Nous avons le plaisir de vous adresser le premier numero du zappeur. Il s’agit du Bulletin electronique cree spécialement pour la preparation de la Journee de l’Institut de l’enfant. Chaque numero sera diffusé sur la liste du RI3. Bonne lecture !
Bulletin de préparation de la Journée de l’Institut de N°1[email protected]http://www.jie2011.blogspot.com
Dans son Cours Choses de finesse en psychanalyse du 17 décembre 2008, J.A. Miller met en valeur la distinction qui s’opère dans le tout dernier enseignement de Lacan entre « deux ordres inhomogènes, l’inconscient et le sinthome ». Le passage qui suit, extrait de la page 78 du numéro 71 de la revue La Cause freudienne, nous donne une orientation précise sur « la nature de défense » que peut venir occuper une phobie, un cauchemar, une peur, et les conséquences qui s’en déduisent. « En préliminaire, on peut distinguer deux moments.Il y a le moment de l’exploration de l’inconscient et de ses formations, dont le principe est que le symptôme a un sens, que tout ce qui fait symptôme – lapsus, acte manqué et la suite – a un sens et peut être déchiffré.. Comment ne passerait-on par ce moment pour tous ceux qui ne sont pas désabonnés de l’inconscient ? Bien sûr que l’on s’en passe pour Joyce, qui en plus ne s’est pas allongé ; la question ne s’est pas posée, ne pouvait pas se poser.L’orientation vers le singulier ne veut pas dire que l’on ne déchiffre pas l’inconscient, elle veut dire que cette exploration rencontre nécessairement une butée, que le déchiffrement s’arrête sur le hors-sens de la jouissance, et que, à côté de l’inconscient, où ça parle – et où ça parle à chacun, parce que l’inconscient, c’est toujours du sens commun -, à côté de l’inconscient, il y a le singulier du sinthome, là où ça ne parle à personne. C’est pourquoi Lacan le qualifie d’événement de corps.Ce n’est pas un événement de pensée. Ce n’est pas un événement de langage. C’est un événement de corps – encore faut-il savoir : de quel corps ? Ce n’est pas un événement du corps spéculaire, ce n’est pas un événement qui a lieu là où se déploie la forme leurrante du corps qui vous aspire dans le stade du miroir. C’est un événement du corps substantiel, celui qui a consistance de jouissance.Là, nous sommes à un niveau qui n’est pas celui de l’inconscient, pour autant que la découverte de l’inconscient, telle que la formule Lacan, c’est que l’inconscient est entièrement réductible à un savoir : la réduction de l’inconscient à un savoir, c’est-à-dire à un articulation de signifiants – que l’on est amené à supposer à partir de l’interprétation, du caractère interprétable de ce qui fait symptôme – est exclusive de l’événement. […]Eh bien, ça a des conséquences sur la pratique, en particulier la pratique de l’interprétation. L’interprétation, ça n’est pas seulement le déchiffrement d’un savoir, c’est faire voir, c’est éclairer la nature de défense de l’inconscient. »Jacques-Alain Miller
« Hans s’est oublié », Séminaire IV, p. 408 – par Éric Zuliani On lit et relit le cas Hans et le commentaire qu’en a fait Lacan, entre autres dans le Séminaire IV. Il y a un côté « tambour battant » de l’opération signifiante que Hans réalise grâce à Freud et son père. On peut y lire plus discrètement les remarques qu’il y fait sur ce qu’est une authentique phobie. À la presque fin de ce Séminaire, Lacan évoque certes cette opération, mais en des termes incluant le résultat, l’issue et la valeur de cette opération : « Ces tours et détours du signifiant qui se sont révélés salutaires, qui ont fait progressivement s’évanouir la phobie, qui ont rendu superflu le signifiant du cheval – s’ils ont opéré, c’est à partir de ceci, non pas que le petit Hans a oublié, mais qu’il s’est oublié. » (p. 408). Ces dernières lignes de l’avant-dernière leçon de l’année 1957, pose la question explicitement de « comment