Bulletin de l’EuroFédération de Psychanalyse Le 5 septembre 2010
« Il n’est pas inscrit à PIPOL NEWS ? C’est dingue! » (Il suffit d’envoyer un e-mail vide à l’adresse : [email protected]) Éditorial Dans le cadre de la construction de l’EuroFédération de Psychanalyse, nous avons toutes les raisons d’être attentifs à la crise politique belge. L’avenir de la capitale de l’Europe est en jeu dans cette tentative de concilier Régions et Communautés qui se fracasse encore et encore sur le mur de l’impossible. Un petit article de Guy Tegenbos[1] dans le journal flamand De Standaard nous a retenu. Il aborde la question par l’angle des émotions en jeu dans la confrontation entre les négociateurs : « Les choix les plus importants et les plus difficiles ne sont pas ceux qui sont rationnels – ceux-là pourront être éclaircis –, mais ceux qui ont une composante émotionnelle. Les vrais dilemmes sont ceux pour lesquels la raison pure n’offre pas de solution ». Ce n’est pas mal vu ! Nous dirions avec Lacan que l’affect est la discorde même, car s’il vient « à un corps dont le propre serait d’habiter le langage », c’est « de ne pas trouver de logement, pas de son goût tout au moins »[2]. Ainsi, les émotions des négociateurs sont le signe d’une proximité de l’objet de la discorde en tant qu’il se refuse à l’articulation signifiante. À l’approche de cet objet, ce n’est pas une solution qui est à chercher, mais un nouveau bricolage qui soit viable. Rien ne garantit qu’il sera trouvé. Quoi qu’il en soit, nous préférons cet usage du concept d’émotion comme liée au débat, à celui présenté hier matin dans un reportage de La Une (chaîne de TV belge) sur « l’alexithymie »[3]. Des chercheurs de l’UCL et de l’ULB en Belgique, en collaboration avec un laboratoire du CNRS à Lyon, veulent nous faire croire à l’existence d’émotions organismiques pures, objectivement mesurables et aucunement liées à la parole, mais prometteuses pour la mise au point de nouveaux types de médicaments ainsi que pour l’ouverture d’un nouveau champ marketing dans la vente de parfums, produits textiles, etc. Mais venons-en à ce numéro de PIPOL NEWS. Nous cherchions un titre pour PIPOL 5 qui mettrait en question le concept de Santé mentale quand, lors d’une conversation téléphonique, Philippe Hellebois s’est exclamé : « La Santé mentale existe-t-elle ? » C’était ça ! Ce numéro s’ouvre avec un texte de sa plume qui commente le concept d’existence, et plus précisément celle de la Santé mentale. Dans un deuxième texte, Pascale Simonet (qui participe régulièrement à la rédaction de PIPOL NEWS) rend compte d’un livre de Denis Salas déployant les ravages liés à « l’introduction de l’économie de marché dans l’administration de la justice ». Dans un troisième, Monique Amirault commente l’annuaire des Régions de l’EuroFédération, lui donnant une fonction institutionnelle paradoxale : d’une part, il sert à la représentation de notre communauté psychanalytique européenne et d’autre part il contribue à la déconstruction de quelques identifications groupales qui se sont cristallisées au sein de cette même communauté. En fin du numéro, nous diffusons l’argument des prochaines journées de la Escuela Lacaniana de Psicoanálisis. Suite au Forum de la SLP à Turín sur “le pouvoir, les femmes et la corruption” et au dernier Congrès de la NLS ayant pour thème “Daughter, Mother, Woman in the 21st Century” – tous deux tenus en juin dernier –, la ELP nous surprend avec le titre « Les hommes et leurs semblants ». Après la jouissance féminine, la jouissance phallique. « Après vous, Madame… ». Cette dialectique entre les Écoles de l’EuroFédération nous enchante. Gil Caroz La santé mentale existe-t-elle ? Philippe Hellebois Mais qu’Apollon me garde de faire le procès de mon époque ! On grimace à être mécontent. (André Gide Les caves du Vatican) La santé mentale ayant entre autres travers celui d’exacerber notre verve critique, l’on gagnerait sans doute, pour éviter toute redondance lassante, à élargir le débat