(English Translation Below) VERS GENÈVE 8 VIIIième Congrès de la NLS « Fille, mère, femme au XXIième siècle » les 26 – 27 juin 2010 à Genève Logique et semblants de la position féminine « Il n’y a pas de rapport sexuel qui puisse s’écrire » tel est le point de départ lacanien de l’article que Marie-Hélène Brousse a bien voulu nous confier à moins d’un mois du Congrès qui nous réunira à Genève les 26 et 27 Juin prochains. Elle y décline la logique de l’absence de rapport sexuel entre les hommes et les femmes à partir du Séminaire 18 et isole trois solutions féminines pour « faire lien sexuel » là où il n’y a pas de rapport : Les trois R : ruse, ravage, ravissement. Ce document de travail nous aidera à mieux repérer ces éléments dans les textes du congrès. Lacan l’indique encore un peu autrement dans un passage du Séminaire XX (p 81): « Il y a selon le discours analytique, un animal qui se trouve parlant et qui pour qui, d’habiter le signifiant, il résulte qu’il en est le sujet. Dès lors, tout se joue pour lui au niveau du fantasme, mais d’un fantasme parfaitement désarticulable d’une façon qui rend compte de ceci, qu’il en sait beaucoup plus qu’il ne le croit quand il agit ». Ruse, ravage et ravissement sont donc des semblants comme l’indique Marie-Hélène Brousse. Mais une question insiste : comment tenir une position féminine quand le fantasme lui-même est inconsistant ? Nous aurons au Congrès quelques éléments de réponse. D’ici au 26 Juin nous publierons toutes les semaines des travaux de référence qui nous permettront d’affiner notre approche afin que la discussion soit fructueuse. N’omettez pas de vous inscrire en ligne, cela facilitera le travail de la Commission d’Organisation. PGG SAVOIR FAIRE FEMININ AVEC LE RAPPORT LES TROIS R : R– USE, RAVAGE, RAVISSEMENT Marie Hélène Brousse Je vais rapidement établir les coordonnées au sein desquelles se situera le développement que je souhaite faire à propos de quelques solutions féminines au rapport sexuel, que j’appellerai savoir faire. L’affirmation de Lacan « Il n’y a pas de rapport sexuel qui puisse s’écrire », affirmation qui sert de fondement au discours analytique, a fait, au moment de son énonciation, l’effet d’une bombe et d’un scandale. Pourtant et conformément à la démonstration logique que Lacan en fait alors, elle se vérifie aujourd’hui dans le discours du maître contemporain, sur lequel une fois de plus il avait anticipé. Je ne développerai pas ce point que la multiplication des modes de jouissance sexuelles non corrélées à la différence homme femme et à la norme oedipienne permet de vérifier dans la psychopathologie de la vie amoureuse d’aujourd’hui. La croyance en un rapport sexuel entre les hommes et les femmes nécessitait l’univocité du Nom du Père, même si, depuis Freud qui en faisait déjà la remarque, la clinique analytique des parlêtres tirait dans le sens opposé. Aujourd’hui donc l’idée qu’il n’y a pas de rapport sexuel entre les hommes et les femmes est presque devenue une évidence, ce qui ne veut naturellement pas dire que la formule est mieux comprise. Une opposition est ici nécessaire entre rapport et lien, voire une alternative : si le rapport peut s’écrire, alors le lien, c’est-à-dire le discours n’est plus nécessaire, si le rapport ne peut s’écrire alors , et je cite Lacan dans le séminaire 18, D’un discours qui ne serait pas du semblant, « c’est donc dans un discours que les étant hommes et femmes, naturels si l’on peut dire, ont à se faire valoir comme tels[1] ». Cette opposition entre rapport et lien se décline selon d’autres : écriture et langage, lettre et parole. Dans la mesure où il ne peut s’écrire sous forme d’un rapport en langage mathématique ou même logique, le sexuel est l’objet d’un dire, voire constitue, en tant que signification impossible, le fondement de tout sens, ou sens à tout faire du discours du maître, c’est-à-dire aussi bien de l’inconscient qu’il sature. Parce que le besoin sexuel n’est pas, comme le dit Lacan dans ce même séminaire[2], « mesurable », s’en suit de cette indétermination l’impossibilité d’inscrire un rapport. Par contre, s’il n’est pas possible de l’écrire comme une fonction, il est possible de « l’énoncer ».