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JOURNAL DES JOURNÉES N° 51
le mercredi 28 octobre 2009, édition de 21h 15
Jacques-Alain Miller communique : Les soixante paires du samedi sont formées ; les ultimes tirages au sort, destinés à réunir les paires de manière à former les 20 superséquences, et à assigner celles-ci aux salles, auront lieu ce soir à 21h30 rue Huysmans. Entrée libre. Le hasard sera donc le dernier à intervenir dans la composition du programme. Une fois l’opération achevée, le programme sera diffusé demain matin par le Journal, qui vous communiquera également l’adresse électronique où vous trouverez le formulaire Holvoet, vous permettant d’indiquer en ligne vos choix préférentiels. Vous verrez, c’est très simple quand on est devant le formulaire. Delcourt est aux commandes du logiciel vous assignant la superséquence du matin et celle de l’après-midi les plus proches de vos préférences les plus élevées, en fonction du choix des autres participants et de la contenance des salles. Il veillera à assigner tous les orateurs à la séance où ils doivent parler. Dans un second temps, vendredi, je choisirai et solliciterai les présidents de séance, qui, évidemment, obtiendront en plus un badge leur donnant accès à la séance qu’ils accepteront d’animer. Je ne dis pas qu’il faudra toujours faire comme ça, mais cette fois-ci, vu le thème, cette procédure est dans l’esprit des Journées : la « tyrannie de la transparence » (G. Wajcman). Une quinzaine de textes qui ne figureront pas cette fois dans le programme des Journées sont restés en course jusqu’au dernier moment, j’en informerai les auteurs. Je demande seulement à eux qui auront le désagrément de ne pas trouver leur nom dans le programme un petit délai avant de prendre contact avec eux. Je vous mets en attaché les deux documents à partir desquels vont se faire les tirages au sort : Doc. 1 : l’ébauche des 20 sigma, les superséquences qui seront, de 01 à 10, les matinées, et, de 11 à 20, les après-midi. Doc 2 : les 30 séquences (les 30 paires) qui seront distribuées par tirage au sort dans les 20 superséquences. Le troisième tirage au sort assignera les superséquences ainsi complétées aux dix salles. Susanne Hommel : Chez Lacan La première fois que j’ai vu, je dis bien vu, le nom de Lacan, c’était dans une librairie. Après chaque séance avec un analyste de l’IPA, je cherchais des livres de psychanalystes. Je lisais tout, Karen Horney, Erich Fromm et je suis tombée sur « Ecrits » de Jacques Lacan. Comme tous les autres, il était mort, pour moi. J’ouvre le livre, je lis le début de « La lettre volée », et je me réveillais. J’avais attendu ça depuis toujours. Une langue qui divise. En bas de page, j’ai vu qu’il donnait un séminaire à Paris. La semaine suivante j’étais à son séminaire. C’était le premier pas. Le deuxième pas était la participation à des séminaires et des cartels de l’EFP. Plusieurs membres d’un cartel dont je faisais partie et qui lisait « L’Ethique de la Psychanalyse » furent nommés membre de l’Ecole, j’étais obligée de demander d’être membre. Je n’y aurais jamais pensé. Donc je l’appelle Lacan, la peur au ventre. Il me reçoit à 9 heures du matin, en peignoir. « Je fais de la gymnastique tous les matins, il faut bien que je me maintienne en forme. » Tout était surprise, tout renversait mes certitudes, mes préjugés. Un grand psychanalyste en peignoir.. Lacan qui me parle de gymnastique. Mens sana in corpore sano, c’était pour les Allemands, les nazis, pas pour un génie français. Tout ce qui était sport, corps en bonne santé était honni, un corps « nazi », selon moi. « Je viens vous demander d’être membre de l’EFP. » « Mais je vous demande d’être membre de l’Ecole. Pas tout le monde veut devenir membre de l’Ecole. » Surprise. Pour moi, il était évident que le monde entier voulait être membre de l’EFP. [Extrait de son exposé aux Journées.]
********* LE DEBAT DE L’ECOLE Sont successivement entrés dans le débat, par ordre chronologique : Nathalie Jaudel, Jean-Daniel Matet, François Leguil, Lilia Mahjoub, Carole La Sagna. Et maintenant, Nathalie Jaudel et J.D. Matet reviennent.
Jean-Daniel Matet : Conseil et Directoire, instruments de la politique de l’Ecole La brise qui nous parvient dans ce Journal des Journées pourrait nous faire gonfler d’orgueil, quand Jacques-Alain Miller nous adresse quelques jugements pertinents ad hominem, si nous n’apercevions pas l’éclat du manque que l’évocation du point fort fait apparaître. Echos du rapport que chacun a gardé à sa propre analyse. Dans le Journal des Journées n°45, Nathalie Jaudel dit avec talent qu’elle préfère les vrais grands débats auxquels les invités de « L’année-Dieu » avaient participé, aux affres du débat avec l’administration et les pouvoirs publics, pour obtenir la reconnaissance utilité publique, pour défendre la psychanalyse quand elle est menacée. Dans sa réponse, Lilia Mahjoub nous rappelle comment elle a dû engager son autorité et sa détermination dans chacun de ces combats, pour que l’École en sorte grandie au service de la psychanalyse. Avoir un projet pour l’Ecole ne saurait se passer de ces contributions, qui font circuler, avec le style de chacun, l’esprit d’une ambition commune pour la psychanalyse lacanienne. C’est la leçon institutionnelle que je retiens du n°49 du JJ, quand JAM nous propose un fonctionnement qui fait la part belle aux qualités de chacun, celles qui émanent de ce qu’a laissé comme traces l’analyse, orientant le désir et la mise en jeu d’un reste de jouissance. C’est dans cet esprit que je me présenterai devant l’Assemblée générale, en annonçant clairement les fonctions que je souhaite exercer, en indiquant à ciel ouvert ce que je souhaite faire. Les statuts d’utilité publique m’y autorisent. Je n’exprime là que des intentions, rien ne s’oppose à ce que je les exprime. Voter pour des personnes une par une n’est pas contradictoire avec l’idée d’orienter son vote dans la perspective d’une cohérence, nécessaire au fonctionnement d’une équipe. Comme je l’avais annoncé, je souhaiterais donc que vous apportiez vos suffrages à Jean-Pierre Deffieux pour la trésorerie. La rigueur qu’il a déployé dans la gestion d’UFORCA, doit maintenat profiter à l’Ecole. Á la vice-présidence, Pierre Naveau, qui occupe actuellement cette fonction, sera le lien avec le Directoire précédent, dans de nouvelles attributions (cf. le fonctionnement du directoire, JJ n°45). Le secrétariat est un poste exigeant pour maintenir le niveau des prestations administratives, et s’assurer de la transmission, vers l’Ecole, ses membres et ses entours, de l’action du Directoire et du Conseil. Anne Ganivet-Poumellec, qui a déployé ses compétences à l’EURL, apportera à cette fonction toute la rigueur nécessaire. Avec leur accord, j’associe donc à ma candidature celle de ces quatre collègues, pour constituer l’équipe du Directoire pour les deux ans à venir. Le volume des projets auxquels les instances de l’Ecole ont à faire, ne permet pas de concentrer l’ensemble de la réflexion politique, et de sa mise en œuvre, sur les seules membres du Directoire, qui, en dernier ressort, décident. Je souhaite donc associer plus étroitement les membres du Conseil au fonctionnement régulier de l’École. Émanation de l’Assemblée générale, ils apprécient et contrôlent l’action du bureau (Directoire), et à ce titre, participent à l’orientation des décisions que prennent la direction de l’Ecole et sa présidence. Je souhaite ainsi que nous sollicitions régulièrement, par une réunion bimensuelle, en alternance avec celle du Directoire, la collaboration des membres du Conseil, auxquels des missions pourront être confiées. Chaque réunion donnera lieu à un compte rendu qui sera diffusé dans les meilleurs délais. Nous devons trouver le chemin d’une politique qui tiennne compte de la continuité de ce qui anime l’Ecole depuis sa création, tout en ne reculant pas devant les actions nouvelles qu’exige de nous notre époque. Comme le notait Lilia Mahjoub, l’analyse de l’action passée nécessite l’examen de son contexte. C’est la force de notre système permutatif que de permettre d’ajuster notre fonctionnement aux exigences de la temporalité de notre action. Il nous faut donc regarder devant, en sachant que rien que nous allons faire n’aurait été possible sans l’action de nos prédécesseurs. Le passage à l’ECF 3, annoncé par Jacques-Alain Miller, se traduira par l’examen renouvelé de chacune des fonctions exercées dans l’École, afin de susciter l’envie, plus que le devoir, de les exercer. Ainsi, aucun privilège ne sera reconnu pas à la continuité si une perspective nouvelle s’impose dans les différentes fonctions et commissions. ECF 3 nous appelle à un rythme nouveau dans les relations de l’Ecole et ses instances avec ses membres, comme avec tous ceux qui inscrivent dans son sillage leur travail et leur formation.
