Le 8 juillet 2010 PIPOL 5Does Mental Health exist?La Santé mentale existe-t-elle ?¿La Salud Mental existe ?Esiste la salute mentale? Au Square Brussels Meeting Centre, BruxellesLes 2 et 3 juillet 2011
« Folie de Mental »(YVDV)
Éditorial
L’Europe bouge « Choses qui se voient de là-bas, au loin, ne se voient pas d’ici ». Cette phrase, extraite d’une chanson israélienne, décrit l’effet d’interprétation qu’a eu sur nous une lettre du Président de l’AMP, Leonardo Gorostiza, diffusée sur AMP-UQBAR le 6 juillet 2010 sous le titre : Europa en movimiento. Cette lettre sera publiée par PIPOL NEWS dans les quatre langues des Écoles de l’EuroFédération, d’ici demain soir. En effet, les derniers événements qui ont lieu dans les quatre Écoles européennes de l’AMP (SLP, ELP, NLS, ECF) signent la fin d’une année (académique) qui constitue pour nous un tournant. Cette année est marquée du sceau des Journées de Novembre de l’ECF. Ces Journées, désignées dans l’après-coup comme « l’Événement Paris » ont produit un petit bougé, ouvrant vers une « démassification de l’énonciation », expression forgée par Jacques‑Miller à la fin d’un débat au sein du Conseil de l’AMP. Cet événement, pavé dans la mare, semble avoir retenti sur toute l’Europe psychanalytique. Une fois n’est pas coutume, nous pouvons croire aux chiffres : 350 personnes déplacées de toute l’Europe et ailleurs pour le Congrès de la NLS, 200 personnes au forum et 250 au Congrès de la SLP en Italie, 600 au Forum de la ELP en Espagne, un minimum de 900 personnes à Rennes (ce WE) – cela dit quelque chose de l’ouverture qui s’est produite, du fait d’amener la cure analytique, et le savoir qui s’en extrait, au cœur de la formation de l’analyste, qu’il soit, ou non, en fin du parcours. L’EuroFédération de Psychanalyse dit vouloir donner une consistance à la grande communauté européenne que constituent les adhérents de ses Écoles. Mieux encore : cette communauté a déjà une consistance. L’EuroFédération souhaite l’entériner et la faire valoir. Gil Caroz MentalRevue internationale de PsychanalyseProgrammeYves Vanderveken, EFP, Rédacteur en Chef de MentalLe projet et la visée de la revue Mental – qui en est à sa 24ème livraison – sont politiques en tant que tels, épistémiques de fait. Ceux qui ont présidé à sa création restent inchangés. Leur validité persiste. Le moment actuel est néanmoins – nécessairement – celui d’un nouvel essor. Le tournant se devra d’épouser le moment historique que constitue la fondation de l’EuroFédération de Psychanalyse, ce mois de juin 2010, à Genève. L’enjeu pour la revue Mental y prend sa nouvelle dimension. À relire Éric Laurent,[1] la création de Mental s’inscrivait dans l’époque d’un nouveau paradigme du domaine de la dite santé mentale – paradigme qui n’était pas sans être, d’une certaine façon, une suite des effets de certaines vues psychanalytiques qui avaient pu entrer, jusqu’à les influencer, dans les sphères du politique, en général, et de l’Organisation Mondiale de la Santé, l’OMS, en particulier. S’inscrivant dans la suite du grand mouvement initié par les Lumières et des Droits de l’homme qui ont, de fait, fait entrer le souci de la santé et, par extension, le droit au bonheur dans le domaine du politique et de la gestion des populations, le savoir dans ce domaine et le nécessaire chiffrage qui l’accompagne ont pu trouver, de façon décisive, un appui sur les thèses de John Bowlby, situant la cause essentielle des maladies du mental dans l’enfance, plus précisément dans un défaut ou des carences de maternage de l’enfant. La création d’instances réparatrices y ont trouvé leur essor et leur ressort politique et financier : CMPP, centres de consultation, institutions de soins, centres de prévention, etc. Outre la culpabilisation inhérente à ce point de vue, une nouvelle donne a marqué un coup de frein à cet âge d’or du soin et de l’accompagnement sur des bases, disons, psychologiques : les faillites des caisses de l’État-mère. Les Droits de l’homme se sont alors mués en une Charte des droits de l’enfant où le défaut de maternage et de soins de l’environnement en général se sont alors vus transférés au rang de délits – développant une judiciarisation de la question. L’effet en fut la création de lieux où, « la définition est plus assistantielle que scientifique, ce qui autorise à employer un personnel d’éducation plutôt qu’un personnel hautement qualifié, et donc onéreux ».