Communiqué de l’AMP
Avec le décès de Gerardo Mansur, nous avons appris la mort d’un pionnier de la psychanalyse lacanienne en Argentine, d’un « lacanien de la première heure » comme l’a bien dit le Cordobais de Paris, Luis Solano.
J’ai rencontré Gerardo Mansur dans la période où, avec Jacques-Alain Miller, nous avons appris à connaître les divers groupes lacanien qui existaient en Argentine. C’était à Buenos-Aires en 1981, à la suite de la Rencontre de Caracas en 1980.
Dans la seconde ville d’Argentine, Cordoba, ville traditionnellement reliée à l’intérieur du pays par des liens multiples, en particulier universitaires, Gerardo Mansur lisait Jacques Lacan depuis 1967. C’est en 1978 qu’il est co-fondateur avec Maria Novotny de Lopez et Henoch Bringas, de l’Ateneo Psicoanalitico de Cordoba, groupe psychanalytique qui se déclare « freudo-lacanien ». Dès 1981, ce groupe commence son travail avec le Champ freudien.
Des liens de travail se tissent, l’Ateneo participe aux Rencontres internationales du Champ freudien à partir de 1982 et organise bientôt des journées qui témoignent de ce travail en commun. La position excentrée de l’Ateneo de Cordoba par rapport aux groupes de Buenos-Aires lui permet de jouer un rôle de facilitateur. Ce seront d’abord les « Premières journées internationales de psychanalyse Jacques Lacan », en 1984, puis en 1987 les « Premières journées nationales du Champ freudien en Argentine ». Le « Mouvement vers l’Ecole » qui marque toute l’année 1991 débouche le 3 janvier 1992 sur la fondation de l’EOL où la section de Cordoba tient, dès le début, une place éminente. Je me souviens d’un voyage à Cordoba cette même année, de la chaleur communicative de l’accueil et de l’allégresse de la communauté psychanalytique alors réunie.
Gerardo Mansur était un enseignant infatigable, que ce soit à l’Université Nationale, ou au sein du Colegio freudiano de Cordoba, institution liée au champ freudien. Il orientait la formation de ceux qui le suivaient vers la clinique et la pratique psychanalytiques dans toute l’extension de leur champ. Il a souvent commenté le texte classique de Lacan sur la « Direction de la cure ». Il a publié des cas de névrose mais aussi de psychose, et son cas de « l’homme au pull-over » suivi de longues années, reste dans les mémoires. Plus récemment, il s’est interrogé sur le statut psychanalytique de la dépression. Il ramassait son abord de la clinique dans l’orientation lacanienne sous le titre « Pour une clinique de l’extimité » à l’occasion des « Journées annuelles de l’association du champ freudien de Bolivie » à Cochabamba.
Il s’était en effet attaché à transmettre son enseignement aussi bien à l’intérieur du pays, spécialement à La Rioja et Mendoza, qu’à l’extérieur, au Chili ou en Bolivie. Il participait ainsi à l’extension des activités de l’Institut Oscar Masotta du champ freudien (IOM) et aidait aux travaux de la section internationale de l’EOL.
Son décès, des suites d’une longue maladie, nous prive de son apport. Son souvenir, vivant, accompagnera les développements futurs de l’EOL et de l’IOM. Pour le moment nos pensées se tournent vers son épouse Perla, qui l’accompagna très étroitement, et sa famille. Nous les assurons de toutes nos condoléances.
Eric Laurent
22 décembre 06