“Se faire dupe d’un réel c’est aussi soumettre la jouissance de l’escabeau à celle d’un symptôme”
La huitième séance du séminaire d’Éric Laurent, appelée « Le corps parlant et son symptôme – Conséquence sur l’égalité clinique, le transfert, le contrôle et la passe » n’est pas exactement une conclusion, ni une fermeture. Elle représente plutôt une proposition d’ouverture orientée par le dernier enseignement de Lacan, avec l’appui de la conférence de Jacques-Alain Miller « L’inconscient et le corps parlant ».
En effet, après avoir parcouru au cours des sept séances précédentes quelques aspects fondamentaux de «l’introduction du parlêtre dans la pratique clinique», Eric Laurent nous met face aux conséquences pratiques que les traitements du parlêtre ont inaugurées.Il part d’une polarité : d’un côté le symptôme, vu comme formation de l’inconscient, effet de sens provoqué par la substitution signifiante, et de l’autre le sinthome, qui apparaît comme évènement de corps, comme «émergence de jouissance».
Eric Laurent situe ces conséquences pratiques dans plusieurs dimensions classiques du traitement analytique : les types cliniques, le transfert, l’interprétation, le contrôle et la passe. Elles appartiennent à la tradition freudienne, à deux exceptions près : l’égalité clinique, qui se substitue jusqu’à un certain point à la classification représentée par les types cliniques, et la passe, dispositif propre à la pratique lacanienne.
Il est important d’observer que la différence entre la passe et les autres dimensions traitées par Eric Laurent se réfère non seulement à la nouveauté relative de l’invention de ce dispositif, mais aussi à la position qu’il occupe dans les pratiques analytiques. C’est-à-dire, pour être rigoureux, le fait d’être situé en dehors de l’analyse. Comme l’a commenté à l’occasion Jacques-Alain Miller, de la même manière que l’anamorphose dans les Ambassadeurs de Holbein, la passe est le moment précis où l’on regarde en arrière, c’est-à- dire où l’on considère que l’analyse fait partie du passé. Cela donne à la passe un caractère temporel spécial, qui permet de regarder d’une perspective unique tous les autres aspects de l’analyse.
Éric Laurent, avec l’autorité qu’a son enseignement dans le Champ freudien, ouvre la voie qui nous aide à situer les différences entre l’analyse de l’inconscient et l’analyse du parlêtre. Il nous permet ainsi d’avancer en direction d’un savoir dire ce qui s’est déjà produit dans la clinique, surmontant ainsi petit-a-petit l’écart souligné par Jacques-Alain Miller.
[version française :ECF]