[2] Là encore, les positions réactionnaires ont pu s’emparer des thèses de la faillite de l’autorité, du symbolique et finalement de la chute de la fonction sociale occupée par le père ou ses substituts sociaux – thèses sur lesquelles il faut bien dire, certains psychanalystes n’ont pas hésité, aujourd’hui encore, à surenchérir, soit à apporter la caution de leur science dite humaine – confondant par là-même la question du père dans son statut juridique et l’incidence de cette question dans l’inconscient de chaque sujet.Considérant, je cite, que le meilleur allié de la psychanalyse est sans doute la psychanalyse elle-même, la création de la revue Mental s’est présentée comme une réponse à cela. Reprenant à son compte les trois registres proposés par Jacques Lacan comme ceux du registre de la « Section de psychanalyse appliquée » de son École – critiques de nos résultats, mise à l’épreuve de nos catégories, examen de nos projets thérapeutiques – l’enjeu politique de la revue était – sans considérer que la psychanalyse a sa place partout et admettant qu’elle n’est certainement pas pour tous – de proposer, je cite à nouveau, une alternative au poids angoissant du déterminisme scientifique, par le rappel que le sujet relève de la parole, et ce dans des champs très différents. C’est qu’entre temps, le paradigme avait encore évolué. Sous la pression des coupes budgétaires en terme de santé, le maître moderne s’est enquis de vouloir imposer ce qui dans le domaine lui apparaît, à lui, le plus efficace et le plus rapide. Pour l’état contemporain, « il ne s’agit plus d’assurer le bonheur, ni la sécurité (Welfare), il faut maintenant se limiter à ce qui a un effet scientifiquement démontré ».[3] Le paradigme atteint ainsi son objet en terme de santé mentale, qui est avant tout question d’ordre public. Mental a prospéré dans sa visée, au cœur de ce paradigme.Jacques-Alain Miller nous indiquait récemment qu’il nous revient, à nous, psychanalystes, de bien mesurer – afin de pouvoir y répondre – l’air du temps. Celui-ci est différent de celui que connut Jacques Lacan. Actuellement, la psychanalyse et son orientation ont investi et influencent de larges pans et de la dite santé mentale et de la société, parfois sans qu’ils le sachent ou le reconnaissent. Ce succès en dénature le tranchant et la cause. La psychanalyse se lightifie, se dilue. Les psychanalystes eux-mêmes s’y laissent tenter. Ils sont de plus en plus tentés de se laisser séduire par le maître. Au prix d’y laisser leur âme. Par ailleurs, le maître lui-même s’est enquis de vouloir réglementer ce qui se passe dans la cure ou dans les cures par la parole même. La situation est inédite. La menace pour la psychanalyse n’a jamais été telle. Jacques-Alain Miller a su y répondre et entamer l’action politique à laquelle ce nouveau paradigme nous conduit. C’est avec celle-ci au sein de celui-ci que Mental doit maintenant prospérer à nouveau frais.La fondation de l’EuroFédération de psychanalyse a une visée politique. Que le poids que nous représentons en termes de formation, de clinique, de thérapeutique et d’éthique soit pris et représenté à la mesure de sa réalité – plus que conséquente. Pour ce faire, que notre voix puisse se faire entendre et avoir sa juste représentation là où cela se décidera : au niveau politique et européen – et ce par les moyens qui nous sont propres. Faisons nôtre la maxime de Tartakover, justement rappelée par Sollers : « Renforcer les points forts, jamais les points faibles ».