et comme le titre nous y invite, à s’attacher à un repérage minimal de la notion d’existence. Sartre la rendit à la fois familière et énigmatique aux oreilles francophones de l’après-guerre par des énoncés fulgurants comme « L’existence précède l’essence » qui précéda dans l’ahurissement du sens commun notre non moins célèbre « L’inconscient est structuré comme un langage ». Dès la fin des années 50 dans son séminaire sur la lettre volée, Lacan l’utilisa lui aussi pour situer le sujet de l’inconscient qui ex-sistait, notait-il, parce qu’il occupait une place excentrique par rapport à la chaîne signifiante.[4] Le sujet n’en occupait ni le centre ni la périphérie ; il ne la commandait pas, mais en résultait ; il ne parlait pas, mais était parlé. Ce sera surtout dans son dernier enseignement que Lacan en fera un usage plus significatif quand il l’éleva à la dignité d’une véritable catégorie servant à situer le réel.[5] L’ex-sistence à écrire avec un trait d’union détachant le ex– signifiant hors de, situe un registre qui s’atteint en venant d’ailleurs. Cet ailleurs ne désigne rien de flou, mais l’Autre qu’il faut traverser au sens d’en épuiser et assumer les impasses. Son mathème est S de grand A barré où se vérifie que l’ex-sistence est corrélative de l’inexistence de l’Autre. Si la fin de l’analyse mène à l’existence – Lacan dit quelque part que cela fait être – ce n’est pas au terme de l’élaboration d’un savoir absolu obtenu par accumulation, mais comme sa rupture, son effondrement. Ce n’est pas le sens du sens, mais plutôt sa fin ; non pas l’élévation sublime du moi, mais sa disparition. Lacan dira aussi que l’inconscient ex-siste au discours analytique qui ne le détermine pas plus qu’il ne le commande, mais permet d’y accéder. L’ex-sistence peut donc se reconnaître dans l’illustre Calme bloc ici-bas chu d’un désastre obscur. Et la santé mentale ? On en parle parce que l’État se soucie de notre bonheur – un facteur de la politique depuis la Révolution française – qu’il qualifie notamment de Santé Publique : le bonheur de chacun est celui de tous. Mais qu’on en parle, fut-ce abondamment, n’implique certainement pas qu’elle existe ! La question qui se pose pourrait s’énoncer comme ceci : Quel ordre d’existence pourrait entraîner le discours hygiéniste sur la santé mentale ? Une littérature aussi abondante que fameuse, que certains critiques ont rassemblée en un courant qu’ils baptisèrent catastrophisme, s’est attachée à dépeindre ce que pourrait être la vie dans un monde meilleur. On le sait, ce n’est vraiment pas drôle et, de Kafka à Zamiatine, d’Orwell à Huxley jusqu’au récent Houellebecq, l’on voit l’homme devenu d’autant plus spectral qu’il est prévisible. En plus comique, l’on pourrait lire aussi Le chevalier inexistant de Calvino, roman aussi délicieux qu’intelligent narrant les tribulations d’un soldat modèle de l’armée de Charlemagne en lutte contre les Sarrazins. S’il se distingue en mieux de tous les autres – son armure est la plus brillante, son service sans aucune négligence, son courage sans limite, etc. –, c’est aussi et surtout parce qu’il s’agit d’un homme sans corps. Il est son armure même, mais il n’est que cela, soit un mental d’acier. Il déploie aussi l’éventail ironique de ce qu’il est possible de faire en n’étant qu’une coquille vide : la conversation même galante (le chevalier est un grand causeur), la guerre, bref tout ce qui ressortit à la comédie sociale. Par contre, manger, boire, dormir et last but not least baiser sont inaccessibles. Le chevalier inexistant, qui porte forcément un nom à rallonge, n’est donc qu’une suite de mots que ne perturbent ni le corps ni ses pulsions, toutes choses sans lesquelles une analyse n’est seulement qu’une conversation…payante.