« Éduquer, tâche impossible ? », par Christine Maugin En usant du langage, nous ne visons rien d’autre qu’enseigner (Saint Augustin) L’Institut psychanalytique de l’Enfant a vu le jour grâce à l’initiative de Jacques-Alain Miller en décembre 2009 ; il s’inscrit dans l’Université Populaire Jacques-Lacan. Son intervention de clôture à la première Journée de l’Institut psychanalytique de l’Enfant, publiée dans le premier volume de la nouvelle Collection de la petite Girafe Peurs d’enfants, donne l’orientation de notre travail pour cette année. Dans l’Institut psychanalytique de l’Enfant, les difficultés et particularités des enfants et des adolescents contemporains sont pris au sérieux, une par une, dans des contextes très différents mais convergents. Le projet de l’Institut psychanalytique de l’Enfant est de faire de la psychanalyse avec l’enfant une authentique contribution au discours analytique. L’ambition de cet Institut, à l’époque où l’on réduit l’enfant à son éducabilité, est d’élever à la dignité d’un enseignement ce que sait l’enfant : quiconque travaille avec des enfants peut contribuer à une traduction à plusieurs voix de ce savoir. Son éthique est d’accueillir ce qui apparaît quand on entend l’enfant dans sa position subjective. Le savoir est du côté de l’enfant et l’Institut psychanalytique de l’Enfant fait de cet axiome un préalable. Dans l’Ouest, le projet d’initiative régionale de l’Institut psychanalytique de l’Enfant regroupe les villes de Vannes, Nantes, Saint-Nazaire, Angers et Cholet. Quatre ateliers itinérants et une Journée de ponctuation forment un « circuit » d’étude et de recherche dont le fruit se dévoilera au fur et à mesure des rencontres. La question Éduquer, tâche impossible ? guidera notre travail lors de nos différents rendez-vous. Ce titre a été choisi en référence à Sigmund Freud, pour qui il existait trois métiers impossibles : gouverner, éduquer et psychanalyser. Cependant, l’impossible n’est pas l’impuissance, mais au contraire le ressort issu même des impasses – prenant la forme d’un symptôme ou allant croissantes dans la civilisation – qui permet depuis toujours l’invention. Ainsi, nous nous attacherons à discuter les différentes présentations des praticiens sous l’angle suivant : Qu’apprend-on sur la psychanalyse, qu’est-ce qu’être orienté par elle, quels rapports entretenons-nous avec ce qu’on appelle éducation ? Il s’agit de démontrer que « la cure analytique n’est pas une éducation » au sens où aucune voie, autre que celle du sujet, ne peut être proposée afin que s’élucide un point de vérité pour l’enfant qui éclaire son symptôme. Ainsi, aucun programme, et donc aucun pouvoir, ne peut être exercé sur l’enfant qui fait l’épreuve de sa subjectivité. Lors des différentes rencontres nous tenterons de contribuer au discours analytique à partir de la traduction des cas cliniques et des vignettes pratiques permettant à chacun d’apercevoir les enjeux lorsqu’il s’agit de l’enfant et comment, orienté par l’enseignement de Lacan, le praticien ou l’intervenant peut produire un sujet digne de ce nom. C’est donc aussi avec le postulat que chaque Un des sujets nous enseigne, que cela nous permettra de redonner tout son sens à ce que Lacan indique au début de son enseignement : « La psychanalyse n’a qu’un médium : la parole du patient. » Le prochain Atelier aura lieu à Angers « Éduquer, tâche impossible ? » Le 9 janvier 2012 Soirée ouverte à tous de 21h à 23h En savoir + |
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L’enfant et la psychanalyse par Éric Zuliani La rubrique « L’enfant et la psychanalyse » contribue aux travaux de l’Institut psychanalytique de l’Enfant en mettant l’accent sur l’enfant dans le discours analytique: enfant reconnu dans son statut de sujet à part entière; psychanalyse considérée dans son unité. Cette rubrique accueille les travaux des psychanalystes, plus largement des praticiens, qui, dans un accueil particularisé, sont aux côtés d’un enfant qui souffre dans son corps ou dans sa pensée – qu’il soit sous la responsabilité de sa famille ou d’une institution sociale ou médicale. C’est avec sa façon de dire que l’enfant s’inscrit dans le discours analytique, et c’est dans le respect de ce qu’il sait déjà – son symptôme en témoigne – que le psychanalyste, le praticien se range à ses côtés : créant un lieu où sa parole est libre, tissant un lien par lequel il peut jouer sa partie. À partir du thème de l’année sur l’éducation, cette rubrique propose à chacun d’examiner, suivant l’indication de J.