Nathalie Jaudel : Pour une École liquide Lilia Mahjoub a raison. Carole La Sagna aussi. Et je sais gré à Jean-Daniel Matet de ses « Projets pour une présidence de l’ECF 2009-2011 », très précis, et qui promettent une action inspirée par le « nouveau rapport que le directeur de ces Journées a instauré avec les membres de l’ECF ». De l’inédit, donc ! Parions qu’il saura se montrer inflexible sans raideur, et olympien sans autoritarisme. C’est une question de style. Que ces deux éminentes collègues – qui ont œuvré sans relâche, et avec quels résultats ! pour que vive la psychanalyse – aient raison, me donne-t-il pour autant tort ? « Les vérités ne sont pas plates. Il y a des vérités plates, ce sont des vérités de bon sens, celles de la sagesse des nations. […] Ce ne sont pas les nôtres. Les nôtres ont du relief, et par là même, les perspectives sont multiples. »1 Oui, il faudra des Saint-Simon et des Michelet pour se faire les chroniqueurs des luttes, couronnées de succès, qui nous ont mobilisés depuis 2003. Mais est-ce insulter l’Histoire de rappeler que, s’il y eut six Forums entre novembre 2003 et février 2004, et trois entre février et avril 2005 (sans compter 113 bulletins de l’Agence Lacanienne de Presse, et six numéros de LNA pendant cette période), l’actualité ne nécessitait plus, dès avant l’obtention de la reconnaissance d’utilité publique en mai 2006, la mobilisation militante des membres de l’Ecole sur le front extérieur – à l’exception des deux Forums et du Colloque Déprime-dépression organisés entre fin 2007 et début 2008, il y a presque deux ans déjà… Peut-on dès lors en tirer argument pour justifier la chape de plomb qui régnait sur nos discussions ? Oui, il y a lieu, en cas de danger, de mobiliser ses forces pour y parer, avec « courage et volonté » et l’École, de ce point de vue, n’a pas failli. Il faut sans doute des Saint-Just pour gagner les batailles, et veiller à l’affirmation d’une ligne politique propre à permettre l’extension du discours analytique. Mais qu’ils prolifèrent, et chacun se prend à redouter le sort d’Alice au procès du Valet de Cœur. En théorie, rien n’interdisait aux nouveaux membres de prendre la parole, que ce soit dans les AG ou ailleurs. Mais leurs aînés se taisant, il leur semblait périlleux de le faire. Serais-je la seule à avoir trouvé l’atmosphère de l’ECF, ces dernières années, peu propice aux débats ? Même au CPCT, où la parole a longtemps circulé, et avec quelle liberté, la menace de l’Autre, sous les espèces de l’Autre du financement, a fini par être brandie pour faire taire les voix dissidentes. Il ne s’agit pas de rester fixés sur le passé, ni de nier ce qui a été accompli, encore moins de penser que le mouvement qui prend actuellement forme (ou in-forme ?) « ne trouve son origine que dans la négation de ce qui l’a précédé », mais d’essayer de penser l’École du XXIe siècle, une école moins structurée peut-être, plus liquide, plus fluide, prête à se déformer sous l’action de forces minimes, en nous inspirant de cette indication : « […] un champ s’ouvre pour la psychanalyse, non pas pour l’espoir, mais pour la passion du nouveau. Les psychanalystes de demain ne sont pas les enfants du père, et ne répondront à la norme d’aucune Église. Dans l’ère post-paternelle, chaque analyste est particularisé par la voie propre à lui seul qui lui est ouverte, la voie de son escapade. »2
********* L’AFTER DU PARACLET
Jean-Pierre Klotz (Bordeaux) Bordeaux, entre Vérone et Tombstone (Arizona)? Voilà qui ne me serait pas venu à l’esprit. Peut-être suis-je davantage porté vers Tombstone que vers Vérone, d’autant que l’Arizona n’est pas seulement la patrie des frères Clanton et du sherif Wyatt Earp, mais aussi celle du sénateur MacCain, respectable candidat républicain à la présidence devenu l’un des rares de son camp à bien se comporter aujourd’hui avec Barack Obama. Les Etats-Unis ont largement été un bout de solution pour moi au symptôme bordelais : toujours l’émigration, l’ailleurs!… Je suis résolument pour « l’international », où le XXIème siècle rencontre mon symptôme. Mais il y a aussi le retour à la base, ici à l’École, son réveil, ses perspectives. Faut-il le faire avec Vérone, son malaise emblématique, littéraire, dramatique, mais aussi un haut lieu de civilisation ? Y a- t-il un symptôme bordelais dans l’École ? Bordeaux est une ville radicale (au sens du parti de ce nom), du juste milieu, avec des abysses cachées (cf le blog de mon ami François-Xavier Bordeaux pour aujourd’hui, Mauriac et ses romans pour jadis). Chacun peut s’y retrouver ou s’y noyer selon son symptôme. Mais il y a moins lieu que jamais de le faire jouer dans une École dont la politique de l’amalgame entre les générations telle que définie dans les JJ précédents rencontre mon adhésion pleine et entière. En conséquence, je me considère comme le « supporter » sans ambages de tous les candidats bordelais au Conseil de l’ECF, dans la perspective de renouveau dynamique qu’annonce la mise en mouvement actuelle. Foin de Capulet et de Montaigu, ni d' »Embrassons-nous Folleville », il s’agit juste de se mettre dans la meilleure position pour « y aller » encore. Je ne suis pas supporter de la NRA (National Rifle Association, puissant lobby américain en faveur du port d’arme), plutôt de l’ONU dont l’ECF est maintenant ONG. Il faut se défier des « massive destruction weapons », même quand elles n’existent pas (cf Irak).
