Numéro 4, mai 2012
Éditorial
par Dominique Holvoet | le 17 mai 2012
Ce numéro spécial autisme s’inscrit dans le grand débat provoqué par la récente tentative d’une agence d’évaluation française (HAS) d’éradiquer la psychanalyse du traitement de l’autisme au profit des méthodes comportementales, opération soutenue par certaines associations de parents.
Pourtant, comme l’écrit ici Céline Aulit, les parents sont bien peu respectés par les tenants de ces méthodes qui commanditent simultanément les recherches visant à éradiquer la psychanalyse du travail avec les autistes. Par leur travail de lobbies ils excluent toute possibilité de choix laissés aux parents. Or c’est dans cet intervalle de choix qu’une rencontre singulière peut éclore tant pour l’enfant que pour son parent.
Ce numéro donne la priorité au cas clinique. Une par une sont détaillées les rencontres de psychanalystes avec des sujets autistes – pas nécessairement le psy en cabinet, mais l’intervenant qui accompagne l’enfant en institution dans une pratique à plusieurs d’orientation lacanienne. Témoignent ainsi tour à tour de l’enseignement qu’ils ont tiré de ces rencontres Jean-Pierre Rouillon, directeur du Centre Nonette à Clermont-Ferrand, Philippe Bouillot, Sophie Le Goff, Jeanette Valinas, tous trois responsables au Courtil ainsi qu’Agathe Sultan psychologue en CMP dans le Nord de la France ou encore Virginio Baio d’Italie, Audrey Popille ou Agathe Merlin de Rennes.
Virginie Leblanc épingle les positions de neuro-cognitivistes comme Laurent Mottron à Montréal qui a inclu dans son équipe des chercheurs autistes. Ainsi, avec Michèle Dawson, son laboratoire de neuropsychologie québécois conteste farouchement l’intervention comportementale intensive. Rien n’est simple dans le monde de l’autisme, c’est ce qui fut argumenté lors de la conférence de presse de l’ACF Belgique qui s’est tenue à Bruxelles il y a quelques jours, à lire dans ce numéro. A la pointe de l’actualité, Courtil en ligneS, par la plume de Juliette Parchliniak, rend compte également du Forum sur l’autisme, qui s’est tenu à Lille ce samedi 12 mai.
Guy Poblome a quant à lui rencontré Ivan Ruiz, d’Espagne, à propos de son film sur l’autisme où témoignent notamment des parents sur la pertinence du traitement psychanalytique pour leur enfant autiste. Marie Bremond s’est entretenue avec Timothy Archibald, photographe américain de renom qui a offert à Courtil en LigneS trois clichés exceptionnels réalisés avec son enfant autiste.
Ce numéro spécial est exceptionnel. Sans doute est-ce parce-qu’il y a dans la réponse autistique quelque chose qui nous parle au-delà des mots : un discours sans parole. Catherine Heule donne pour conclure l’écho qui convient au livre de nos collègues Rouillon et Chatenay : Les autistes doivent-ils nous écouter ou devons-nous les entendre ?