Je commence ma participation au blog de l’AMP, en soulignant les échos extraits de la vie quotidienne et qui me touchent intimement au point d’écrire. L’estrait que je vous apporte aujourd’hui provient de réflexions et de lectures sur la situation du Brésil, en se basant sur la psychanalyse d’orientation lacanienne et de ce que je peux apprendre par l’art.
Reconnu pour ses beautés naturelles et favorisé par l’abondance de ressources énergétiques et environnementales, le Brésil a été mis en évidence dans le monde entier par d’autres facettes. Dans les différents médias sont diffusés de nombreux cas de corruption, le déclin continu de la croissance économique, le taux croissant de chômage, les dégradations de l’écosystème, les actes imprégnés de violence… qu’explicitent une réalité choquante. Ainsi, un scénario se construit qui nous renvoie aux domaines politique, social, environnemental et économique, `a cause de preuves qui suscitent des réflexions. Cela parce que, les dimensions et les répétition de ces faits permettent que le signifiant “crise” soit l’un des plus présents dans les expressions des Brésiliens.
Je me tourne vers l’étymologie pour souligner que le mot “crise” vient du latin (crisis) et désigne un “moment où il faut décider si un sujet ou la poursuite d’une action doivent être maintenus, modifiés ou interrompus ; moment critique ou décisif”.[2]
Donc, si le signifiant “crise” demande des vérifications et des changement, il faut considérer que la plupart des mouvements qui visent à déchiffrer et même à résoudre les impasses de la contemporanéité ont recours au sens. Dans cette direction, se laisser tromper par son père est une voie inévitable. Il s’agit d’une recherche incessante pour trouver des réponses que les technosciences et les manifestations capitalistes nous fournissent. Les espaces ou les conseils thérapeutiques, les promesses véhiculées par le marketing et les informations en ligne qui mobilisent un grand nombre de personnes et dirigent les positions, en marquant que “la toute nécessité de l’espèce humaine était qu’il y ait un Autre de l’Autre. C’est celui-lá qu’on appele généralement Dieu […]”[3].
Cette recherche incessante de solutions demandées du nouveau maître n’empêche pas que chacun fasse face aux imprévus, em favorisant la rencontre avec ce qui n’a pas de loi et devant lequel on n’a pas de mots. Ainsi, j’estime que la désorientation liée aux déconnexions incessantes favorise aujourd’hui la présence du signifiant “crise” de manière illimitée.
Et par conséquence, nous voyons beaucoup de gens qui se posent, comme objet, débattant devant le réel, essayant de s’accrocher aux promesses enchanteresses.
De cette manière, la réalité choquante, la crise ininterrompue dans divers domaines et la recherche de sens nous rappelle une époque où la comptabilité domine, alliée dans certains cas à des mouvements visant la révolution. En conséquence, les expressions de désorientation sont de plus en plus variées.
“L’effort de poésie, c’est tout ce qu’il nous reste, quand l« Encore un effort pour être révolutionnaires » a été retiré de l’affiche. C’est pourquoi même l’effort de poésie apparaît suspect, suspect d’être l’écho de la Révolution.”[4]
Dans cet effort, ce qui est important est l’existence d’un mouvement pour toucher le parler. Ainsi, les événements pourraient faire revivre l’angoisse et, pour quelques un, faire de chaque “tremblement” une période qui va au-delà des plaintes ? Cette déstabilisation à partir de ce que le contexte met en évidence en mobilisant la subjectivité, permet-elle la vérification des limites des discours de la science et du capitalisme ?
Voici une direction qui considère la rupture, déplacée de l’impératif de tout couvrir et résoudre. Cela étant “Si les gens dénoncent ce qu’ils appellent l’intellectualisation, c’est simplement qu’ils sont habitués par expérience à s’apercevoir qu’il n’est nullement nécessaire ni nullement suffisant de comprendre quelque chose pour que quoi que ce soit change.”[5]
Clarice Lispector (1920-1977)
Mais si le redémarrage devient important, surtout dans les moments difficiles, qu’il soit guidé par une sensibilité intelligente, comme le décrit Clarice Lispector. Contrairement à l’intelligence pure, dont l’écrivaine a profité, la sensibilité intelligente l’a guidée, a été importante pour elle pour vivre et comprendre les autres. Cette sensibilité intelligente serait-elle une disponibilité pour être en vie, sans rien attendre de sa part, guidée par la condition que chaque moment est unique et susceptible d’inventions ?
Mon pari suit cette perspective, qui conduit à réfléchir s’il y aurait une des grandes contributions des artistes aux psychanalystes : être en vie, en la construisant tous les jours. Cela suppose des prise de décision, des interruptions et des changements. Une perspective qui rend possible au psychanalyste de suivre son époque. Après tout, “L’analyste n’est pas l’indifférent, il n’est pas celui qui ne choisit pas, parce qu’il a une éthique. Le seul fait que Lacan ait cru pouvoir développer une éthique de la psychanalyse comporte qu’il y a un choix dans la position même de l’analyste. Remarquons que le mot éthiquen’est pas celui de moraleet qu’il inclut volontiers la politique.”[6]
Traduction en français: Antonia Claudete Amaral Livramento Prado.
[1]N.A.: “Sensibilité intelligente”, c’est le nom d’une chronique de Clarice Lispector. In: LISPECTOR, Clarice. Aprendendo a viver. Rio de Janeiro: Editora Rocco, 2004, pp. 224.