Carole La Sagna (Bordeaux)
Je vois ce que vous voulez dire. Ce qui compte à Bordeaux maintenant, c’est la « Génération Forums » qui est certainement une des plus dynamiques et des plus actives de France. Cette génération a su ne pas épouser certaines vieilles querelles. Ce qui caractérise les Bordelais, c’est une propension qui se transmet ; celle de prendre le train toutes les semaines pour aller respirer l’air de la capitale. A suivre…
Réginald Blanchet (Athènes) O.K. Corral, c’est, en effet, miasmes du passé. Le vrai, c’est qu’il a fallu faire place nette ici dans les suites de 1998. Tout le monde n’a pas été d’accord pour camper sur cette ligne de fracture. Ce que l’on a pu édifier ensuite l’a été sur ce partage. Sous des formes différentes il reste d’actualité. Les questions de personnes n’en sont qu’un avatar, parfois un mirage. Chacun devient ce qu’il est, c’est là le sol ferme. Construirait-on sur les sables mouvants de l’imaginaire ? Bien plutôt se mettre à l’école d’un Oscar Niemeyer : le mouvement coulé dans la structure. Elle est ordonnée. Ce n’est pas du goût de tous. Cela demande alors de faire preuve de quelque pugnacité à l’ouvrage. Ce sont les mêmes, inconséquents, qui s’en plaignent. C’est la vie !
Ronald Portillo (Caracas) D’accord, Jacques-Alain, à Caracas, les miasmes des vieilles rancœurs n’ont pas encore été ventilés. Dans un séminaire qui vient de commencer chez nous sur « L’économie de la jouissance », on a pu souligner la semaine dernière le rôle du facteur que Freud appelait « quantitatif », ce facteur que Lacan préfére désigner comme économique ou énergétique dans son écrit commentant le rapport de Daniel Lagache. À la fin de sa vie, dans son article sur la fin de l’analyse, Freud se reprochait de ne pas avoir suffisamment reconnu l’importance du point de vu économique, de « l’hyperpouvoir du facteur quantitatif ». Nous autres à Caracas, en tant que héritiers de Freud, nous pourrions sans doute nous faire honte à nous-mêmes –au sens où JAM et Eric Laurent l’articulent dans un article – d’avoir donné si peu d’importance à cet hyperpouvoir lors de la crise de l’an 2000 à l’ECFC (Ecole du Champ freudien de Caracas). Car cette reconnaissance est le pas préliminaire, nécessaire à qui veut réussir à réduire cette importance par le moyen d’une rectification capable d’y mettre fin, ce qui constitue, Freud dixit, « l’opération authentique de la psychanalyse » (Analyse finie et infinie, chap. III). J’invoque ici, non seulement notre cher Eole, sinon aussi le Paraclet qu’a soufflé JAM, depuis la France, avec un renouvelé brio, afin que nous nous laissions envahir par l’esprit de la rectification. De là, cet air frais de désir et d’enthousiasme devrait nous permettre de faire avancer la psychanalyse d’orientation lacanienne à Caracas au-delà du point où elle est parvenue
Nassia Linardou (Athènes) Je tiens à vous dire ceci : une nouvelle génération a déjà fait son apparition en Grèce. Ce sont les élèves du Champ freudien qui se forment dans le cadre de l’Antenne Clinique d’Athènes, ont trouvé et trouveront leur place dans la Société hellénique et regardent droit devant eux vers la NLS. La dernière Assemblée de notre Société est là pour en témoigner. Ce sont des psychiatres, des psychologues qui en veulent. Ils s’analysent, lisent Lacan, lisent Jacques Alain Miller et les publications du CF, voyagent à Paris, participent à nos congrès, seront là aux prochaines journées de l’ECF, traduisent des textes psychanalytiques en grec et ne rechignent pas à prendre en charge l’intendance. Cette communauté de jeunes élèves construite dans la rigueur et avec passion, mais non pas sans conflits, se soucie peu de rancoeurs passées. Ils auront d’ailleurs bientôt leurs rancoeurs à eux. Cela aurait-il été possible autrement ? Nous continuons à poursuivre l’ouverture d’un champ appuyés sur votre enseignement et forts de votre soutien. Chacun a sa version, son interprétation du passé. Le résultat seul compte. Il est là. La communauté qui existe d’ores et déjà nous fait travailler plus avant de façon décidée.
Alain Cochard (Nantes) Quelques nouvelles de Chine où nous nous trouvons en ce moment avec deux membres de l’ecf, Jean-Louis Gault et Gilles Chatenay. De petites choses, pas tout à fait rien. L’action de formation d’une équipe de psychiatres d’un hôpital du district de Qingdao (deux millions d’habitants) dont vous avez suivi attentivement le démarrage l’an dernier, se poursuit. Nous nous rendons à Qingdao une semaine par an et les psychiatres chinois viennent pendant une semaine à la Section Clinique de Nantes. Cela se répétera en 2010. Un premier volet concernant la formation clinique se réalise là. Un deuxième volet – publication – consiste à rechercher une équipe de traducteurs, susceptibles de travailler à la publication de Lacan en chinois. Vous avez suivi de près ces recherches. L’enseignant que nous avons rencontré à Canton était désireux de traduire Lacan. Pourtant cela n’a pas abouti. Nous avions rencontré précédemment le Professeur de linguistique Chu Xiaoquan de Shanghai, qui a fait une première traduction partielle des Écrits. Il n’a pas souhaité s’absorber une nouvelle fois dans ce travail au long cours afin de se consacrer à ses propres recherches. L’actualité : nous rencontrons la semaine prochaine à Pékin la responsable du département de français de l’Université des langues et civilisations qui serait prête à s’engager dans ce travail au sein d’une équipe. Cette avancée en terre chinoise avec en point d’horizon l’enseignement de Lacan est une expérience passionnante. La psychanalyse rencontre un écho auprès des psychiatres mais aussi auprès des universitaires avec lesquels nous avons des échanges. Nous avons été surpris d’apprendre qu’on parlait de Lacan en Chine, sur les campus et dans des colloques universitaires. On note toutefois un manque d’organisation et d’orientation dans ces démarches individuelles des professeurs qui ont rencontré les textes de Lacan. Sur le plan clinique, la seule amorce d’organisation tourne autour de Huo Datong qui développe une lecture trop personnelle de Lacan pour être un appui. Le virus commence à se propager : marqués par leur passage à la Section Clinique de Nantes, nos collègues chinois ont instauré dans leur hôpital une réunion mensuelle pour discuter des cas cliniques les plus complexes. Nos rencontres ont eu un effet sur leur approche des patients. Pékin, Qingdao, le 26/10/09