[3] Le langage ne rend pas compte du sexuel comme rapport et de ce fait même produit la dimension du sexué comme ensemble de fictions. C’est donc au niveau des énoncés, de l’énonciation, de la parole et de ses usages que le sexué organise le discours. La formule « Il ‘y a pas de rapport sexuel » a donc pour envers « il y a du lien qui est sexué ». Les solutions subjectives féminines que nous allons envisager se situent dans un discours et comme telles relèvent du semblant et de la fiction. Elles constituent un savoir y faire qui, se déployant dans l’univers du discours de l’inconscient, vise et désigne depuis le lien social, un vide que constitue le rapport manquant. La ruse et le silence Il y a quelques années j’avais été amenée à travailler un passage de l’Emile de Jean-Jacques Rousseau dans lequel il comparait une manière féminine et masculine de faire avec la loi et l’interdit. Je ne reprendrai pas cet exemple, mais en développerai un autre, issu de l’observation. Deux enfants du même âge, entre trois et quatre ans, une fille et un garçon passent avec d’autres enfants des vacances. Il y a dans la maison où ils habitent de nombreux jouets. Des disputes constantes, des rivalités engendrant des bagarres à propos de ces objets, ont amené les adultes qui en ont la charge à prononcer une règle « Les jouets de la maison sont à tous les enfants ». Vous remarquez la structure de type « Pour tout » situant la phrase du côté de l’universel. Le petit garçon est dans une pièce absorbé par l’utilisation d’un jouet. La petite fille arrive, regarde, lui prend le jouet et devant ses cris lui dit « Les jouets sont à tous les enfants », puis s’en va avec son butin. Qu’a-t-elle fait ? Sous la phrase qu’elle répéte, loi universelle, elle fait surgir une autre dimension, non énoncée. Elle courcircuite le « pourtout » qui n’existe pas, par un acte qui est le signe du « un enfant », existence du singulier, ici singularité d’un désir marqué par la concurrence pour l’objet que Lacan analyse de façon si limpide dans le Séminaire L’angoisse. J’appellerai cette solution la « ruse » car cet acte ne remet an aucun cas en cause la loi universelle comme telle, bien plus s’appuie sur la formulation de cette loi même, et cependant dévoile cette loi comme fiction tout en y re-introduisant une dimension que cette loi ignore. Dans l’exemple tiré du texte de l’Emile, c’est en introduisant un blanc dans la chaîne de la demande orale sous forme d’un silence que le sujet rabat sur l’Autre la charge d’expliciter la demande dont il a lui même interdit au sujet la formulation. La ruse implique donc premièrement un savoir du manque et son acceptation, deuxièmement une utilisation de la parole gommant la position singulière du sujet qui reste non dite, troisièmement un maniement du défaut de l’Autre de la loi et du langage. Elle suppose une familiarité avec la fonction castration dans la relation avec l’objet. Ces solutions sont anciennes et portent la marque du discours hystérique. Citons Lacan : « Ce sont les conséquences dans la position de la femme de ceci, que ce n’est qu’à partir d’être une femme qu’elle puisse s’instituer dans ce qui est inscriptible de ne pas l’être, c’est-à-dire qui est restant béant de ce qu’il en est du rapport sexuel. D’où il arrive ceci, si lisible dans la fonction combien précieuse des hystériques, qu’elles sont celles qui, sur ce qu’il en est du rapport sexuel, disent la vérité.…Pour ce qui est de faire le touthomme, elle en est aussi capable que le touthomme lui-même, à savoir par l’imagination. »[4] La question est que faire le touthomme ne l’intéresse plus forcément, et l’imagination non plus, quand ce qu’elle cherche est au défaut du symbolique un réel qui ne soit pas de semblant. Revenons à cette même petite fille. A l’âge de l’identification à la Princesse et de la domination du rose bonbon, dans lequel elle était entrée précocement, sa croyance dans les attributs phalliques l’avait même amené parfois à revêtir trois robes l’une sur l’autre. Ses parents à l’entrée au CP, dans le respect de cette orientation, lui avaient offert un cahier muni d’une clef se proposant comme le journal intime d’une princesse, son confident. Quelques années plus tard il traînait, abandonné, désaffecté, dans un placard. J’eus la curiosité d’y jeter un coup d’œil. Il avait perdu sa clef depuis longtemps. Peu de choses écrites, mais une phrase, revenant au fil des pages, phrase écrite dans des calligraphies différentes, jubilatoires : « Le prince charmant est un crétin ». Je dois dire que cela m’a saisie. Certes, c’est un secret, ce n’est pas fait pour être clamé sur les toits, comme je le fais devant vous. Mais je suis tentée d’y voir une modification dans la position hystérique. En lisant le petit texte que Jacques-Alain Miller a écrit récemment sur Sarah Palhin, j’y vois le même mouvement de levée du voile sur la castration et une remise en cause de l’au moins un, bref une relation à la fonction phallique sans la croyance en l’exception à la fonction. Deux références cliniques me permettront d’avancer un peu plus sur cette solution par la ruse. Une patiente vient consulter car la relation à son mari s’est dégradée depuis quelque temps ce qui la fait beaucoup souffrir, car elle aime cet homme. Je réduirai les données à l’essentiel : à l’occasion d’un déménagement, ont été retrouvées dans un coffre qui était resté des années à la tête du lit conjugal des vielles lettres. Parmi ces lettres quelques unes étaient d’un ex et bref amant, d’avant son mariage. Elle en avait oublié l’existence, comme d’ailleurs elle avait oublié jusqu’au nom de