[4] Mental n’en sera que plus et la publication de l’EuroFédération et, sinon sa caution, du moins sa preuve épistémique, voire scientifique. C’est indispensable pour ce combat.Il s’agira que Mental – avec l’EuroFédération – soit à la hauteur de prendre position, de défendre et de diffuser ses résultats, ses effets et son orientation sur les grandes questions qui nous animent, mais qui animent aussi et le maître moderne et le champ politique de la santé, mentale ou pas. Certes, en tant que pratique, au niveau thérapeutique, mais aussi et surtout au niveau éthique – en tant qu’expérience subjective. C’est d’une « position » qu’il s’agira que Mental témoigne. Celle de ce que d’être lacanien veut dire aujourd’hui – ce qui en terme de position veut dire quelque chose, de façon bien plus large qu’au niveau de la thérapeutique.Dans le mandat qui est le nôtre, Mental sera orienté vers et par l’événement que constituera PIPOL 5, à Bruxelles. Son thème permettra, en quelque sorte, à Mental, de rejoindre son objet même : La santé mentale existe-t-elle ? PIPOL 5 fera la matière du troisième numéro de notre mandat. D’ici là, deux livraisons de la revue devront trouver place. Une d’ici la fin de l’année 2010, une autre avant PIPOL 5. Ces deux numéros ne prépareront pas en tant que tel PIPOL 5, mais devront y conduire latéralement. Ils ne peuvent pas traiter d’un thème qui en serait par trop éloigné. Pour l’après PIPOL 5, nous verrons et collerons soit à l’air du temps, soit ferons coller, ce qui est plus ambitieux – plus fou ? – l’air du temps à son numéro ! Une langue sans voixÉric Zuliani, ECFDans la perspective de la préparation de la rencontre PIPOL V, et pour commencer de répondre à la question qu’elle propose, on peut lire ou relire les textes du « grand Cang », regroupés il y a un peu moins de dix ans par A. Zaloszyc aux Seuil sous le titre : Écrits sur la médecine[5]. Traitant de la médecine, ils ont d’abord le mérite de soulever quelques problèmes inhérents, avant tout, à une pratique : la santé, la guérison, la maladie, etc. Ils viennent, ensuite, compléter les trois textes sur la médecine de ses Études d’histoire et de philosophie des sciences[6]. Ils sont, enfin, enseignants tant ce qui concerne le « mental » relève aujourd’hui moins de pratiques que de référentiels issus des neurosciences. On verra mieux que ce problème était le même qui donna lieu à la dispute de Lacan avec Henri Ey sur la causalité essentielle de la folie.L’un des Écrits sur la médecine – « La santé : concept vulgaire et question philosophique » -, est l’occasion pour Canguilhem de se demander ce qu’est au juste cette notion de santé apparue avec les lumières et incluse ces dernières décennies dans des visées de politiques publiques. Silence !Il est remarquable que cette notion de santé, comme le rappelle Canguilhem, soit dominée par la définition canonique, mais peu probante dans les faits, de Leriche : « La santé c’est la vie dans le silence des organes » par laquelle s’associent curieusement santé et silence. Leriche, comme tout à chacun, ne savait pas ce qu’il disait : la santé certes, semble concerner les faits d’organisme, mais elle inclut nécessairement l’envers de ce curieux silence : c’est-à-dire la plainte qui relève de la fonction dialectique de la demande et du désir. Ainsi peut-on dire qu’un certain « faire taire » a toujours dominé les actions de la médecine moderne, et l’on aperçoit ce que cela peut donner spécialement dans le champ de la dite « santé mentale ». Il faut, ici, se souvenir que Freud a inventé la pratique analytique en allant, justement, contre ce « faire taire » auquel on tentait de réduire les sujets hystériques dans le champ de la médecine. Et sur l’indication d’une de ces patientes, c’est lui qui a fait silence et a laisser parler[7]. Ce geste inaugural est structural et non pas seulement