********* DE BARCELONE
Miquel Bassols : Samedi 24 octobre, au CPCT de Barcelone Samedi 24 à l’après-midi : réunion d’une vingtaine de collègues à Barcelone pour traiter sur l’expérience passée au CPCT et les perspectives face à la clôture déjà annoncée de ce qui devrait être sa première étape. Oui, tel que a été écrit dans deux notes récentes publiées dans le journal virtuel « La Vanguardia de Valencia » nº 7, silence brisé, quelque chose a cessé de ne pas se dire. Et ce qui cesse de ne pas se dire fait alors apparaître des lieux d’énonciation divers, la nécessite d’élaborer ce qui restait avant uniforme dans le silence comme un poids mortifiant. Le premier effet d’allégeance est de reconnaître ce que « chacun » partage avec les autres – ce qui est bien différent de ce que « tous » partagent sans le dire – et qui fait un même horizon d’action : le désir de suivre l’expérience d’un CPCT2 tout en faisant une coupure nette avec les inerties produits et tout en commençant à partir de là sa contre expérience. Ils apparaissent alors les contrastes, les déclinaisons : 1 – Ce qui pour les uns est l’échec d’une expérience, pour les autres est le signe de sa réussite. (Il reste la sage alternative freudienne de considérer «ces qui échouent dans la réussite » comme une figure éminente qui peut en finit avec un projet quelconque, c’est-à-dire, empêcher ce projet d’échouer de la bonne façon). 1750 sujets reçus pendant ces cinq années, avoir devenu un lieu où l’on fait des dérivations de toutes sortes de consultations des le réseaux de santé de la zone – quelque chose qui a été remercié vivement en public par les autorités sanitaires – avoir augmenté progressivement le nombre d’heures et de praticiens, des dérivations internes et externes, faire de journées, des publications, des séminaires… La demande générée pouvait devenir un tsunami de l’Autre social jusqu’à engloutir le projet. Mais c’est une demande que nous avons générée nous-mêmes tout en offrant une nourriture gourmande : thérapeutique, avec un bon pedigree et en plus gratuit. On n’a pas laissé de signaler les risques de passages a l’acte quand le projet s’engloutie lui-même dans une pirouette boulimique. Mais, à son tour, nous ne pouvons pas rejeter maintenant prendre à notre charge les effets que nous avons produits. La réussite du CPCT se révèle alors comme cette tunique de Nessus avec laquelle Lacan avait interprète les impasses des psychanalystes des années cinquante : « Qui nous débarrassera désormais de cette tunique de Nessus que nous nous sommes à nous-mêmes tissée : l’analyse répond à tous les desiderata de la demanda, et par des normes diffusées ? » (Écrits, p. 641). Mais était celle là la logique de l’expérience qui avait née avec les sigles CPCT ? 2 – Quel avait été enfin le point départ du CPCT ? Enfin, la question, et quelques réponses : « La création des transferts », « faire présent la psychanalyse lacanienne dans la cité », « offrir une alternative à l’expansion des TCC », « faire une institution où ils existent des psychanalystes lacaniens à propre titre et non pas comme des psychologues ou des psychiatres »… Peut-être tous ce points ne peuvent pas être priorisés de la même façon, mais il devraient en tout cas rester orientés par une même devise que, si elle reste en silence, peut amener les autres à la dérive. Il s’agissait de faire un « laboratoire de recherche » pour l’Ecole. Si l’expérience du CPCT perd son lien à l’Ecole, à l’ELP et à l’AMP, là où il a son siège de « laboratoire », difficile de concevoir un futur qui ne le range pas du côté du tsunami. Un laboratoire est plutôt quelque chose de réduit, délimité de façon expérimentale, où l’on contrôle les variables d’une expérience tout en analysant que’ est-ce qui arrive si on ajoute un composant, ou bien si on l’enlève. 3 – Qu’est-ce qu’il arrive, par exemple, si l’on enlève la variable du paiement ? « Cela fut une erreur ! » « Et non pas seulement politique, mais aussi clinique et épistémique ». « On n’arrive pas a subjectiver la gratuité, elle va contre le transfert », « Et il fut aussi une erreur de limiter le temps du traitement ». « Mais j’ai élargi ce temps quand j’ai vu l’occasion de le faire, même plus au-delà », « Quelque fois une bonne première rencontre a permis de commencer une analyse tout en payant à une autre place », « Le fait d’être gratuit n’était pas un obstacle, le sujet payait d’une autre façon », « Mais tout cela à mené le projet à une sorte de bénévolat », « Et au besoin des subventions », « Mais l’opération d’enlever la variable payement a tout un autre sens si on le pense dans le contexte laboratoire », « Peut-être l’avoir enlevé a fonctionné comme une interprétation adressée aux analystes eux-mêmes : qu’est-ce qui’ ils font quand ils reçoivent de l’argent ? qu’est-ce qu’ils font quand ils ne le reçoivent pas ? » Alors, la gratuité « est-elle un obstacle au transfert » ou bien plutôt « elle fait plus difficile le maniement du transfert » ? Sujet, en effet, pour un travail de laboratoire, sujet qui ne peut pas non plus être clôt en introduisant le payement comme variable. Et alors, le problème hamletien, – ou bien macbéthien, comme l’on préfère – : « subventions oui ou bien subventions non ». « Jusqu’où et d’où ? » « Une autre erreur ! » « Réutiliser le local du CPCT-Barcelone pour d’autres fins ? » « Demander le loger dans d’autres locaux du Champ freudien dans la ville ? » À suivre… 4 – Mais, comment avons-nous arrivé jusqu’ici ? Où est-il l’intérieur, où l’extérieur ? Il apparaît clair pour chacun que le CPCT a été trop dirigé « vers l’extérieur » avec le risque d’arriver à être dirigé « des l’extérieur ». Quand même, il y a quelqu’un qui a introduit une critique plus o moins dissimulé aux « effets de suggestion de la politique de JAM, à la place d’énonciation ». « Ah ! Voici sur la table une variable beaucoup plus délicate ! » « Jusqu’où et d’où ? » Ou bien : « Cela a été un problème de la politique du Conseil de l’ELP, et non pas du CPCT qui n’est jamais allé à la dérive ». « Mais nous revenons par là à penser un CPCT hors l’Ecole, ce qui rendrait difficile une contre expérience CPCT2 », « Le problème reste de comment on refait et on maintient le lien du CPCT à l’Ecole sans qu’il reste comme un île qui clôt son expérience ».