juger du résultat d’un certain progrès analytique ? (…) » On notera au passage que Lacan ne dit pas « progrès thérapeutique ». Le petit Hans est devenu un père mythique ; il peut engendrer, mais sans passer par une femme. « C’est en cela dit Lacan, que l’on ne peut pas dire que tout soit assumé de la position relative des sexes, et de la béance qui reste de l’intégration de ces rapports. » Lacan y indique aussi que « Hans n’est pas passé par le complexe de castration, mais par une autre voie, comme l’indique le mythe de l’installateur qui lui change le derrière, l’a conduit à se transformer en un autre petit Hans ». L’expression « un autre petit Hans » est énigmatique. Comment la comprendre ? Une indication de Lacan le permet ainsi que l’insistance de Lacan sur le « il s’est oublié ». À la page 407, Lacan indique, en effet, ceci : « Désormais, le petit Hans pourra meubler la place, mais ce résultat est acquis aux dépens de quelque chose qui n’apparaît pas dans cette perspective. Il s’agit de la dialectique du rapport du sujet à son propre organe. Ici à défaut que ce soit l’organe qui soit changé, c’est le sujet lui-même qui a la fin s’assume comme père mythique (…). » En d’autres termes, le progrès analytique a eu pour conséquence un effet sur le sujet, sur son être, mais pas sur le rapport à son organe, ni sur l’organe lui-même.Cela me semble être une piste de réflexion pour préparer la Journée : elle pose, en effet, la question de la direction de la cure et de la place des tours et détours du signifiant. Pour Hans, il n’y a pas qu’une tache qui persiste malgré l’opération signifiante : celle sur le museau du cheval. Il y a aussi un sort qui se dessine. Lacan l’examine dans « l’envoi » du Séminaire dans une clinique différentielle des rapports de l’homme et de la femme qui convoque une dernière fois Hans, accompagné cette fois-ci de Don Juan, de Léonard de Vinci, sans oublier les hommes et les femmes des livres de Françoise Sagan, moment de civilisation attesté par le commentaire d’un Kojève que Lacan fait valoir.
Yves Bonnefoy, écrivain et poète, répond dans Le Monde des Livres du 11/11/2010 aux questions d’Amaury da Cunha. Nous reproduisons ici sa réponse à une dernière question. L’intégrale de l’interview se trouve sur le site du Monde :http://www.lemonde.fr Comment êtes-vous parvenu à préserver votre regard d’enfant ?Cette question, oui, c’est bien ce qu’appelle tout de suite ce que je viens de vous dire, car cette idée de la chose comme un interlocuteur, c’est rappeler l’expérience de l’enfant avant que peu à peu il ne se laisse convaincre, par l’exemple et l’enseignement des adultes, d’appréhender le monde comme une donnée passive, manipulable : comme du réifié et non du vivant. Je crois que la poésie n’est que la préservation de ce sentiment de présence de tout à tout qui faisait le bonheur, et aussi l’angoisse, des « journées enfantes ». La mémoire de ce fait, aussi fondamental qu’oublié en ce siècle obsédé de technologie, épris de savoirs quantifiables, que nous ne vivons pas parmi des choses mais des êtres.Et comment préserver cette expérience première, cela peut être, c’est même à mon sens la principale façon, par la perception dans les vocables de leur son, leur son comme tel, qui est au delà, dans chacun, des signifiés par lesquels la pensée conceptualisée voile en eux la présence possible de ce qu’ils nomment. On écoute ce son lointain, écho dans le langage de l’unité de ce qui est, on l’accueille dans notre esprit par des rythmes qui montent du corps, c’est-à-dire du besoin, non de posséder, mais d’être ; et c’est alors ce chant par lequel le fait humain s’est établi sur la terre, dès les premiers pas du langage. Ce chant qui régénère les mots ; et qui, je l’espère bien, n’a pas cessé et ne cessera jamais de hanter les instants anxieux de nos grandes décisions.