historique ; il est donc toujours à refaire. Disjonction entre savoir et véritéDans ce même écrit, Canguilhem, s’appuyant sur Kant, fait une distinction très opérante : se sentir bien portant est une chose, mais savoir qu’on l’est en est une autre. Il en conclut que ces remarques simples permettent d’apercevoir que « la santé est un objet hors du champ du savoir (…) Il n’y a pas de science de la santé (…) La santé est un concept à la portée de tous. » On soulignera au passage comment Canguilhem redonne en quelque sorte la santé au peuple ! Mais, plus précisément, si la santé ne relève pas du savoir scientifique, dans quel champ alors trouve-t-elle à « exister » ? C’est sur Descartes qu’il s’appuie, alors, pour faire valoir que ce dernier associe santé et vérité dans une lettre à Chanut : « Encore que la santé soit le plus grand de tous ceux de nos biens qui concernent le corps, c’est toutefois celui auquel nous faisons le moins de réflexion et que nous goûtons le moins. La connaissance de la vérité est comme la santé de l’âme : lorsqu’on la possède, on n’y pense plus. » Cette disjonction entre savoir et vérité est susceptible de nous faire comprendre un autre geste de Freud, logique dans son rapport au premier. Freud, nommément à propos de l’hypocondrie, a pu dire ceci : « Pourtant une différence entre hypocondrie et maladie organique apparaît au premier plan : dans le dernier cas les sensations pénibles sont fondées sur des modifications démontrables, et non dans le premier cas. Mais nous resterions parfaitement dans le cadre de notre conception générale des processus névrotiques en avançant la proposition suivante : l’hypocondrie doit avoir raison, les modifications organiques ne peuvent pas non plus manquer dans son cas. »[8] Ainsi, Freud verse-t-il dans le registre d’une autre raison dont l’action passe nécessairement par l’interprétation, un fait qui n’est pas validé – via l’observation -, par le savoir médical. La vérité de ce fait trouve, alors, à se constituer nul part ailleurs que dans l’expérience même de la parole. Canguilhem, refusant de faire de la santé un effet d’une harmonie de type mécaniste, indique que « la santé, vérité du corps, ne relève pas d’une explication par théorèmes. Il n’y a pas de santé d’un mécanisme. » En fait, cette disjonction entre savoir et vérité fait apparaître aussi que le « système symbolique des sciences va vers une langue bien faite qu’on peut dire être sa langue propre, une langue privée de toute référence à une voix. »[9] Mais ce n’est pas celle du patient à laquelle se fiait Freud dans le déchiffrement des symptômes hystériques. Se porter bienAvançant dans sa démonstration, Canguilhem indique que le corps est double : il est une donnée – génétique principalement -, mais il est aussi un produit en tant qu’il est inséré dans un milieu et y développe un mode de vie par contrainte ou choix. C’est en ce point, note-t-il, que l’hygiénisme se trouve à vouloir régler la vie des individus, car la santé est de ce point de vue une affaire de discours : « À partir du moment où « santé » a été dit de l’homme en tant que participant d’une communauté sociale ou professionnelle, son sens existentiel a été occulté par les exigences d’une comptabilité. » Si la santé est un état qui peut être altéré, elle est aussi un ordre auquel peut venir se substituer non un désordre, mais un autre ordre : celui de la maladie.Après ce parcours, il n’est pas anodin que Canguilhem laisse un autre – et pas n’importe qui : Artaud -, prendre la parole : « On ne peut accepter la vie qu’à la condition d’être grand, de se sentir à l’origine des phénomènes, tout au moins d’un certain nombre d’entre eux. Sans puissance d’expansion, sans une certaine domination sur les choses, la vie est indéfendable. » Il nous fait ainsi saisir que « je me porte bien dans la mesure où je me sens capable de porter la responsabilité de mes actes ». En ce sens, « améliorer