La prochaine réunion institutionnelle de la Communauté de Catalogne de l’ELP, le 3 novembre prochain, sera un nouveau point de scansion pour traiter les impasses et les avancés du débat géneré dans ce nouveau mouvement. Et tout cela, dans la perspective des prochaines VIIIe Journées de l’ELP qui traiteront « La solitude du psychanalyste. La pratique analytique ». Elles auront lieu dans la belle ville de Valence le 14 et 15 novembre. – 25 octobre 2009
********* SUR LE CONTRÔLE
Valérie Pera : Fonction du contrôle dans le devenir analyste et le rester
Dans nos Écoles, qu’est ce qui pousse un analyste à demander un contrôle dans la mesure où celui-ci n’est pas un passage obligé pour devenir psychanalyste, le psychanalyste ne s’autorisant que de lui-même (1)? L’acte de fondation lu avec la proposition de 1967 renouvelle cette question : si l’École a des devoirs vis à vis de la société (contrôle externe), elle doit également assurer « les contrôles qui conviennent à la situation de chacun »(2)(contrôle interne). Cette obligation de l’École donne une dimension éthique à la responsabilité du praticien : la formation lui étant assurée, il devient responsable des effets induits par la cure qu’il mène et il prend ces effets à ses risques. La demande de contrôle répond à ce double mouvement et relève non de l’obligation mais du consentement du praticien au contrôle. Mais le consentement peut rester étroitement pris dans le transfert du contrôlant à l’analyste en place de sujet supposé savoir. En demandant un contrôle à son analyste, l’analysant ne vise-t-il pas à obtenir des réponses là où la non réponse de l’analyste supporte la dimension – au sens de dit-mension(3) – de sujet supposé savoir, condition de l’émergence de l’inconscient et de sa mise au travail(4) dans la cure ? Il revient alors à l’analyste de reconnaître cet acting out de l’analysant avant d’engager le contrôle. Mais choisir un contrôleur différent de l’analyste peut également procéder d’une tentative pour embaumer l’analyste comme sujet supposé savoir. Que surtout l’analyste en fasse le moins possible, qu’il en dise le moins possible ! (5) Ces deux cas de figure indiquent que le lien transférentiel à l’analyste, loin d’être un obstacle, peut au contraire servir de levier pour interroger la fonction du sujet supposé savoir dans la cure, à partir de l’expérience du contrôle, suivant un mouvement de feed back du contrôle sur l’analyse. L’analysant, au long de sa cure, prend la mesure de l’Autre qui n’existe pas ; son rapport au sujet supposé savoir en subit les effets, et sa pratique analytique en est modifiée. Le contrôle vérifie ce changement. Il n’est pas rare que l’analyste, s’il est aussi le contrôleur, engage alors l’analysant contrôlant à poursuivre les contrôles avec un autre analyste, soutenant par cet acte la destitution subjective côté analysant et « l’inessentiel du sujet supposé savoir ». C’est sur fond de ce manque que s’inscrivent l’invention, l’acte et qu’il y a place pour la surprise. Dans tout contrôle, la construction du cas contrôlé reste un préalable nécessaire. Mais cette construction, pour pouvoir être dite analytique, doit inclure la position de l’analyste dans le transfert et l’orientation qu’il donne à la cure. Cependant, si le contrôle se limite à ajuster la relation de l’analyste comme sujet supposé savoir à ses patients(6)Jacques-Alain Miller pose que « le contrôle n’a aucune valeur »(7), le contrôle restant confiné entre le contrôleur et le contrôlé. Ce qui permet à cette expérience d’aller au-delà de l’entre soi, c’est le transfert de travail. Lacan en fait l’outil de transmission de la psychanalyse dans et à partir de son École. Suivant cette perspective, le contrôlant interroge sa pratique avec comme point de référence l’Autre qui n’existe pas. À partir de là, il peut dégager l’imprévu qui surgit dans une cure et se montrer sensible à ces petits riens qui traduisent des mutations subjectives dans les cas qu’il soumet au contrôle. C’est également en suivant la voie que lui ouvre l’Autre qui n’existe pas qu’il se défait d’une pratique gouvernée par le Nom-du-Père, au profit d’une pratique qui s’appuie sur les restes, et cette attention portée aux rebuts a pour effet de les réintroduire dans le circuit de la parole et du langage. A chaque contrôle, ces interrogations remettent le contrôlant en situation d’analysant dans son rapport au sujet supposé savoir, et le contrôleur incarne l’au moins un qui maintient une position désirante par rapport au savoir.
********* PRIVATE Pablo Reinoso Cher Jacques-Alain, j’ai bien reçu ton invitation pour assister aux Journées de novembre. Malheureusement, ce we je serai en déplacement. Cela me fait d’autant plus de peine que j’ai travaillé avec Alain Prost, et j’aurai aimé vous entendre parler ensemble. Alors, bonnes journées, qui s’annoncent très intéressantes.
À Cynthia Fleury Isakay Perkins, fils de Cynthia Fleury et William Perkins, est né ce matin, 28 octobre 2009. Tous nos vœux au petit gars, et nos félicitations à la maman, ainsi qu’au père.
********* QUESTION D’ORGANISATION
Dominique Miller : Le déjeuner du samedi Cher Jacques- Alain, Tu as souhaité que nous fassions tous ensemble le samedi 7 un déjeuner rapide entre 13h15 et 14h 30. Un moment de communauté, de rencontre autre que celle des contributions qui nous feront connaitre nos collègues sous un jour jamais exploré jusqu’à présent. Sauf pour nos AE. Et encore, ce ne sera pas pris de la même façon. J’aime cette idée disons d’un « fast lunch » plutôt que d’un fast food. Même si le principe adopté est celui des sandwichs, nous déjeunerons ensemble ; nous ne mangerons pas. Alors, c’est sur le vin que nous ne sommes pas tout à fait en accord. Tu préfèrerais la sobriété, pour marquer ces Journées. Moi, un vin léger, un blanc, un rouge, un seul, un petit Bordeaux AOC, un Sérame. Légèreté. C’est plus à mon goût le signe que nous donnons à ces Journées. Bien sûr, je vois bien comment la question « comment on devient analyste » appelle la sobriété. Ne pas trop en faire du côté de la confidence ni de la pénétration du rôle de l’analyste. Ne pas trop s’y croire. Je souscris. Mais la légèreté de l’analyste ne dément pas cette conception. Assez léger pour ne pas se prendre au sérieux tout en étant conséquent. Je te disais dans un mail, ce week end, une « légèreté réfléchie » pour cette raison là. Et alors la légèreté donne sa place à la souplesse, à l’invention, à l’écoute flottante et à une position de déséquilibre voulue. D’ailleurs tu as tout de suite adopté l’idée du funambule proposée par Anne Ganivet. Tu l’as voulu pour débuter notre séance plénière. Il sera la métaphore de l’analyste. La psychanalyse lacanienne se veut sobre, bien sûr, et légère aussi pour attaquer la lourdeur du symptôme et de sa souffrance, et lui opposer un savoir y faire du sinthome. C’est croire au semblant pour attaquer le réel. C’est toi, Jacques-Alain, qui as inscrit cette légèreté au sein même du Programme de nos Journées : les interventions courtes, rapides, multiples, les codes informatiques de Stern, les envolées de notre champion Prost, et même la première séance d’analyse comme métonymie de tout le parcours. Et le bal et le tirage au sort… Oui, ces Journees voudraient donner à un large public une Autre idée de la psychanalyse. La légèreté en fait partie. Et le petit verre de vin de Serame en donnera un avant goût. Mais, il ne m’a pas échappé que tu t’ai volontiers laissé convaincre. Par retour de mail, il t’a suffi d’un léger clic. Je t’embrasse, Envoyé de mon iPhone.
********* PSYCHANALYSE ET POLITIQUE 2 Ce texte est paru dan le dernier numéro des Temps modernes, n° 655, de septembre-octobre 2009. Il est ici reproduit avec l’aimable autorisation de Claude Lanzmann.
