Notre collègue Catherine
Lazarus-Matet me communique à l’instant le fait
suivant, dont elle vient
d’être informée. M. Gérard Larcher, ancien président du
Sénat, et sénateur, a pris l’initiative de se rendre aujourd’hui même à
l’Ambassade d’Iran à Paris. Il y a fait part à qui de droit de l’intérêt
personnel
qu’il prenait au sort fait à Mitra Kadivar. Il a souhaité que les autorités
responsables puissent la rendre rapidement à ses patients, à ses élèves, et
à ses
amis du monde entier.
Je crois porter la parole de la communauté psychanalytique française et
internationale en lui adressant le témoignage de notre reconnaissance. Cette
démarche sans précédent, et qui n’a pas été sollicitée, ne témoigne pas
seulement
de l’humanisme de celui qui fut de 2008 à 2011 le second personnage de
l’Etat.
Elle honore notre pratique en la personne de Mitra Kadivar, médecin iranien,
psychanalyste formée à Paris, désormais « cause célèbre » de la psychanalyse
dans
le monde.
Cette cause est aussi celle des femmes, qui sont partout les premières à
porter
l’étendard des libertés comme à servir la cause freudienne, avec une
intrépidité
dont, psychanalystes, nous savons les ressorts inconscients. Hommage à Rafah
Nached ! Hommage à Mitra Kadivar ! Et si – qu’à Dieu ne plaise – il devait y
en
avoir une troisième comme le veut le proverbe, celle-ci saura qu’elle peut
compter
sur l’union sacrée des psychanalystes de la planète.
Après quoi nous retournerons à nos disputes, les unes de grand empan,
beaucoup d’autres subalternes, voire médiocres – et, comme le disait
Boileau, cité
par Lacan, « Il n’est point de degré du médiocre au pire. » Le sublime doit
être
révéré, et sauvé à tout prix. Nos grandes querelles, dont celles de Lacan ou
de
Klein méritent d’être poursuivies. Le médiocre sera méprisé, et le pire,
écrasé.
Jacques-Alain Miller