From Hebdo-Blog
Ce texte est un extrait de l’intervention de Christiane Alberti à « Question d’École », le 1er février 2020.
C’est d’abord dans la reconnaissance de la parole comme telle que le désir de l’analyste est mis en jeu dans la cure et fait l’enjeu du contrôle : quand le contrôle ne se laisse pas réduire à la chronique des événements qui ont émaillé la vie d’un analysant, il rend sensible l’épreuve si singulière de la parole en analyse, la façon dont un sujet réalise cette expérience.
La parole dépend de la réponse de l’analyste et précisément de son silence : c’est dans ce silence qu’elle se produit comme telle. C’est dans la surprise, dans la dimension de la hâte qu’émerge la parole pleine. L’analysant dont on parle n’étant pas là en personne, le contrôle est susceptible de rendre d’autant plus sensible les signifiants dégagés de l’intention de signification. Se mesure ainsi l’écart entre ce qui se dit (toujours du signifié) et ce qui s’entend, le décalage entre le dire et le dit, qui ménage le lieu de l’interprétation. On peut ainsi extraire du flot continu de la parole, la dimension propre du signifiant. Le signifiant qui se détache de la routine du signifié, appréhendable, rendu perceptible dans sa matérialité. Pas seulement la vérité qui parle Je mais le mot-matière, la matière sonore fondamentale.