Caroline Pauthe-Leduc : Haut les mains ! « Le secret des affaires est de savoir quelque chose que personne ne sait. » Aristote Onassis
Aucune leçon n’a été tirée de la récente crise financière, comme le montrent la reprise de la volatilité du marché et l’embellie des résultats financiers des banques, qui distribuent à nouveau d’indécents bonus à leur traders. La banque américaine Goldman Sachs, par exemple, a généré cent millions de dollars de profit par jour pendant quarante-six jours d’affilée lors du deuxième trimestre 2009i. La machine spéculative s’emballe de plus belle sans tenir compte en rien des conséquences sociales et économiques désastreuses qu’elle a précédemment provoquées. Les promesses de régulation du G20 de Londres n’ont pas été tenues, révélant l’impuissance des gouvernements qui ont financé à perte le sauvetage des établissements financiers les plus menacés par peur de l’effondrement de tout le système. Cette frénésie retrouvée ne présage rien de bon, dans la mesure où le terrain économique subit encore le contrecoup de la crise. Bien plus, les mécanismes à l’origine de la crise, mais aussi les principes mêmes de fonctionnement du marché démontrent que le risque de krach est intrinsèque au capitalisme. Par ailleurs, quelles réponses politiques cette crise a-t-elle suscité en France ? La recherche des responsabilités fait le grand écart : le grand méchant loup s’incarne soit dans la figure du profiteur (trader inconséquent, escroc, pdg parachuté), soit dans le grand capital lui-même – ces options laissant perplexe quant aux solutions qu’elles impliquent. Les politiques ne semblent pas prendre la mesure du risque social que fait peser le retour certain de la crise et qu’alimente une telle analyse. Peau de lapin En septembre 2006, l’économiste Nouriel Roubini prévenait un auditoire sceptique lors d’une conférence au fmi : « La crise partira des États-Unis. Le marché immobilier va s’effondrer. Les ménages ne pourront plus rembourser leurs crédits. Des milliers de milliards de dollars de produits financiers adossés à ces prêts partiront en fumée. Le système financier tout entier va se gripper. »ii Aujourd’hui, personne n’hésite à comparer la sévérité de cette crise financière et économique à celle de 1929. Ces deux crises ont au moins en commun la similarité du mécanisme de leur déclenchement : la formation d’une bulle spéculative gonflée par le crédit, sur fond de stagnation des salaires et d’endettement généralisé. Mais l’originalité de cette crise tient peut-être au rôle joué par des dispositifs financiers autorisant une telle dissémination des risques que toute trace s’en perd, plongeant fatalement le système financier dans l’opacité. On peut faire remonter les origines de cette crise aux années quatre-vingts, quand les politiques de dérégulation du marché, emmenées par Reagan et Thatcher, ont remisé aux oubliettes les Trente Glorieuses et le contrat social qui les avait nourries. Il s’agissait alors de répondre à la hausse coïncidente du chômage et de l’inflation, et à la baisse de la productivité des entreprises, causées par le choc pétrolier des années soixante-dix. C’est le début de l’emprise des actionnaires sur le fonctionnement des entreprises et de l’indexation sur la Bourse des rémunérations de leurs dirigeants, qui deviennent alors partie prenante de la rentabilité du marché. Le chômage persistant toutefois, on le baptise « structurel ». Les actionnaires exigent des rendements de plus en plus élevés, poussant les entreprises à la « modération salariale ». Dès lors, pour soutenir la croissance, l’endettement devient le moteur de la consommation, promu par la politique de baisse des taux d’intérêt. La politique du laisser-faire n’a pas manqué d’encourager la cupidité, d’autant moins honteuse qu’elle est théorisée et revendiquée par les tenants de la maximisation de l’utilité fondée sur les intérêts personnels. Les pratiques de contournement des instances de régulation se sont multipliées. Ainsi en va-t-il du shadow banking system (le système bancaire de l’ombre), drainant ces dernières années jusqu’au deux tiers des investissements de l’économie mondiale sans être soumis au contrôle des Banques centrales. Les hedge funds, ces banques d’investissements, gèrent ainsi de l’argent public – caisses de retraite, par exemple – sans répondre de rien devant personne, soumettant les entreprises à leur chantage au rendement et reléguant les risques de pertes à leurs investisseurs. Le développement de l’ingénierie financière a de la sorte précipité la sophistication grandissante de produits financiers tels les désormais fameux subprimes, permettant de sous-traiter les risques : les créances hypothécaires douteuses sont « titrisées », c’est-à-dire disséminées au sein d’actifs financiers comprenant aussi des avoirs sains, puis vendues et revendues. Le tout chapeauté par des agences de notation aux pratiques incestueuses, validant des produits qu’elles ont elles-mêmes contribués à fabriquer. Cela tenait tant que demeurait la foi aveugle dans la croissance éternelle des prix de l’immobilier, puisqu’en cas d’insolvabilité de l’emprunteur, les banques pouvaient doubler leur mise en revendant le bien immobilier hypothéqué dont la valeur avait entre-temps augmenté. Cet appétit de richesse alimenté sans fin par l’emprunt et fondé sur les profits à court terme ne pouvait que rencontrer sa propre vanité quand la bulle immobilière a crevé. Jacques Lacan disait en 1972 que le capitalisme était « follement astucieux, mais voué à la crevaison, se consumant lui-même dans son emballement frénétique »iii. Comment comprendre ce diagnostic ? Le capitalisme est d’abord un système d’information : il délimite la valeur de tout ce qui se vend, le nommant, le comptant, ce qui permet d’en conserver la trace et de garantir les transactions. Avec les subprimes, le principe même de l’information a été faussé, aucune banque ne pouvant plus avec certitude faire l’inventaire du capital dont elle dispose. Il n’y a plus d’identification fiable de la valeur. Les banquiers, méfiants, ont cessé de se prêter de l’argent les uns aux autres. Comme le secteur bancaire finance l’économie, la crise s’est rapidement propagée, sous l’effet conjugué du rétrécissement du crédit et du ralentissement économique déjà amorcé par la chute des prix des matières premières. C’est alors la crise de confiance : le marché apparaît incapable de se redresser malgré les annonces de plans de sauvetage divers et les tentatives d’apaisement des instances économiques mondiales. Même les valeurs réputées « contracycliques », telle l’industrie pharmaceutique, n’échappent plus à la crise. Qu’est-ce qui vaut qu’on prenne un risque financier ? Plus personne n’en sait rien. Le marché n’a plus de mains. Même Alan Greenspan, l’ex-président de la Fed reconnaît la faille au cœur du free market : « Cela m’a plongé dans un grand désarroi »iv, disait-il récemment. Avec la crise, la finance révèle sa nature de pur semblant, déconnecté de son référent. La possibilité d’acheter la dette elle-même expulse celle-ci hors du temps réel. La spéculation repose sur le vide créé par le pari de son remboursement. Il s’est brutalement avéré ne pas valoir grand-chose, comme en a témoigné l’idée récurrente d’une « banque poubelle », structure de quarantaine qui recueillerait tous les actifs toxiques. Problème : comment fixer leur prix d’achat ? La maîtresse en maillot de bain En France, les lectures politiques des responsabilités du krach, dont dépendent les réponses à y apporter, n’ont pas moins témoigné de leur aveuglement. À droite, on veut moraliser le capitalisme. Mais cela se fera-t-il tout seul ? En attendant, ce sont les « patrons voyous » parachutés sur leur tas d’or, les