L’ÉVEIL DU PRINTEMPS AU XXI° SIÈCLE
JEUDI 25 SEPTEMBRE À 21H15
31, RUE NAVARIN-PARIS 9°
L’Envers de Paris a choisi de mettre au travail pour cette 2° soirée de préparation aux Journées de l’Ecole, dans le cadre de la thématique » Printemps précoces : sex machine et mythologies du cœur » une réflexion sur l’amour et la sexualité chez les adolescents d’aujoud’hui.
Le déclin du Nom du Père n’est pas sans incidence sur la réponse apportée à l’énigme du désir maternel. Il ne s’agit pas tant maintenant de la signification phallique, soit de l’Autre du sexe, que de l’objet a, soit le « Un » de la jouissance autoérotique. De plus en plus, nous constatons une tendance à ce que l’enfant lui même se trouve venir occuper cette position d’objet.
Parallèllement, on assiste à une objectivation du corps qui tend à devenir un objet de consommation comme un autre, éventuellement échangeable et monnayable, et à un pousse-à-jouir qui s’affiche sur tous nos murs et nos écrans, laissant croire possible une jouissance sexuelle parfaite. Par ailleurs, la différenciation moins tranchée des rôles sexuels rend plus contingente encore la construction pour chacun de son identification à un genre.
Quels sont les effets de toutes ces évolutions sur le trauma de la rencontre avec l’Autre sexe pour les adolescents actuels? Quels moyens trouvent-ils pour border, ou cerner ou voiler cette faille du symbolique? L’idéal de l’amour fait-il encore croire en la possibilité du rapport sexuel ?
Quelles en sont les conséquences sur le nouage R, S, et I? Le recours à un 4° rond, à une invention sinthomatique qui les fasse tenir ensemble, s’avère-t-il plus souvent nécessaire?
Annie Dray-Stauffer
Philippe Lacadée, auteur de « L’éveil et l’exil. Enseignements psychanalytiques de la plus délicate des transitions : l’adolescence » animera la soirée et en introduira le thème :
L’éveil du rêve ou le style addictif.
Quelles conséquences pouvons nous déduire, de l’inattendue rencontre entre ce qui de ce temps logique de l’adolescence , là où l’éveil de la pulsion met à mal, ou en tension vive ce qui reste des idéaux, et le fameux mathéme de la modernité ironique proposé par JAM: a > I.? C’est là, le changement le plus radical à relever depuis les définitions freudiennes, de la métamorphose de la puberté. Quelle vie sexuelle se dessine dans la vie amoureuse d’aujourd’hui ? Quid, à notre époque, de leur destin comme homme ou femme sexué, là où pour certains la dette symbolique leur a été ravie?
Claude Quenardel et Rose-Paule Vinciguerra viendront nous en donner témoignage à partir de leur pratique.
-Claude Quenardel : Un rapport sexuel » embarrassant » :
Qu’est ce qui se dit du sexuel dans une consultation de « psy » à l’hôpital ? Je vous parlerai de mon expérience de psychologue dans une consultation de gynécologie obstétrique avec de jeunes femmes qui viennent demander une IVG. Sans être traditionaliste ni moralisateur, le psychanalyste travaillant dans un tel service ne peut partager l’enthousiasme d’une équipe soignante toujours plus disponible à répondre à cette demande, et qui améliore chaque année ses performances, sans pour autant étancher les débordements de jouissance, l’angoisse, la brutalité d’une telle intervention sur le corps.
C’est tout particulièrement le cas chez des femmes pour lesquelles les avortements à répétition constituent un véritable symptôme. Elles illustrent un type moderne de jouissance : multiplication des partenaires, autodestruction… quand aucun signifiant de l’Autre n’oriente leur jouissance.
A travers ces relations sexuelles en série, qu’inscrivent-elles dans leur corps ? S’agirait-il d’une mise en acte du non-rapport sexuel, alors même que le monde actuel leur fait miroiter qu’un accord sexuel serait possible via une jouissance sexuelle parfaite qui existerait pour tout le monde ? Ne s’agit-il pas du trauma de la rencontre avec l’Autre sexe lorsqu’il n’est plus voilé par l’idéal de l’amour et qu’il devient un » truc embarrassant « , un réel impossible à supporter ?
-Rose-Paule Vinciguerra : « L’exil du rapport sexuel »
Elle dépliera le cas clinique d’une jeune fille venue consulter depuis peu pour une no sex attitude. A suivre Lacan, il y aurait à la fois rapport sexuel et pas rapport sexuel. D’une part en effet, ce qui peut faire rapport sexuel est » un rapport intersinthomatique » avec le partenaire; mais d’autre part, en tant qu’il n’y a pas de rapport, le corps jouit dans une solitude à deux ou bien en parlant. »
Annie Dray-Stauffer, Elisabeth Frantz, Carole Herrmann, et Federico Ossola seront les discutants.