Daniel Roy – Podensac
« Le traitement par l’urgence des insolubilia fait souvent merveille. Je le dis aussi aux collègues du RI 3 qui seront en colloque à Bordeaux sur les « cas d’urgence ».
Jacques-Alain Miller – Journal des Journées n°64 – 1er décembre 2009
Voilà ce que nous lisons dans le point 5 de l’ « Agenda au 1er décembre » du JJ 64 sous la plume de Jacques-Alain Miller. Indication précieuse qui nous est donnée, boussole pour nos travaux, léger déplacement … qui change la perspective, et fait découvrir des paysages nouveaux.
Je voudrais commencer à les explorer. Nul doute que cette notule, à nous adressée, suscite d’autres remarques pour Le feuilleton.
1- Au traitement de l’urgence, J.A. Miller substitue le traitement par l’urgence. D’entité morbide à éradiquer, nécessitant des « prises en charge » adaptées, pour reprendre les ritournelles en vigueur, l’urgence se présente alors soudain comme la mobilisation en acte de toutes les forces en présence. À ce moment de « simplification mortelle » que nous évoquons dans l’argument des Journées, en quoi consiste l’urgence, cette formule oppose, par un retournement dialectique, un usage de l’urgence pour y faire surgir une issue qui n’y était pas d’évidence.
2- Oui, il y a des insolubilia, des cas et des moments où ça ne se dénoue pas, où ça ne se dissipe pas, où ça ne se détache pas, où ça ne s’acquitte pas, où ça ne se dissout pas, où ça ne se résout pas (pour faire résonner les occurrences du verbe latin solvo). Nous connaissons ces cas et ces moments où l’hétérogénéité du signifiant et de la jouissance est poussée à son paroxysme, au moment même où elle s’abolit, et prend possession de l’imaginaire des corps. Il n’y a pas de solution : donc, acte.
3- « Le traitement par l’urgence fait souvent merveille » : je ne l’entends pas comme un vœu, un souhait, voire une promesse, mais comme un constat. C’est maintenant, ou jamais, que cela se traite : voilà la merveille.