-A. Miller, en quoi « la cure n’est pas une éducation ». Trois axes peuvent orienter les contributions de chacun afin d’éclairer ce qu’il en est de la direction de la cure avec un enfant: – Quel est l’horizon d’une cure d’enfant? Comment comprendre, en cela, la proposition de J.-A. Miller: « Mener l’enfant à ceci que l’Autre n’existe pas. » – Quel père et quelle mère l’enfant rencontre-t-il dans sa cure? De quel « père » l’enfant se sert-il ? Comment déchiffre-t-il le désir de sa mère ? àl’œuvre dans le savoir: il s’agit ici de montrer en quoi les hypothèses psychologiques – principalement développementalistes – ne sont qu’hypothèque, toujours éducative, prise sur une autorité authentique, ne proposant que répression. Il s’agit donc d’explorer ce que J. Lacan entend par plus-de-jouir, c’est-à-dire « ce qui perdure de perte pure » (Autres écrits, p. 545). Nous vous invitons à nous faire parvenir des contributions cliniques prestes, des épinglages portant sur des références freudiennes et lacaniennes, des comptes-rendus de lectures de textes sur la pratique avec les enfants qui ont contribué à l’histoire de la psychanalyse, mais aussi des témoignages sur les conditions évaluatives faites aux praticiens, et, où qu’ils travaillent, leurs incidences. Éric Zuliani : [email protected] La lutte de Camille par Laetitia Jodeau– en savoir + |
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Les institutions d’orientation lacanienne par Corinne Rezki En ce début du XXIe ècle, les classifications internationales (DSM et CIM), fondées sur des données pseudo-scientifiques, noient ce qui fait l’énigme du vivant, tentant de l’emprisonner dans une multitude de critères s’appuyant sur les armes de la statistique, de la génétique, de l’imagerie etc. Autisme, schizophrénie, paranoïa, mélancolie, psychose infantile etc. ont été atomisés et l’on a vu naître au fil des différentes éditions de ces manuels de classification, des mutants portant les termes de « troubles ». Trouble envahissant du développement, trouble bipolaire, trouble de l’attention etc. Cette implacable logique, a mis la notion de handicap au premier plan et donné lieu à des recommandations dites de bonnes conduites, notamment concernant l’éducation et la rééducation, sous diverses formes. Un siècle après son invention, la psychanalyse peut-elle encore apporter un éclairage nouveau ? Quelles conséquences inédites pour les enfants lorsque l’accueil d’un dérangement, l’accueil d’une souffrance, l’accueil d’un comportement qui paraît inadapté, l’accueil d’un retard de langage, d’une difficulté dans les apprentissages etc., est pris dans les détails du vécu de son histoire? Comment permettre au plus intime d’être accueilli ? Comment s’en faire le partenaire ? Les différents intervenants (éducateurs, infirmiers, psychologues, psychiatres etc.) travaillant dans les institutions du RI3 qui s’orientent du discours analytique, sont invités à contribuer à cette rubrique en adressant des textes courts (3000 signes) pour la newsletter de l’IPE et le site, ou des textes plus longs (8000 signes) pour les volumes de la collection La Petite Girafe. témoignages ou réflexions pourront alors faire série et soulever dans leur diversité la richesse de l’abord au un par un, hors de tout protocole, mais avec comme boussole la prise en compte des conséquences des actes posés. L’équipe qui anime cette rubrique avec Corinne Rezki est composée de : Céline Authier (Aubervilliers) Christine Carteron (CTR Nonette) Cédric Détienne (Antenne 110) Florence Marion (La Demi-lune, l’Île verte, Podensac) Laura Petrosino (Le Courtil) Thomas Roïc (Le Courtil) Corinne Rezki : [email protected] Les institutions médico-sociales par Jean-Pierre Rouillon Le champ des institutions du médico-social est en profonde mutation. Séparé depuis sa naissance du champ du sanitaire, se consacrant à la déficience et au handicap, il répondait à une logique se fondant sur l’initiative d’associations oeuvrant pour le service public. Il a participé de l’œuvre de reconstruction de la France à la suite de la seconde guerre mondiale. Il s’agissait d’offrir à tous les enfants ne pouvant s’inscrire dans le régime scolaire, puis à tous les adultes ne pouvant trouver une place dans le monde du travail, des abris, des lieux où se construire. Fondé sur le bénévolat, ce champ s’est peu à peu professionnalisé et la pluralité des projets associatifs a tissé un espace d’expériences novatrices et diverses. Si la dimension éducative était au premier plan, la dimension thérapeutique se fondant sur la