département de psychanalyse
le directeur
Communiqué
du 19 décembre 2007
Le recteur Monteil m’a reçu hier après-midi. L’entretien était prévu pour durer une heure, il a duré le double.
M. Monteil m’a tenu un long discours sur sa carrière d’enseignant, de chercheur et de haut fonctionnaire, que j’ai pris en note, et dont il doit corriger aujourd’hui le texte pour publication dans mon journal, LNA-Le Nouvel Âne. Pour ma part, je lui ai expliqué dans quel contexte de pression évaluationniste de la part des psychologues cognitivistes j’avais écrit il y a 15 jours ma diatribe contre lui.
Je lui ai indiqué qu’il convenait de préserver la place, au demeurant modeste, de la psychanalyse à l’Université, et qu’à cette fin, il était indispensable de scinder la psychologie expérimentale et cognitiviste, d’une part, et, d’autre part, la psychologie clinique, la psychopathologie et la psychanalyse. Il n’a pas fait d’objection de principe à cette idée.
Nous avons longuement conversé. Il m’a remis un certain nombre de ses travaux scientifiques, la plupart en anglais. Je lui ai dit que je les lirai et en rendrai compte.
Dans les derniers moments de notre rencontre, je l’ai informé de la composition de l’équipe de visite que l’AERES dépêchait à l’équipe doctorale de mon département. Je lui ai dit que j’estimais cette composition inadéquate, et qu’il était inopportun à mon sens de soumettre à l’opinion d’un psychologue expérimental psychanalyste “autoproclamé” les travaux effectués sous la direction du fondateur de la principale organisation internationale lacanienne – seconde en importance dans le monde après celle créée par Freud voici un siècle.
Je lui ai fait part de mon intention de mettre publiquement en cause la composition de cette équipe, et d’en désigner nominativement les membres au cas où l’AERES persisterait dans son projet de leur faire évaluer notre activité universitaire. La persécution du département de psychanalyse par les cognitivistes a commencé en 1991; les ministres successifs sont à chaque fois intervenus personnellement en faveur du département; le moment est venu d’une solution institutionnelle globale et définitive.
Il a mis à ma disposition sa voiture et son chauffeur pour me ramener à mon domicile, après avoir tenu à me raccompagner dans la cour du 58, rue de Varenne. Je l’ai remercié de sa courtoisie.
Jacques-Alain MILLER