Hugo Freda, avec l’ accord de J-A Miller, a souhaité mettre au programme des Séminaires de l’ECF l’ étude d’un de ses cours intitulé »De la nature des semblants », prononcé au Département de Psychanalyse de l’Université de Paris 8 en 1991-92: Il s’agit d’un moment d’enseignement décisif pour la théorie, la politique et la pratique actuelles de la psychanalyse. Il s’inscrit dans une série: « L’orientation lacanienne », commencée en 1981.
H. Freda m’ a confié cette tâche, pour laquelle j’ai demandé à Victoria Horne-Reinoso et à Catherine Meut d’intervenir avec moi à chaque séance. Le Séminaire aura lieu le mardi aux dates suivantes: 25 novembre, 9 décembre, 27 janvier, 3 février, 24 mars, 7 avril, 26 mai.
C’est la première fois qu’une telle Etude a lieu à l’ECF. Dans d’autres Ecoles de l’AMP, des soirées de ce type existaient déjà. Nous remercions J-A Miller de son autorisation et le président de l’ECF de sa confiance.
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J-A Miller isole chez Lacan un terme peu usité (« le semblant ») et il en fait le levier qui donne raison de l’accès de la psychanalyse au réel, prenant ainsi au sérieux la péroraison du Discours à l’ Ecole Freudienne de Paris. Dans cet adresse, en effet, Lacan définissait la psychanalyse comme « une discipline qui ne se produit que du semblant » et l’acte analytique comme doté d’une telle force « que tremblent les semblants dont subsistent religion, magie, pitié, tout ce qui se dissimule dans l’économie de la jouissance » (Lacan, J. Autres Ecrits, Le Seuil, Paris,2001 p; 280).
Ce cours prend du même coup, l’enseignement de Lacan dans la parenthèse qui va du point tournant de 1964 (où Lacan est libéré de l’IPA) à son dernier enseignement ( » D’un discours qui ne serait pas du semblant ») et même au-delà.
Il donne lieu à la formulation d’une théorie psychanalytique généralisée du semblant —inédite jusqu’ alors—, tandis que l’on assiste à l’élévation de cette notion à la hauteur d’un concept. La doctrine qu’il formule n’est pas de simulacre, elle n’est pas le miroir du réel, elle est démontrée dans son rapport à l’effectuation de l’acte psychanalytique. C’est une théorie pour la pratique. Et d’une puissance telle, qu’elle fait presque apparaître les sciences « dures » comme une rêverie.Miller l’annonce dès la première leçon: il en montrera les usages. Pour quoi l’usage? Pour incider sur le tragique de la condition humaine, la condition des êtres de parole, divisés par cela même, et pour lutter contre les propriétaires attitrés de la vérité, ceux qui parlent à la place du père, mais aussi contre les écouteurs de la souffrance, les victimologues fomenteurs d’impuissance et de dépression , ceux qui confondent la psychothérapie et la psychanalyse ou aussi bien la sociologie et la psychanalyse, en ravalant son emploi au recyclage de la pop-culture et en la vouant au relativisme. Les semblants —paradoxalement— indiquent la place de la psychanalyse reine.
Le semblant est un concept complexe d’où la nécessité d’enseigner sa véritable nature. Ce n’est pas le contraire de la vérité, ce n’est pas non plus l’imaginaire, en fait il ne se réduit à rien de connu, il subsume tous les concepts les plus éprouvés de la psychanalyse dont Freud et Lacan ont déployé la valeur opératoire, il les rassemble, il les dépasse. Il les ébranle aussi, pour en renforcer l’usage.
Notre étude examinera sept points en sept rencontres:1: Une théorie généralisée du semblant
2: Le père comme semblant
3: La position féminine et les semblants
4: Le phallus semblant hors pair
5: L’objet a est un semblant
6: La vérité dans le jeu des semblants
7: Semblant et savoir.