la position du sujet », expression de Lacan rappelée par Janusz Kotara dans son texte « Quelle guérison ? » (PIPOL-NEWS 2), peut s’entendre comme : préserver ou restaurer cette responsabilité pour un sujet. La « santé mentale » à l’anglaise en passe d’envahir l’ Europe?Pierre-Gilles Guéguen, ECF(Texte publié en anglais dans PIPOL NEWS N°4)Ce qui nous guette du fait des bureaucraties sanitaires qui régissent la santé mentale, est déjà là. Foucault lui avait donné pour nom la « société de surveillance » ou ailleurs les « bio-pouvoirs ». On peut aujourd’hui considérer que la Grande-Bretagne nous donne un exemple de ce qui peut s’étendre à toute l’Europe et qui d’ailleurs est déjà très largement en marche. Il importe dès lors de faire valoir que la psychanalyse ne se laisse pas enfermer dans un tel système politique qui, bien qu’il prétende assurer la liberté individuelle, la « santé » psychique et même le bonheur de chacun, porte en lui de telles contradictions qu’il ne pourra sans doute pas fonctionner à long terme. L’idée de l’homme qu’elle véhicule suppose la rationalité économique de chacun, celle d’ un homme managerial et stratège mais dénué de toute subjectivité autre que la recherche de son propre intérêt. Cela débute chez nos voisins en 1986 avec la décision de Margaret Thatcher de faire appel à un expert de la stratégie Nucléaire de la Rand Corporation Alan Enthoven, pour réformer le National Health Service, soit le système de santé socialisé de l’Angleterre d’après-guerre qui était, il est vrai, en piteux état (dysfonctionnements des pratiques et des budgets, attentes intolérables, double vitesse d’un système d’état calamiteux et d’une médecine privée très coûteuse). La réforme (fondée sur les principes d’intervention publique définis par l’économiste prix nobel 1986 James Buchanan) sera poursuivie par le gouvernement Blair, et le New Labor qui prennent en 1997 contrairement à la tradition de la gauche anglaise, l’option du libre jeu du marché et de la réforme des institutions d’état selon les principes définis par Enthoven. La réforme fait de la santé un » quasi-marché interne » visant à ôter le pouvoir des mains des médecins et à fixer à tous les niveaux des objectifs de rentabilité indépendamment des moyens mis en œuvre pour les atteindre. En 2002, Blair s’engage à redresser l’institution en augmentant sensiblement son budget qui passe immédiatement de 6, 7 % à 9,2%. En contrepartie, le NHS s’ouvre sur le privé par le moyen de fondations diverses et par ce que ses adversaires ont appelé « la marketisation » de l’institution. En particulier par l’introduction en 2001 de centres de traitement privés concurrentiels, pratiquant en série les actes opératoires, et auxquels les patients du NHS peuvent s’adresser. Toujours est-il que la politique pragmatique du New Labour porte ses fruits. Les listes d’attente du NHS ont diminué de façon très nette et les centres de traitement, ainsi que les hôpitaux constitués avec la structure juridique de fondations fonctionnent et produisent ainsi un secteur mixte entre le pur privé et le tout-public . Aujourd’ hui on s’aperçoit cependant que le système, produit aussi de nombreux effets pervers, par exemple la pratique qui consiste à recevoir les malades sans les examiner pour pouvoir les extraire de la liste d’attente, la sélection des opérations les plus économiques et qui « font du chiffre » etc…Les gouvernements Blair ont choisi pour conseillers des professeurs d’économie qui fixent les objectifs globaux: Il faut que l’usager des services de santé ait le choix dans tout endroit, de cinq hôpitaux indépendants, privés ou NHS. Le maître mot est « la mise à disponibilité pour tous ». Cette stratégie du choix est fondée non pas sur le service public, mais sur une idée de l’équité : les plus pauvres comme les plus riches ont besoin avant tout de choisir, d’exercer leur liberté et donc le système de santé doit le