[6] Signalons un morceau d’anthologie, celui où le chevalier obligé de passer la nuit avec une Messaline de rencontre parvient quand même à la laisser à l’aube absolument ravie. Comment faire l’amour sans corps, pulsion ni existence ? Réponse : la magie du verbe ! À lire dans toutes les écoles… ! Parodiant Don Quichotte, Calvino l’affuble d’un domestique qui est, par contre, l’existence même, un demi-fou sauvage, mangeur, buveur, increvable, une manière de santé pure. « On dirait, observe un Charlemagne très conceptuel, que tous les mots pleuvent sur lui sans jamais arriver à y tenir. Mais de quelque façon qu’on le désigne, ça lui est égal : il ne fait pas de différence. Vous l’appelez, il croit que vous appelez une chèvre ; vous dites ‘fromage ‘, ou bien ‘torrent’, et il répond : ‘ Me voici.’». Ce domestique existe sans s’en douter, rajoute l’Empereur, au contraire de son maître « qui s’en doute, mais sans exister, ils font une belle paire, je vous jure ! ».[7] Néanmoins, ce roman, à la différence de son illustre prédécesseur, dans lequel Sancho est indispensable à la survie même de Don Quichotte, n’établit entre eux aucune espèce de rapport, l’existence du serviteur ne profite en rien à son maître, le savoir et l’existence, le mental et la santé, cheminent côte à côte en restant irréductiblement séparés. Charlemagne comme la cause de la chrétienté, au contraire de la chevalerie et de l’amour de Dulcinée du Toboso pour les deux compères de Cervantès, ne font pas symptôme et échouent à les rassembler en une même configuration subjective. La santé mentale serait-elle le chevalier inexistant de la clinique ? Poser la question c’est assurément y répondre ! C’est un mot qui en appelle d’autres pour former une espèce de syntagme figé n’amenant à aucune existence tangible. La santé c’est le silence des organes ou, à défaut, la maladie. Elle ne fait pas être mais inexister, c’est-à-dire vivre d’une façon honorable et plaisante, prisée par beaucoup où chaque chose est à sa place, le lendemain identique à la veille, etc. C’est la tranquillité même, diront certains, la mortification par excellence, diront d’autres ! Un bien curieux nouage Pascale Simonet À première vue, les connexions entre le droit de punir et la santé mentale semblent plutôt distantes. Pourtant, le livre de Denis Salas[8], La volonté de punir, passionnant à bien des égards, vient nouer ces deux enjeux au fil des pages de façon inextricable. Si en 1956, Paul Ricoeur pouvait écrire, dans Le paradoxe politique que l’État procède à la fois de la violence du pouvoir et de l’aspiration à fonder le vivre ensemble, la prison représentant la part honteuse qu’une société démocratique ne peut assumer, le milieu des années 1970 marque un tournant décisif. Sous l’effet de dissolution de sa causalité, la trame du droit de punir se déchire – incriminations floues, accusation illimitée, responsabilité sans imputation individuelle. Décrochée de l’infraction, la peine devient flottante et démesurée. Pourquoi ? Le pacte social de l’après-guerre s’essouffle dans une économie mondialisée en perpétuel mouvement. S’est installée une insécurité multiforme et durable aux conséquences incalculables. L’abolition des frontières a supprimé l’extériorité qui séparait le “ nous ” des “ autres ”. La violence essaime de façon diffuse, invisible et non localisable, donc infiniment plus dangereuse. L’hyperfluidité de la communication exaspère la demande de sécurité et renforce son urgence. Les politiques d’intégration de tous se muent en politiques ciblées sur des populations à problèmes. Le scandale n’est plus la pauvreté endémique dans les quartiers précarisés, mais l’impossibilité d’y circuler pour la police. Nettoyer les rues, rendre moins visibles les signes de fracture sociale sont devenues des priorités absolues. Est exhibée la violence explosive, mais la révolte qui la cause passe inexorablement sous silence. Désormais, le passage à l’acte n’est plus une désobéissance à la loi sanctionné par un châtiment. Il se mesure à l’ampleur des conséquences irréversibles entraînées dans son sillage : le mal subi par les victimes est sans commune mesure avec la faute commise. Il sort de l’intériorité blâmable d’un auteur. La délinquance