Institut du Champ freudien
CONFÉRENCES CLINIQUES 2008-2009
sous la présidence de Jacques-Alain Miller
LA PARANOÏA SELON LES GRANDS PSYCHIATRES
Mercredi 17 décembre 2008 à 21h30 au local de l’Ecole
Philippe De Georges
Kretschmer, ou l’hyperesthésie du moi
» Kretschmer laisse sous son nom la description minutieuse d’une forme clinique de paranoïa qu’il désigne comme délire sensitif de relation. Il pourra dire de cette entité, qu’elle est bien caractérisée, mais que ses délimitations sont floues. Le style qui le distingue des autres grands psychiatres s’exprime par exemple dans une phrase décisive : « Strictement parlant, il n’existe pas de paranoïa, mais bien des paranoïaques ». Sans doute peut-on entendre ici la place qu’il fait à la diversité des formes, chaque cas qu’il expose pouvant donner matière à discussion diagnostique, que ce soit avec la psychasthénie de Janet, la névrose obsessionnelle freudienne, d’autres types de paranoïa ou encore la mélancolie. (Lacan épinglera ce qui distingue un délire de Kretschmer d’une paranoïa sthénique de Sérieux et Capgras : moi hypertrophié pour l’un, moi hyperesthésique pour l’autre). Mais on peut voir aussi cette formule comme la définition d’une position que nous dirions nominaliste, pour reprendre les termes de nos débats actuels sur la clinique. De même pouvons-nous soutenir que son point de vue est continuiste, tant l’autre volet de son oeuvre est le soin mis à définir le caractère dit sensitif, état prémorbide – non psychopathique – nécessaire à l’éclosion du délire kretschmérien, mais condition non suffisante à celle-ci. Car l’étiologie qu’il postule est en fin de compte multi-factorielle et met en jeu, au moment du déclenchement, la survenue d’un « événement vécu » (Erlebnis), aussi typique du délire sensitif que l’est le caractère lui-même. Kretschmer soutient la dimension psychogène des paranoïas et la curabilité des formes auxquelles il s’attache, par l’usage d’une psychothérapie compréhensive.
Nous verrons, après avoir lu attentivement les travaux de cet auteur, l’actualité de son apport pour la clinique, à travers la mise en jeu d’un Autre méchant qui mobilise le regard et la voix, sur fond d’échec humiliant, de dépression et d’asthénie coupable. »
le mercredi 17 décembre à 21h30 au local de l’Ecole
Cette conférence est la seconde d’une série de six conférences sur ce thème. Ces conférences seront incluses dans le volume de la Conversation sur l’Autre méchant, qui paraîtra aux éditions Navarin.