leur offrir tout autant qu’à la classe moyenne. Cette interprétation de la liberté de choix du consommateur inquiète le Labour traditionnel qui se demande si elle est bien dans l’esprit social-démocrate de souci de la collectivité et de la solidarité ou si elle n’est qu’une privatisation masquée.Sir Richard Layard, économiste, conseiller de Tony Blair, publie en 2003 un article de presse intitulé« Vers une société plus heureuse » prélude aux thèmes qui seront présentés dans un livre qu’il diffusera en direction du grand public, qui prône la nécessité de soigner la dépression par une combinaison de médicaments et de thérapie cognitive. Parallèlement le Lord veut que dans toutes les écoles des « cours de bonheur » soient enseignés!En 2004 était créé le NICE qui commençait à faire connaître ses recommandations de bonnes pratique. Il vient s’ajouter au Health Professions Council qui est un registre national protégeant (pour le bien du public, s’entend) la qualité de ses praticiens. Il sont soumis à évaluation périodique et à une rénovation annuelle de la licence de pratiquer. La catégorie où pourraient s’inscrire les psychanalystes dans le HPC est celle de « clinical scientists » ! Le HPC « agence indépendante » mène une action dure et invite le public à intenter des procès s’il y a malpractice par l’un de ses membres. En pratique tout psychologue ou clinicien doit s’y faire enregistrer. Notre Collègue Roger Litten dans son compte-rendu au Forum organisé en 2005 par la London Society de la NLS, le disait très bien : « La profession de psychologue a été la principale cible de cette nouvelle agence(…). Ceci revient à l’effacement pur et simple de la psychanalyse du vocabulaire de la pratique institutionnelle (cf. le « guide la dépression » français). Il n’est même pas question de vouloir démontrer que les thérapies cognitivo- comportementales marchent mieux que la psychanalyse. Le fait est simple la grande masse des preuves ne concerne que les TCC… parce qu’ils sont fondés sur une inversion particulière entre la clinique et le laboratoire de recherche ». Autrement dit, les TCC sont les formes de psychothérapies inventées pour l’évaluation et non l’inverse.Un important rapport, est achevé en juin 2006 (juste avant la démission de Blair et la nomination de Gordon Brown comme premier Ministre). Il s’intitule « Le rapport sur la dépression » (The depression report) avec en sous-titre : « Un New Deal pour les troubles dépressifs et anxieux ». Il « constate » qu’il y a en Grande-Bretagne un sous-diagnostic endémique de la dépression. Les patients auraient peu de choix faute de thérapeutes formés d’une façon appropriée. Puisque les incitations du NICE exigent des traitements évalués à la façon « evidence based », il faut former des thérapeutes cognitivo-comportementalistes en masse. Le taux moyen de « réussite » du traitement TTC étant de 50%, l’argent dépensé pour les traitements sera réinvesti immédiatement dans la production, du fait du nombre de jours de travail gagnés sur la maladie. Donc : opération blanche.Cette proposition, lancée à un moment où, chez les médecins on s’inquiète –à juste titre- de la surprescription de médicaments anti-dépresseurs, (inquiétude dont la presse se fait l’écho) vient favoriser le lancement du plan Layard qui vise à combler le manque de psychothérapeutes et à aménager les structures nécessaires. Le plan propose donc dans les cinq ans à venir de former 10000 thérapeutes sous-qualifiés et sans doute sous-payés (cognitivo-comportementalistes uniquement) susceptibles d’offrir des séries standard de dix entretiens de TCC et répartis en équipes de vingt à la tête desquelles se trouverait un psychologue clinicien. Les autres thérapeutes proviendraient d’autres horizons socio-professionnels ( infirmiers, assistants sociaux, éducateurs …). Les détails de la formation restent à prévoir, mais le modèle qui semble optimal serait une formation de