endosse les couleurs sournoises de la maladie, dont il est urgent de faire progresser la connaissance pour éviter sa diffusion dans le corps social. Excluant d’y lire les symptômes d’insécurité subjective, on la prévient par des stratégies hygiénistes “ situationnelles ”. Le modèle de réponse aux actes délictueux ou de traitement des individus glisse vers la régulation des espaces et des populations. La répression sera d’autant plus sévère que le pluralisme croît et fragmente la société. La lutte contre l’insécurité se veut ostentatoire et visible pour réaffirmer une cohésion sociale qui n’est plus. L’inquiétude démocratique se mue en méfiance envers tout autre anonyme. S’impose sournoisement une “ criminologie de l’autre dangereux ”. Les jeunes en sont les premières victimes. Stigmatisés, ils revendiquent le sceau de l’infamie. Orphelins d’une loi accueillante, ils titillent la répression. Alors qu’après la guerre, les “ cas difficiles ” bénéficiaient d’une chance éducative, ils forment désormais un stock de nuisances à évacuer de toute urgence. Les actes fous, dont les méfaits émaillent nos journaux, deviennent la cible privilégiée de la santé mentale, désormais chargée de traquer la monstruosité tapie en chacun de nous. Par ailleurs, la criminalité en col blanc et la lutte contre la corruption s’essoufflent, malgré la médiatisation outrancière de quelques affaires. L’opinion publique s’affirme aujourd’hui comme le critère et le destinataire du droit de punir. Les médias façonnent le réel en le révélant, condamnent avant tout jugement, modèlent notre perception de la délinquance, orientent la construction politique des problèmes et les réponses à y apporter. La voix de la victime singulière s’assourdit dans le bavardage compassionnel et ses instrumentalisations multiples. Outre-Atlantique, le droit de punir est résolument répressif : discours politique guerrier, peines automatiques et infamantes, sévères privations des droits civiques, inflation carcérale unique au monde (un Américain sur 200 est incarcéré au moins une fois dans sa vie – chiffre bien plus élevé qu’en Chine[9]), etc. Guantanamo ou la prison de Belmarsh existent avant tout comme démonstration d’une force punitive : dominer le mal, le fixer en un lieu, et en symboliser la maîtrise par le spectacle des corps asservis et torturés. Les décisions du juge sont désormais encadrées par des guidelines contenant des “ tarifs ” pénaux dont ils ne peuvent explicitement s’écarter pour tenir compte de la personnalité de l’accusé. L’imaginaire du marché domine ces tarifs négociables. En Europe, sans atteindre de telles extrémités, le pénal se militarise avec la réapparition des figures de catastrophe guerrières au coeur des villes. La question pénale devient un enjeu de compétition politique, les lois se succèdent et se renforcent au gré des violences qui heurtent l’opinion. Une seule référence : la performance et l’efficacité dans la lutte contre le crime. Une grande omission : les garanties du procès équitable. L’urgence invoquée se dote d’un langage managérial et de techniques de traitement en temps réel : les magistrats en France sont amenés à prendre en moyenne une décision toutes les trois à quatre minutes. À des années lumières du doute méthodique et de l’analyse prudente des faits… Émergent aussi des techniques alternatives au procès qui risquent de n’être que l’introduction de l’économie de marché dans l’administration de la justice. Est-il possible de résister à cette hémorragie managériale répressive ? Oui, répond Denis Salas, à condition de nous tenir à distance de l’ivresse démagogique d’une communauté d’émotion pour penser une autre politique pénale. Politique qui résiste à l’accélération spasmodique du temps juridique, qui se tient à l’écart de l’opinion, tout en restant ouverte aux évolutions sociétales et qui refuse un usage répressif des droits de l’homme : plus grandit l’attachement à la personne humaine, plus se renforce la répression de ses atteintes. Pas