ce monsieur. Mais le mari l’a mal pris, lui reprochant particulièrement de l’avoir fait dormir des années avec, dit-il non sans exagération, ces lettres sous son lit. Que dit-elle ? Elle ne comprend ni sa colère à lui dont elle souffre des effets sur leur relation qu’elle aimait, ni son acte à elle, acte qu’elle commence à percevoir comme formation de l’inconscient. Elle avait oublié, certes. Elle ne tenait pas à ces lettres assez insipides, mais alors pourquoi les avoir gardées ? et à cet endroit, somme toute pas vraiment cachées ? Un trophée, c’est le premier signifiant qui lui vient. Une vengeance sera le deuxième, évoquant le fait qu’au début de leur relation son mari était loin de lui être fidèle. Enfin si cet amant oublié avait une caractéristique c’était son anonymat lors de leur première rencontre sexuelle, anonymat associé par elle au plaisir inédit qu’elle avait éprouvé. Evidemment on pense à La lettre volée à laquelle revient Lacan toujours dans ce même passage du Séminaire 18.[5] Je cite : « ce n’est pas rien que de mettre en avant la lettre dans un certain rapport de la femme avec ce qui, de loi écrite, s’inscrit dans le contexte où la chose se place, du fait qu’elle est, au titre de Reine, l’image de la femme conjointe au Roi. Quelque chose est ici improprement symbolisé, et typiquement autour du rapport comme sexuel. C’est dans ce contexte que le fait qu’une lettre lui soit adressée prend la valeur que je désigne, celle de signe. » Lacan se cite alors lui-même « Car ce signe –la lettre- est bien celui de la femme pour ce qu’elle y fait valoir son être, en le fondant hors de la loi, qui la contient toujours, de par l’effet de ses origines, en position de signifiant, voire de fétiche ».C’est donc d’un acte de révolte que procède la lettre, révolte contre son statut de signifiant ou de fétiche dans le contexte de la loi. Mais ici, il y a plus que la lettre, signe de sa révolte et de son être hors de la loi. Il y a que c’est elle-même et non pas un tiers qui cache la lettre en la mettant à cette place singulière. C’est elle donc qui souligne la déficience du rapport sexuel pourtant promu par le mariage. Par la lettre mise à cette place, elle fonde le rapport sexuel « étatisé » légalisé, sur un signe qui le mine, qui en montre la valeur de fiction et par là même, en dégage son être. Qui se situe dans cette ombre que la lettre fait à son mariage ? Son mari évidemment, qui de ce fait prenait pour elle une valeur supplémentaire d’en être féminisé, mais aussi bien elle-même puisqu’elle l’avait oubliée : récupération de féminité pour elle-même aussi par conséquent. Autre élément clinique: dans son analyse, cette femme fort respectueuse de la transmission patrilinéaire du nom aux enfants, cette femme pour qui, dit-elle, il eut été impensable que ses enfants ne portent pas le nom patronymique de leur père, du père qu’elle leur avait choisi, s’aperçoit que dans le choix des prénoms négocié avec le père, une lettre de ses prénoms à elle est transmise. L’ordre symbolique, la nomination du père est respectée, mais curieusement vient se loger une autre filiation parallèle, silencieuse, non revendiquée. Cette nomination invisible, comment ne pas la mettre en rapport avec le refus de faire partie des moyens de production, ou de reproduction, sans que ce refus constitue le moins du monde une remise en cause de cette clef de voûte qu’est le nom du père. Non pas un désir hors la loi, mais un désir malgré la loi. Un dernier exemple clinique me permettra de passer de cette clinique de la ruse à celle du ravage. La caractéristique en effet de la ruse est de tenir ensemble le sexué comme discours de l’inconscient et son point de vérification, qui comme le dit Lacan[6] « s’attache à saisir où la fiction bute, et ce qui l’arrête ». Elle met en œuvre, cette vérification, l’oubli, le secret, le silence, la lettre et l’écriture. Elle implique une certaine ironie appliquée au discours de l’inconscient, c’est-à-dire au signifiant maître, qu’elle se garde bien de contester ou de mettre à mal. Le Ravage et l’injure Dans un relation tourmentée, douloureuse, avec un homme qui restera l’homme central de sa vie, cette femme attendra bien des années avant de lui dire que cet enfant qui est le leur et qu’il chérit plus que tout, n’est pas de lui : version soft de Médée qui allie la ruse, l’enfant est ici l’objection silencieuse, au ravage du choix de cet homme là, et se conclut par une attaque claire au lien symbolique par lequel se règlent la transmission et la production. Contrairement à la solution ruse, le choix du ravage attaque la valeur phallique de l’objet pour le sujet, et fonctionne en dissociant les objet a de leur valeur phallique. C’est donc une mortification du phallus, dans laquelle l’impératif surmoïque de jouissance l’emporte sur le désir et sa cause. Cet impératif vient en quelque sorte occuper la place de l’Idéal du