«
La formation de l’Idéal du moi pour Lacan est repoussée assez loin dans le développement […] Pour Gide […] il considère que son Idéal du moi n’est pas fixé avant qu’il ait treize ou quatorze ans, et même d’une façon développée, dans ses Écrits, il repousse cela vers vingt-ans […] Nous avons une zone de la psychanalyse où on n’est pas seulement dans la répétition de l’expérience primordiale, mais où des expériences tardives contribuent pourtant à des fixations très profondes et éventuellement définitives. Ce sont des remarques qui ont tout leur intérêt dans le traitement de l’enfant et de l’adolescent ».
Miller J.-A., « … Du nouveau ! Introduction au Séminaire V de Lacan », Paris, Collection Rue Huysmans, 2000, p. 58-59.
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Numéro 5 – décembre 2016 |
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Édito |
« Le mal de la jeunesse »
Par Daniel Roy
Dans une conférence à Milan, en 1972[1],
Jacques Lacan fait l’hypothèse que l’on pourrait voir surgir un jour un nouveau discours qui s’appellerait « le mal de la jeunesse ». C’est exactement ce que nous constatons aujourd’hui et c’est à ce discours que s’affrontent aujourd’hui ceux que nous nommons « les adolescents », avec ses implications dans leur corps et leur mentalité, soumis qu’ils sont à « la dictature du plus-de-jouir », conséquence de la « montée au zénith social de l’objet a »[2]. Ils sont aujourd’hui les premiers d’entre nous à monter au front et à être soumis au feu nourri de cette pluie d’objets. Cette hypothèse ne vient pas à Lacan par hasard. Elle fait suite dans son propos à un développement sur la question des discours, c’est-à-dire sur ce qui fait lien social pour les hommes entre eux, développement dont le point de départ est le constat « qu’il y a quelque chose qui ne tourne plus rond.Il y a quelque part, du côté de ce qu’on appelle si gentiment, si tendrement, la jeunesse, quelque chose qui ne marche plus du côté d’un certain discours… du discours universitaire ». Lacan énonce ici de la façon la plus claire la disjonction qui s’opère alors entre « la jeunesse » et « le savoir » en tant que transmis. Le savoir a été alors interrogé dans sa prétention à faire le maître sans dire sa vérité. La jeunesse de mai 68 s’est éreintée à vouloir interroger le maître supposé se cacher derrière le savoir. Lacan, dans cette même intervention, indiquait déjà une autre piste, un autre lieu où prenait sa source et sa force le nouveau malaise dans la culture. Il conseillait plutôt d’aller voir du côté de la science et des objets technologiques qu’elle commençait à mettre en circulation – la télévision en particulier. « Freud est absolument impensable avant l’émergence, non seulement du discours de la science, mais aussi de ses effets, de ses effets qui sont, bien entendu, toujours plus évidents, toujours plus patents, toujours plus critiques, et dont après tout on peut considérer […] on ne l’a pas encore fait, peut-être un jour il y aura un discours appelé comme ça : le mal de la jeunesse »[3]. |
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Tudikoi ? |
Des filles et des garçons
Par Marie-Cécile Marty
Une
conversation sur l’intimité dans un foyer de la protection de l’enfance : des filles parlent de garçons, des garçons parlent de filles. Tous parlent de la violence de la rencontre… pour arriver à vivre ensemble. |
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Construction |
« Vous ne vous souvenez sans doute pas de moi, »
Par Jacqueline Dheret
Dentelle
ou écriture presque inaudible, la clinique avec les adolescents est Chose de finesse ! Loin des types et des protocoles, elle nécessite une attention toute particulière. |
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Métamorphoses |
Quand on a 17 ans de Téchiné
Par Agnès Vigué-Camus
Le
réalisateur des Roseaux sauvages nous donne à voir une nouvelle rencontre entre deux ados dont les enjeux excèdent la théorie du genre. De l’hainamoration à un parcours pulsionnel qui file sur fond d’une nature éblouissante. |
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Les bibliographes |
Un ado de chez nousL’éveil du printemps et l’homme masqué
Par Éric Zuliani
La
déchéance du patriarcat mise en scène par Wedekind dans L’éveil du printemps : c’est au jeu de la citation que s’est livré Eric Zuliani pour le Zappeur. |
T’es sérieux !Un certain regard, sur une certaine jeunesse
Par Marion Outrebon
Gus
Van Sant est un inventeur, assurément. Un artiste qui a marqué par une écriture cinématographique exceptionnelle le désarroi de la jeunesse ! |
Life – No lifeSur Les Cahiers d’Esther de Riad Sattouf
Par Maria Novaes
Après
l’enfance vu de l’enfance, vu d’une enfant qui se trouve magnifiquement croquée à la manière d’un comic strip et vient donner au thème de la journée un autre relief. |
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Selfie |
Robin Renucci : L’éducation par l’art
Interviewé par Martine Revel
Robin
Renucci est acteur pour le théâtre, le cinéma, la télévision. Il est directeur des Tréteaux de France depuis Juillet 2011 à la suite de Marcel Maréchal. Fondateur et président de l’ARIA en Corse où il organise depuis 1998 les Rencontres Internationales Artistiques. |
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Les amis de l’IE |
La maladie de la jeunesse en trois actes
Par Vilma Coccoz
Il
appartient aux seules œuvres exceptionnelles de pouvoir saisir, à partir d’une énonciation désormais passée, les enjeux du présent. C’est cette acuité qui est ici décryptée. |
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Twittos |
Antoine Poupel(alias@antoinepoupel)
Antoine
Poupel est photographe. Il vit et travaille à Paris. Son travail artistique avant-gardiste, questionne les limites picturales et chimiques de la photographie et l’a fait connaître au plan international. Il lui a également ouvert les portes du cabaret Crazy-Horse comme du théâtre équestre Zingaro. |