d’autre issue que de multiplier les lieux de médiation entre l’État et l’individu, et de se tenir le plus sérieusement du monde à l’écoute de chaque cas singulier afin de préserver une pluralité de réponses possibles et acceptables pour tous. Un nouvel annuaire Monique Amirault La création ou la révision d’un annuaire ressortit la plupart du temps à une nécessité d’ordre administratif visant à mettre à jour ou à identifier les éléments d’une série qui constitue un groupe homogène, à donner corps à cette série ( annuaire des entreprises, des avocats ou des marées…). L’apparition de « l’Annuaire des Régions » concomitant de la restructuration de la FEEP va bien au-delà. Il s’est présenté à moi, lectrice des PIPOL NEWS, dans la surprise – un catalogue à la Prévert où voisinent, dans leurs sonorités propres, plus ou moins familières ou étrangères à chacun, des signifiants nouveaux – on y trouve Donetz, entre Corse et Emilie-Romagne, la Flandre précède le Frioul-Vénétie julienne et la Galice, elle-même suivie de Genève et du Grand Londres -, au point que l’identification à l’ECF, dont je participe comme membre, s’en voit ébranlée ou plutôt, en partie dissoute, allégée dans sa consistance. Cet annuaire est présenté par Gil Caroz, dans PIPOL NEWS 2, comme un instrument de défense de la psychanalyse d’orientation lacanienne,propre à représenter sa « force de rayonnement » en Europe et à servir de « carte de visite auprès des instances européennes (notamment la Commission européenne à Bruxelles) afin d’y défendre la psychanalyse ». C’est clair, il s’agit d’un instrument avant tout pragmatique et politique exigé par l’époque. Mais au-delà de cette fonction de représentation, l’annuaire de l’EuroFédération de Psychanalyse (EFP) déconstruit et décomplète les annuaires des quatre Écoles elles-mêmes, qui étaient jusqu’ici le centre et le pivot de la psychanalyse en Europe et auxquelles les sociétés, les petits groupes et quelques analystes isolés orientés par Lacan se refèraient depuis plus de 20 ans. Trois astres, et la NLS réunissant les satellites modestes. Ce n’est plus le cas. Les régions n’ont pas cette consistance et s’équivalent toutes. Avec l’annuaire de l’EFP, nous entrons à la fois, une par une région, dans ce vaste ensemble européen d’« épars désassortis » et, par ce réseau tissé sur l’Europe, nous gagnons en même temps la puissance que donnent le nombre et l’étendue. Si certains groupes peu connus jusqu’ici ont chance d’y trouver un lieu d’identification et de base politique pour rendre toujours plus effective l’orientation lacanienne, d’autres, comme l’ECF, peuvent se trouver interrogés dans leur consistance identificatoire et c’est aussi une chance. Cet acte n’est pas sans résonner avec la déclaration de l’École Une, faite par J-A. Miller, il y a dix ans, à Buenos Aires, en janvier 2000. L’École Une était un concept basé sur le pari d’un réglage possible des Écoles sur la pure logique du discours analytique. Ses instruments, disait J-A Miller, répondant aux questions de Nathalie Georges-Lambrichs, le 27 janvier 2000 : « la parole, l’écriture, donc le transfert, le savoir, la lettre, tout le bataclan. Le reste – règlements, titres, décorum – est accessoire, est question d’opportunité, d’ajustage pragmatique ». Comme institution, L’École Une devait être minimaliste, la plus pauvre possible. La logique de ce pari exigeait qu’elle soit dissoute tous les deux ans. Avec l’EuroFédération, la recherche d’une consistance et l’ajustage pragmatique sont au premier plan. L’EFP a à s’implanter durablement. Elle doit être forte et résistante. Cependant, comme l’École Une, ne déloge-t-elle pas chacun de sa paroisse, « subvert(issant) la métrique du proche et du lointain » ? Gageons que cette consistance nécessaire pour nous présenter aux instances politiques saura garder son envers, sur le mode du catalogue impossible de Russell, comme l’École Une, dans la « multiplicité inconsistante des Moins-un, plus l’attraction passionnée ».
