante et libidinale. » C’est un choix forcé, décidément anti-biologique.
Notre prochain congrès qui se tiendra à Genève se situera dans la continuité de celui de l’AMP à Paris. Les sociétés et les groupes de la NLS pourront donc ainsi engager leur travail sur le thème « Semblants et sinthome » qui est celui du congrès de l’AMP et l’approfondir dans la dimension de ce qu’Eric Laurent avait nommé « la position féminine de l’être ». Le titre de notre congrès sera donc: « Fille, mère, femme au XXIe siècle ». Il aura lieu en Suisse, dans la ville de Genève, les 26 et 27 Juin 2010.
BIBLIOGRAPHIE SUCCINCTE CONGRES NLS 2010
Lacan, J., « Propos directifs pour un Congrès sur la sexualité féminine » [1958-60], Ecrits, Seuil, 1966, pp. 725-736.
Lacan, J., « La signification du phallus. Die Bedeutung des Phallus » [1958], Ecrits, op. cit., pp. 685-695.
Lacan, J., Le Séminaire. Livre XX. Encore [1972-73], Seuil Paris, 1975.
Freud, S., « La féminité » [1932], Nouvelles Conférences d’introduction à la psychanalyse, Paris, Gallimard, 1984, pp. 150-181.
Miller, J.-A., « Des semblants dans la relation entre les sexes », La Cause freudienne, 36, pp. 7-16.
Miller, J.-A., « Un répartitoire sexuel », La Cause freudienne, 40, pp. 7-27.
Laurent, E., « Positions féminines de l’être », La Cause freudienne, 24, pp. 107-113.
http://www.wapol.org/
Nouvelle École de Psychanalyse — New Lacanian School
http://www.amp-nls.org/
http://www.wapol.org/
Nouvelle École de Psychanalyse — New Lacanian School
http://www.amp-nls.org/