moi. C’est pourquoi le ravage fait revenir le sujet à un défaut de l’investissement narcissique de l’image du corps, un défaut du moi idéal, connecté non à l’Idéal du moi et au Nom du père, mais directement en court circuit au surmoi. Le ravage est en ce sens une sorte de pousse à la femme, injurieux de l’ordre symbolique et donc du désir, qui n’y peut plus circuler. C’est le massacre du corps vivant par le verbe sans le recours à la coupure phallique effectuée par la nomination. Du ravage, on sait que Lacan a fait une solution féminine à ce qui, du réel du sexe, n’est pas saturé par le discours. Mais le lien à un homme prend alors la couleur de ce réel. Le ravage est donc le rapport qu’une femme produit avec un homme par le sacrifice consommé du tiers phallique, elle même à l’occasion. Mais d’être l’objet à sacrifier il n’en est que plus nécessaire : éterniser le sacrifice du phallus, telle est cette méthode pour faire ex-ister le féminin. Je n’en dirai pas plus aujourd’hui sur ce sujet, qui a déjà été souvent travaillé par différents collègues, et dont j’ai pu déjà donner ailleurs quelques éléments cliniques. Le Ravissement et ce qui ne peut se dire Ce terme lui aussi a été éclairé il y a quelque temps, par Jacques-Alain Miller et E. Laurent lors d’une conversation des sections cliniques ainsi que par un article de D. Laurent. Il me semble justifié d’en faire au niveau du lien sexué, c’est-à-dire du discours, une troisième solution féminine. « Ce qui n’est pas dicible, c’est ce qui est mystique » dit Lacan dans le séminaire 18[7]. La solution ravissement répond donc à ce point d’impossible dans le dire. La référence de Lacan est à l’oeuvre de Marguerite Duras, mais on peut faire entrer dans ce même registre ses développements sur le mysticisme dans le séminaire Encore. En 2006, à Rome, Jacques-Alain Miller a donné une conférence sur une analysante de Lacan, sœur Marie de la Trinité. LNA a publié une lettre inédite de Lacan à Marie de la Trinité et Kristell Jeannot mène un travail de recherche sur certains de ses écrits disponibles. Dans sa lettre, Lacan évoque « ce lien » dont il souligne que le travail analytique n’a pas pour but de l’en affranchir mais de découvrir ce qui a pu le rendre à partir d’un moment donné « si pathogène », de façon à lui permettre « d’y satisfaire désormais en toute liberté ». L’analyse n’intervient donc que pour élucider ce qui a pu déranger le fonctionnement de « ce lien », déranger cette solution par le ravissement. Ce dérangement, Lacan le renvoie au vœu d’obéissance ayant soulevé des « thèmes de dépendance ». il n’est pas sûr que la solution par le ravissement relève entièrement de l’ordre de l’inconscient, puisqu’elle touche au pas tout et donc ne relève pas du pour touthomme universalisant. De même elle ne s’appuie pas nécessairement sur la valeur phallique de l’objet a, matérialisation du ratage du rapport qui fait la réussite du lien. De ce fait on peut, à suivre Lacan dans le séminaire Encore, faire une clinique différentielle du ravissement, modalité féminine qui se décline dans la névrose, la psychose ou la perversion. Parler du ravissement en général est par conséquent insuffisant car il y plutôt des ravissement et celui de Lol n’est pas celui de Sainte Thérèse. Le noyau commun aux différentes modalités de ravissement est sans doute que, quand la ruse et le ravage se situent dans le champ du dire, le ravissement s’oriente vers ce qui de La femme ne peut se dire, vers les limites rencontrées par le discours lui-même en ce point. L’écriture semble un élément associé essentiel à cette solution, mais ce qui cherche à s’écrire c’est la rencontre indicible et ses traces, non le rapport. Ruse et ravage : ce qui ne peut s’écrire peut se dire sous forme d’un discours qui fait le lien sexué ; Ravissement : ce qui, du féminin ne peut se dire en terme de pourtout,, une vacuité de corps, cherche à s’écrire. Ce vide qui s’inscrit, n’est pas de l’ordre du rapport, relevant plutôt d’une tentative de soudure[8]. De quel ordre alors y est l’écriture? lettre d’âmour répond Lacan dans Encore. Il y dit : « Que le symbolique soit le support de ce qui a été fait Dieu, c’est hors de doute »[9]. Le ravissement serait-ce alors le choix de se faire un corps avec le symbolique, disparaître en se soudant à lui ? Dans ce cas s’éclairerait le fait que tout principe d’autorité, en soulevant le problème de la dépendance ou de l’obéissance ramène la loi là où il ne peut y avoir que l’amour. Pour conclure sur une référence plus contemporaine, et parce que je pense que la solution ravissement peut fonctionner dans des structures diverses, je mentionnerai un court épisode du dernier film de Tarentino Death proof , l’épisode du jeu dit par deux des personnages « de la baume » qui consiste pour un des personnages féminins à foncer à s’accrocher sur le capot d’une voiture lançée à toute vitesse. Pas n’importe laquelle : celle, mythique, d’un film culte dont le titre permet l’interprétation de l’expérience curieuse que cherche à reproduire le personnage du film de Tarentino. Le titre est « vanishing point » : point d’évanouissement. Par rapport au titre de Hitchcock « A lady vanishes », « Une femme disparaît », il ne s’agit pas de la disparition d’une femme, comme dans un tour de magie, disparition d’un objet encombrant. C’est la recherche du point d’évanouissement du sujet dans l’extase du corps. C’est une version contemporaine du ravissement, pas sans la fonction phallique, mais hors loi. La ruse et le silence, le ravage et la destruction par l’injure, le ravissement et la vacuité corporelle de l’ordre de l’indicible, ces trois solutions tentent de faire entrer dans le champ du discours, malgré la loi sexuelle, ce qui lui est hétérogène.
* TOWARDS GENEVA 8 VIIIth Congress of the NLS
« Daughter, mother, woman in the 21st Century »
26 to 27 June 2010 Geneva Logic and semblants of the feminine position « There is no sexual relationship that can be written« . This is the Lacanian point of departure for the text that Marie-Hélène Brousse has kindly sent us a month before the Congress that will reunite us in Geneva on the 26 and 27 June. It declines the logic of the absence of the sexual relation between men and women on the basis of Seminar 18 and isolates three female solutions for « making the sexual link » there where there is no relation: the three Rs: ruse, ravage, ravishing. This working paper will help us to better identify these elements in the texts of the Congress. Lacan indicated this in a slightly different way in a passage from Seminar XX (p 88): “There is, according to analytic discourse, an animal that happens to be endowed with the ability to speak and who, because he inhabits the signifier is thus a subject of it. Henceforth, everything is played out for him at the level of fantasy, but a fantasy that can be perfectly disarticulated in a way that accounts for the following—that he know a lot more about things that he thinks when he acts.” Ruse, ravage and ravishing are thus semblants as Marie-Hélène Brousse indicates. But a question insists : how to maintain a feminine position when the fantasy itself is inconsistent? We will have some elements of a response at the Congress. Between now and the 26 June we will be circulating each week a reference text that will allow us to refine our approach so that the discussion will be fruitful. Don’t forget to register online, as this will facilitate the work of the Organizing Committee. PGG FEMININE KNOW-HOW WITH RELATIONSHIP THE THREE Rs: R– USE, RAVAGE, RAVISHING Marie Hélène Brousse I am going to quickly establish the coordinates at the heart of which will be situated the development that I hope to make concerning some feminine solutions to the sexual rapport which I will call know-how. Lacan’s affirmation “There is no sexual relation that can be written”, an affirmation which serves as the foundation of the analytic discourse, had at the time he enunciated it the effect of a bomb. It was scandalous. Yet, and in conformity with the logical demonstration that Lacan then made of it, it is verified today in the contemporary master’s discourse, which again he had anticipated. I will not develop this point, that the multiplication of the modes of sexual jouissance not correlated to the difference man/woman and the Oedipal norm are verified in the psychopathology of love life today. The belief in a sexual relation between men and women required the univocity of the Name of the Father, even if since Freud, who had already remarked on it, the analytic clinic of speaking beings pulls in the opposite direction. Thus today the idea that there is no sexual relation between men and women has almost become evident, not that this means the formula is better understood. An opposition, even an alternative, is necessary here between relation and link. If the relation can be written, then the link, that is to say the discourse, is no longer necessary. If the relation cannot be written then, quoting Lacan in Seminar 18, D’un discours qui ne serait pas du semblant, “it is thus within a discourse that male and female beings, natural beings if one can say such a thing, have to prove themselves [se faire valoir] as such”.[1] This opposition between relation and link is declined according to others: writing and language, letter and speech. In so far as it cannot be written in the form of a relation in mathematical or even logical language, the sexual is the object of a saying. It even constitutes, as impossible signification, the foundation of all meaning, or meaning for all occasions [sens à tout faire] of the master’s discourse, which is to say also the unconscious that it saturates. Because, as Lacan says in the same Seminar[2], sexual need is not “measurable”, what follows from this non-determination is the impossibility of inscribing a relation. On the other hand, if it is not possible to write it as a function, it is possible to “enunciate” it.