Comment devient-on membre de la NLS ?
Gil CAROZ, président de la NLS
Comment devient-on membre de la NLS ?
Mettons sur le tapis cette question, jamais discutée publiquement au sein de notre École. Il s’agit d’abord de rappeler la procédure, et ensuite de mettre à ciel ouvert ce qui oriente les décisions prises concernant les admissions. Ce texte n’est pas fait uniquement pour informer, il est surtout fait pour ouvrir un débat au sein de notre École sur cette question. NLS-AGORA diffusera volontiers toute prise de position sur ce thème.
La procédure
Selon les Statuts de la NLS, « les demandes d’adhésions sont reçues et instruites par une Commission d’admission nommée par le délégué général de l’AMP ». De fait, selon les mœurs qui se sont établis petit à petit depuis sa création, cette « Commission d’admission » est composée de trois personnes occupant trois fonctions : le président de la NLS, le président de l’EEP, et le président sortant de la NLS. Conformément aux statuts, ces mœurs peuvent être modifiées sur décision du délégué général de l’AMP.
Les demandes d’admission sont adressées au Président de la NLS avec une lettre de motivation et un genre de « CV » qui décrit le parcours du candidat dans la psychanalyse. Chaque demande est examinée, et si il n’y pas de contre-indication à la poursuite du processus, le candidat est adressé vers un des membres de la Commission d’admission pour un entretien. La Commission se réunit pour discuter des candidatures. Une fois établie la liste des personnes qu’elle souhaite admettre comme membres de l’École, celle-ci est transmise au conseil de l’AMP avec quelques éléments essentiels sur chaque candidat. C’est le Conseil de l’AMP qui entérine, ou pas, ces propositions.
Nous ne pouvons pas aborder la question des adhésions à la NLS sans évoquer la question de la passe. Il n’y pas de procédure de la passe dans notre École. Une demande de passe adressée à la NLS sera traitée par un dispositif d’une autre École européenne, ou un dispositif ad-hoc qui sera mis en place à cet effet par la FEEP. Cela dépend entre autre de la langue du passant. Il est possible par exemple de donner son témoignage en hébreu à un passeur nommé ponctuellement qui pourra le transmettre en français ou en espagnol à un des cartels d’une Ecole en Europe. Or, si ce dispositif a fonctionné encore à l’époque de l’EEP-d, actuellement il est très peu utilisé au sein de la NLS. A ce jour, aucune nomination d’AE ou entrée dans l’École n’a eu lieu via la passe.
Par conséquent, les discussions au sein de la Commission d’admission par rapport aux candidatures sont marquées essentiellement par des considérations portant sur les « titres et travaux » et sur les fonctions institutionnelles. Néanmoins, il faut distinguer là deux pans : une politique orientée par la logique institutionnelle, et une autre qui vise la « finalité » de la psychanalyse et qui touche à la question de la fin de l’analyse.
La politique d’institution
L’aspect « politique institutionnelle » n’est pas absent de la politique d’admission de la NLS. Nous avons en effet à assurer des missions pour notre cause. Il nous faut des membres qui ont fait leur preuve dans le domaine de la psychanalyse appliquée. Nous sommes contents quand ils ont un certain charisme, qu’ils sont actifs dans le champ du social et celui de la santé mentale et porteurs de titres reconnus socialement. Pour tout dire, des psychiatres, des psychologues, des directeurs d’institutions : c’est bon pour notre cause.
Il est arrivé que, par souci de maintenir un équilibre entre les sensibilités d’un groupe, les admissions ont été comptées. Rien d’étonnant qu’en poussant cette logique jusqu’à son point extrême, certains groupes de la NLS aient pu penser que l’École devait se contenter des recommandations venant du groupe pour décider des admissions.
Il saute aux yeux qu’une rectification est à opérer pour rester sur la voie d’une École de psychanalyse selon Lacan. Il suffit de nous inspirer du dispositif de la passe pour nous rappeler que les groupes et les sociétés n’ont pas à devenir les gardiens de la porte d’entrée à l’École. Nous avons tout intérêt à ouvrir la voie vers l’École à des membres des groupes qui ne sont pas parmi les « notables » et les plus reconnus. Ainsi, même si la passe n’a pour le moment qu’une très mince présence au sein de la NLS, elle constitue un horizon qui trace une limite à la politique institutionnelle comme seule orientation.
