TEACCH en France
par Michel Neycensas
A l’occasion d’un hommage rendu à Eric Schopler, fondateur du programme TEACCH, le bulletin de l’ARAPI (Association pour la Recherche sur l’Autisme et la Prévention des Inadaptations) dans son numéro 19 de juin 2007, fait le point sur le degré de pénétration du programme TEACCH en France. Sont ainsi visitées sa place à l’université, dans une unité hospitalière, dans un IME, ainsi qu’au travers du témoignage d’un parent. Alors qu’apprend-t-on ?
Que chaque auteur reprend l’antienne selon laquelle psychiatres et psychanalystes « culpabilisent les familles sans pour autant aider ni l’enfant ni sa famille à évoluer ». Le mérite d’Eric Schopler est d’avoir su adopter « une approche développementale fondée sur la recherche empirique grâce à des stratégies éducatives appropriées et efficaces pour les enfants » (p. 4). D’autre part « il a su imaginer un système qui réponde à tous les besoins, de l’enfance à l’âge adulte et dans toutes les facettes de la vie ». Après cette présentation qui n’hésite pas devant le caractère totalisant, voire totalitaire de l’entreprise, l’un des auteurs regrette que TEACCH ne soit connu en France qu’au travers d’une méthode éducative oubliant en quoi c’est « un dispositif efficace, une organisation mise au service des personnes atteintes d’autisme et de leur famille » (p. 6). Et l’auteur de s’enthousiasmer : « Il fallait un solide sens politique pour concevoir un système social aussi performant et pour réunir les moyens de le faire fonctionner pour enfin le pérenniser ».
Alors comment assurer une « transposition » (p. 11) en France ? En effet « le dispositif complet » tel que décrit par Schopler, « regroupant les différents types de services destinés aux personnes de tous âges, le centre de diagnostic et les activités de formation et de recherche n’a pu être mis en place » (p. 12). Les raisons invoquées en sont que le modèle dominant est le modèle psychiatrique, entravé par des résistances liées à des présupposés théoriques et que ce modèle est difficile à faire évoluer. L’auteur regrette « l’absence de partage de la philosophie de base de TEACCH » et souhaite la mise en place du programme « dans une version expérimentale mais complète et non contaminée par des « ajustements » qui en altèrent profondément le sens ».
Cette visée totalisante n’implique t-elle pas la forclusion du un par un et de ses solutions à chaque fois singulières ?