Les affiches et les bulletins d’inscriptions sont disponibles au local de l’ECF, 1, rue Huysmans, Paris, 6°.Merci de vous adresser pour cela à Caroline Pauthe-Leduc, responsable de la diffusion, en lui adressant un message à : [email protected] Ils sont également téléchargeables sur le blog : http://www.jie2011.blogspot.com
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Le passage qui suit, extrait de la page 78 du numéro 71 de la revue La Cause freudienne, nous donne une orientation précise sur « la nature de défense » que peut venir occuper une phobie, un cauchemar, une peur, et les conséquences qui s’en déduisent. « En préliminaire, on peut distinguer deux moments.Il y a le moment de l’exploration de l’inconscient et de ses formations, dont le principe est que le symptôme a un sens, que tout ce qui fait symptôme – lapsus, acte manqué et la suite – a un sens et peut être déchiffré.. Comment ne passerait-on par ce moment pour tous ceux qui ne sont pas désabonnés de l’inconscient ? Bien sûr que l’on s’en passe pour Joyce, qui en plus ne s’est pas allongé ; la question ne s’est pas posée, ne pouvait pas se poser.L’orientation vers le singulier ne veut pas dire que l’on ne déchiffre pas l’inconscient, elle veut dire que cette exploration rencontre nécessairement une butée, que le déchiffrement s’arrête sur le hors-sens de la jouissance, et que, à côté de l’inconscient, où ça parle – et où ça parle à chacun, parce que l’inconscient, c’est toujours du sens commun -, à côté de l’inconscient, il y a le singulier du sinthome, là où ça ne parle à personne. C’est pourquoi Lacan le qualifie d’événement de corps.Ce n’est pas un événement de pensée. Ce n’est pas un événement de langage. C’est un événement de corps – encore faut-il savoir : de quel corps ? Ce n’est pas un événement du corps spéculaire, ce n’est pas un événement qui a lieu là où se déploie la forme leurrante du corps qui vous aspire dans le stade du miroir. C’est un événement du corps substantiel, celui qui a consistance de jouissance.Là, nous sommes à un niveau qui n’est pas celui de l’inconscient, pour autant que la découverte de l’inconscient, telle que la formule Lacan, c’est que l’inconscient est entièrement réductible à un savoir : la réduction de l’inconscient à un savoir, c’est-à-dire à un articulation de signifiants – que l’on est amené à supposer à partir de l’interprétation, du caractère interprétable de ce qui fait symptôme – est exclusive de l’événement. […]Eh bien, ça a des conséquences sur la pratique, en particulier la pratique de l’interprétation. L’interprétation, ça n’est pas seulement le déchiffrement d’un savoir, c’est faire voir, c’est éclairer la nature de défense de l’inconscient. »Jacques-Alain MillerRéférences « Hans s’est oublié », Séminaire IV, p. 408 – par Éric Zuliani On lit et relit le cas Hans et le commentaire qu’en a fait Lacan, entre autres dans le Séminaire IV. Il y a un côté « tambour battant » de l’opération signifiante que Hans réalise grâce à Freud et son père. On peut y lire plus discrètement les remarques qu’il y fait sur ce qu’est une authentique phobie. À la presque fin de ce Séminaire, Lacan évoque certes cette opération, mais en des termes incluant le résultat, l’issue et la valeur de cette opération : « Ces tours et détours du signifiant qui se sont révélés salutaires, qui ont fait progressivement s’évanouir la phobie, qui ont rendu superflu le signifiant du cheval – s’ils ont opéré, c’est à partir de ceci, non pas que le petit Hans a oublié, mais qu’il s’est oublié. » (p. 408). Ces dernières lignes de l’avant-dernière leçon de l’année 1957, pose la question explicitement de « comment juger du résultat d’un certain progrès analytique ? (…) » On notera au passage que Lacan ne dit pas « progrès thérapeutique ». Le petit Hans est devenu un père mythique ; il peut engendrer, mais sans passer par une femme. « C’est en cela dit Lacan, que l’on ne peut pas dire que tout soit assumé de la position relative des sexes, et de la béance qui reste de l’intégration de ces rapports. » Lacan