numéro trois En 1964, Lacan invente le cartel pour qu’il soit » le moyen » permettant d’exécuter » le travail de l’École « . C’est par le travail de cartel que Lacan entend que dans son École se nouent la restauration » du soc tranchant de [ la] vérité freudienne et le retour à la praxis originale qu’il a instituée (…) dans le devoir qui lui revient dans notre monde « . En 1994, J.A Miller insiste sur ce point : c’est par le cartel que se noue le travail de l’École, tout le reste étant situé » hors École « . Il a cette formule anticipatrice : » l’idée initiale est celle d’une École à part et qui de ce fait même , peut répondre à la question que lui pose – ou devrait lui poser – la société voire l’État : celle de la qualification du psychanalyste (…). La passe met l’École à part. Le cartel peut-il aussi mettre l’École à part ou est-il définitivement banalisé ? « . En 2009, tandis que la place de la psychanalyse dans le monde n’a jamais été aussi menacée, que l’École contre-attaque en répondant à la question qu’elle lance » comment devient-on psychanalyste à l’orée du XXI° siècle « , comment renouvelons-nous l’originelle pertinence de la » machine de guerre » qu’est le cartel, ainsi que l’appelle J.A Miller ? i 4+1 recueille et diffuse vos textes témoignant du travail des cartels et de ses usages nouveaux. Le numéro 3 se fait l’écho de trois exposés de membres des cartels de la passe, exposés présentés lors de la dernière matinée de la passe. Vous retrouverez l’intégralité des textes de D.Fabre-Gaudry, E. Solano Suarez et R.P Vinciguerra dans les prochains numéros de la Lettre mensuelle. Le travail de A.Martinez et M.L Bajou illustrent le binaire clinique structurale / clinique du sinthome. Vous pouvez prendre contact directement avec les auteurs. Enfin, signalons qu’une modification du site de l’École rendra très bientôt plus facilement accessible la rubrique cartel et rappellera les modalités de déclaration. Comment situer, quand il y a eu nomination d’AE, le pari du cartel ? Un événement de sujet (…), inséparable d’une butée sur un élément réel qui est de l’ordre du non-reconnu (Unerkannt), ne passe jamais inaperçu dans le témoignage. Le sujet a bien élaboré ce reste réel (…) mais son interprétation n’a pas saturé ce reste. Celui-ci relève (…) d’un impossible à subjectiver de la structure du sujet et de sa réalité sexuelle. (…) Pourquoi ne nomme-t-on pas AE certains passants dont le témoignage s’est avéré pourtant convaincant au regard de ce qu’a été leur analyse du point de vue du sens et de l’élaboration de leur symptôme ? (…) Le cartel a eu le sentiment qu’un point de jouissance restait encore insu du sujet (…) repérable dans ce qui s’adressait à l’École comme demande (…), comme » une monstration qui s’adresse à l’Autre « . (…) Un sinthome est plutôt un savoir comment faire avec un problème sans solution et le passant que l’on nomme AE sait faire passer cela. Rose-Paule Vinciguerra Les rêves survenus au cours de la passe ] sont-ils [ une redite ou bien est-ce qu’il se dit, dans la passe, quelque chose qui n’a pas été dit à l’analyste ? (…) Un savoir supplémentaire se dépose-t-il ? Bien sûr, la réponse ne peut se faire qu’au cas par cas. (…) En quoi le passant et a fortiori le cartel considèrent-ils qu’un rêve relève ou non de la fin ? Le rêve de l’injection à Irma (…) occupe une position inaugurale. Cependant, le commentaire de Lacan m’a incité à me laisser aller à une fiction, celle de la passe de Freud où ce rêve figurerait comme rêve de fin d’analyse. (…) J.A Miller indique qu’ » il faut élaborer ce qui pour Lacan était le hiatus (…) entre le rêve et le réel (…) ce qui suppose de faire la différence du vrai et du réel (…), de mesurer ce qui a fait fonction de vérité dans votre analyse au regard du réel qu’on s’employait incessamment à éteindre ou à voiler « . Dominique Fabre-Gaudry J.A Miller (…) tirant la leçon des témoignages des AE nous invitait à nous réveiller du rêve d’une passe s’accomplissant entièrement dans le registre de la résolution de toute la jouissance par le sens, sans prendre en compte la perspective du réel (…). Le réel (…) situe une ex-sistence qui pose à tout moment la limite inhérente à l’analyse. Ce qui détermine la fin de l’expérience, c’est la rencontre d’une limite du travail d’élucidation comme limite du semblant et ce qui compte ici est son corrélat de satisfaction. (…) Aucun espoir d’élucider tout le réel de l’inconscient parce » qu’il y a une Urverdrängung « .(…) Le sinthome qui » élargit le concept de symptôme jusqu’à y inclure de façon essentielle les restes symptomatiques, n’est jamais levé « . (…) Cela implique, pour le psychanalyste, l’infinitude d’une formation toujours inachevée et pour la passe, qu’elle soit comme la mer, toujours recommencée. (…) Comme l’indique J.A Miller cette orientation nous amènera à » accepter que la passe ne soit pas de l’ordre du tout, mais de celui du pas-tout « . Esthela Solano Suarez Reprenant les indications du chapitre du Séminaire III, intitulé » des signifiants primordiaux et du manque d’un « , j’interroge les conséquences de ce manque chez un sujet psychotique âgé de 25 ans (…). Il dit sa solitude lorsqu’il s’est trouvé seul dans le monde, sans le soutien de la fonction phallique, au moment où ses parents avec lesquels il vivait, ont quitté l’appartement. (…). Il décrit son effondrement et l’apparition de phénomènes de corps. Que se passe-t-il lorsque la situation entraîne pour lui l’impossibilité d’assumer la réalisation du signifiant du Nom du Père au niveau symbolique ? (…) Il est obligé d’en passer par des mécanismes de compensations identificatoires imaginaires. Pour lui, la virilité passe par l’image, non par l’articulation de la jouissance et du signifiant du Nom-du-Père. Amélia Martinez [email protected] Accéder à la formalisation borroméenne (…) passe (…) par la pratique d’une clinique au plus près des faits de la langue. (…) Le héros de Joyce, Stephen, devient la proie d’une hallucination (…) lorsqu’il expérimente que ce n’est pas lui le lecteur du mot » fœtus » écrit sur une table, mais que ce sont les lettres du mot qui le regardent. L’écriture pour Joyce est la réponse sinthomale (…). » Il composait chaque ligne lettre par lettre « . Flavien, lycéen aujourd’hui en apprentissage de cuisine, choisit, lui, de fermer yeux et oreilles face aux textes de la littérature(…) pour se désabonner de la langue. Mais le terme » cul de poule » qui ne se range pas dans la catégorie des ustensiles de cuisine le percute et » fait ce qu’il veut « . Une tentative de solution sera d’être serveur, parce que les signifiants de cette activité lui paraissent mieux fixés à leur signifié. Il s’agit de vider la langue de ses équivoques. Marie-Laurence Bajou [email protected] Adressez vos textes et agendas des inter-cartels à [email protected]
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