[3] Language does not account for the sexual as a relation and because of this very fact it produces the sexuated dimension as an ensemble of fictions. It is thus at the level of statements, of enunciation, of speech and its uses, that the sexuated organises discourse. The other side of the formula “There is no sexual relation” is thus “there is a link which is sexuated”. The feminine subjective solutions that we are going to envisage situate themselves in a discourse and as such pertain to the semblant and fiction. They constitute a know-how which, deploying itself in the universe of the discourse of the unconscious, aim at and designate from the social link, an emptiness constituted by the missing relation.
Ruse and silence
A few years ago I came to work on a passage in Emile by Jean-Jacques Rousseau in which he compared a feminine and masculine way of dealing with the law and prohibition. I will not take this example again but will develop another which comes from observation. Two children of the same age, between three and four, a girl and a boy, are spending the holidays with other children. There are a lot of toys in the house where they live. Constant disputes and rivalries which are causing fights over these objects led the adults in charge of them to lay down a rule: “The toys in the house are for all the children.” You notice the structure of the type “for all” situating the sentence on the side of the universal. The little boy is in a room absorbed in playing with a toy. The little girl arrives, looks, takes the toy away from him and responds to his cries with “The toys are for all the children!” Then she leaves with her loot. What has she done? Underneath the sentence that she repeats, a universal law, she brings out another dimension, one that is not enunciated. She short circuits the “for all” which does not exist, with an act that is the sign of “a child”, existence of the singular, here the singularity of a desire marked with the competition for the object that Lacan analyses in such a limpid way in the Seminar L’angoisse. I will call this solution “ruse” because the act in no way challenges universal law as such, rather it leans on the formulation of this very law, and yet it unveils it as fiction while re-introducing into it a dimension that this law ignores. In the example taken from the Emile text, it is by introducing a blank into the chain of oral demand in the guise of silence that the subject displaces onto the Other the charge of explicating the demand, a demand he had himself forbidden the subject from formulating. Thus the ruse implies first a knowledge of lack and its acceptance, second, a use of speech erasing the singular position of the subject which remains unspoken, third a handling of the defect in the Other of law and language. It supposes a familiarity with the function of castration in the relation with the object. These solutions are old and bear the mark of the hysterical discourse. To quote Lacan: “These are the consequences, in the position of the woman, of this: it is only on the basis of her being a woman that she can institute herself in what is un-writeable about not being one, that is to say what is a gaping remainder of what is at stake in the sexual relation. Thus this happens, so legible in the so precious function of hysterics: that they are the ones who tell the truth about what is at stake in the sexual relation… As for playing the everyman [touthomme] she is just as capable as the everyman himself, that is, through the imagination.”[4] The problem is that playing the everyman no longer necessarily interests her much, nor imagination, when what she is looking for is a real that is not a semblant at the fault of the symbolic. Let us return to our little girl. At the age of identification with the Princess and the domination of sweet pink into which she had entered precociously, her belief in phallic attributes had sometimes led her to put on three dresses one on top of the other. When she started school her parents, respecting this orientation, had given her a diary with a key presented as the diary of a princess, her confidant. Some years later it was left abandoned, disaffected, in a cupboard. I was curious and had a look at it. It had long lost its key. Not much was written in it but one sentence returned page after page, a sentence written in different, jubilant lettering styles: “Prince Charming is a cretin”. I must say that it struck me! Certainly it is a secret, it is not meant to be shouted from the rooftops, as I am doing before you. But I am tempted to see it as a modification of the hysterical position. Reading the little text that Jacques-Alain Miller wrote recently on Sarah Palin, I see here the same