y indique aussi que « Hans n’est pas passé par le complexe de castration, mais par une autre voie, comme l’indique le mythe de l’installateur qui lui change le derrière, l’a conduit à se transformer en un autre petit Hans ». L’expression « un autre petit Hans » est énigmatique. Comment la comprendre ? Une indication de Lacan le permet ainsi que l’insistance de Lacan sur le « il s’est oublié ». À la page 407, Lacan indique, en effet, ceci : « Désormais, le petit Hans pourra meubler la place, mais ce résultat est acquis aux dépens de quelque chose qui n’apparaît pas dans cette perspective. Il s’agit de la dialectique du rapport du sujet à son propre organe. Ici à défaut que ce soit l’organe qui soit changé, c’est le sujet lui-même qui a la fin s’assume comme père mythique (…). » En d’autres termes, le progrès analytique a eu pour conséquence un effet sur le sujet, sur son être, mais pas sur le rapport à son organe, ni sur l’organe lui-même.Cela me semble être une piste de réflexion pour préparer la Journée : elle pose, en effet, la question de la direction de la cure et de la place des tours et détours du signifiant. Pour Hans, il n’y a pas qu’une tache qui persiste malgré l’opération signifiante : celle sur le museau du cheval. Il y a aussi un sort qui se dessine. Lacan l’examine dans « l’envoi » du Séminaire dans une clinique différentielle des rapports de l’homme et de la femme qui convoque une dernière fois Hans, accompagné cette fois-ci de Don Juan, de Léonard de Vinci, sans oublier les hommes et les femmes des livres de Françoise Sagan, moment de civilisation attesté par le commentaire d’un Kojève que Lacan fait valoir. NewsYves Bonnefoy, écrivain et poète, répond dans Le Monde des Livres du 11/11/2010 aux questions d’Amaury da Cunha. Nous reproduisons ici sa réponse à une dernière question. L’intégrale de l’interview se trouve sur le site du Monde :http://www.lemonde.fr Comment êtes-vous parvenu à préserver votre regard d’enfant ?Cette question, oui, c’est bien ce qu’appelle tout de suite ce que je viens de vous dire, car cette idée de la chose comme un interlocuteur, c’est rappeler l’expérience de l’enfant avant que peu à peu il ne se laisse convaincre, par l’exemple et l’enseignement des adultes, d’appréhender le monde comme une donnée passive, manipulable : comme du réifié et non du vivant. Je crois que la poésie n’est que la préservation de ce sentiment de présence de tout à tout qui faisait le bonheur, et aussi l’angoisse, des « journées enfantes ». La mémoire de ce fait, aussi fondamental qu’oublié en ce siècle obsédé de technologie, épris de savoirs quantifiables, que nous ne vivons pas parmi des choses mais des êtres.Et comment préserver cette expérience première, cela peut être, c’est même à mon sens la principale façon, par la perception dans les vocables de leur son, leur son comme tel, qui est au delà, dans chacun, des signifiés par lesquels la pensée conceptualisée voile en eux la présence possible de ce qu’ils nomment. On écoute ce son lointain, écho dans le langage de l’unité de ce qui est, on l’accueille dans notre esprit par des rythmes qui montent du corps, c’est-à-dire du besoin, non de posséder, mais d’être ; et c’est alors ce chant par lequel le fait humain s’est établi sur la terre, dès les premiers pas du langage. Ce chant qui régénère les mots ; et qui, je l’espère bien, n’a pas cessé et ne cessera jamais de hanter les instants anxieux de nos grandes décisions.Infos pratiques Les affiches et les bulletins d’inscriptions sont disponibles au local de l’ECF, 1, rue Huysmans, Paris, 6°.Merci de vous adresser pour cela à Caroline Pauthe-Leduc, responsable de la diffusion, en lui adressant un message à : [email protected] Ils sont également téléchargeables sur le blog : http://www.jie2011.blogspot.comToutes les informations concernant le RI3 sont sur le sitewww.ri3.be> pour se désinscrire de la liste, envoyer un message sans objet à [[email protected]] > pour s’inscrire, adresser un message vierge et sans objet depuis sa boite à [[email protected]]