Urgence et scolarisation
Éliane Calvet – Hôpital de Jour d’Aubervilliers
Parfois, la question de l’éventuelle déscolarisation d’un adolescent absentéiste est très angoissante pour ses parents, pour qui l’inscription sociale de la scolarité est fondamentale. Leur inquiétude les empêche de penser qu’il est question d’entendre ce que leur enfant dit dans ce refus de se rendre au collège, et que l’urgence est plus subjective que scolaire.
Virgile a été un bébé anorexique et a depuis toujours des problèmes scolaires. À quinze ans, à la suite de la rencontre de sa mère (divorcée) avec un ami, il s’est mis à insulter ses parents de vive voix ou par SMS ; il avait des accès de violence dès qu’ils voulaient l’obliger à obéir, ou lui refusaient quelque chose, des fou-rire devant les miroirs, et une recrudescence des tics et des rituels. Impossible d’occulter ou de banaliser ses problèmes, de continuer aussi à faire tous ses devoirs.
Il a commencé à refuser d’aller au collège, d’abord pour les contrôles, puis pour le sport, alors que c’est l’activité qu’il avait jusqu’alors en commun avec son père ; il joue très bien au tennis, même s’il a toujours jusque là refusé les matchs. J’ai soutenu ce refus après qu’il m’ait dit, les larmes aux yeux : « Je ne veux plus aller au collège. » Il n’a pas pu m’en dire plus sur ses raisons. « Ce refus, c’est bien vous », ai-je conclu.
Il a accepté de finir son année à domicile, avec l’aide du CNED et de deux enseignants, créant les conditions d’un hôpital de jour à domicile, faisant uniquement des activités qu’il avait choisies, scolaires et sportives. Plus il était autorisé à rester chez lui, plus il a commencé à se déplacer de façon autonome, se rendant seul chez son père, prenant des initiatives, et se mettant à travailler scolairement seul.
Il a aussi commencé à supporter de faire des matchs de tennis et de badmington, et donc de risquer de perdre. Il a expliqué, en écrivant des petites pièces de théâtre, ce qu’il ne pouvait pas dire à son père, par exemple qu’il n’aimait pas faire du ski sur des pistes trop raides parce qu’il avait peur du vide.
La rencontre avec un manque, perdre, le vide, est particulièrement angoissante pour lui, mais elle est la condition nécessaire à l’émergence d’un désir.
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