movement of lifting the veil on castration and a challenging of the “at least one”, in brief, a relation to the phallic function without the belief in the exception to that function. Two clinical references will allow me to go a bit further with this solution by the ruse. A patient comes to see me because the relation with her husband has been deteriorating for some time, which makes her suffer a lot because she loves this man. I will keep to the essentials: as they were moving house some old letters of hers were found in a trunk which had been, for years, at the head of the conjugal bed. Among these letters some were from a former, short-term lover, from before their marriage. She had forgotten they existed, just as she had forgotten the name of the man. But the husband took it badly, reproaching her in particular for having made him sleep for years with, he said not without exaggeration, these letters under his bed. What does she say? She understands neither his anger, whose effects she is suffering from on their relationship, nor her own act, an act that she is beginning to perceive as a formation of the unconscious. She had forgotten them, certainly. They did not mean much to her, these fairly insipid letters, but why keep them then? And in this place, where after all they weren’t really hidden? A trophy, this was the first signifier that came to her. A revenge would be the second, evoking the fact that at the beginning of their relationship her husband was far from faithful to her. Finally, if this forgotten lover had one characteristic, it was his anonymity at the time of their first sexual encounter, an anonymity she associated with the unprecedented pleasure she had experienced. We can’t but think of the purloined letter, which Lacan returned to once more in this same passage in the Seminar 18.[5] I quote: “it is not nothing to foreground the letter in a certain relation of the woman with that which, of the written law, is inscribed in the context where the thing is placed, because she is, as Queen, the image of the woman joined to the King. Something is improperly symbolised here, and typically around the relationship as sexual. It is in this context that the fact that a letter be addressed to her acquires the value that I give it, that of a sign.” Lacan quotes himself: “For this sign – the letter – is clearly that of the woman, because she brings out her very being therein by founding it outside the law, which ever contains her – due to the effect of origins – in a position as signifier, nay, as fetish.”(Ecrits: 2006, p.22). The letter thus arises out of an act of revolt, a revolt against her status as signifier or as fetish in the context of the law. But here there is more than the letter, sign of her revolt and of her being beyond the law. There is the fact that it is she, and not a third party, who hides the letter by putting it in this particular place. It is thus she who underlines the deficiency in the sexual relation, yet promoted by marriage. Through the letter she placed there, she grounds the “instated”, legalised sexual relation on a sign that undermines it, that shows its value as fiction and in this way disengages her being from it. Who is in the shadow that the letter casts on her marriage? Her husband of course, who thereby took on a supplementary value for her because he was feminised, but also herself since she had forgotten it: a recuperation of femininity for herself as well as a consequence. Here is another clinical element: In her analysis this woman, highly respectful of the patrilinear transmission of the name to children, this woman for whom, she said, it was unthinkable that her children not carry the patronymic name of their father, of the father she had chosen for them, realised that in the choice of first names negotiated with the father, one letter of her own first name was transmitted. The symbolic order, the nomination of the father, is respected but curiously, another filiation comes in, parallel, silent, unclaimed. How can we not relate this invisible nomination to the refusal to take part in the means of production, or of reproduction, without this refusal amounting in the least to a challenge to the cornerstone that the name of the father is. This is not a desire outside the law, but a desire in spite of the law. A last clinical example will allow me to go from the clinic of the ruse to that of ravage. The characteristic of the ruse is that it holds the sexuated together as discourse of the unconscious and as its point of verification, which, as Lacan says “is devoted to grasping where the fiction ends, and what stops it.”[6] It brings this verification, forgetting, the secret, the silence, the letter and writing into play. It implies a certain irony applied to the discourse of the unconscious, ie to the master-signifier, which it is careful not to contest or to manhandle.
