número, Pierre-Gilles Gueguén comenta « Parlêtre e consistência
corporal », de Ram Mandil, e a antropóloga Juana Elbein, Coordenadora da
Sociedade de Estudos da Cultura Negra no Brasil, nos brinda com uma preciosa
entrevista sobre o corpo na Cultura Nagô. Simplesmente imperdível!
Macêdo
Lacan, contrairement à Freud, soumet la jubilation du narcissisme qui procure une unité imaginaire du corps à l’autorisation d’un Autre symbolique. Or cet Autre, celui du structuralisme, il saisit très vite qu’il est incomplet et qui plus est inconsistant (c’est ce qui apparaîtra au fil de sa construction du graphe: Pour le dire il se sert du mathème S de A barré). Dès lors le corps ne peut plus se concevoir comme une image unifiante qu’un Autre de la Loi octroierait pour toujours. Sans doute de nombreux sujets adorent-ils cette image qui répond comme l’art d’avant le baroque le croyait fermement, à la beauté de la forme, mais n’est elle pas plutôt pour chacun variable, fluctuante? La clinique ancienne de la schizophrénie ne cessait d’en faire la preuve et notre miroir nous le dit chaque matin. Pour combien de fois où nous nous trouvons « en forme » et désirable, somme nous dépités de nous voir inégaux à l’image rêvée de nous–mêmes. On se croit beau mais c’est fluctuant. Le temps et le vieillissement accentuent encore ces effets d’instabilité voire d’inconsistance du corps propre. C’est pourquoi Ram Mandil souligne à juste titre que l’unité du corps propre repose sur une quête vaine de l’Être qui s’appuie sur un autre qui n’existe pas.
Que veut alors dire Lacan quand il souligne avec véhémence que ce corps nous l’avons et que nous l’adorons?
L’image reine du moi n’est pas stable car elle reflète, non pas les sens comme l’imaginaient les philosophes anglais, mais les pulsions dans leur « varité ». En revanche ce que Ram Mandil explicite très bien c’est que nous adorons le corps que nous avons (il faudrait ici développer dans un autre texte le côté des hommes et celui des femmes), du fait qu’il est le seul instrument de jouissance à notre disposition, or la jouissance est Une, autistique, non sujette à variation. C’est ce corps qui nous fait jouir et que nous adorons. Il existe et ne pousse pas vers la tentation de l’Être. Alors que le corps parcouru par les signes du lien social répond au sens et produit des symptômes, le corps de chair qui existe est hors sens et, comme tel, Lacan lui attribue le « sinthome » qui ne bouge pas et qui est itératif.
On peut alors se demander quel est le lien entre nos deux corps, celui du sens et celui du hors sens. La construction de Lacan la plus explicite (Jacques-Alain Miller en fait mention dans son introduction et notre collègue la reprend) répond d’abord que c’est l’objet a qui joue ce rôle. Il prend occasionnellement toutes les valeurs de la pulsion mais en son fond il est couleur de vide.
Au delà de ce recours à l’objet a, Lacan, dans son tout dernier enseignement attirera notre attention sur le fait que le lien se fait parce que le corps de chair est troué par Lalangue, très tôt dans la vie et qu’on retrouvera les échos de ce troumatisme à chaque fois que la sexualité sera en jeu. Lacan y verra la marque sur chaque corps vivant du fait qu’il n’y a pas de rapport sexuel. Le corps du sinthome, le corps de chair, le corps existentiel, renvoie toujours à une jouissance autiste et non partageable et c’est cela que nous adorons. Heureusement il y a l’amour, mais c’est une autre histoire, car comme on le sait, il est aveugle, et bien souvent intermittent.
Guéguen
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