La salle était comble. Nous étions 250 à participer aux débats d’une journée organisée par les institutions du Courtil, du Pré-Texte et de l’Antenne 110 en collaboration avec deux centres – Grandir et le C.T.A.E. – candidats au RI3.
Cette journée, qui s’est déroulée à Bruxelles, avait pour horizon la rencontre Pipol IV de juillet 2009 à Barcelone : « Clinique et pragmatique de la désinsertion en psychanalyse ».
Les neuf textes – écrits à l’avance et mis à la disposition des inscrits – furent commentés par des lecteurs attentifs. Chaque texte a témoigné d’une situation de désinsertion du lien social.
Les débats ont mis en valeur l’orientation décidée des institutions du RI3. Cette orientation dans le champ de la psychanalyse appliquée suscite une offre calculée et inventive de la part des intervenants pour chaque jeune accueilli. Nous avons entendu les constructions, les créations originales et plurielles des sujets qui produisent ainsi une voie pour suppléer à un défaut d’inscription dans le discours.
On peut ordonner les avancées sur les interventions qui mettent en jeu d’une part le signifiant et d’autre part l’objet.
Pour le premier point, les trouvailles sont nombreuses, trouvailles qui ont permis à des jeunes de trouver un ancrage dans le signifiant. Par l’utilisation par exemple d’une autre dimension du langage que celle du sens – toujours fuyant – pour cet enfant de 4 ans effrayé par l’image du fantôme. Cet enfant a pu ancrer ainsi un mot à ce qui ne cessait de le déborder. Dans un autre cas, une intervenante a eu l’idée d’inclure dans l’espace de son atelier une zone pour un enfant qui refusait de participer à l’activité. Avec pour résultat, que l’enfant, le temps suivant, s’est mis au travail.
Pour le deuxième point, Bernard Seynhaeve a mis en avant l’importance de la dimension du corps et des objets pulsionnels dans l’opération de l’intervenant avec l’enfant. En témoigne cette intervenante qui se plante devant un enfant en crise et qui lui donne rendez-vous de façon très apprêtée dans le bureau du directeur. Surprise ! L’enfant la suit.
Dans son introduction à la Journée, Dominique Haarscher a fait valoir la nécessaire implication de l’intervenant à partir de ce qui fait sa singularité afin de contrer le réel dans lequel est parfois pris le sujet autiste. De cette façon, il arrive que l’offre de l’intervenant permette au sujet de fixer une jouissance qui ne cesse de déborder son corps.
Il n’est pas possible de reprendre toutes les inventions qui ont été discutées une par une au cours de la journée. Retenons que ce foisonnement d’idées – de « bonne idée à trouver » comme l’a dit justement un jeune adolescent –, resitue les conditions nécessaires à l’intervenant pour opérer d’une façon qui soit juste et pas intrusive, avec en sus un petit plus : un effet de relance du désir pour chacun d’entre nous.
Alexandre Stevens, dans sa conclusion, indiquait que nos institutions ne visent pas de façon directe la réinsertion des sujets dans le lien social mais plutôt à offrir à chaque sujet accueilli une nouvelle traduction de sa jouissance, de façon telle que le sujet puisse se rebrancher à l’Autre en y trouvant sa place avec ce qui fait sa chaîne signifiante.
Nos institutions ne collaborent pas aux idéaux du discours du Maître. Bien qu’elles s’y soumettent, elles s’orientent de l’enseignement de Lacan. Cela a pour conséquence dans notre clinique de se brancher sur la production d’un sujet qui soit responsable de ce qui fait sa jouissance.
Ainsi, la réinsertion du sujet dans le lien social vient de surcroît à notre travail pour autant que celui-ci trouve son inscription dans un désir décidé.
Bruno de Halleux