Lorsque Mélanie Klein reçoit Dick, quatre ans, il a une pauvreté du vocabulaire, des acquisitions intellectuelles proches d’un enfant de quinze à dix-huit mois. L’adaptation à la réalité et à son entourage est pratiquement inexistante. Son ego n’est pas formé. Jusqu’à présent, il n’a que rarement manifesté de l’angoisse, est dans l’indifférencié devant la plupart des objets et des jouets ne saisissant pas leur sens ou leur fonction1.
À la première séance, M. Klein prend un grand train qu’elle place à côté d’un train plus petit en les nommant « train de papa » et « train de Dick ». Nous avons ici tout intérêt à considérer cette nomination comme la première interprétation de M. Klein, encouragés en cela par la réponse de Dick, qui est également une nomination nouvelle. L’enfant se saisit du train nommé Dick et le fait rouler jusqu’à la fenêtre en disant : « gare ». Vient alors une seconde interprétation, qui prend appui sur la centralité du corps de la mère pour M. Klein qui interprète alors au nom de l’Œdipe : « la gare, c’est maman ; Dick rentre dans maman »5. Il s’est passé alors quelque chose pour cet enfant mais quoi ? La scène primitive et le quaternaire : papa, maman, phallus, sujet sont ainsi installés mais pas au sens de la dramatisation œdipienne. Cela produit des effets de constitution d’une chaîne métonymique6 qui permettent à Dick de sortir de son repli autistique. Ce sujet va agrandir son monde et le complexifier via les trains. Des battements signifiants apparaissent aussi : porte ouverte/porte fermée, présence/absence, contenu/contenant, dehors/dedans etc. C’est lorsque le signifiant « noir » surgit que Dick peut formuler un appel et commence à s’arrimer au discours de l’Autre.
Devant la gravité du cas, M. Klein, femme d’expérience sur le plan clinique, modifie sa technique. Le matériel habituel lui faisant ici défaut2, elle interprète en se fondant sur le savoir qu’elle a déduit de cette expérience. Et elle le fait, dixit Lacan, avec « cet instinct de brute »3 « en lui flanquant des interprétations majeures »4 et ce, en se fondant sur le postulat d’un Œdipe ultra-précoce avec des fantasmes dans lesquels le corps de la mère contient tous les objets de l’enfant, plus un objet étranger qu’elle nomme « le pénis du père ».
À la première séance, M. Klein prend un grand train qu’elle place à côté d’un train plus petit en les nommant « train de papa » et « train de Dick ». Nous avons ici tout intérêt à considérer cette nomination comme la première interprétation de M. Klein, encouragés en cela par la réponse de Dick, qui est également une nomination nouvelle. L’enfant se saisit du train nommé Dick et le fait rouler jusqu’à la fenêtre en disant : « gare ». Vient alors une seconde interprétation, qui prend appui sur la centralité du corps de la mère pour M. Klein qui interprète alors au nom de l’Œdipe : « la gare, c’est maman ; Dick rentre dans maman »5. Il s’est passé alors quelque chose pour cet enfant mais quoi ? La scène primitive et le quaternaire : papa, maman, phallus, sujet sont ainsi installés mais pas au sens de la dramatisation œdipienne. Cela produit des effets de constitution d’une chaîne métonymique6 qui permettent à Dick de sortir de son repli autistique. Ce sujet va agrandir son monde et le complexifier via les trains. Des battements signifiants apparaissent aussi : porte ouverte/porte fermée, présence/absence, contenu/contenant, dehors/dedans etc. C’est lorsque le signifiant « noir » surgit que Dick peut formuler un appel et commence à s’arrimer au discours de l’Autre.
Pour M. Klein, une des tâches de la psychanalyse avec les enfants est la découverte et le traitement des psychoses7. Elle laissa entendre qu’il restait encore beaucoup à faire dans ce domaine d’un point de vue théorique. À plusieurs reprises, Jacques Lacan qui qualifiait M. Klein de « tripière géniale » salua sa pertinence clinique. Au cours de son enseignement, il inventa les concepts d’aliénation, de séparation et d’objet a ainsi qu’un au-delà de l’Œdipe et proposa une autre lecture des psychoses de l’enfant.
Vous trouverez le cas Dick, dans les Essais de psychanalyse, de Mélanie Klein, ce qu’en dit Lacan dans le séminaire I ou Éric Laurent dans son article Comment évaluer l’interprétation aujourd’hui ? Une relecture du cas Richard de Mélanie Klein. Ce trajet mènera sans doute, chacun, à saisir quelque chose de l’interprétation dans la psychose.
Notes:
1 Klein M., Essais de psychanalyse, Paris, Payot, 1968, p. 265-278.
2 Ibid., p. 273.
3 Lacan J., Le Séminaire, livre i, Les écrits techniques de Freud, Paris, Seuil/Essais, 1975, p. 114.
4 Ibid., p. 112.
5 Klein M., op.cit., p. 270.
6 Cf. Laurent É., « Comment évaluer l’interprétation aujourd’hui ? Une relecture du cas Richard de Mélanie Klein », Bulletin du groupe petite enfance, no 8/9, 1996, p. 8.
7 Klein M., op.cit., p. 276.