relation humaine l’a souvent accompagné, tissant des liens entre éducation et thérapeutique. C’est la raison pour laquelle les institutions du médico-social ont souvent fait appel à la psychanalyse, car elle leur offrait un mode de lecture leur permettant de saisir ce qui se jouait pour l’enfant à l’intérieur de l’institution. Depuis plusieurs années, ce mode humaniste d’accompagnement a dû composer avec un souci gestionnaire qui pouvait en limiter la portée. Mais, ce que nous vivons depuis 2 ans relève d’une véritable révolution. Avec la loi H.P.S.T. (Hôpital, patients, santé et territoires), le médico-social est désormais lié avec le sanitaire et c’est l’A.R.S. (Agence Régionale de Santé) qui veille à ce champ unifié. Cette réorganisation qui met au premier plan les contraintes économiques et la rationalisation des politiques publiques, vise à mettre en place une uniformisation des pratiques au nom de l’égalité de traitement des citoyens sur le territoire. La pratique de l’évaluation quelle soit interne ou externe a pour but de donner des outils pour réaliser cette uniformisation dans un milieu peu homogène. C’est le handicap psychique, notion crée par la loi de 2005 sur l’égalité des chances, notion qui n’a pas reçu immédiatement de définition, qui va pouvoir assurer le nouage entre le sanitaire et le médico-social. Il ne s’agit pas seulement d’opérer un transfert massif de l’institution psychiatrique vers les institutions médico-sociales, mais plutôt de créer un mouvement de désinstitutionalisation frappant les deux champs pour répondre aux directives européennes et aux orientations de l’O.M.S. Ce n’est plus le mouvement d’exclusion classiquement à l’œuvre dans les institutions relevant du discours du maître auquel nous assistons, mais au procès de ségrégation que Lacan avait prophétisé dans son « Allocution sur les psychoses de l’enfant » (Autres écrits). Si la place de l’analyste ou de l’intervenant se référant à la psychanalyse, a longtemps consisté à faire valoir la logique du sujet en opposition à celle de la norme et du collectif, privilégiant la dimension clinique, elle devient désormais politique. Dans un monde où l’efficacité veut éradiquer la fonction du symptôme au nom de la santé mentale, nous devons par notre action maintenir des lieux et des espaces où le symptôme a encore droit de cité. Pour cela, la seule attention à la clinique ne saurait suffire, il faut investir les lieux où les décisions politiques se prennent, il faut soutenir les projets associatifs en leur donnant les outils pour proposer des projets où le parlêtre puisse exister et trouver l’espace où inventer son symptôme. Nous devons partir du un par un, et non pas de l’universel, du général, ce qui nous semble sûrement une tâche démesurée en l’état, mais seule la psychanalyse est en mesure de donner une orientation lorsque l’idéal a laissé la place à l’objet. Nous souhaitons donc que cette rubrique soit un lieu d’échange entre ceux qui se soutiennent du discours analytique pour s’y retrouver dans l’impossible à supporter contemporain. Faire le passage de l’impuissance à l’impossible est alors le premier pas pour faire invention de la contingence. L’équipe pour cette rubrique est constituée de : Kristell Jeannot Michel Neycensas Patrick Paquier Patrick Roux Jean-Pierre Rouillon : [email protected] Case Marmaillons : Accueillir, écouter, rencontrer, un pari au cas par cas, par Sylvie Godes– en savoir + |
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Bébés à risques Notre collègue Juan Pundik, président de la Plataforma Internacional contra la Medicalizacion de la Infancia nous communique un article du journal espagnol La Vanguardia qui présente les déclarations d’une équipe de l’Hôpital Clinique de Barcelone qui prétend détecter le risque d’échec scolaire dès les premiers jours de la vie et proposer une technique qui ouvre la voie à la correction des altérations du développement neurologique. » Article de la Vanguardia – en savoir + |
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Planking par Marianne Bourineau Avez-vous entendu parler du planking ? Je ne connaissais pas non plus ce terme, jusqu’au jour où l’un de mes élèves de première a été surpris dans le lycée allongé sur la verrière de la salle des professeurs |