traders inconséquents aux fantastiques bonus, voire les escrocs de la haute finance, qu’on soumet à la vindicte populaire. Comment ne pas voir dans cette mise en accusation systématique le moyen démagogique de personnifier les causes de la crise et d’éviter de balayer devant sa porte ? On rappelle que lors de la campagne présidentielle, la « rupture » sarkozyste consistait à importer le modèle anglo-saxon qui subit aujourd’hui des pertes bien plus importantes qu’en Francev. Sarkozy suggérait alors de promouvoir en France les subprimes à l’origine de la crise. L’homme du paquet fiscal dénonce la cupidité, mais ses protestations restent comminatoires : un code éthique plutôt qu’une loi pour encadrer les bonus des traders, des remontrances aux banquiers à visée strictement démagogique, d’hypothétiques menaces envers psa en cas de licenciements malgré l’aide de l’État. À gauche, le ps est inaudible car non exempt de responsabilitévi, et ne profite donc pas du retour en grâce des thèses keynesiennes dont la droite, aussi bien, emprunte les atours. À l’heure où Le Capital est adapté en manga, Marx aussi reprend des couleurs et Besancenot jubile : « Le système est en train de se noyer dans son propre sang. » Réagissant au discours de Sarkozy en février dernier, il pouvait dire encore : « Je n’en attendais rien… je n’ai pas été déçu », signalant le désir qu’il met à l’affaire. À le suivre, à lire entre les lignes, c’est donc le sang et une appétence certaine pour l’impuissance qui font aujourd’hui les valeurs de l’extrême gauche. C’est aux riches de payer leur crise, affirme le npa, sans tenir compte de ce que laisser s’effondrer les banques, c’est prendre le risque que les plus pauvres payent un prix encore plus fort qu’ils ne le paient déjà. Le npa déchantera peut-être en apercevant qu’il ne s’agissait que d’un nouveau cycle du marché. La crise de 1929 elle-même n’a pas achevé le capitalisme ! La crise n’est-elle pas le temps nécessaire à inventorier les pertes ? Du côté du npa, en tous cas, nulle alternative crédible au marché, entendu comme un système étendu et fiable d’échanges de valeurs entre les hommes. Microcrédits, coopératives, voire idée même de décroissance, n’évacuent pas le marché. Comme le marxisme en son temps, ils n’aboutiront peut-être qu’à perfectionner le capitalisme. Face à ces versions peu convaincantes du grand méchant loup capitaliste, l’exaspération des citoyens ne peut que s’amplifier. Du reste, comment pourraient-ils supporter avec le sourire les risques d’une crise dont ils ne sentent pas responsables, tandis que les politiques se sont portés promptement au secours de la haute finance ? Il a fallu un an pour trouver à financer le rsa (1,5 milliard d’euros), et quelques heures pour sauver Dexia (3,5 milliards d’euros). Enfin, le pouvoir n’a jamais mieux exprimé son mépris, comme en témoigne « l’exercice de pédagogie » de Sarkozy du 5 février, censé nous persuader de la fatalité de la crise et de ses conséquences douloureuses, comme autrefois de celle de la dérégulation du marché. Arguant de la crise pour justifier son impopularité autant que les mouvements sociaux du 29 janvier et des crises Outremer, il n’a cédé en rien sur les réformes destinées à réduire « les dépenses de fonctionnement » – autrement dit les postes de la fonction publique –, ni sur l’extension du capitalisme. La complexité d’une économie mondialisée a servi de prétexte au pouvoir pour se retrancher derrière son impuissance. Mais déréguler, c’était agir ! La foi en la dérégulation du marché a rendu les politiques comme les instances de régulation aveugles, sourdes et muettes. Si le marché se suffit à lui-même quand il s’agit de créer des bulles, ce n’est plus le cas quand il s’agit de sortir de la crise. Comment subvertir le chantage des banquiers selon lequel, sans aide de l’État, ils précipiteront l’humanité dans leur chute, et, avec elle, ils s’empresseront de recommencer ? Il faut profiter du coup d’arrêt porté cependant à l’idéologie néolibérale pour poser des gestes politiques forts et engager une réflexion à long terme, plutôt que d’écoper à perte la barque percée du capitalisme. Le débat devra porter sur la délimitation des activités humaines qui doivent échapper au secteur marchand pour les protéger du culte de la rentabilité et de l’efficacité exporté en dépit du bon sens, alors que la crise actuelle en a démontré les limites dans la finance elle-même. Espérons voir un jour la naissance d’un droit international du travail. L’engagement politique doit être de taille, exige de l’audace. Cette crise peut être l’occasion d’ouvrir des possibilités inconcevables jusqu’à présent, à la condition de ne plus reculer devant le risque politique.
********* à paraître – judith miller, En Bulgarie – paulo siqueira, Lettre à Jorge Aleman – kristell jeannot, Marie de la Trinité, analysante de Lacan – anouchka de médan, “Le Festival de la couille”, et autres livres et en espagnol : ana ruth najles, gustavo dessal, vilma coccoz
********* UN FORUM SE PRÉPARE POUR LE DIMANCHE 7 FÉVRIER 2010 ********* Les Journées 38 ont lieu les 7 et 8 novembre prochains à Paris, au Palais des Congrès ECF 1 rue Huysmans paris 6è Tél. + 33 (0) 1 45 49 02 68 S’inscrire sur www.causefreudienne.org Précédents numéros du Journal diffusé sur ecf-messager, forumpsy, et amp-uqbar
Ébauche des 20 sigma
∑ 01 l’existentialisme analytique @ Philippe La Sagna, Un mode de vie sans mode d’emploi Joëlle Joffe, Certainement pas psychanalyste le poids des parents @ Véronique Mariage, Le sot-l’y laisse Dominique Pasco, La Dame de Chenonceau ___________________________________________________________________________
∑ 02 la vocation médicale @ Carole La Sagna, Un rêve chez Lacan Corinne Rezki, La sainte e(s)t la diablesse, l’autorisation analytique@ Rose-Paule Vinciguerra, S’autoriser, mais deux fois Hélène Bonnaud, Ne s’autorise… ___________________________________________________________________________
∑ 03 l’analyste et son « je suis » @ Lilia Mahjoub, “Le devenir c’est bien, le rester c’est mieux” Pierre Sidon, Un devenir sans présent l’adieu à l’analyste @ serg Bernard Seynhaeve, Une passe en trois temps Eugenia Varela-Navarro, Extravertie ___________________________________________________________________________
∑ 04 les séductions de l’opéra @ Jean-Robert Rabanel, La carte postale que m’envoya Lacan Paz Corona, Je ris de me voir si belle en ce miroir… écrire ou mourir @ Céline Menghi, “La vie est comme une dame. Il faut la laisser vivre” Yves Vanderveken, Si je n’écris rien, je suis mort ___________________________________________________________________________
∑ 05 trou-matisés ! @ Yasmine Grasser, Et Lacan m’a traumatisée Paulo Siqueira, N’importe quoi ! lui est elle, elle est lui@ Antoni Vicens, Au pire Agnès Giraudel, Le désir est mâl(e) ___________________________________________________________________________
∑ 06 génie de la langue, désir de dire @klm Jo Attié, “Le premier analyste poète” Nathalie Georges, Aime le maudit ! le vide et le corps @ Philippe Stasse, Du cri au rire, et après… ? Victoria Woollard, Mise à nue ___________________________________________________________________________
∑ 07 tempo de l’analyse @ Esthela Solano, Trois secondes avec Lacan Anaëlle Lebovits, En quatrième vitesse rêves de franchissement @ Dominique Laurent, Rêver au-delà du pire Clotilde Leguil, Le grand air ___________________________________________________________________________
∑ 08 venus d’ailleurs @ Susanne Hommel, Une Allemande chez Lacan Camilo Ramirez, Le péché de l’impeccable le ressort de l’angoisse @ Monique Kuznierek, Retour chez mon analyste Philippe Chanjou, Angoisse, passe et suite ___________________________________________________________________________
