LE RAPPORT SEXUEL AU XXIeme SIECLE
Première soirée préparatoire de l’Envers de Paris pour les Journées 2008 de l’ECF
Compte rendu de la soirée du 19 juin 2008
Autour des homosexualités : USAGES & NOUAGES
À l’Envers de Paris, ce fut enlevé ce jeudi 19 juin, lors de la première soirée préparatoire aux Journées d’étude de l’ECF sur « le rapport sexuel au XXI siècle. C’est Marga Auré qui prit la parole avec cette incise incisive : concernant les homosexualités, nos formulations gardent-elles encore, actuellement, le caractère subversif qui a marqué la découverte freudienne? Seule la clinique du cas, rappela t-elle, promet de nous enseigner sur la façon dont un sujet fait avec son « programme de jouissance » – promesse tenue avec adresse par Perla Drechsler et Laura Sokolowsky, initiatrices d’une vaste mise en demeure de dépoussiérer nos outils, avec le concours de Marie-Hélène Brousse, qui nous introduisit au thème et de Hélène Bonnaud. Derechef, nous voilà sortis de nos gonds, contraints à replonger dans le cas de la jeune homosexuelle, cette Sidonie- alors peut-être pas toute hystérique ? Marie-Hélène Brousse trancha ces voies : on a que des solutions de sens sexuel multiples, le pluriel s’impose avec la nécessité de penser une clinique post-oedipienne. S’il y a homosexualité au singulier cependant, elle est trans-structurelle. Symptôme ? Phénomène ? Plutôt sinthome. Pas de rapport sexuel, donc pour le parlêtre mais du lien social. Plus qu’un phénomène pulsionnel, l’homosexualité est un « phénomène de discours ».
La discussion suscitée par les cas de Laura Sokolowsky et de Perla Drechsler, fut vive, hardie : à l’envers, Sylvaine « devenue gay à l’âge de 7ans » selon ses mots, nous a reconduit à interroger la jeune homosexuelle. Sylvaine dont le cas serre comment une jeune fille en prise avec de douloureuses relations aux femmes qui l’empêchent d’avancer put se saisir de l’analyse pour trouver apaisement à sa détresse, modifier sa place après l’assomption de la barre sur l’Autre maternel. Avec le cas de Jean, « poisson devant une pomme » avec les femmes », nous avons été réveillés à cette idée, non reçue, au fond, non toute faite et non acquise dans cette salle ce soir du 19 juin : il s’agit dans une analyse de bien-dire, de trouver une solution, une écriture à son drame singulier, et non, Hélène Bonnaud, discutante de la soirée, et Marie-Hélène Brousse ont pu le souligner avec vigueur, de se voir rectifié, corrigé, rééduqué dans sa jouissance…En attendant la prochaine soirée de l’Envers sur le rapport sexuel au 2ème siècle, lisons alors Mireille Havet, célèbre auteure – si non épistolaire – « de » l’homosexualité féminine , qui répondait ainsi à l’enquête de La Riviera , le 4 janvier 1925 : « Que pensez-vous de l’étalage de l’homosexualité dans la vie mondaine et la littérature ? » : « Si on parle davantage d’inversion depuis la guerre, c’est que les cas se sont multipliés. On s’est moins cachés. Pourquoi ? Parce que la guerre a ôté bien des masques et que nous sommes devenus plus durs et plus indifférents. Il est utile de le dire, il est indispensable de parler d’une chose qui modifie la vie romanesque des jeunes gens. D’ailleurs on peut – on doit – parler de tout (…) Ce qui est vraiment indécent, c’est de mal écrire ». (Mireille Havet, Journal, 1924-1927, édition Claire Paulhan, Année MMVIII)
Stella Harrison