Controverse – « N’importe qui peut se proclamer psychothérapeute »
Dans Le Point n°1868, le psychanalyste Jacques-Alain Miller partait en guerre contre une loi visant à réglementer la profession de psychothérapeute. Bernard Accoyer, auteur de l’amendement qui a mis le feu aux poudres, lui répond.
Bernard Accoyer, président de l’Assemblée Nationale
Qui veut la mort des psys ? Certainement pas le législateur ! Ne prétendant ni encadrer la prise en charge psychologique, ni remettre en question, en quoi que ce soit, la psychanalyse, le législateur a souhaité par la loi du 9 août 2004 protéger les personnes, en comblant un vide juridique par lequel tout un chacun peut s’autoproclamer psychothérapeute, sans aucune garantie de formation ni de compétence.
Les victimes de ces psychothérapeutes autoproclamés se comptent en France par milliers. Par incompétence ou par appât du gain. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, les familles de malades, les associations de victimes ne cessent de le répéter. C’est uniquement à cela que le législateur a entendu remédier.
Aux termes de la loi ne pourront publiquement faire usage du titre de psychothérapeute que les personnes inscrites sur un registre national, consultable par tous, attestant une formation en psychopathologie clinique. Toute personne en souffrance psychique, psychosociale ou psychopathologique aura donc, enfin, la garantie de s’adresser à un professionnel correctement formé. Le sens de la loi comme la volonté du législateur ne doivent pas être travestis par des amalgames historiques douteux, occultant la vérité et brouillant le débat. L’ennemi, ce n’est pas le psy ; l’ennemi, c’est l’incompétence, l’absence ou l’insuffisance de connaissances, parfois la malveillance. Le vrai problème est que, près de quatre ans après l’adoption de la loi, le décret d’application n’a toujours pas été publié. Et cela, parce que des psychothérapeutes autoproclamés, ne voulant rien changer, s’emploient à empêcher cette publication. S’il y a des « officines obscures », c’est là qu’elles se trouvent, et non chez le législateur, qui, au contraire, recherche la transparence.
Refuser le décret, c’est refuser cette transparence, ce droit à l’information et le droit à des soins dispensés par des professionnels formés. Je fais confiance à Roselyne Bachelot et à Valérie Pécresse pour que ce décret puisse, enfin, être publié. Un retard supplémentaire signifierait de nouvelles victimes, en droit de se retourner contre les pouvoirs publics. Il faut mettre fin aux abus. Personne, et surtout pas le législateur, ne songe à priver les Français de pouvoir se confier, en toute liberté, au psychiatre, au psychologue, au psychanalyste ou au psychothérapeute qu’ils auront choisi. Comme médecin, comme député, je me suis engagé depuis dix ans pour cette cause évidente qui ne peut plus attendre.