Politique d’admission selon la « finalité »
Le peu de présence de la passe à la NLS n’empêche pas une certaine forme de questionnement que la Commission d’admission peut avoir concernant la position subjective du candidat, et la façon dont son analyse a noué sa cause intime à celle de la psychanalyse. Certes, nous ne pouvons rien savoir de la traversée du fantasme et du plan des identifications chez le sujet du candidat, encore moins sur sa jouissance la plus singulière. Nous n’avons même pas les moyens de vérifier si l’analyse du candidat a bien commencé. Il n’empêche que nous tentons d’évaluer à quelle mesure la demande de rentrer dans l’École reflète un engagement pour la cause analytique qui l’emporte, ne fut-ce qu’un tout petit peu, sur sa volonté d’être reconnu, mentionné dans l’annuaire d’une École, etc. Nous nous servons à cet effet de l’énonciation du sujet, mais aussi de ce qu’il nous dit de son parcours, de ses activités cliniques, de son investissement dans la formation théorique.
Cette évaluation ne peut être qu’un grand « à peu près ». Elle se base sur un regard extérieur, un jugement fait par des personnes qui ont certainement leurs propres points aveugles, et ceci sans le dispositif de la passe qui garantit un certain degré de jugement véridique. Par ailleurs, nous sommes bien conscients de ce qu’un militantisme orienté par un idéal n’est pas toujours facile à distinguer du travail décidé d’un désir qui prend le sujet dans la chair. Mais nous n’avons pas d’autres moyens pour le moment. De là l’importance que la question soit ouverte au débat au sein de l’École.
Les adhésions aux Groupes et Sociétés de la NLS
Si il est bon que les Groupes et les Sociétés ne prennent pas en charge la porte d’entrée de l’École, ils ont tout à dire par rapport à la qualité de membre du Groupe. Enfin…presque, et cela dépend du rapport que le groupe et ses instances souhaitent avoir avec l’École.
Le Comité exécutif, lui, souhaite avoir un regard sur ces admissions aux Groupes et Sociétés de la NLS. Ces groupes portent, d’une façon ou d’une autre, les signifiants de la NLS, et la nouvelle forme que prend le groupe à chaque fois qu’il admet des nouveaux membres, engage la responsabilité de l’École. Or, sur ce point, il y souvent des discussions, des désaccords. Rien de grave, mais parfois ça grince un peu entre les instances. Tel un papier de tournesol, cette question donne une indication sur la présence de la dimension de l’École de Lacan dans les Groupes et Sociétés : vous voulez savoir quel type de lien à l’École existe dans tel ou tel groupe ? Allez voir ce qui est établi entre les instances des groupes et le Comité exécutif par rapport aux admissions des membres du Groupe.
Aujourd’hui (ce n’était pas toujours le cas), il y a un échange régulier sur cette question avec la plupart des Sociétés. Les entretiens d’admission se font par les instances de la Société, mais les décisions sont prises en coordination avec le Comité exécutif. Dans certains cas, quand une question particulière se présente, il est proposé au candidat de rencontrer un membre du Comité exécutif. Pour les groupes qui sont d’une certaine façon plus éloignés de l’École, un tel échange n’est pas pensable pour le moment, et ceci reflète un rapport plus méfiant à l’École. L’implication de l’École dans les admissions de membres des groupes est alors vécue plutôt comme une intrusion non légitime.
Notons la particularité des groupes du Champ freudien en Europe de l’Est. Ces groupes qui ne sont pas de la NLS sont liée néanmoins à la NLS via Le Secrétariat de l’Europe de l’Est. Ce Secrétariat propose au Comité exécutif la nomination de « Correspondants » à la NLS qui sont nommés pour un temps limité de deux ans.
Pour conclure
On peut constater que la question des adhésions à la NLS ouvre sur une série de questions qui concernent l’Ecole dans son ensemble, et notamment celle de la présence de la passe à l’horizon de l’École. Elle ouvre aussi sur des questions délicates qui concernent le lien que les Groupes et les Sociétés souhaitent, ou pas, avoir avec l’École. Pourrions nous débattre entre nous sur ces questions ? Sommes-nous déjà mûrs pour le faire ? Je ne sais pas. Mais peut-être nous n’avons plus le droit d’attendre encore, car tôt ou tard nous risquons de payer le prix du « ne rien vouloir savoir » sur la question. Je prends donc le pari de lancer ce débat.
Gil Caroz
Président de la NLS(In English in a few days)
VIth CONGRESS of the NLS
“The body and his objects in the Psychoanalytic Clinic
Ghent, 15-16 March 2008
VIème Congrès de la NLS
“Le corps et ses objets dans la clinique psychanalytique”
Gand, 15 et 16 mars 2008