Ravage and abuse
This woman is in a tormented, painful relationship with a man who was to remain the central man of her life. She would wait many years before telling him that this child who is theirs and whom he cherishes more than anything is not his: a soft version of Medea combining ruse – here the child is the silent objection – and ravage, the ravage of her choice of this particular man. It concludes with a clear attack on the symbolic link through which transmission and reproduction are regulated. Unlike the ‘ruse solution’, the choice of ravage attacks the phallic value of the object for the subject, and functions by dissociating objects a from their phallic value. So it is a mortification of the phallus, in which the super-egoic imperative of jouissance wins over desire and its cause. In a way, this imperative comes to occupy the place of the ego Ideal. This is why ravage brings the subject back to a fault in the narcissistic investment of the image of the body, a fault in the ideal ego connected not to the ego Ideal and the Name of the Father, but directly to the superego, in short circuit. Ravage is in this sense a sort of push to the woman, injurious of the symbolic order and thus of desire, which can no longer circulate there. It is the massacre of the living body by the word without recourse to the phallic cut effected by nomination. We know that Lacan made of ravage a feminine solution to what is not saturated by discourse of the real of sex. But the link to a man then takes on the colour of this real. Ravage is the relation a woman produces with a man through the consummated sacrifice of the phallic third, herself sometimes. But, being the object to be sacrificed makes it all the more necessary: this method of making the feminine ex-sist eternalises the sacrifice of the phallus. I will not say any more today on this subject, which has often been treated by different colleagues and of which I have already given some clinical elements elsewhere. Ravishing and what cannot be said. This term was also clarified some time ago by Jacques-Alain Miller and E. Laurent during a conversation with the Clinical Sections as well as in an article by D. Laurent. It seems to me justified to make of it a third feminine solution at the level of the sexuated link, that is to say, of discourse. “What cannot be said is what is mystical”, says Lacan in Seminar 18.[7] The ‘ravishing solution’ responds to the point of impossibility in what is said. Lacan’s reference is to the work of Marguerite Duras, but we can bring his developments on mysticism in Encore into the same register. In 2006 in Rome Jacques-Alain Miller gave a conference on one of Lacan’s analysands, Sister Marie of the Trinity. LNA published an unknown letter from Lacan to Marie of the Trinity and Kristell Jeannot is carrying out research work on some of her available writings. In his letter, Lacan evokes this “link” and underlines that the aim of analytic work is not to free her from it but to discover what made it, at a given time, “so pathogenic”, in order to allow her to “be completely free to satisfy herself from then on”. The analysis only intervenes to elucidate what disturbed the functioning of “this link”, disturbed the solution through ravishing. This disturbance was located by Lacan in the vow of obedience, which raised the “themes of dependency”. It is not certain that the solution through ravishing pertains entirely to the order of the unconscious since it touches the not-all and does not therefore pertain to the universalising pourtouthomme. At the same time it does not necessarily lean on the phallic value of the objet a, a materialisation of the failure of the relation that makes the link work. Following Lacan in Encore, we can therefore have a differential clinic of ravishing, a feminine modality declined in neurosis, psychosis or perversion. To speak of ravishing in general is insufficient because there are ravishings, and that of Lol is not the same as that of Saint Theresa. The common core of the different modalities of ravishing is no doubt that, while ruse and ravage are situated in the field of speech, ravishing is orientated towards what cannot be said of the Woman, towards the limits encountered by discourse itself at this point. Writing seems to be an associated element which is essential to this solution, but that which seeks to write itself is the unspeakable encounter and its traces, not the relation. Ruse and ravage: what cannot be written can be spoken in the form of a discourse that makes the sexuated link. Ravishing: what of the feminine cannot be spoken in terms of a pourtout, an emptiness of the body, seeks to write itself. The emptiness that inscribes itself is not of the order of relation, arising rather out of an attempt at soldering.[8] Of what order is this writing then? A love letter [lettre d’âmour] replies Lacan in Encore. He says there: “It is indubitable that the symbolic is the basis of what was made into God.”[9] Would ravishing then be the choice of making a body for oneself with the symbolic, disappearing by soldering oneself to it? In this case, this elucidates the fact that any principle of authority, in raising the question of dependency or obedience, brings the law back where there can only be love. To conclude with a more contemporary reference, and because I think the ravishing solution can function in diverse structures, I will mention a short episode in the last Tarantino film, Death Proof. This is the episode of the game which two of the characters call “ship’s mast”. This game consists in one of the feminine characters throwing herself onto the bonnet of a car driven at full speed. Not any old car: the mythical car of a cult film whose title allows an interpretation of the experience that the character of Tarantino’s film seeks to reproduce. The title is Vanishing Point. In relation to Hitchcock’s title A Lady Vanishes, it is not about the disappearance of a woman as in a magic trick, the disappearance of a cumbersome object. It is the search for the point where the subject vanishes in the ecstasy of the body. It is a contemporary version of ravishing, not without the phallic function but outside the law. Ruse and silence, ravage and destruction with abuse, ravishing and corporal emptiness of the order of the unsayable; these three solutions try to bring into the field of discourse, despite the sexual law, what is heterogeneous with it. Translated by Heather Chamberlain