∑ 09 pulsions de vie @ Viviane Marini-Gaumont, Mon entre-deux morts François Ansermet, La mort aux trousses la maladie des livres @ Pierre Naveau, Je veux être lu Dalila Arpin, Un petit rat de bibliothèque ___________________________________________________________________________
∑ 10 lacan aux deux faces @ Jean-Claude Maleval, [texte à venir] Jean-Claude Razavet, Tours et retours percée du désir de l’analyste @ Sonia Chiriaco, Retour vers le futur antérieur Charles-Henri Crochet, Se décrocher ___________________________________________________________________________
∑ 11 la mère, l’image @ Massimo Termini, Passages d’images Emmanuelle Borgnis-Desbordes, Michel-Ange, souvenir d’enfance ___________________________________________________________________________
∑ 12 le père, la mère, l’abject, l’ instante @ Alain Merlet, Encore un effort pour devenir psychanalyste Cinzia Crosali, Tranchant comme la hache ___________________________________________________________________________
∑ 13 la mesure du bien-dire @ Ana Lucia Lutterbach-Holek, Notes d’un témoignage Pauline Prost, Comment j’ai appris à me taire ___________________________________________________________________________
∑ 14 de l’Allemagne au japon @ François Leguil, Les séductions paradoxales d’un “Romansbildung” Victoria Paz, Kabuki ___________________________________________________________________________
∑ 15 raisons de la séance courte @ Jacqueline Dhéret, Jouir de la parole analysante Stella Harrisson, Ne respirez plus… Coupez ! ___________________________________________________________________________
∑ 16 la traversée de la mort @ Patrick Monribot, Le dur désir de durer Jean-Philippe Parchliniak, La résurrection : Troisième ___________________________________________________________________________
∑ 17 la douleur des femmes regardées @ Laure Naveau, Médusée Laura Petrosino, La naissance d’une femme ___________________________________________________________________________
∑ 18 n’avoir pas la maîtrise @ Marie-Hélène Roch, Somnambule qui trébuche, vite on bûche Jacques Ruff, Le maître interrompt ___________________________________________________________________________
∑ 19 le calme et la colère @ Marie-Hélène Brousse, Grosse colère Dominique Wintrebert, Calmer une femme ___________________________________________________________________________
∑ 20 quoi faire, quoi ne pas faire @ Catherine Lazarus-Matet, Pourquoi je n’ai pas fait la passe
Séquences a distribuer
2 – le mirage des belles @ Rodolphe Adam, S’aimer dans une femme Catherine Bonningue, Tour d’écrou ___________________________________________________________________________
3 – les nazis dans l’inconscient @ Marie-Hélène Blancard, Hystoire juive Myriam Mitelman, Trois rêves pour terrasser la mort ___________________________________________________________________________
4 – vertigo @ Fabian Fajnwaks, Vertiges Sophie Gayard, Comment on tient debout ? ___________________________________________________________________________
5 – toutes les analyses ne se valent pas @ Jean-Pierre Deffieux, D’un analyste l’autre Francesca Biagi-Chai, Ma contre-analyse ___________________________________________________________________________
6 – l’objet rien @ Ahmed Degachi, Rien ? Françoise Biasotto, Beaucoup de silence pour rien ___________________________________________________________________________
7 – ne pas écrire @ Dominique Heiselbec, Le Rêve de la copie blanche Caroline Pauthe-Leduc, La brûlure ___________________________________________________________________________
8- l’attente-symptôme @ Réginald Blanchet, L’acte instant Chantal Bonneau, L’effacement d’une virgule ___________________________________________________________________________ 9 – bouche cousue et décousue @ Annie Dray-Stauffer, Sous un regard mort Catherine Lacaze-Paule, Pourquoi je n’ai pas fait la passe ___________________________________________________________________________
10 – l’inabouti @ Jean-Pierre Klotz, On ne se trouve qui si on y va Patrick Roux, À deux doigts de… ___________________________________________________________________________
11 – identifications croisées @ Nathalie Jaudel, D’une barre l’autre Patrick Lambouley, L’âne menteur et les réponses du cochon ___________________________________________________________________________
12 – n’être personne @ Alain Abelhauser, Une vieille godasse Rose-Marie Bognar, La pupille de la Nation ___________________________________________________________________________
13 – m’être @ Gil Caroz, Lâcher le manche ? Anne Ganivet-Poumellec, Qu’est-ce que l’impératif ? ___________________________________________________________________________
14 – lecture-sinthome @ Philippe Hellebois, La bibliothèque vide Laura Sokolowsky, “Une chance inouïe”, disait une voix ___________________________________________________________________________
15 – gauche et gentille @ Marie-Claude Sureau, Gaucheries Hélène Deltombe, Gentillesse obligée ___________________________________________________________________________
16 –langue étangère, langue intime @ Dominique Fabre-Gaudry, Porte close Adélaïde Ortega, Pesadilla ___________________________________________________________________________ 17 – être chassé(e) @ François Bony, “On ne veut pas de lui” Gudrun Scherer, “Weg” ___________________________________________________________________________
18 – l’école-symptôme @ Jeanne Joucla, Rêves d’École Inma Guignard-Luz, “Chemin faisant… quelques éclairs !” ___________________________________________________________________________
19 – se faire voir @ Pascal Pernot, Inédit, spécial Journées Beatriz Vindret, Passée par la fenêtre, sortie du sens ___________________________________________________________________________
20 – la solitude-passion @ Francine Haccoun, Toute seule Béatrice Jullien, La seule qui ne parle pas aux Journées ___________________________________________________________________________
21 – l’érotique de la danse @ Dominique Holvoet, Les yeux fermés Gilles Chatenay, Tact du réel ___________________________________________________________________________
22 – les craintives @ Christiane Alberti, Fracturer la réserve mentale Marie-Claude Chauviré-Brosseau, Père qui était aussi yeux ___________________________________________________________________________
23 – le oui et le non @ Beatriz Gonzalez-Renou, Goût du “non”, vertige du “oui” Angèle Terrier, Celle à qui on dit oui ___________________________________________________________________________
24 – sexuation masquée @ Daniel Roy, “Deux ou trois choses que je sais de lui” Elisabeth Gurniki-Durieux, Le perce-oreille ___________________________________________________________________________ 25 – yes, you can ! @ Monique Amirault, Le symptôme inexistant Claude Quénardel, Vie privée ___________________________________________________________________________
26 – l’inconscient devenu joyeux @ Laetitia Belle, D’est en ouest Chantal Simonetti, Ce qui n’existe pas, ce qui rate, ce qui insiste ___________________________________________________________________________
27 – le héros, la victime @ Armand Zaloszyc, Destin d’un insubmersible Dominique Haarscher, Mon nom est Parlêtre ___________________________________________________________________________
28 – l’analyste, un faux ami @ Jean-Daniel Matet, Au cas où ! Isabelle Rialet-Meneux, Clandestinement ___________________________________________________________________________
29 – les bons vivants @ Françoise Labridy, Que vive le sinthome Adela Bande-Alcantud,Bouche qui mange, bouche qui parle ___________________________________________________________________________
30 – mère-ravage @ Anne Béraud, L’éphémère Katty Langelez, Psychanalyse sans chaussures