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La rubrique Presse de l’Institut psychanalytique de l’Enfant par Adela Bande-Alcantud La presse fait partie des médias, un des sommets du « triangle des savoirs » – avec l’État et la famille – que Jacques-Alain Miller évoque dans sa conférence « L’enfant et le savoir ». La presse participe ainsi des « appareils de discours où le savoir est en position de semblant et dont les enjeux sont en fait de pouvoir. Et l’enfant aujourd’hui est un enjeu de pouvoir … il s’agit de rien de moins que de la production des sujets… » ( Peurs d’enfants, p. 15) La recherche de la rubrique Presse s’inspire de ces propos et vise à extraire les signifiants de ce savoir-semblant véhiculés par la presse et qui modèlent le sujet. Autrement dit, nous cherchons comment la presse véhicule un savoir sur l’enfant, en tant que « sujet à éduquer » . Cette recherche inclut trois types de presse : la presse ordinaire avec des informations à relever et à analyser sur ou en rapport à l’éducation des enfants ; les magazines et journaux de jeunesse pour enfants de 6 mois à 16 ans, tant presse éducative que presse distractive ; et aussi la presse qui s’adresse aux parents pour leur apprendre à éduquer leurs enfants : une forte dose idéologique passe par ces nouvelles « écoles des parents » …. Nous sommes une équipe de cinq pour le moment, avec Dominique Rousseau, Véronique Outrebon, Sylvie Cassin et Véronique Servais. Dominique Rousseau relève dans la presse – principalement le Monde et l’Express, le Bulletin de l’Éducation nationale et la presse syndicale enseignante – toute question concernant l’acquisition du savoir et l’enseignement pour tenter de saisir les logiques à l’œuvre dans les discours autour de la « pédagogie ». Il présente ici le n° de rentrée de la revue Télérama, centré sur l’école. Véronique Outrebon travaille sur la presse pour petits enfants jusqu’à 5 ans et de la représentation qu’elle véhicule de la famille, du couple parental, des enfants eux-mêmes. Sylvie Cassin travaille sur la presse adressée aux parents, et moi-même sur la presse exclusivement pour filles , pour le moment . Véronique Servais cherche dans la presse en Belgique ce qui concerne toutes les dispositions en matière d’éducation à l’école et en famille. Elle nous montre dans son article comment il s’agit de former les enfants comme leurs parents à acquérir des « compétences » pour mieux intégrer ou réintégrer tout le monde dans la société! Elle nous apprend que la Belgique, malgré sa place dans l’Europe, elle est, en matière de santé et d’éducation orientée ou plutôt commandée par les idéologies venant de l’Amérique du Nord. Mais aussi à travers le terme de « compétence » déterminant dans les textes sur éducation et santé, elle découvre entre autre, l’idée de « la maîtrise de la langue », du cognitivisme et le PPP, programme positif parental. Adela Bande-Alcantud : [email protected] « Mon instit va craquer ! » par Dominique Rousseau– en savoir + Compétences et competence : un carrousel sans fin par Véronique Servais-Poblome– en savoir + |
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Un enfant appliqué par Geneviève Cloutour-Monribot Pour des générations d’enfants, le nom d’Epaminondas, célèbre général grec du ivesiècle avant notre ère, vainqueur de grandes batailles, va devenir celui d’un personnage de conte, petit enfant noir du sud des États-Unis. |
We need to talk about Kevin Film de Lynne Ramsay 2011 par Maud Ferrauge Au matin de ses 16 ans, Kevin commet l’irréparable : il abat de sang froid sept lycéens, un professeur et deux membres de sa famille dont son père. |
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Tiersymbolik und Phobie bei einem Knaben Alexandra Fehlauer a réalisé pour l’Institut la traduction d’un article de Sabina Spielrein » Tiersymbolik und Phobie bei einem Knaben« , paru dansl’Internationale Zeitschrift für Ärztliche psychoanalyse, II Jahrgange, 1914 Heft 4. Juli , 375-377. La phobie mise en valeur par Spielrein montre combien le signifiant phobique est un appui pour l’enfant dans sa relation au désir de la mère. La relation imaginaire entre l’enfant et sa mère, Spielrein la saisit d’emblée au travers du signifiant, ces petits noms que l’enfant et la mère s’échangent l’un l’autre. C’est très démonstratif de la thèse de Lacan. Références chez Freud et Lacan Éric Zuliani nous présente une première recension non exhaustive des références chez Freud et chez Lacan sur le thème large de l’éducation et des notions attenantes. |
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L’Institut de l’Enfant est sur le site www.lacan-universite.fr Contact : [email protected] Les News : Rédacteur Daniel Roy, rédacteur-adjoint Hervé Damase |
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