deux ans à temps partiel avec, au bout d’un an, l’entrée dans la pratique sous supervision. Le rôle du psychologue clinicien serait uniquement de supervision, de consultation, et en fait managerial…. Les équipes travailleraient dans des centres directement accessibles en première intention et l’ensemble serait séparé du système de santé classique et confié à un trust, une association de volontaires ou une entreprise privée. L’objectif étant fixé à 900 000 traitements par an avec une liste d’attente inférieure à deux semaines.Le 9 Octobre 2007 Alastair Darling, chancelier de l’échiquier, présentait son pré-budget pour 2008 il accordait immédiatement 30m £ par an puis 170m£ dès 2010-11pour la mise en application du projet.Il est paradoxal que ce soit un gouvernement qui de gauche, qui vise ainsi à étouffer le désir en donnant à des fanatiques du chiffre, scientistes positivistes, la tâche de faire pénétrer les bio-pouvoirs dans la sphère la plus intime. Ce n’est pas en effet l’Angleterre que Lacan aimait, celle qu’il a connue. C’est un pays aujourd’hui dont la politique de santé est mise au pas par l’inflation de bureaucraties tatillonnes chargées de concevoir et d’appliquer la « police des mœurs ». Il est inquiétant d’apprendre que le leader actuel des conservateurs ait assuré que si les élections le mettaient au pouvoir, il poursuivrait à son tour cette politique du bonheur. Aujourd’hui qu’il est nommé dans une coalition avec les Lib Dem donnera-t-il aux diverses protestations issues de la colère des psychothérapeutes une issue plus favorable ? Un appel est lancé aujourd’hui en ce sens par les divers mouvements de psychothérapeutes. On peut douter de son efficacité étant donnés les problèmes économiques auxquels la Grande Bretagne doit faire face à quoi s’ajoute la démission de l’IPA concernant ces questions sous la direction de son leader Peter Fonhagy. EuroFederation of Psychoanalysis
Communiqué No. 1 On 26 June in Geneva, the General Assembly of the European Federation of the Schools of Psychoanalysis (FEEP) was held, which federates the four Schools of the WAP (ECF, ELP, SLP, NLS). The Assembly conducted a rotation of the Bureau.
The new Bureau is composed of the following:President: Gil Caroz
Secretary: Guy Poblome
Treasurer: Geert Hoornaert
The incoming Bureau congratulates the outgoing one, Vicente Palomera (President), Horacio Casté (Secretary) and Rosalba Zaidel (Treasurer), for the work achieved during the last three years.
At the General Assembly the name of the federation was modified. It is now called ‘Euro-Federation of Psychoanalysis’. The change reflects the project of the federation to give consistency to the grand community of work that our Schools represent and all those who adhere to its orientation. Thus, one of the first actions of the Bureau will be the publication of two directories: one, the ‘Directory of the Regions of the Euro-Federation of Psychoanalysis’, and the other, the ‘Directory of the Members of the Euro-Federation of Psychoanalysis’. Here you will find attached a first e-version of the directory of the Regions.[10]
The Bureau of the Euro-Federation and the commission for organising PIPOL 5, in the presence of Judith Miller, President of the Freudian Field, started work on the preparation of this event, which will be held in Brussels on the 2nd and 3rd July 2011. PIPOL 5 under the aegis of the Euro-Federation of Psychoanalysis will indeed be the founding event of the European psychoanalytic community that we constitute. This first Congress of the Euro-Federation will have the title: ‘Mental Health, does it exist?’
The Euro-Federation of Psychoanalysis continues the tasks previously undertaken by the FEEP, namely, the publication of the journal Mental, whose new editor is Yves Vanderveken, the representation of the Schools before the European authorities and other tasks that concern the life and functioning of the Schools.