20 Y 21 DE NOVIEMBRE DE 2010
Círculo de Bellas Artes
Sala de las Columnas
PRESENTACIÓN Desde la afirmación de lo masculino y lo femenino como irreductible « polaridad cósmica », hasta la tesis del inconsciente como una escritura donde la relación sexual no puede alojarse, la enseñanza de Jacques Lacan prolonga y re-elabora la deconstrucción freudiana de la sexualidad en el ser hablante. A partir de los años treinta, siguiendo las primeras conclusiones de Freud, los analistas coinciden en enfocar y promover la sexualidad femenina como un capítulo destacado del psicoanálisis, en un intento de sondear mediante los instrumentos conceptuales del inconsciente y del Edipo en la proverbial extrañeza que supone el deseo de la mujer.
¿Por qué el psicoanálisis no ha hecho prosperar hasta ahora un desarrollo específico de la sexualidad masculina? Tal vez por considerar que el binario del falo y la castración son suficientes para ordenar los mecanismos libidinales del varón, y que la docilidad de su goce al significante amo parece asegurar un grado máximo de representabilidad en su deseo. De este modo, los psicoanalistas hemos contribuido a perpetuar el patrimonio femenino del enigma, la sombra y lo Otro, reservando a los hombres la abarcable sencillez del Uno. Sin duda, existen sólidas razones de estructura que respaldan esta distribución de la problemática de los sexos, pero no podemos soslayar el hecho de que los conceptos lacanianos de semblante y de síntoma vuelven perentoria la continuación del debate.
La posición del psicoanálisis, al estudiar la vida amorosa desde la perspectiva del malentendido y la disarmonía originaria del deseo, inaugura un campo de inteligibilidad capaz de dar una razón para la contemporaneidad « líquida » de las identidades sexuales, afectadas por las profundas transformaciones del discurso y la decadencia de la « moral sexual cultural » que durante siglos puso música al gran baile de máscaras de los hombres y las mujeres.
Asediado por el vertiginoso ascenso de sus nuevas competidoras, el hombre moderno oscila entre la resistencia desesperada (que en ocasiones alcanza el dramatismo de la violencia criminal) y el sometimiento a las imágenes que lo « invitan » a abdicar de sus tradicionales insignias. Cuestionado en los estereotipos sobre los que se ha apoyado durante siglos para practicar el simulacro de una identidad sin interrogantes, el varón acusa el golpe en el fantasma de su potencia, y tantea a menudo a ciegas en búsqueda de otros semblantes y en la producción de otros síntomas con los que recomponer su maltrecha ilusión de saberse ser.
¿Cómo fundar desde el psicoanálisis una nueva Historia de la Sexualidad que contemple a la vez la variabilidad de la cultura, las mutaciones del discurso del amo y la lógica del inconsciente? Es el desafío que estas próximas Jornadas nos prometen.
Comisión de organización:
Rosa López (responsable), Pilar Berben, Carmen Bermudez, Ana Castaño, Santiago Castellanos, Joaquín Caretti, Marta Davidovich, Gustavo Dessal, Alberto Estevez, Emilio Faire, Beatriz García, Ariane Husson, Esperanza Molleda, Silvia Nieto, Luis Seguí, Mónica Unterberger.
Comisión Científica:
Jorge Alemán, Jesús Ambel, Marta Serra, Oscar Ventura, Lucia D’Angelo (más Uno) Comisión Bibliográfica: Luis Segui (coordinador), Gracia Viscasillas y Julio Gonzalez