Lundi 19 mars ECF, 1 rue Huysmans Paris, à 21h15
Descartes et les femmes Les femmes sont très présentes dans la vie et la correspondance de Descartes : la servante, la fille, la Princesse, la Reine, autant de figures de son destin. Cette séance, nous recevons un collègue norvégien, Kjell Soleim. Il a consacré à Descartes un travail important et nous fait le plaisir de venir nous en parler. Il traitera la question suivante: L’ambiguité de Descartes au sujet de la difference sexuelle. On trouve, dans Les Passions de l’âme (Art. 90), un discours explicite sur « la différence du sexe » où celle-ci serait « mise dans les hommes » par la nature de façon que « confusément », l’acquisition d’une personne de l’autre sexe (« l’autre moitié » d’un tout) est représenté comme « le plus grand de tous les biens imaginables ». C’est dans un discours d’apparence scientifique que Descartes nomme « agrément » cette passion que la nature aurait instituée pour qu’on se représente la jouissance de ce qui nous attire vers l’autre sexe comme « le plus grand de tous les biens ». On dirait que, selon ce discours, la nature aurait institué un rapport sexuel qui puisse s’écrire sur le mode du nécessaire : l’attrait (« l’agrément ») ne cesserait pas de s’écrire. D’autre part, on trouve un discours sur la passion de l’admiration où se fait connaître une distinction entre ce qui, par l’intervention de la science, cesse de surprendre (et d’exciter l’admiration) et ce qui ne cesse pas de surprendre. Cette dernière distinction semble correspondre avec la différence entre le tout et le pas-tout. Chez Descartes, l’admiration qui ne cesse pas porte sur Dieu, parce qu’il est « immense » (immensus : il ne se laisse pas mesurer). Or, on se demande si « l’agrément » qui nous attire vers l’autre se laisserait différencier selon la nature de l’admiration qui rende cette attraction possible : selon qu’elle porte sur quelque chose « d’immense » ou sur quelque chose qui se laisse circonscrire comme un tout.